Intronisé au Hall of Fame en 2006 et membre des 75 Greatest de l’histoire de la ligue, Dominique Wilkins, c’est bien plus que son légendaire duel au Slam Dunk Contest 88 face à Michael Jordan, bien plus qu’un joueur sur-athlétique qui a martyrisé les cercles des parquets de la ligue pendant 15 ans, qui lui a valu l’un des surnoms les plus stylés de l’histoire. Non Wilkins, c’était un scoreur prolifique, avec un arsenal offensif ultra complet, sa fidélité à la franchise d’Atlanta lui a peut-être fait manquer l’opportunité de gagner une bague, mais il n’en reste pas moins une légende qui a marqué l’histoire de la NBA.
L’enfance de Wilkins, en un mot : Toughness
Fils d’un membre de l’US Air Force, ‘Nique voit le jour le 12 janvier 1960 à Paris alors que son père était déployé dans la capitale française, Dominique et ses 7 frères et sœurs sont amenés à beaucoup voyager en raison de la carrière militaire de leur père John Wilkins. Finalement, après plusieurs années à se déplacer, la famille Wilkins décide de s’installer à Baltimore dans l’État de Washington DC. Baltimore, une ville connue pour sa criminalité, en particulier dans les “projects”, les ghettos en périphérie de la ville.
C’est dans cet environnement que le Hall of Famer vivra son enfance. Très tôt dans sa vie, Dominique doit faire face à la violence de la rue et aux différentes tentations que la rue procure. Fils de militaire, on pourrait s’imaginer que Dominique a eu une enfance dure et disciplinée, c’est pourtant chez un autre homme que Do’ va trouver une figure paternelle qui aura un impact considérable sur la vie du jeune homme.
Alors qu’il montre déjà des prédispositions pour le sport et un niveau athlétique au-dessus de la moyenne, Wilkins attire l’œil d’une légende des playgrounds de Baltimore en la personne de “Big Harold”. Harold décide de prendre Dominique sous son aile, à la fois pour lui empêcher de tomber dans la criminalité des O’Donnell Heights projects et surtout, car il a vu en lui un potentiel, car personne n’avait encore décelé chez lui. Montrant un intérêt grandissant pour le basketball, Harold obligera Wilkins a jouer contre des joueurs plus âgés que lui pour lui apprendre la “toughness”.
Cette dureté sera véritablement le fil rouge de la carrière de basketteur de Dominique Wilkins, les cercles de la ligue entre les années 80 et 90 peuvent en attester. Harold en est intimement persuadé, si Dominique réussit à gérer cette différence d’âge et le challenge physique qui lui sera imposé, il sera armé pour affronter n’importe quel obstacle d’une carrière dans le sport. Dans une interview donnée à The Athletic, Wilkins souligne le rôle important qu’a eu Harold à ce stade de sa vie :
“Pour une raison inconnue, il s’est pris d’affection pour moi. Encore aujourd’hui, je ne comprends pas pourquoi. Je n’avais peur de personne, surtout au début de ma vie, car je côtoyais certains des mecs les plus durs que j’aie jamais vus dans ma vie. Le monde du sport était facile pour moi. Harold en est l’une des principales raisons. »
Déménagement en Caroline du Nord, un fait déterminant pour Wilkins
Dominique commence à accorder une importance particulière au basket et intègre le lycée Dunbar High School à Baltimore. La famille Wilkins continue à sillonner le pays en raison des déplacements professionnels du sergent John Wilkins, et installe ses valises en Caroline du Nord, synonyme d’un nouveau lycée pour Dominique, il intègre un premier lycée puis alors qu’il rendait visite à la grand-mère de Dominique, Dave Smith, le coach de la varsity team de Washington High, parviendra à convaincre l’adolescent de 16 ans de rejoindre son équipe.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que Smith a eu le nez fin et que l’effet Wilkins est immédiat. Sur deux saisons, l’équipe de Washington High affiche un résultat de 76 victoires pour 1 défaite et fera le back-to-back du titre de champion d’état de Caroline du Nord, il remportera également le titre de MVP de l’état ces deux saisons-là.

Lors de sa deuxième saison, il réalise une performance dantesque en compilant 48 points, 27 rebonds, 8 contres et 9 dunks contre une équipe mieux classée que Washington High. Il montre déjà sa capacité à scorer et surtout à jouer au-dessus du panier. Il sera naturellement élu dans la McDonald’s All-American Team qui récompense les meilleurs lycéens du pays. Comme chaque grand joueur, Dominique s’illustre par une solide performance lors de la rencontre, il score 16 points et attrape 12 rebonds. À la fin de son cursus en high school, Wilkins se classe parmi les joueurs les plus convoités par les meilleurs programmes universitaires sur le circuit NCAA. Il optera pour les Bulldogs de l’université de Georgia.
The Human Highlight Film
Contrairement à ce que l’on peut croire, Nique n’a pas gagné son surnom sur les parquets NBA, mais bien sur ceux de la NCAA. Lorsqu’il arrive sur le circuit universitaire, Wilkins est déjà un bel athlète de 2 mètres pour environ 90kg. Il est taillé dans le marbre et dispose surtout d’une détente phénoménale.
Pour sa première saison, l’ailier met déjà tout le monde d’accord et présente une moyenne de 18,6 pts avec à son actif déjà, des cercles martyrisés et des actions spectaculaires, ce qui constituera sa marque de fabrique tout au long de sa carrière.
La saison suivante, Dominique revient encore plus fort, score plus (23,6 pts de moyenne) et sera récompensé du titre de Southeastern Conference Men’s Basketball Player of the Year et MVP du tournoi de la même conférence à l’issue de la saison 1981. Wilkins pourrait dès lors se présenter pour la draft, mais il décide de rester une dernière année. Cette année 1982 ne fait que confirmer l’immense potentiel du joueur, doté d’une palette offensive très complète et une maîtrise aiguisée de l’art du dunk. Il obtiendra une dernière distinction en NCAA, puisqu’il sera élu dans la Third team All- american. Après avoir créé la sensation pendant 3 ans sous le maillot des Bulldogs, Wilkins se dit prêt à faire le grand saut pour la NBA.
Dominique reste en Géorgie
Très souvent lorsque l’on demande à un.e fan de citer un joueur en pensant aux Hawks d’Atlanta, c’est le nom de Dominique Wilkins qui ressort et pourtant, The Human Highlight Film aurait pu ne jamais arborer la tunique des faucons, parfois le destin d’un joueur se joue à très peu de choses.
Revenons dans un premier temps sur la cuvée 1982 : Wilkins est évidemment pressenti dans le top 5 de la Draft au vu de son cursus NCAA, mais il est également en très bonne compagnie, puisque son également attendu très haut, Terry Cummings le produit de DePaul et surtout James Worthy que l’on attend en numéro 1 de la Draft. On peut citer Trent Tucker, Fat Lever, Ricky Pierce, Eric Floyd ou encore Paul Pressey. Une classe 82’ avec beaucoup de talent et des joueurs à haut potentiel. 29 juin 1982, la soir de la Draft à New York, sans trop de suspense c’est le nom de Worthy qui sera appelé en premier, puis c’est autour de Cummings et pour le 3ème choix c’est le Jazz d’Utah qui se présente pour faire son choix.
Ce choix se tournera vers Dominique Wilkins, ça y est Wilkins rejoint la grande ligue, mais pourtant cette sélection par le Jazz lui laisse un goût amer. En effet, Wilkins refuse tout simplement de jouer pour l’équipe de Salt Lake City. Le numéro 3 de la Draft va exprimer durant toute la off-season, sa volonté à ne pas jouer pour la franchise. Finalement, sous la pression, le Jazz décide d’échanger Wilkins contre les illustres John Drew et Freeman Williams. Les Hawks ne s’en rendent pas encore compte, mais ils viennent de récupérer leur franchise player pour les 10 prochaines années à venir. Enfin dans de bonnes conditions pour jouer, il est l’heure pour Dominique Wilkins de faire ses preuves.
Le faucon numéro 21 prend son envol
Dès son premier match, Wilkins confirme le potentiel qu’on voyait en lui depuis ses débuts en universités, il score 23 points et prend 12 rebonds dans une défaite face aux Pistons d’Isaiah Thomas. Il marque 30 points dès son 3ème match et réalise 5 matchs à plus de 30 points sur l’ensemble de la saison. Il sera logiquement nommé dans la 1983 All-Rookie Team avec 17,5 points de moyenne et 5,8 rebonds.
Sur les saisons suivantes, Dominique s’impose comme le leader naturel et prend les rênes de l’attaque en gagnant la confiance du coach Mike Fratello. Il enchaîne par une saison à 21,6 points puis 27,4 points avec notamment un duel d’anthologie face à Larry Bird au cours duquel il marque 47 points contre 48 pour le Celtic.

Cette saison marque aussi et surtout son premier succès sur le concours de dunk. Après une première participation en 1984, Dominique revient pour l’édition 1985 et il n’est pas seul puisque le rookie sensation des Bulls, Michael Jordan est également de la partie. Les deux hommes vont nous livrer un duel à très haute altitude et les fans en redemandent, mais c’est finalement Wilkins qui sortira vainqueur avec ses “signatures” windmill tout en puissance et en détente.
Un premier trophée pour le Hawk qui termine en plus 6e meilleur marqueur sur cette saison 1984-85. Plus de doute possible sur le talent offensif et les capacités athlétiques du joueur, en revanche la franchise, elle, n’est pas à l’image de sa star, Les Hawks terminent avec un bilan de 34 victoires pour 48 défaites. Le front office comprend qu’il sera nécessaire de bien entourer sa star pour espérer se faire une place dans la conférence Est.
De 1986 à 1994 : un prime spectaculaire
À l’approche du début de la saison 1985-1986 et alors que la ligue commence à compter dans ses rangs de sérieux talents offensifs, Dominique Wilkins alors âgé de 25 ans rentre doucement dans son prime et ça tombe, car les Hawks semblent enfin compétitifs. Les Hawks commencent pourtant la saison timidement avec un bilan de 8 victoires pour 11 défaites à l’issue du mois de novembre.
Pourtant et à l’image de leur franchise player, tout va s’accélérer dès le mois de décembre 1985. Wilkins réalise un mois de décembre à 30 points et 11 rebonds de moyenne et les Hawks remportent 7 de leurs 11 rencontres sur le mois. La franchise garde sa bonne dynamique sur les mois suivants et Wilkins augmente sérieusement son niveau de jeu avec un mois de janvier, février et mars à respectivement 30,7 points ; 32 points et 32,5 points avec une moyenne de 7,5 rebonds par match. Il participe au Slam Dunk Contest pour défendre son titre, mais c’était sans compter sur Spud Webb qui du haut de ses 1,75 m vient sauter plus haut que tout le monde et succède logiquement à Wilkins.
Le trophée de Slam Dunk champion ne change donc pas de vestiaire, mais bien de main. Nique termine la saison totalement en feu avec une moyenne de 39 points sur le mois d’avril avec notamment son record de points en carrière face aux Nets, puisqu’il scorera 57 points sur la rencontre.

Photo : Rocky Widner / NBAE via Getty Images
Les Hawks terminent 4e à l’ouest un bilan de 50 victoires pour 32 défaites. Ils feront face aux Pistons au premier tour des playoffs, Wilkins survolera la série avec 34 points de moyenne dont 50 points lors du game 2 déjà décisif pour les Hawks. Les faucons passent le premier tour assez aisément face aux Pistons, grâce notamment à un esprit collectif impeccable sur la série (28,8 passes décisives de moyenne) et un supporting cast bien présente.
En demi-finale, ils devront faire face aux Celtics de Bird, McHale et Parrish. La franchise du Massachusetts se présente en logique favorite pour le titre après avoir remporté 67 victoires sur la saison régulière. Cette fois, le scénario sera différent de celui du premier tour. Bird surnage sur la série et la défense de la saison verte parvient à shutdown Wilkins à 24 points de moyenne à 39% au tir. Cette saison 1986, prometteuse, s’arrête là pour les Hawks et Wilkins, qui pourra se consoler avec une première sélection All-star et une sélection dans la All-NBA first team.
La saison 1986-87 sera la meilleure saison des Hawks en termes de résultat durant toute la carrière de Wilkins sous le maillot. 57 victoires pour 25 défaites et une place de favori à l’Est après avoir terminé 1er de leur division. Toujours sous les ordres de Mike Fratello, chaque joueur connaît son rôle à l’image de Doc Rivers qui mène l’attaque et distille de bons ballons ou encore Kevin Willis qui fait un véritable ménage dans la raquette et bien sûr Wilkins qui continue de scorer et se hisser parmi les meilleurs scoreurs de la ligue. Parlons un peu du jeu de Wilkins, du haut de ses 2,03 m, Wilkins était très rapide et possédait un bon handle.
Capable d’attaquer le panier et finir main gauche ou main droite, c’était aussi un excellent shooteur à mi-distance. Avec un jumpshot très haut, il pouvait se créer suffisamment d’espace entre son défenseur et son tir et très souvent, ça tombait dedans. Peu souligné sur l’ensemble de sa carrière, c’était pourtant un excellent joueur sur demi-terrain, Kenny Smith en parle justement au cours d’une interview donnée à The Athletic :
Kenny Smith : “Il faisait ce que Lebron James fait aujourd’hui, courir tout droit vers le panier, mais il le faisait sur demi-terrain, les coéquipiers lui passaient la balle et il pouvait soit prendre un tir soit foncer droit vers vous pour monter au dunk”
C’était aussi un défenseur solide sur ses appuis et véloce qui savait mettre à profit ses capacités athlétiques hors norme. Wilkins a également développé un go-to-move au cours de sa carrière, à savoir le spin-move et qui d’autre que le principal concerné pourrait mieux en parler : “J’ai pris le spin move de Earl Monroe et c’est devenu mon spin-move, j’ai toujours été en mesure de courir et avoir un bon jeu de jambes”
Enfin et surtout, Wilkins est connu pour ses dunks surpuissants et ses claquettes dunks à très haute altitude. Il a notamment construit avec sa capacité à absorber le contact et réussir tout de même à dunker sur ses adversaires. Il est considéré comme l’un des tout meilleurs in-game dunker. Mais c’est surtout son mental et sa manière d’aborder le jeu qui ont fait de Dominique Wilkins un joueur unique et véritablement marquant des années 80. Il jouait chaque match avec un niveau d’intensité impressionnant, Dominique dira d’ailleurs que cette intensité provient de la dureté de sa jeunesse et l’impact de Big Harold sur sa mentalité.
Dominique va connaître sa deuxième sélection all-star sur cette saison et sera à nouveau nommé dans la All NBA team. Les Hawks filent en playoffs pour la 2e saison d’affilée, ils passent le premier tour, mais se voient à nouveau éliminés en demi-finale par les Pistons cette fois et la défense des Bad Boys aura totalement eu raison de Wilkins qui tourne à 22,4 points de moyenne à 38% au tir.
Après cette désillusion lors des playoffs 1987, les Hawks enchaînent 2 saisons à plus de 50 victoires en gardant plus ou moins le même effectif. Wilkins continue de scorer et enchaîne les sélections All-Star et All-NBA Team. L’année 88’ est également l’année de son duel historique face à Jordan sur le slam dunk contest.
Les deux hommes vont livrer un récital de dunks tous impressionnants les uns que les autres. Wilkins sort sa spéciale avec des Windmills surpuissants tout en technique et en violence, mais pourtant c’est bien Jordan qui va l’emporter. Une certitude, peu importe le vainqueur, ce concours aura véritablement marqué l’histoire du Slam Dunk contest. Avec une moyenne de 30,7 points par match, Dominique termine à la 2e des meilleurs marqueurs de la saison, derrière l’intouchable Michael Jordan et ses 35 points de moyenne. Nique marque plus de 40 points sur 15 rencontres lors de la saison régulière avec un mois de février à 38,2 points de moyenne.
En Playoffs, Atlanta passera le 1er tour face aux Bucks avant de se faire sortir face aux Celtics à la suite d’une série héroïque et d’un game 7 irrespirable au cours duquel Wilkins a scoré 47 points. La performance du futur Hall of Famer est dantesque, mais souligne une nouvelle fois l’incapacité des Hawks à passer un second tour. La saison 1988-89 débute avec de nouveaux membres dans l’escouade en la personne du Chairman of the Board, Moses Malone qui reste un joueur all-star très solide, mais qui commence doucement à être sur la pente descendante. On peut également souligner l’arrivée de Reggie Theus en provenance de Sacramento, un arrière scoreur et all-around.
Avec la venue de Theus et Malone, les Hawks augmentent leur efficacité au scoring en passant de la 13e à la 9e attaque de la ligue, mais pourtant la franchise ne remporte que deux matchs de plus que la saison dernière. Wilkins est nommé All-Star pour la 4e fois de sa carrière et nommé dans la All-NBA Third team avec des statistiques très solides de 26,2 points et 6,9 rebonds.
Les Hawks feront face aux Bucks au 1er tour des playoffs malgré un très bon duo Wilkins – Malone. Quatrième année d’affilée que les Hawks ne parviennent pas à passer de second tour en playoffs et des doutes commencent à apparaître sur la capacité de Wilkins à mener son équipe, en parallèle, on peut aussi pointer du doigt un supporting cast relativement faible pour entourer le franchise player, du moins trop faible sur le papier pour rivaliser avec les Pistons, Bulls ou Celtics.
De la saison 90 à 91, alors âgé de 31 ans, le temps ne semble pas avoir d’effet sur Wilkins qui continue de scorer des volumes de points impressionnants en conservant des moyennes parmi les meilleures de la ligue avec 26,7 et 25,9 entre 1989 et 1991, il ajoute à son actif deux nouvelles sélections pour le All-star Game et une nomination dans la All NBA second team en 1991.

Wilkins débute très bien la saison 1991-1992, en apportant toujours sa capacité au scoring et semble se diriger de plus en plus vers le playmaking avec sa plus haute moyenne de passes décisives par match (3,8) et les Hawks sont en bilan positif, mais la saison du numéro 21 va brusquement s’arrêter face à Philly le 28 janvier 1992 lorsqu’il est prit d’une couleur fulgurante au niveau du talon. Le verdict tombe : rupture du tendon d’Achille pour Wilkins qui ne mettra plus les pieds sur un parquet cette saison-là. Un coup dur insurmontable pour Atlanta qui finit avec un bilan de 38 victoires pour 44 défaites. Il s’agit de la première blessure grave de Dominique qui n’a manqué que 17 matchs depuis le début de sa carrière.
Wilkins revient pour la saison 1992-93 et dès le premier match, il ne laisse planer aucun doute sur son état de santé et score 30 points face aux Knicks en opening night. Il score une moyenne de 27,7 points sur le mois de décembre avant de se fracturer le doigt et être tenu à l’écart du parquet pendant 11 rencontres. Là encore, Wilkins récupère rapidement de sa blessure et marque une moyenne de 30 points par match entre janvier et février. Les Hawks terminent la saison avec un bilan de 43 victoires pour 39 défaites et décrochent une place en playoffs. Wilkins réalise un come-back phénoménal puisqu’il termine sa saison avec 29,9 points de moyenne, une 8e sélection All-star et sa 4e nomination pour la All-NBA Second team.
Le 2 février, Wilkins devient le meilleur scoreur de l’histoire de la franchise des Hawks devant le légendaire Bob Pettit. La franchise de Géorgie fera cette fois face aux Bulls d’un Jordan en quête de Three-peat. Autant dire que les taureaux ne laissent aucune chance à Wilkins et ses coéquipiers, un sweep cuisant avec une moyenne de 16 points d’écart.
La fin de l’aventure Hawks, un des trades les plus inexplicables de l’histoire
Avec son quatuor Willis – Wilkins – Augmon et Blaylock, la franchise se présente parmi les favoris pour le début de la saison 1993-94. D’autant que le légendaire coach Lenny Wilkens prend les rênes sur le banc des Hawks. Dans une NBA orpheline de Michael Jordan, l’occasion est trop belle pour les Hawks de ne pas en tirer avantage.
À l’issue du mois de décembre, l’équipe détient un bilan de 19 victoires pour 7 défaites et fait la course en tête de la conférence Est, à la lutte avec les Knicks. Dominique Wilkins score moins et prend moins de tirs, mais semble pour la première fois entourée d’un effectif à la hauteur de son immense talent. Une équipe avec un style de jeu très défensif avec leur père d’arrière Blaylock et Augmon et une alchimie encore rarement vue à Atlanta.
Au moment du All-Star break, Atlanta détient le meilleur bilan de l’Est avec 34 victoires pour 13 défaites. 9e et dernière sélection all-star pour Wilkins. Après avoir disputé son dernier match face aux Supersonics le 23 février, Dominique se fait trader aux Clippers contre Danny Manning. Stupeur dans les travées de la NBA. La figure emblématique, le meilleur scoreur de l’histoire de la franchise ne portera plus jamais la tunique rouge et or.
En mésentente sur la question financière, le board décide de faire un choix tout à fait unique, trader le meilleur scoreur d’une franchise leader de la conférence. Un choc immense pour les 9 fois All-Star qui mettra du temps à se remettre de ce transfert : « It took me a long time to get over that »
Vers la fin de sa carrière
Wilkins pose ses valises à Los Angeles et enfile pour la première fois de sa carrière, un autre jersey que celui des Hawks après 12 saisons sur les parquets NBA. Bien que la douleur du trade est vive, Nique ne semble pas montrer de signe de fatigue, il devient naturellement l’arme offensive numéro 1 et score en moyenne de 26 points à l’issue de la saison 1993-1994. Les Clippers ne se qualifieront pas pour les playoffs.
Alors agent libre à l’été 1994, Wilkins signe avec les Boston Celtics et s’en va pour l’aventure olympique avec la Dream Team II, il remportera l’or olympique aux côtés d’autres superstars de la ligue. Pour sa seule saison sous les couleurs des Celtics, Wilkins sera le meilleur scoreur de l’équipe et envoie tout de même 17,8 points de moyenne. Toujours capable de faire des sorties à 30 points, Nique a su adapter son jeu en devenant une véritable menace extérieure sur les dernières années, il rentre cette saison-là 112 à 3 points. Les Celtics décrochent une place en playoffs, mais ne feront pas le poids face au Magic de Shaq et Penny.

Photo : Nathaniel S. Butler / NBAE via Getty
Dominique sait qu’il est encore capable de scorer et se montrer décisif pour une franchise, pour lui, impossible de se contenter d’un environnement peu compétitif. Il fait jouer sa clause de buyout sur son contrat avec les Celtics et décide donc de tenter sa chance en Europe.
Plutôt rare de choisir le vieux continent quand on est un joueur multiple all-star et All-NBA, mais Wilkins semble satisfait de son choix et apporte toute son expérience et sens du scoring au Panathinaïkos en ligue grecque. Il arrive à Athènes comme un héros et se rend compte de sa popularité à travers le monde et le lendemain, pour son premier entraînement, c’est bien 13 000 personnes qui sont présentes pour voir jouer cette légende absolue de la NBA.
Après des débuts compliqués et une relation en dent de scie avec l’exigeant coach Božidar Maljković, Wilkins parvient à s’adapter au jeu européen et éclabousse l’Euroleague de son talent. Le Pana fait un parcours européen exemplaire, à l’image de leur star qui finira MVP du Final Four et aidera l’équipe a remporter l’Euroleague 1996. Wilkins s’est montré particulièrement clutch sur le final four avec 35 points et 8 rebonds en demi-finale et 16 points et 10 rebonds en finale face à Barcelone.
Le Panathinaïkos ne remportera pas le titre en ligue nationale, surpassé par leur rival, l’Olympiakos. Suite à un conflit d’intérêts, Dominique décide de revenir aux US et fait une pige avec les Spurs au cours de laquelle il montre qu’il reste, à 37 ans, un vrai scoreur (18,4 points de moyenne).
Enfin, il retourne en Europe la saison suivante, cette fois c’est en Italie, plus précisément à Fortitudo Bologna que l’ancienne gloire des Hawks vient s’installer. Il reste une saison, continue de scorer, mais ne remportera pas de titre cette saison-là. Finalement, alors qu’il n’a jamais eu l’occasion durant sa longue carrière, Dominique rejoint son frère Gerald au Magic pour un dernier baroud d’honneur. Il ne jouera que 27 matchs pour une moyenne de 5 points avant de raccrocher les baskets à l’âge de 39 ans.
C’était ça Dominique Wilkins, un scoreur fabuleux, le joueur le plus emblématique de la franchise des Hawks dont il commente aujourd’hui les matchs. Un joueur peu apprécié à sa juste valeur qui regardait pourtant des joueurs comme Jordan, Bird ou English dans les yeux quand il s’agissait de marquer. Et il en a marqué des points, 26 668 points pour être exact, ce qui en fait aujourd’hui le 15e meilleur scoreur de l’histoire. 9 fois All-Star, 7 All-NBA et 2 fois champion du slam dunk contest.
Pourtant, malgré son talent, les Hawks n’ont jamais su tirer pleinement tout le potentiel de leur franchise player en lui offrant un supporting cast plutôt moyen sur ses années en Géorgie. Dans les 75 greatest après les snubs des 50 greatest en 1997, Dominique Wilkins a marqué l’histoire du basket et a révolutionné le jeu avec ses dunks surpuissants.
Photo de couverture : Brian Drake / NBAE via Getty Images