Une icône de la balle orange est partie jouer avec les légendes de notre sport. On peut facilement imaginer Kobe défendre sur Dražen Petrović puis, sur l’attaque suivante, faire ficelle sur un Fadeway. Ce geste tant travaillé est à son image. Le quintuple champion NBA a inspiré de nombreux joueurs actuels avec sa mentalité de travailleur toujours insatisfait. Après avoir raccroché les sneakers, les fans buvaient la moindre de ses paroles sur cet état d’esprit l’ayant guidé vers les sommets — cet état d’esprit dont il était le gourou.
Une confiance en soi capable de déplacer des montages
Cette confiance en soi, Kobe l’avait depuis son plus jeune âge. À 8-9 ans lorsqu’il vivait en Italie, il aurait regardé les coéquipiers de son paternel pour déclarer : « quand je serai grand, je vous écraserai tous ! ». Bien évidemment, les rires ont suivi ces propos tâchés d’audace et d’assurance. Une conviction assumée qu’il affiche face aux plus grandes légendes du jeu alors qu’il n’a encore rien réalisé dans sa carrière. Le jeune numéro 8 débarque dans le vestiaire de la franchise ayant vu jouer Magic Johnson, Elgin Baylor, Wilt Chamberlain entre autres et il annonce haut et fort qu’il deviendra le meilleur marqueur de la franchise, l’un des meilleurs scoreurs All-Time et l’un des Greatest of All-Time.
Les cases sont toutes cochées. C’est en effet une chose de le dire, mais c’est une tout autre chose d’atteindre de tels objectifs. Pour les personnes extérieures à ce personnage, cette assurance pouvait être perçue comme de l’arrogance. Avec son célèbre trashtalking, il poussait la limite plus loin même face à son idole. En 2001 avant un match opposant les Lakers aux Wizards, Phil Jackson organise une rencontre avec Michael Jordan. À peine rentré dans le vestiaire, le joueur pourpre et or affirme « toi, je te bats quand tu veux en un contre un ».
Pour lui, rien n’est dû au hasard. Ses déclarations le poussaient sans doute à travailler avec une intensité et une régularité exemplaire. C’est probablement l’une des choses qui a fait de lui la légende qu’il est aujourd’hui.
Une éthique de travail obsessionnelle
Après sa défaite face aux Spurs en 2003, Kobe réalise que la dynastie des Angelinos est terminée. Les yeux rouges et remplis de larmes, le double MVP des finales exprime sa déception au micro en disant « Je vais bosser jusqu’à l’épuisement ». Cette volonté de travailler plus que les autres, Kobe l’avait avant même que sa carrière professionnelle débute. Au lycée, son coach raconte qu’il arrivait à cinq heures du matin pour s’entrainer avant les cours et y retournait après, jusqu’à dix-neuf heures. Un obsédé du travail, prêt à tout pour perfectionner sa technique et son corps. Les anecdotes sur ses sessions d’entrainements pourraient remplir un livre entier.
On pourrait citer la fois où, un jour de match, à 7 h 30 le « Mamba » était déjà dans la salle de musculation avec l’ancien préparateur physique de Michael Jordan. Un journaliste d’ESPN sur place décrit une douzaine d’exercices particuliers. Kobe débute ses pompes de manière classique, puis, en remontant, se lance pour faire décoller ses pieds du sol. En l’air, il frappe violemment ses pectoraux, puis se réceptionne et recommence. Trois séries de sept pompes de la sorte. Quelques heures avant de jouer la quasi-totalité des 48 minutes d’un match NBA. Dans l’article de Paul Roy, le numéro 24 est décrit comme étant celui de la maturité. Des spéculations sur ce changement numéro 24, il en existe des dizaines. L’une d’entre elles représente bien cette dévotion au perfectionnement quotidien. 24 comme le nombre d’heures dans une journée, le nombre d’heures durant lesquelles il pourrait s’exercer.
Le sacrifice fait partie des principes de cette Mamba Mentality. Pour Kobe rien n’arrive par hasard et chaque chose vient après un travail bien fait. Dans une interview en plateau, le multiple All-Star déclare que ce que l’on fait à un moment donné, nous choisissons de le faire dans un but précis. La vie est faite de choix et le travail en est un. Faire des sacrifices chaque jour est une souffrance éphémère quand le résultat est éternel.
Kobe et le jeu : un amour immuable
Pour le natif de Philadelphie, sa Draft en NBA était une étape somme toute évidente. Cependant, sans le travail qu’il a réalisé, il ne serait pas arrivé là où il est dans la tête des fans de la balle orange. Il aimait se lever et aller à la salle de gym pour façonner ce corps, son outil. L’athlète a aussi rempli sa tête pour comprendre le jeu. Le numéro de la maturité représente bien cette volonté d’intégrer la tactique.
Kobe Bryant exigeait parfois qu’on lui prépare quelques séquences vidéo à la mi-temps de ses propres matchs. Il profitait de la pause pour effectuer ses analyses personnelles, puis en discutait avec son coach, identifiait ce que ses coéquipiers devaient corriger, et leur indiquait où se placer dans tel ou tel schéma de jeu. « S’il y arrive, c’est parce qu’il a étudié tout cela. Il est mieux préparé que n’importe quel autre joueur dans la ligue » a déclaré Tex Winter, l’un des fondateurs de l’attaque en triangle. Comme Obélix, Kobe est tombé dans la marmite du basket dès l’âge de 2 ans. Il était destiné à pratiquer ce sport. Étudier et comprendre les moindres détails du basketball passionnait l’homme.
La maladie d’amour du jeu le poussa bien plus loin que tout ce qu’il avait imaginé dans ses rêves les plus fous. Dans une autre interview, il déclara que l’empathie et la compassion existent bien dans son sport. Il a réalisé des prouesses pour l’amour du jeu et pour ses proches. Les 81 points face aux Toronto Raptors de Jalen Rose restent le meilleur exemple. Ce soir-là, sa grand-mère le voyait jouer pour la première fois de sa vie. Kobe voulait qu’elle le voie jouer à son meilleur niveau. Cette Mamba Mentality le poussait à apprendre constamment sur le jeu. Shaquille O’Neal est connu pour aimer la vie et la plaisanterie, Kobe vivait pour la balle orange. Cet amour l’aidait à traverser les épreuves les plus difficiles qu’il a pu endurer.
La Mamba Mentality, cet état d’esprit unique développé au fil des années, l’aura guidé vers le mont Rushmore des légendes de ce sport. Cette obsession pour la performance et la perfection nous aura laissé un souvenir indélébile de cet athlète. La Mamba Mentality a traversé les frontières pour aider les sportifs du monde entier à atteindre leurs objectifs. Pour Kobe, les rêves sont l’une des principales raisons de vivre pour l’homme. Sans buts à atteindre, la vie est selon lui vide et creuse. Kobe suscitait la polémique avec son jeu et clivait la planète basket. Mais cette légende a tout mis en œuvre pour atteindre ses rêves et rien ne pourra lui retirer cela.
Photo : Noah Graham/NBAE via Getty Images