Quoique l’on en dise, la saison 2022-23 des Lakers ressemble à un nouveau fiasco. Le record aussi historique que monumental de LeBron James ne peut éclipser un tel désastre collectif. 13e d’une Conférence Ouest extrêmement serrée, le Lake Show s’est activée à la trade deadline, et d’une plutôt belle manière. Mais cela sera-t-il suffisant pour ne pas regarder – pour la deuxième saison consécutive – les Playoffs à la télévision ?
Moins de 48h avant la trade deadline, LeBron James battait le record historique de points marqués en NBA par un seul joueur – sous les yeux de Kareem Abdul-Jabbar et les écrans de milliers de fans. Un soir plus tard, la franchise californienne faisait le grand ménage de printemps, un 8 février, en commençant par se débarrasser de Russell Westbrook dans un transfert à trois équipes.
En retour, les Lakers ont récupéré D’Angelo Russell, Malik Beasley et Jarred Vanderbilt. Un package monumental, qui ne se limite donc pas qu’au premier nom cité … Les deux ex-joueurs du Jazz, aussi passaient plus longuement chez les Wolves, sont de jolis atouts.
Pour le cas Malik Beasley, les Lakers augmentent avec lui leur capital “tir longue distance”, en mal depuis deux saisons. Associer un bon shooteur au playmaker élite qu’est LBJ était une nécessité. Depuis le début de sa carrière, Malik Beasley tourne à 37 % à trois-points. Pendant 18 mois, de 2020 à 2021, l’arrière avait affiché 20,7 puis 19,6 points de moyenne au sein d’une équipe des Wolves où il avait davantage de ballons. Cette saison avec le Jazz, il a dépassé par six fois la barre des 20 points par match.

Jarred Vanderbilt, la vraie bonne surprise
Aussi débarqué à LA, Jarred Vanderbilt peut-être décrit comme le facteur X qu’il manquait à l’effectif des Lakers. À 23 ans, l’intérieur possède un profil extrêmement polyvalent. Excellent défenseur en puissance, il dégage une forte énergie sur les parquets. Disposer de ses talents sur le terrain, c’est s’assurer un impact immédiat sur le jeu. En constante progression au scoring, c’est un joueur agressif, très aérien et qui marque tous ses points dans la raquette.
Aux côtés d’Anthony Davis, ils peuvent se révéler très complémentaires. C’est en tout cas ce qu’il a su noter à son arrivée : “J’ai l’impression d’être complémentaire de beaucoup de personnes dans cette équipe, en général. Je ne m’intéresse pas trop aux postes. Il suffit de m’envoyer sur le terrain et de me laisser être un joueur de basket”.
Très enthousiaste à l’idée d’intégrer un projet qui comprend LeBron James au centre et dans lequel on attend déjà beaucoup de lui, Jarred est sans doute l’ajout le plus malin de cette trade deadline de la part Lake Show. À même pas 5 millions de dollars la saison, avec un contrat garanti jusqu’à l’été 2024, la belle affaire Vanderbilt s’inscrit même dans un projet à moyen terme. Car oui, plus d’un an aux Lakers, c’est déjà très long.
D’Angelo Russell, retour gagnant ?
D’Angelo Russell revient à la maison, dans la franchise qui l’avait drafté en 2e position en 2015. Seul joueur de l’équipe actuel qui a évolué avec Kobe Bryant sous le maillot pourpre et or, D-Lo avait déjà montré tous ses talents de créateurs durant les deux saisons passées à LA. Scoreur très irrégulier dans ses plus jeunes années en NBA, le gaucher a bien évolué. Depuis plusieurs semaines, il tourne en 50-40-90 et détruit, par son élégance – et sa nonchalance – bien des défenses.
La relation avait rapidement pris fin le soir de la Draft 2017 lorsque, avec un nouveau deuxième tour de Draft, les Lakers portaient leur dévolu sur Lonzo Ball. Ils envoyaient ainsi Russell aux Nets avant même le début de la cérémonie en l’échange de Brook Lopez. Le combo guard s’était alors épanoui à Brooklyn avant d’être, une nouvelle fois, échangé aux Warriors à l’été 2019. Sa deuxième aventure californienne s’était rapidement soldée par un énième transfert, aux Wolves, contre Andrew Wiggins, mais la mayonnaise n’a jamais vraiment pris dans le Minnesota.
D’Lo le mal-aimé a mûri. Il a rendu son jeu un peu plus propre qu’il ne l’était. Impossible pour lui d’évoluer dans le costume d’un franchise player mais son utilité dans un groupe peut encore être essentielle. D’ores et déjà assuré de faire partie du 5 Majeur, le joueur devrait être – comme aux Wolves – la troisième option offensive du roster. “C’est une pièce qui pourrait bien aller aux côtés de LeBron et AD en raison de son tir, son espacement, de ses passes et de son QI” déclarait Rob Pelinka à la suite de son retour.

Pour autant, intégrer un meneur au sein d’une équipe, surtout pour entourer LBJ, nécessite un temps d’adaptation. Depuis le titre de 2020, c’est d’ailleurs une difficulté habituelle que l’on retrouve dans les effectifs des Angelinos. Mais cette fois, la complémentarité semble assez bien matcher sur le papier ! Il fallait aux Lakers un autre créateur-passeur en capacité d’étirer la défense adverse par sa menace au shoot afin de permettre à LeBron et AD d’attaquer proche du cercle.
Autre point à prendre en compte, D’Angelo Russell est dans sa contract year. Il lui reste au minimum trois mois pour briller – du moins individuellement – et tenter de rafler le pactole lors d’une free agency qui se profile agitée ! Cette saison, le meneur possède un contrat à 31 millions de dollars. Tout porte à croire que D’Lo voudra donner le meilleur de lui-même et, surtout, le faire au service du collectif – pour redorer son image. La NBA va très vite mais on peut aussi espérer que ces quelques semaines à LA lui donnent envie de poursuivre l’aventure durant encore quelques mois.
Une flexibilité retrouvée
Lors de cette trade dealine 2023, Rob Pelinka a frappé un grand coup dans la fourmilière. D’abord, il s’était offert les services de Rui Hachimura il y a trois semaines. Un premier braquage marchandé avec les Wizards bien senti pour ajouter – dans un projet à court terme – de la densité physique sur les ailes. Le manager général ne s’est pas arrêté en si bon chemin et a enfin réussi à sortir Westbrook du roster, un objectif pas si caché qui datait de l’été dernier.
Puis, à quelques minutes de la fin de la trade deadline, les derniers coups ont filé. Au revoir Pat Beverley, Juan Toscano Anderson et Thomas Bryant. Place à Mo Bamba et à l’obtention de quelques tours de Draft. L’ex intérieur du Magic possède encore un an de contrat en 2023-24 à 10,3 millions de dollars.
La stratégie de Rob Pelinka a été claire : modifier ce qui ne semblait pas feater dans le roster actuel et le rendre davantage complémentaire aux besoins de son duo AD-LeBron. Des joueurs au contrat court, mais qui ne finissent pas d’ici cet été, ont été privilégiés. Rob Pelinka a ainsi coché toutes les cases pour s’assurer de la flexibilité au sein d’un effectif encore compétitif.
“Nous étions conscients de la fenêtre que nous avions avec cette équipe, avec nos pierres angulaires, LeBron James et Anthony Davis. Notre calcul a été binaire : nous sommes sur le chemin du titre ou nous ne le sommes pas. À l’approche de la trade deadline, nous voulions vraiment régler le problème du shoot, du spacing, et, sur les ailes, de la profondeur et de la taille.”
Rob Pelinka, GM des Los Angeles Lakers
Darvin Ham, la fausse bonne idée
Avec un bilan à 26 victoires pour 32 défaites, les Lakers ne peuvent plus laisser filer de matches. La derrière la ligne droite, une fois le All-Star break passé, peut leur permettre de figurer dans le play-in. Sur leur calendrier, on observe beaucoup de rencontres face à des concurrents directs de l’Ouest. Warriors, Timberwolves, Thunder et Jazz, tous croiseront la route (parfois à plusieurs reprises) des Lakers avant la fin de la régulière. Et lorsqu’il faudra affronter des équipes de l’Est, les Knicks, Raptors, Bulls et le Magic se présenteront à eux. La fabuleuse remontée est à leur portée.
Encore faut-il que sur le terrain, ce roster en soit capable … À plusieurs occasions, le vent semblait tourner en leur faveur. Un match référence contre les Bucks ou une victoire volée à Boston allaient être le déclic, en vain. La saison 2022-23 a eu son lot de complications, les blessures de ses leaders en font largement partie, mais il n’y a pas que cela.
Arrivé l’été dernier en provenance de Milwaukee, le costume de coach principal paraît trop grand pour Darvin Ham. L’entraîneur ne fait pas du tout l’affaire et n’a jamais semblé remettre en question ses choix, qui ne payent pourtant pas depuis qu’il s’est installé à la tête des Angelinos.
La gestion du cas Russell Westbrook – mission très complexe par ailleurs – est un symbole clair des difficultés rencontrées par Darvin Ham au cours de sa première année. Il avait fait le choix de le faire sortir du banc, ce qui n’était pas une si mauvaise idée en soit mais un véritable parti pris. Pour autant, Russ continuait d’être aligné avec d’autres meneurs au cours de la rencontre, ce qui rendait son impact bien inférieur pour développer ses qualités de créateur, passeur et agresseur d’arceau.
Sans tir fiable à l’extérieur, le Brodie était au moins à la salle chaque soir, alternant entre du bon et du moins bon. Pour leur dernier match, les deux hommes s’étaient également accrochés à la mi-temps de Lakers – OKC, avant que le meneur réalise un 4e quart-temps à 14 points marqués et qu’il soit alors congratulé après la rencontre par son coach. Puis Russell Westbrook a été prié de quitter le navire.

Dans son envie perpétuelle, quasi addictive, d’aligner bien plus de joueurs arrières qu’il n’en faut sur un parquet, Darvin Ham vient de refaire le coup dans la lourde défaite à Portland (115-127). Toujours sans LeBron James, les Lakers ont attaqué la rencontre avec D’Angelo Russell, Dennis Schroeder et Troy Brown dans le 5 Majeur. Le déséquilibre physique est alors frappant et promettait, surtout lorsque l’on est renseigné sur les valeurs défensives de ses joueurs, une soirée porte ouverte sur le panier des Lakers. C’est ce qui s’est alors déroulé avec les 40 points de ce coquin de Damian Lillard.
Il est vrai qu’après la trade deadline, avoir un temps d’adaptation avant d’être mal-jugé est tout aussi légitime pour un coach. Mais cette défaite à Portland apparaît déjà comme la goutte de trop au sein d’une saison où ses mauvais choix se succèdent. Par le passé, les Lakers de Frank Vogel avaient au moins le mérite de mieux défendre.
Avec le 21e defensive rating de la ligue et le 24e net rating, les Lakers 2022-23 n’ont rien d’une équipe de contenders, prête à gagner le titre d’ici quatre mois. Et c’est en grande partie à cause du jeu proposé par Darvin Ham. Il possède toutes les cartes en main mais est aujourd’hui incapable de trouver la bonne formule.
Photo de couverture : Harry How / Getty Images