Équipe de France 3×3 : un jeu suffisamment abouti pour une médaille

par Clément D.

Samedi, le basket 3×3 a connu sa première participation aux Jeux Olympiques, qui se tiennent actuellement à Tokyo. Ce sport où la polyvalence et l’intensité sont les maitres mots s’offrira une vitrine sans égale pouvant persuader de nouveaux adeptes de suivre la hype, ne sachant pas où celle-ci s’arrêtera.

L’équipe de France féminine est parvenue à se qualifier par l’intermédiaire d’un tournoi qualificatif olympique qui a eu lieu à Graz en Autriche. Après une préparation effectuée à l’INSEP du 7 au 15 juillet, les 6 filles se sont envolées pour Oshino où elles ont rejoint le camp du groupe France 5×5.

Pour cette première historique, l’équipe de France s’est payé l’Italie (19-16) après une défaite face aux États-Unis (10-17). L’Analyste vous propose un bref portrait des Bleues, afin que vous puissiez profiter de la compétition avec toutes les informations clés.

Résumé de leur parcours de qualification 

Après avoir perdu face aux Américaines malgré un super match de leur part, elles ont renfilé leurs bleus de travail pour la deuxième journée. Au programme, elles ont défié les Allemandes et ensuite les Indonésiennes. Pour assurer la qualification, les Bleues ont déployé leurs atouts offensifs, notamment grâce à Migna Touré, durant leur opposition face à l’Allemagne (21 -12). Pendant ce match, une autre menace s’est mise à l’œuvre en la personne de Marie-Ange Paget, dit « MEP ». Elle a artillé à deux points avec audace et confiance. Que ce soit sur le plan physique ou technique, les coéquipières de Laetitia Guapo ont dominé les débats face aux Indonésiennes.

Direction les quarts de finale pour y affronter les Hongroises. Dans le dur face aux assauts de leurs adversaires, le match s’est poursuivi jusqu’en prolongation. Migna Touré a réveillé la troupe en exhortant le collectif Cyesha Goree à sortir de sa zone de confort. « Lokosso » — surnom de Migna Touré — a permis de passer outre cette pression due à leur position de favorite. Elles ont remporté ce match de justesse sur le score de 18 à 17.

Les joueuses françaises, émues par leur qualification aux Jeux Olympiques.
Photo : FIBA 3×3

Le « Olympic Ticket Game » de nos Bleues s’est donc joué face au Japon. Les Françaises ont réussi à mettre en place leur jeu offensif pour déstabiliser la défense nipponne. À quelques secondes de la fin du temps réglementaire, les Japonaises — bien déterminées à participer aux Jeux dans leur propre pays — ont recollé à 14 partout. La balle de match s’est retrouvée dans les mains de MEP. La meneuse de Basket Landes a passé son adversaire direct pour inscrire avec panache le point de la victoire. 15-14 pour la France. Les joueuses en blanc n’ont pas réussi à marquer leur dernière tentative pour le plus grand bonheur des championnes d’Europe. 

« Je ne réalise pas encore. Demain, je m’en rendrai vraiment compte, je pense. On mérite d’être qualifiée, on aurait dû être qualifié d’office (via le ranking, NDLR), mais on a prouvé sur le terrain qu’on mérite d’être aux JO », avait alors déclaré Laetitia Guapo, numéro une mondiale, au micro de L’Équipe. « Je suis trop fière de cette équipe, qu’on ait réussi à le faire. Pour aller aux JO, ça a été long et compliqué. On y a toujours pensé, à tout ce qu’on a fait depuis le début, à notre objectif, qu’on mérite. C’est ce qui nous a motivées. On ne pense pas encore à la suite, on profite un peu. On est en train d’écrire l’histoire du 3×3, la première équipe qui ira aux JO, c’est ouf ! »

Comment jouent-elles ?

En s’attardant sur leurs matchs de qualification, on remarque bon nombre de caractéristiques spécifiques dans le jeu déployé par l’équipe coachée par Richard Billant.

En attaque, elles maintiennent un mouvement pour fatiguer leur adversaire. Sans cesse, elles proposent des solutions à la porteuse de balle. Les défenses adverses étant toujours très agressives, elles sont obligées de répéter ces déplacements pour se créer des espaces. Elles pratiquent à forte dose les cut back door ou les mains à mains.

Les joueuses composant l’EDF 3×3 sont réactives, à l’image de MEP. Elles disposent d’un moteur exceptionnel et peuvent endurer de gros efforts plus longtemps que certaines de leurs concurrentes, comme l’atteste leur match de qualification face au Japon.  

Dans cette séquence, elles initient un joli mouvement où Migna plonge pour une feinte d’écran non porteur. Guapo fait mine de remonter, mais elle redescend immédiatement vers le panier. Migna Touré remonte pour ensuite prendre sa vis-à-vis à contretemps. Elle dispose ainsi de l’espace suffisant pour aller vers l’anneau. Avec ces mouvements, elles mobilisent l’attention de leur adversaire direct. L’intensité est sans cesse présente pour les Françaises en attaque.

Plus grande que la plupart de ces défenseurs directs, Migna Touré engendre de nombreuses différences. Sur ce début de séquence, elle parvient à créer l’espace nécessaire avec une Japonaise pour tirer. Lors cette demi-finale contre le Japon, les Françaises ont déployé en fin de rencontre une magnifique séquence de basket collectif.

En partant du haut du terrain, elles ont réalisé un enchainement de pick and roll pour se rapprocher du cercle. Sur cette séquence, MEP fait écran dans le dos de Touré, qui cut vers le cercle. MEP reçoit le cuir à deux points, en face du panier. Après avoir donné la balle à MEP, Lucet pose un écran afin que Touré remonte derrière l’arc. Lokosso attrape la balle et la donne instantanément à Lucet qui roll bien après son écran. Une séquence rapide et redoutable qui neutralise les rotations défensives.

Après avoir validé son ticket, le sélectionneur a malheureusement dû égrainer son effectif avant de partir au pays du soleil levant. Toutes les filles ayant participé à ce projet ont permis à l’équipe de France 3×3 de franchir un nouveau palier jamais atteint, rendant la décision particulièrement pénible.

« Le choix fut difficile tant le niveau du groupe est élevé. Nous avons dû trancher, non sans mal, entre le maintien de l’équipe qui s’était qualifiée pour Tokyo et une adaptation au regard des équipes que nous allons rencontrer aux Jeux », a expliqué le sélectionner de l’équipe de France 3×3, Richard Billant, à propos de sa décision. « Nous avons décidé de partir avec une équipe qui se connaît bien et qui a déjà fait de très bons résultats en compétitions officielles. J’aimerais remercier toutes les joueuses qui se sont impliquées depuis le début de ce projet. Elles seront 4 sur le terrain à Tokyo, mais elles joueront pour tout le groupe France. C’est un rêve qui se réalise de jouer les Jeux Olympiques et nous ferons tout pour revenir avec une médaille. Nous sommes tous très fiers de cette première participation historique. »

Premiers matchs à Tokyo

Pour ouvrir la compétition, les Françaises ont affronté les États-Unis dans la matinée du samedi 24 juillet. Devant Emmanuel Macron, venu assister à la rencontre, les Bleues se sont malheureusement inclinées face à une équipe plus affutée.

L’équipe des USA, portée par les joueuses de la WNBA, a l’habitude de jouer avec une grande intensité. MEP et ses coéquipières ont subi la rencontre sur le plan physique, jusqu’à épuisement, ce qui a conduit les Américaines à un run de 5-0 dans les deux dernières minutes. Dans l’incapacité de poser leur jeu habituel, les Françaises se sont inclinées sur le score de 17 à 10.

L’équipe de France face à celle des USA. Photo : Getty Images

« C’est une très belle manière pour se dire que ça ne va pas être facile, qu’il faut prendre chaque match sérieusement », a assuré Migna Touré au micro de L’Équipe. « On ne va rien nous donner. Il nous a manqué plus de réussite, plus de prise de risque. On a eu des shoots ouverts qu’on a pas forcément pris. »

Le second match, face à l’Équipe d’Italie, aurait bien pu se terminer de la même manière. Après deux minutes de jeu seulement, les Italiennes menaient déjà 7 à 1. Initialement dépassées par les assauts de Raelin D’Alie, les Bleues se sont ressaisies pour nous offrir 5 minutes de basket exceptionnelles.

Un run de 17-7, avec une adresse retrouvée et une défense ravivée. Laetitia Guapo (6 points et 7 rebonds), Ana Maria Filip (6 points) et leurs coéquipières n’ont rien lâché face à l’adversité, s’imposant ainsi sur le score de 19 à 16.

Les bases sont posées, la motivation est présente, il ne reste maintenant plus qu’à répéter cet exploit. Malgré leur défaite dans le premier match, les Bleues sont toujours en mesure de se faire une place dans le premier carré, en terminant dans le top 2 de leur poule, afin d’éviter le barrage qualificatif.

Calendrier :

25 juillet :

  • France vs Japon 10 h 55
  • France vs Chine 14 h

26 juillet :

  • France vs Mongolie 10 h 30
  • France vs Russie 14 h 25

27 juillet :

  • France vs Roumanie 10 h
  • Quart de Finale 14 h 50

28 juillet :

  • Demi-finale 10 h
  • Finale 14 h 55

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