Evan Fournier : « Plus on vieillit, plus on ressent l’envie de faire avancer le sport dans son pays »

par Hugo Le Vay

En plein stage de préparation pour l’Euro qui débutera le 1er septembre prochain, les joueurs de l’Équipe de France ont pu répondre aux questions des journalistes. L’occasion d’échanger avec Evan Fournier sur l’Euro, son rôle dans l’équipe, Joel Embiid ou encore sa volonté de faire avancer le sport en France.

L’Analyste : Evan, quel est votre état d’esprit au début de ce nouveau rassemblement ? 

Evan Fournier : Je suis content d’être là, ça fait un moment qu’on ne s’était pas retrouvé. C’est sympa de faire de l’opposition, de rejouer au basket, de revoir les gars et de se mettre dans une optique de compétition. Je suis très excité. 

Le sélectionneur Vincent Collet nous disait que vous étiez même chaud de venir pour la fenêtre de juin… 

Evan Fournier : Oui, c’est vrai que j’étais libre. Quand j’ai l’occasion de faire du basket, je suis toujours chaud. Donc j’ai dû regarder ça, comme les copains qui ne pouvaient pas venir, derrière mon écran. J’aurais bien aimé venir, oui.

Pour l’Euro l’objectif est clair : la médaille d’or ? 

Evan Fournier : Oui, très clair. (L’objectif) est de gagner la compétition. Je pense que maintenant, avec l’équipe de France, on a des objectifs très élevés. On a hérité d’une bonne équipe de France des anciens, avec des résultats qui étaient très bons. On essaye de perpétuer ça et de faire monter l’équipe de France au plus haut niveau mondial et européen. 

Nicolas Batum et Nando de Colo sont absents. Qu’est-ce que cela implique ? 

Evan Fournier : Je dirais que ça fait moins d’expérience sur le terrain déjà. Ce sont des joueurs qui connaissent ces compétitions-là. On a beaucoup de vécu ensemble. Ça implique aussi moins de leadership et un certain savoir-faire. Ce sera à nous de nous renouveler un petit peu et de jouer différemment. 

Est-ce que cela change votre rôle ? 

Evan Fournier : Non, je ne crois pas. Le rôle était déjà le même aux Jeux Olympiques. Là, on devra peut-être faire un peu plus. En paliant les absences avec les autres joueurs présents, il y aura d’autres joueurs qui auront d’autres opportunités. Je pense à Timothé Luwawu-Cabarrot. Ils devront faire plus. 

Ce rassemblement apparait comme une préparation pour l’Euro en septembre. Il y a quatre matchs amicaux, mais il y a aussi deux matchs qualificatifs pour la coupe du monde. Est-ce compliqué de jouer les deux en même temps ? 

Evan Fournier : Non, je vois les matchs de qualifications comme des matchs de préparation pour l’Euro. De toute façon, l’état d’esprit, quand tu fais un match amical, c’est de jouer à fond. Donc il n’y a rien qui change. Sur ces matchs, il y aura forcément un peu plus d’enjeux, mais l’état d’esprit reste le même. 

Est-ce que vous vous préparez à être particulièrement attendus par les autres équipes lors de l’Euro ? 

Evan Fournier : Je ne pense pas qu’il y a d’équipe à abattre. Je pense qu’il y a de grosses équipes, on fait partie des favoris. Certaines équipes nous connaissent très bien. Il n’y aura pas de surprise. De toute façon, maintenant, ça fait quelques années que l’Équipe de France est quand même ciblée. On fait partie des grosses nations, c’est normal. 

« Plus on vieillit, plus on ressent l’envie et la détermination de vraiment faire avancer son sport dans son pays et globalement le sport en France. »

Après la demi-finale aux JO, à quoi faut-il s’attendre de la Slovénie et de Luka Dončić notamment ? 

Evan Fournier : Je m’attends à pas grand-chose. Je m’attends à un match engagé entre deux fortes équipes. Il n’y a pas encore d’animosité entre ces deux nations. Ça restera des matchs de très haut niveau, mais pas plus. 

Beaucoup de stars seront présentes, comme Luka Dončić, Giánnis Antetokoúnmpo, et vous en France. Qu’est-ce que cela vous inspire ? 

Evan Fournier : Je trouve ça génial. Je trouve que c’est une très bonne publicité pour le basket européen. Je souhaite que l’EuroBasket soit une compétition phare, très regardée à travers le monde. Et puis ça donnera encore plus de crédit à l’équipe qui gagnera. On peut dire objectivement que ça sera l’un des Euros les plus relevés de l’histoire. Je trouve ça génial.  

C’est à l’image de ce qui se passe en NBA ? Les MVP, les grosses récompenses vont à des joueurs internationaux, surtout européens. 

Evan Fournier : Oui, bien sûr. Les internationaux prennent de plus en plus de place en NBA et donc forcément le niveau s’élève avec l’Euro. Tant mieux. 

Il y a cinq ans, l’Euro ce n’était pas un bon souvenir. Est-ce que c’est vraiment de l’histoire ancienne ou vous n’avez pas oublié ce qui s’est passé ? 

Evan Fournier : Personne n’a oublié, mais c’est de l’histoire ancienne. C’était il y a cinq ans, avec un groupe différent. On était en train de remodeler l’équipe. Sincèrement, j’ai passé l’éponge. 

Un capitaine doit être nommé. Est-ce que vous sentez que ça peut être vous, et comment vous le prendriez ? 

Evan Fournier : Je ne sais pas qui ça sera. Je n’ai jamais accordé beaucoup d’importance à ça. Forcément quand tu es capitaine, tu as des responsabilités. Mais ce n’est pas quelque chose que je revendique particulièrement. De toute façon, le leadership se fait sur le terrain naturellement. Ce sera une décision des coachs, et ce sera respecté. 

Pourtant, vous êtes souvent le joueur qui parle beaucoup dans les vestiaires après les matchs. Vous avez une parole puisque vous intervenez sur des sujets qui dépassent le basket. Est-ce que, quelque part, vous vous sentez comme le porte-parole de cette équipe ? 

Evan Fournier : Porte-parole, non, pas du tout. Je suis très clairement un leader de l’équipe. C’est vrai que j’ai un certain poids par rapport à ça, parce que je suis l’un des plus capés, qui a le plus d’expérience. Mais ça s’arrête là. C’est juste une histoire de personnalité et d’expérience. 

Quand vous parlez de l’Équipe de France, ce qui est remarquable, c’est qu’on sent que cela va au-delà du basket. Porter le maillot français, est-ce une mission qui va au-delà du basket pour vous ? 

Evan Fournier : Oui, c’est vrai que depuis deux ans maintenant ma vision des choses a évolué. Avant, j’étais un jeune joueur qui essayait de gagner sa place et de se faire un nom. C’est toujours le cas. Mais c’est vrai que, plus on vieillit, plus ont ressent l’envie et la détermination de vraiment faire avancer son sport dans son pays et globalement le sport en France.

Je pense qu’il y a beaucoup à faire, inspirer les jeunes pour qu’il y ait une tradition qui continue en France. Il y a eu beaucoup de bons joueurs dans le passé. Je pense à Boris, qui est toujours là d’ailleurs. Il y a une certaine forme de continuité. C’est important pour nous de montrer ça aux jeunes, de leur montrer comment ça se passe et de monter de très belles valeurs. Je pense qu’aux JO, c’était vraiment ça qui était frappant dans notre équipe. On va essayer de faire avancer encore plus les choses. 

Que pensez-vous du fait que Lille ait été retenue pour le tour préliminaire des JO en 2024 ? 

Evan Fournier : On voulait tous que ce soit sur Paris. Maintenant, ça a été monté sur Lille. Je pense que vous connaissez tous ma position, donc je n’ai pas vraiment besoin de revenir là-dessus. 

Que pensez-vous de la décision de la Fédération de ne plus sélectionner les joueurs qui sont engagés ou s’engageront avec un club russe ? 

Evan Fournier : Je ne suis pas fan de type de choses pour être honnête. Alors, je l’ai signé pour le bien de l’équipe et parce que ça ne sert à rien de faire des problèmes pour rien. Mais j’avoue ne pas être fan. Il y a beaucoup de conflits à travers le monde, et si on faisait ça pour tous les conflits on ne jouerait dans aucun pays. Il faut faire avec, ce sont des choses qui, nous joueurs, nous dépassent. On veut faire notre compétition, on veut être sereins avec le groupe et ne pas faire de problème. 

Avez-vous parlé avec l’équipe de la naturalisation de Joël Embiid ? 

Evan Fournier : On n’en parle pas. Quand ça s’est fait, ça a forcément fait parler. Vu que ce n’est pas d’actualité, on n’y pense pas. Il n’est pas dans le groupe, il n’est pas appelé, donc on en reparlera quand l’heure viendra, peut-être pour la coupe du monde. 

On vous savait plutôt réfractaire à la venue du pivot des Sixers. Votre position a-t-elle changé ? 

Evan Fournier : Oui, sur le principe, je suis réfractaire. Mais vous regardez toutes les équipes comme moi, vous voyez ce qui se passe. Vous voyez l’Espagne avec Lorenzo Brown, qui ne doit même pas savoir dire bonjour en espagnol. Les Grecs, ils prennent Dorsey. Il se passe plein de choses. C’est quelque chose de très compliqué, parce qu’il y a tellement de facteurs et d’éléments pour être pour. Joël a une très bonne démarche pour l’instant, on verra comment ça va se passer. 

L’objectif est donc clair pour un Evan Fournier toujours plus déterminé : gagner tous les titres possibles sous le maillot tricolore. Dimanche 7 août, Evan et ses coéquipiers affronteront les Pays-Bas pour le premier de leurs quatre matchs de préparation pour l’Euro. Les Bleus entameront la compétition le 1er septembre contre l’Allemagne, pays organisateur. 

Photo : Jean Catuffe via Getty Images

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