Profitons du All-Star break pour passer en revue les statistiques les plus marquantes de cette saison 2022-23 et les joueurs qui tiennent la tête d’affiche. Cette saison est véritablement le terrain de jeu idéal pour chaque personne qui s’intéresse aux analytics NBA, ces nombreuses données et stats avancées qui nous permettent par exemple de savoir quel joueur rentre le plus de tir depuis le logo ou quel joueur à la plus grande efficacité sur le parquet. Ce n’est plus un secret pour personne, le jeu actuel est très largement en faveur de l’attaque et les performances individuelles dantesques sont monnaie courante en NBA. Mais ne tombons pas dans le piège de prendre la ligue et ses joueurs pour acquis, des quatre coins du pays, la NBA regorge de talent, ce qui nous permet notamment d’avoir une course pour le titre de MVP passionnante et une course pour les playoffs qui l’est tout autant.
Les compteurs s’affolent
Sommes-nous en train d’assister à la saison la plus prolifique sur le plan offensif ? En 76 ans d’existence de la ligue, la question paraît arrogante au risque d’oublier des saisons historiques. Pourtant, celle-ci se pose réellement tant le niveau offensif est impressionnant. Posons-nous quelques minutes pour constater ensemble cette boulimie de scoring sur cette saison 2022-23.
Des nuits de scoring complètement folles avec pourtant une efficacité au tir et un répertoire offensif qui semble plus fourni que jamais. Dans ce très large choix de scoreur, on retrouve pourtant aussi des joueurs qui imposent leur impact défensif sur la ligne de stats comme sur le parquet. Passons en revue les stats marquantes et les joueurs qui ont marqué cette moitié de saison, que ce soit en attaque (surtout en attaque) comme en défense.
20, comme le nombre de fois qu’un joueur a dépassé la barre des 50 points cette saison, dépassant déjà le total de la saison dernière alors qu’il reste une vingtaine de matchs à jouer. Aussi extraordinaire que cela puisse paraître, atteindre aujourd’hui la barre des 40 points est devenu un fait commun en NBA à tel point que l’on s’attend désormais chaque soir à une performance d’un joueur à plus de 40 points.
Le plus surprenant dans ce constat, c’est la diversité du nombre de joueurs qui ont déjà atteint cette barre. Avec ses 45 points dans une victoire face au Heat, Mikal Bridges hisse à 138, le nombre de fois qu’un joueur score au moins 40 points cette saison et il est surtout le 45e joueur à le faire. Un record totalement inédit dans l’histoire de la ligue. 54 joueurs score une moyenne d’au moins 20 points par match dont 7 joueurs marquent une moyenne d’au moins 30 points par match.
Parmi les 30 meilleurs scoreurs de la ligue à ce stade de la saison, 20 d’entre eux réalisent leur meilleure saison en termes de scoring. Vous l’aurez compris, marquer des points, beaucoup de points et de manière régulière, c’est en vogue au sein de notre chère ligue NBA.
La moyenne de réussite au tir sur les 20 matches à 50 points ou plus, est de 63%, les joueurs scorent beaucoup et scorent efficacement. Alors non, rien d’étonnant de voir un joueur tel que Mikal Bridges scorer 45 points sur un match.
Les joueurs sont plus talentueux, mieux entraînés et le jeu pratiqué aujourd’hui leur permet de s’épanouir sur le terrain et prendre feu et c’est un fait marquant, car là où il y a encore 20 ans, le scoring était l’affaire des superstars, aujourd’hui un joueur qui était l’option numéro 3 ou 4 ou dans un rôle de 3 and D dans une autre équipe comme Bridges peut laisser s’exprimer son talent en attaque et devenir une nouvelle arme offensive parmi les nombreuses que comptent déjà la ligue.
Un jeu qui favorise l’attaque
L’un des facteurs qui explique ce véritable boom du scoring et de l’attaque plus généralement, c’est l’évolution du jeu et la façon dont les équipes jouent actuellement. De plus en plus d’équipes jouent de manière rapide et cherchent à marquer rapidement, plutôt que de s’appuyer sur un jeu plus lent et placé comme ce fut le cas dans le passé notamment au début des années 2000. Environ 14,4% des équipes prennent un tir entre 22 et 18 secondes restantes sur l’horloge des 24 contre 12,8% sur la saison 2013-2014.
Les tirs en première intention se démocratisent plus à l’image des Pacers qui prennent 18,3% de leurs tirs entre 22 et 18 secondes sur l’horloge. Les joueurs sont également devenus plus rapides et plus athlétiques, et les équipes cherchent à exploiter cette évolution en augmentant le rythme du jeu.
Ce n’est un secret pour personne, le rythme de jeu est nettement plus élevé qu’il y a 10 ans, la pace moyenne est de 99, elle était de 92 en 2013, ce style de jeu est donc très largement favorable à l’attaque, que ce soit en transition avec l’exemple des Grizzlies et leur contre-attaque éclaire menée par Ja Morant ou ou sur un système comme celui des Warriors où les ailiers courent dans les corners, prêt à recevoir la balle pour tirer à 3 points.
Live or die with the 3’s
Le tir à 3 points est devenu au fil du temps un tir qu’on qualifierait de banal, avec l’avènement de Steph Curry et une véritable redéfinition des distances, les franchises ont dû s’adapter et mettre sur le parquet des spécialistes en la matière, mais même ce rôle est aujourd’hui lui aussi redéfini.
Pendant longtemps, on attendait d’un tireur à trois pointsqu’il sorte de l’écran et qu’il soit prêt à dégainer ou qu’il coure dans un des deux corners sur une contre-attaque, Kyle Korver et JJ Reddick étaient particulièrement bons dans ce domaine.
On observe depuis quelques années une évolution dans le comportement des joueurs dont la spécialité est le 3 points. Ils ne se contentent plus seulement de catch & shoot,mais bien aussi de dribbler et prendre un tir contester, ou en pull-up après un jab step. Cette saison, 20 joueurs prennent une moyenne d’au moins 4 pull-ups derrière l’arc, c’est le plus haut total atteint dans cette catégorie depuis la comptabilisation de cette stat à partir de la saison 2013-14. Cette saison-là, un seul jour prenait au moins 4 pull-ups à 3points, c’était bien entendu Stephen Curry.
Lorsque l’on parle de pourcentage de points rapportés par le tir à 3 points sur les points totaux par équipe, on s’aperçoit que celui prend une importance capitale dans le scoring des équipes. Boston, 1er de la conférence Est, score environ 40% de ses 118,2 points par match derrière la ligne des 3 points, il en va de même pour Dallas et pour Golden State, respectivement 39,1% et 41,7%. Aucune équipe ne présente un pourcentage en dessous de 25%, les Lakers sont derniers dans l’exercice avec 27% de leur point derrière la ligne. Ce qui explique bien sûr que depuis l’avènement des analytics, les meilleures équipes prennent une moyenne de 35 tirs à 3 points par match.
On retrouve toutefois des exceptions cette saison, dont la plus marquante est sans aucun doute les Denver Nuggets qui prennent une moyenne de seulement 30,9 tentatives à 3 points par match, se situant à la 27e place de ce classement, cela n’empêche pourtant pas l’escouade de Mike Malone de dominer l’ouest en pratiquant un jeu lent autour de Nikola Jokic qui peut soit être le porteur de balle et créer pour lui ou ses coéquipiers ou être la première option en attaque sur jeu placé ou transition.
Le suspens reste entier pour la course au titre de MVP
Chaque semaine, les superstars des meilleures équipes de chaque conférence se dépassent et éclaboussent la ligue de leur talent. Plus que jamais, le résultat à l’issue des 82 matchs sera déterminant pour savoir qui se verra décerner le trophée Most Valuable Player tant les statistiques proposées par les candidats les plus sérieux dans la course sont affolantes.
Parmi ces candidats, on compte évidemment le double MVP en titre, le serbe Nikola Jokic qui présente pour la première fois de sa carrière des statistiques moyennes en triple double avec 24,7 pts 11,5 reb et 10,1 ast à 63% au tir. Après deux saisons sous le prisme de la domination, le Jokersemble plus fort que jamais, non seulement, il noircit les feuilles de stats chaque soir de match, mais il fait surtout gagner son équipe.
Au moment du All-Star break, les Nuggets sont 1er de la conférence Ouest avec un bilan de 41 victoires pour 18 défaites, dont un incroyable 27-4 lorsqu’ils jouent à domicile. Jokic a déjà réalisé 21 triples doubles cette saison, synonyme de 21 victoires pour Denver, une stat’ qui reflète parfaitement l’efficacité du pivot serbe. En toute discrétion, Jokic inscrit un peu plus son nom sur les tablettes de l’histoire de la ligue, il rejoint le Big O, Oscar Robertson et Wilt Chamberlain parmi les seuls joueurs de l’histoire à avoir réalisé un triple double avec au moins 30 points et 15 rebonds.
En parlant de double MVP, allons désormais du côté de Milwaukee où Giannis Antetokounmpo est tout simplement en train de réaliser la meilleure saison offensive de sa carrière. À l’instar de Jokic et aussi insensé que cela puisse paraître, Giannis semble encore plus fort que les saisons précédentes. Avec un record de 41 victoires pour 17 défaites, les Bucks restent accrochés aux Celtics qui ne semblent pas vouloir céder la première place à l’ouest.
Pourtant, le moins que l’on puisse dire, c’est que le Greek Freak s’emploie pour faire gagner son équipe. Avec des moyennes de 31,8 pts 12,2 reb 5.4 ast en 47 matchs, Giannis se place non seulement en candidat sérieux pour la course au MVP, mais aussi pour le titre de meilleur scoreur de la ligue. Sa régularité en 5 mois de compétitions est exemplaire et alors qu’il a manqué 5 rencontres mi-janvier, Antetokounmpo est revenu avec l’intention de tout détruire, du moins c’est ce qu’on peut supposer quand on jette un coup d’œil à ses stats.
Avant de sortir sur une blessure au poignet lors de la dernière rencontre des Bucks à Chicago, le double MVP était sur une série de 12 matchs avec des moyennes affolantes de 34,9 pts 12,8 reb à 58% au tir avec deux matchs à plus de 50 points, surtout 12 victoires en 12 matchs pour les Bucks. Bien épaulé par Jrue Holiday, All-Star pour la première fois depuis 2013, et le retour de Middleton, la franchise du Wisconsin se présente en candidat sérieux pour le titre.
Dans la conversation des dignes héritiers de Kobe, dans son jeu comme dans sa mentalité, Jayson Tatum a pris toute la ligue par surprise de par sa maturité, mais surtout par son leadership. À seulement 24 ans, Jayson progresse encore et continue son ascension fulgurante.
Alors que la saison aurait pu être compromise avec l’affaire d’Ime Udoka, il semblerait que le nouveau coach Joe Mazzulla a permis à Tatum de franchir un nouveau cap de sa jeune carrière. Non seulement, l’ailier des C’s a encore amélioré ses statistiques individuelles avec 30,6 pts 8,6 reb et 4,5 ast,mais c’est dans l’attitude que son évolution est marquante.
Plus vocal, plus intelligent dans ses choix et toujours prêt à prendre ses responsabilités quand c’est nécessaire, Jayson est l’une des raisons principales du record de 42 victoires et 17 défaites pour la légendaire franchise du Massachusetts. 24 matchs à au moins 30 points et 7 matchs à plus de 40 points, le produit de Duke déploie chaque soir sa palette offensive et il ne faudrait pas oublier son impact défensif, athlétique et doté d’une envergure impressionnante, Jayson produit en attaque et défend le fer chaque soir face aux meilleurs ailiers de la ligue. Si Boston garde ce rythme, avec le retour de Jaylen Brown et Marcus, et qu’ils terminent 1er de la conférence Est, Tatum récoltera sans aucun doute un grand nombre de voix pour les votes du titre de MVP.
Sur une série de 4 victoires d’affilée et une 3e place solide à l’Est avec un bilan de 38 victoires pour 19 défaites, les Sixers et Joël Embiid font partie des franchises dans la discussion pour le titre de champion. Philly joue bien ! Avec l’arrivée de PJ Tucker et De’Anthony, ils semblent avoir comblé les trous d’air qu’on a pu voir la saison dernière en défense, aujourd’hui les Sixers détiennent le 6e defensive rating de la ligue permettant aussi à Embiid de dépenser un peu moins d’énergie en défense. Résultat de cet ajustement, Embiid est encore plus appliqué en attaque et semble tout simplement inarrêtable.
Alors qu’il sortait déjà de sa première saison à plus de 30 points de moyenne, le 7 footer aux mains de fée augmente encore le niveau cette saison avec une moyenne de 33,1 pts en 45 matchs à 53% au tir, il ajoute en plus 10,2 reb et 4,2 ast. Son fait d’arme, le plus marquant de la saison, son match face à Utah le 13 novembre : 59 points, 11 rebonds, 8 passes décisives et 7 contres. Un match qui reflète bien la domination du pivot camerounais, 22 matchs à plus de 30 points et 7 matchs à plus de 40 points. Une domination qui se voit dans les stats, mais c’est surtout sur le parquet que celle-ci est flagrante.
Joël a commencé à s’intéresser au basket en regardant des heures de vidéo YouTube de highlights d’Hakeem Olajuwon et son jeu ruisselle celui du Hall of Famer. Dos au panier, Embiid est à la fois capable d’utiliser ses 127kg et enfoncer son défenseur ou faire preuve de toucher et envoyant un turnaround fadeway ou un dreamshake pour finir tout en touché et en technique. À priori et sauf blessure, Joël devrait garder ce rythme infernal pour ses adversaires et se présente comme candidat très sérieux pour le titre de MVP et meilleur scoreur de la ligue, dans la course avec Luka, ce serait le deuxième consécutif pour le pivot des Sixers.
Luka Magic ! Ce surnom donné par Mark Followill, le commentateur des matchs des Mavs n’a jamais autant eu de sens tant, Doncic est effectivement magique cette saison. Dans sa 5ème saison, le surdoué slovène a démarré la saison en boulet de canon et ne semble pas vouloir lever le pied, meilleur scoreur de la ligue avec 33,3 pts il ajoute 8,8 reb et 8,1 ast de moyenne. 6ème de la conférence ouest, Luka a dû sortir des performances absolument historiques pour permettre aux Mavs de décrocher 31 victoires en 60 matchs. Auteur de l’un des meilleurs moves de la trade deadline en faisant venir Kyrie Irving, les Mavs entourent enfin et pour la première fois (désolé Kristaps) Luka d’une autre superstar pour leur permettre de franchir un cap.
Avant l’arrivée de Kai’ dans le Texas, Luka était totalement inarrêtable sur 47 matchs. 26 matchs à plus de 30 points, 7 matchs à plus de 40 points et 4 matchs à plus de 50 points dont une performance historique dans une victoire face à New York le 27 décembre au cours de laquelle Luka compile 60 points, 21 rebonds et 10 passes décisives, devenant tout simplement le seul joueur en 76 ans d’existence de la ligue à réaliser une telle performance.
Les Mavs sont sur un bilan de 8 victoires pour 3 défaites lorsque Luka dépasse les 40 points, il sera intéressant de voir comment Doncic va cohabiter avec Irving, en sachant que Kyrie est tout à fait capable de joueur avec et sans ballon. En tout cas, nul doute que le slovène pourra s’appuyer sur le transfuge des Nets pour souffler sur certaines possessions, lui qui détient le deuxième usage rate de la saison avec 37,4% de moyenne.
Petit florilège des stats les plus surprenantes de la saison
Kevin Durant est fort au jeu de panier-ballon, ce n’est plus un secret pour personne et c’est un réel plaisir d’assister à une rencontre où Durant est sur le parquet. À 34 ans et après une blessure au tendon d’achille, le nouveau membre des Suns est plus efficace que jamais. Oui KD score une moyenne de quasiment 30 points, mais il le fait en affichant une moyenne de 67,3% en True Shooting, 57% à mi-distance avec 7 tentatives en moyenne par match, 12,2 points de ses 29,7 points de moyenne sont scorés en pull-up avec une réussite de 54% dans l’exercice.
Klay Thompson, pratique un jeu sans fioritures, 83,6% de ses tirs scorés proviennent d’une passe décisive et logiquement Klay prend 8,7 tirs en catch and shoot, il score la moitié de ses points sur ce type de shoot.
DeRozan continue de faire vivre le mid-range et score 35,5% de ses points à cette distance pour une réussite moyenne de 47% sur 9,7 tentatives par match. À l’opposé, voici le pourcentage entre parenthèses du nombre de points scorés provenant du 3 points pour les joueurs ayant marqué le plus de tirs derrière la ligne cette saison : Malik Beasley (67,5%) Buddy Hield (65%) Hardaway Jr (61%) Klay (57,7%) Steph (50,4%). D’ailleurs Curry détient une réussite de 47% en pull-up à 3 points, oui en pull-up.
Il ne fait aucun doute que le déséquilibre se creuse entre attaque et défense et cette saison pointe un peu plus du doigt le manque d’effort défensif de certaines équipes et l’explosion du scoring, tant par équipe que par joueurs mais la NBA est est une entreprise à l’écoute de son marché et Adam Silver s’est récemment exprimé sur le sujet des records au string et n’écarte pas les possibilités d’ajustement de la ligue :
« Je pense que les fans nous expriment que le jeu est plus excitant que jamais avec des taux d’audience record. Mais nous n’avons pas peur de revoir le système actuel. Généralement, nous n’opérons pas de modification en cours de saison. Mais nous nous asseyons à la fin de la saison, nous examinons toutes les données et nous les évaluons. »
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