La tradition veut qu’après le All-Star week-end, chaque fan de NBA en profite pour donner son avis critique sur l’organisation, le casting ou encore la compétitivité de l’événement. Si le match des étoiles commence à reprendre du galon, il n’en est rien du concours de dunks.
En perde de vitesse, le Slam Dunk Contest est bel et bien le moment le plus attendu des trois jours de festivités. Réveillez-vous le matin d’un concours de dunks et allumez Twitter. L’effervescence y est totale. L’action la plus spectaculaire au basket impressionne et fait office de vitrine pour la NBA.
Ce rendez-vous est aussi devenu l’occasion de réunir des rookies ou des sophomores avec des capacités techniques avancées en la matière. Il n’y a qu’à voir le casting des dernières éditions : Donovan Mitchell, Hamidou Diallo, Miles Bridges, Dennis Smith Jr… De moins en moins de joueurs de référence sont alignés. De plus, ces jeunes parfois trop peu expérimentés échouent plusieurs fois avant de faire passer la balle à travers l’arceau. La fluidité du contest et la qualité des réalisations peuvent ainsi s’en trouver impactés.
Un manque de star ? Tout à fait. Et notamment une cruelle carence de storytelling de la part de la NBA. Si cette ligue est reine lorsqu’il faut concevoir des scénarios, construire des histoires et créer de l’attente chez les fans, c’est très décevant concernant ce concours. Mais cela semble inévitable quand les recrues de premier choix sont des basketteurs avec entre 3 mois et 4 ans de carrière. Chaque baller a une histoire, des rivalités et des moments marquants qui le mettent en concurrence avec d’autres athlètes. Pourquoi ne pas mettre cela à profit dans un événement comme le All-Star Game ? Pourquoi ne jamais avoir donné lieu à une revanche Gordon-Lavine ? Pourquoi ne jamais avoir réussi à faire venir Russell Westbrook ou LeBron James ? Certains répondront à juste titre que de nombreuses stars NBA snobent le concours. Ainsi, un lineup de départ plus prestigieux suffirait sûrement à réveiller leur motivation.
Il y a trente ans, les organisateurs avaient pourtant bien compris la recette du succès. Entre 1984 et 1990, Dominique Wilkins, furieux dunkeur à deux mains, y participe à cinq reprises. L’ailier, aujourd’hui reconnu comme l’un des meilleurs de l’histoire, était devenu une référence du Slam Dunk Contest. Les fans prenaient plaisir à le retrouver et ses adversaires mettaient tout en œuvre pour le faire tomber. Sa rivalité avec Michael Jordan est d’ailleurs entrée dans la légende. Vainqueur du concours en 1985, face à MJ dans une finale éclatante, les deux hommes savent qu’ils n’en resteront pas là. Trois ans plus tard, la revanche est organisée. Le champion des Bulls ne laissera pas passer l’occasion de se venger en finale, remportant son deuxième trophée en deux ans.
La mise en scène d’un duel Zion — Morant pourrait par exemple être très intéressante à pérenniser sur plusieurs années. En tout cas, cela permettrait au public d’oublier l’appauvrissement de la créativité des dunks proposés. En effet, le concours tend de plus en plus à l’uniformisation. On ne compte plus les riders et les sauts au-dessus d’un membre de l’assistance… S’il est bien sûr compliqué de se réinventer sans cesse, on a presque l’impression que les joueurs prennent de moins en moins de risques en l’air pour s’assurer que la balle passe bien l’arceau.
« Quand j’ai fait le concours de dunks, il y avait plus de gars qui voulaient détruire l’arceau. C’était l’époque des grands et ça faisait partie du truc. Aujourd’hui, c’est plus en finesse et les gars veulent s’élever pour simplement faire passer le ballon. »
Vince Carter
Comment revitaliser l’originalité des performances me direz-vous ? L’ajout de règles ou de contraintes pour forcer les participants à trouver des alternatives techniques pourrait être une solution. « Obligation de dunker à une main », suffisant ? Peut-être pas, mais cela pourrait être la première ligne à faire bouger.
Cet édito est très critiquable, j’en conviens, à la suite de l’édition 2020. Elle fait incontestablement partie des meilleures de la décennie. Nous parlions de storytelling : faire revenir Aaron Gordon ou Dwight Howard était une bonne initiative. Tardive, mais intelligente. Le duel qui opposait l’ailier fort du Magic à Derrick Jones Jr du Heat s’est révélé être d’un niveau très relevé. Tout était presque parfait. Mais l’échec de Gordon en finale, pour la deuxième fois en carrière, a donné lieu à une polémique de taille. Sa défaite, suite à sa réalisation à deux mains au-dessus de Tacko Fall, après cinq dunks d’affilée à 50 points, peut sembler choquante, à raison. Une égalité aurait été de rigueur, mais une défaite ?
Si Jones ne démérite pas, ce débat laisse penser que les règles pourraient être à reconsidérer. En cas d’égalité parfaite au bout de trois dunks en finale, pourquoi ne pas les départager en comptabilisant toutes leurs notes obtenues pendant le concours ? Et cela, au lieu de tout jouer sur le sort d’un seul dunk, parfois mal apprécié par les juges. Dès lors, après cinq réussites consécutives avec la note maximale, Gordon serait reparti avec le trophée.
Une nouvelle règle qui n’aurait rien changé au sacre de Zach Lavine en 2016 par exemple. Si l’on additionne tous les points engrangés par le joueur des Bulls au bout de cinq dunks, il est ainsi légitime vainqueur : 249 points face aux 244 points de Gordon.
Chacun aura un avis bien distinct sur la question du concours de dunks et sur les éventuelles modifications que l’on pourrait lui apporter. Une chose est sûre : la NBA peut mieux faire.
Photo : Jonathan Daniel/Getty Images