Pour la seconde saison consécutive, le pyromane de San Francisco laissera sa franchise orpheline d’un de ses splash brothers. Mercredi soir, avant que la Draft ne débute, quelques insiders de la NBA ont annoncé cette triste nouvelle : Klay Thompson est out pour la saison, conséquence d’une rupture du tendon d’Achille. Deuil immédiat pour la planète basket, preuve du grand joueur qu’est le numéro 11 des Warriors.
Sa dernière apparition date du match 6 des Finales NBA, en 2019, lors de l’ultime rencontre à la mythique Oracle Arena. Cette soirée-là, Klay nous avait offert un chef-d’œuvre — comme il a toujours su le faire dans les grands rendez-vous — pour tenter de ramener la série à égalité face à Toronto. Meilleur marqueur du match avec ses 30 points, il est obligé de laisser ses partenaires batailler contre les dinos canadiens suite à une blessure aux ligaments croisés au troisième quart-temps. Acclamé par la foule quand il revient tirer ses deux lancers-francs, c’est la dernière image mémorable que l’on garde du guerrier sur un terrain.
Le sort s’acharne sur Golden State qui se préparait à la reconquête d’un trône que la franchise a longtemps occupé. L’année passée, Golden State a connu un début de saison compliqué sans Thompson, et la blessure de Curry n’a rien arrangé à cela. Les Warriors se sont retrouvés au fin fond de l’ouest, ce dont ils ont profité pour sélectionner le prometteur intérieur James Wiseman, avec le deuxième choix de la Draft 2020. Prête à repartir avec un effectif à remodeler, mais toujours aussi ambitieux, la Dub Nation prend un lourd coup sur la tête — comme si Zaza Pachulia en était à l’origine.
Ceci étant, Bob Myers et son staff ont rapidement cherché à combler le poids de cette absence. C’est sur le fantasque Kelly Oubre Jr. qu’ils miseront pour artiller à trois points et dynamiser quelques offensives des Warriors. Profitant de la Trade Exception crée par le transfert d’Andre Iguodala à Memphis, ils ont pu échanger Oubre Jr. au Thunder contre un tour de Draft seulement.
Dans un mois la saison reprendra, des mouvements auront sûrement eu lieu d’ici là dans le roster de Golden State et Stephen Curry — en fin de convalescence — devra de nouveau endosser le rôle d’un réel patron. En sera-t-il capable ? C’est ce qu’on lui souhaite ! On espère également à son compère sur les lignes arrières un prompt rétablissement. Compte tenu de la nature de sa blessure, il serait en droit de s’attendre à un rétablissement total. À suivre. Il aura 31 ans la prochaine fois que nous le reverrons fouler les parquets de la NBA, alors croisons les doigts pour qu’il revienne à son meilleur niveau, même si cela semble aujourd’hui difficile.
Vous lisez la première édition de la Newsletter hebdomadaire de L’Analyste, par Teddy Perez. Pour ne plus perdre une miette de l’actualité basket, abonnez-vous juste ici.
Bleu, Blanc, Rooks
Avec le 7e choix de la Draft, les Detroit Pistons sélectionnent Killian Hayes, from Cholet Basket-ball ! Il devient ainsi le français le plus haut drafté de l’histoire de la NBA. Hayes était parti jouer un an dans le championnat allemand au lieu de poursuivre sa formation dans l’hexagone, un choix payant qui l’a propulsé dans les hauteurs de la Draft.
Le combo guard gaucher aura en main l’attaque de Motor City, où un peu de qualité à la création et au shoot ne seront pas de refus. Il formera ainsi, avec son ami Sekou Doumbaya, un duo tricolore déjà iconique que l’on a hâte de voir à l’œuvre dans un peu plus d’un mois. Après plusieurs tentatives de transferts peu fructueuses à court terme, Detroit peut compter sur de jeunes Français au jeu moderne, qui coïncide parfaitement avec la NBA actuelle. All Hayes on you, Killian.
Théo Maledon, lui, a vécu une soirée assez différente de celle de son coéquipier en équipe de France jeune. Attendu en fin de premier tour, il tombe finalement en 34e position de la Draft, choisi par un Thunder très séduit par son profil. Maledon se rapproche d’ailleurs de Shai Gilgeous Alexander, une caractéristique qui n’envoie pas les meilleurs signaux pour le frenchie. Depuis un an, il n’a cessé de descendre dans les mock drafts alors qu’il était attendu au même niveau que son compatriote Killian Hayes.
En manque de temps de jeu avec l’ASVEL où la concurrence à la mène était forte, Théo Maledon paie aujourd’hui le prix d’avoir choisi de rester dans le club de TP, qui visait le titre national. Peut-être aurait-il reçu plus d’intérêt s’il était parti s’exporter à l’étranger, ça on ne le saura jamais… Ceci dit, bienvenu à toi mon grand ! Fais-nous trembler les cercles de la NBA, avec toute l’élégance que l’on te connaît !
En toute fin de soirée et après que 60 noms aient été appelés, un dernier français a fait son entrée dans la grande ligue, mais par une plus petite porte. Signé en two-way contract par les Grizzlies, l’ex-pensionnaire de Gonzaga Killian Tillie rejoint le Tennessee. Non-drafté, la bataille est loin d’être gagnée pour notre ailier fort, parti s’exiler en terres américaines relativement tôt. Les quelques blessures qu’il a connues les années passées ont certainement été un frein pour beaucoup de franchises et peuvent expliquer cette non-sélection surprise.
Mode « Win now » activé dans le Wisconsin, à moins que…
Le temps est bon, le ciel est bleu, les Bucks ont réussi deux trades très ambitieux !
C’est ce que l’on pouvait encore se dire en se levant mercredi matin. Milwaukee, pour la soirée d’ouverture du marché des transferts, nous a offert deux mouvements très excitants. Le premier est l’acquisition de Jrue Holiday, en provenance des Pelicans, contre Eric Bledsoe, George Hill et de très nombreux tours de Draft. Un recrutement très pertinent. Milwaukee dit au revoir à deux joueurs en difficulté pour mener l’équipe à la victoire et ouvre grand ses bras à un des tout meilleurs two-way guards de la ligue. Pour accompagner son duo de All-Stars, les Bucks ne pouvaient pas rêver mieux !
Pour le second, celui qui devait voir Bogdan Bogdanovic porter le maillot vert des daims, les choses ne se sont pas exactement passées comme prévu. En échange, les Kings auraient dû recevoir — entre autres — Ersan Ilyasova, Donte DiVincenzo et DJ Wilson. Malheureusement pour les Bucks, cette transaction révélée par les insiders de la NBA ne peut être validée. Et pour cause, Bogdanovic n’a jamais donné son accord pour ce sign-and-trade seulement possible à l’ouverture de la Free Agency samedi. Bogdanovic souhaite tester le marché en tant qu’agent libre restreint et Milwaukee n’est plus vraiment une option envisageable. Une enquête est ouverte par la NBA pour connaître les dessous de cette affaire.
Malgré tout, le management a prouvé sa volonté de mettre son Dieu grec dans les meilleures conditions, en lui offrant deux sérieux combattants pour la saison. Le Front Office a montré qu’il était prêt à modifier la totalité du banc pour apporter davantage de talents sur les postes clés du jeu.
Peut-être trop soucieuse de garder son double MVP, la franchise s’est précipitée et semble désormais bien embêtée de ce revirement de situation. Ne pas faire venir Bogdanovic est une chose, mais garder des joueurs qui ont pris connaissance du choix de l’organisation de ne pas poursuivre la conquête du titre avec eux en est une autre… Shame on you, les cervidés !
Chris Paul à Phoenix : le soleil va-t-il enfin se lever ?
Une heure après l’ouverture du marché des transferts, les Suns et le Thunder se sont mis d’accord sur un échange au premier abord gagnant-gagnant. CP3 pose ses valises pleines de billets dans l’Arizona et vient rejoindre la seule franchise invaincue de la bulle, menée par Devin Booker. Pour la première fois depuis l’époque de Nash, les cactus disposent d’un roster composé de deux All-Stars. Une opportunité qui devrait les faire retrouver — onze ans plus tard — le chemin de la post-season. La concurrence dans leur division est rude, mais les Suns ont des raisons d’y croire. Le play-in mis en place par la NBA – qui donnera une chance aux équipes classées à la 9e et à la 10e place de leur conférence de se qualifier en Playoffs – facilite cette issue.
Si CP3 a réussi à hisser OKC en Playoffs l’an passé, les Suns ont des raisons croire au même destin dès cette saison. On retrouve justement quelques similitudes dans les projets de ces deux franchises. La principale étant qu’elles s’appuient toutes deux sur une jeunesse talentueuse qu’il faut développer pour gagner.
Et c’est aussi là où le transfert de Chris Paul semble — tout comme lui — très malin ! DeAndre Ayton rentrant déjà dans sa troisième saison professionnelle peut désormais compter sur l’arrivée du meilleur meneur en pick and roll de la décennie — ça, c’est dit — pour s’imposer réellement dans la raquette des Suns. Il n’a plus d’excuse. Jouer avec CP3 — que Tyson Chandler, DeAndre Jordan ou encore Clint Capela pourront à jamais remercier dans leur carrière — est une aubaine pour le pivot bahaméen.
En ajoutant Chris Paul à un effectif qui a soif de victoires, Phoenix a su trouver un playmaker très expérimenté. Encore bien efficace au shoot, il vient former ; au côtés de Booker, un back-court complémentaire et très séduisant. L’acquisition de Jae Crowder, un ailier défensif doté d’une excellente adresse, peut d’ailleurs les conforter dans leur projet. Cela ne fait plus aucun doute, le phœnix est sur le point de renaître de ses cendres.
La folle soirée de Philly
Il aura suffi d’un petit mois pour que Daryl Morey fasse le ménage à Philadelphie. Le nouveau président des Sixers, qui vient de quitter après 13 saisons les bureaux des Rockets, frappe très fort d’entrée de jeu dans une franchise en perdition. Éliminée sèchement au premier tour des Playoffs et en quête d’un fond jeu pour concurrencer les meilleurs, la mission du Front Office des 76ers est complexe. Et pourtant, en quelques mouvements, Philadelphie est passée d’une équipe au bord de l’explosion à un potentiel prétendant au titre dès 2021.
Après une saison passée en Pennsylvanie, Al Horford et son très lourd contrat — encore 81 millions de dollars sur trois ans — s’en vont dans l’Oklahoma, accompagnés de deux tours de Draft. Un passage éclair au goût de flop. En contrepartie, Philly reçoit le 3&D et plusieurs fois champion Danny Green.
Et la soirée ne s’est pas arrêtée là ! Seth Curry, une valeur sûre derrière l’arc, se joint au bal des transferts et se voit enfiler une nouvelle tunique bleue, cette fois-ci celle des Sixers. Josh Richardson, lui aussi arrivé il y a un an, quitte la ville pour Dallas.
Philadelphie n’a pas fait les choses à moitié. Lors de la dernière saison, la franchise avait tenté le pari de jouer grand. Malheureusement pour elle, cela n’avait rien donné de bon. L’effectif s’est retrouvé fragilisé dans des secteurs du jeu aujourd’hui essentiels, notamment le shoot à trois points, et dans sa cohésion, avec des body langages de cadres à revoir.
En nettoyant les erreurs du passé, la franchise repart désormais sur de solides bases, tout en conservant — pour le moment — son duo majeur Embiid — Simmons.
Teddy vous assist
Vos questions, nos réponses. Chaque semaine, nous répondons à trois questions que vous nous avez envoyées par mail ou sur nos réseaux sociaux.
Pour nous faire parvenir vos questions, envoyez un mail à contact@lanalyste.fr
Q : Le Magic a-t-il toujours sa place en Playoffs l’année prochaine ? — Adrien T.
R : Nous sommes seulement au début de la période des transferts en NBA et il est alors encore un peu tôt pour dire si oui ou non, le roster du Magic a les chances d’atteindre la post-season en 2021. Evan Fournier, qui vient d’accepter sa player option, pourrait se voir transférer dans les prochaines semaines, comme d’autres cadres de l’équipe. Puis, une partie de leur effectif est assez jeune et inexpérimenté, et je doute fortement qu’Orlando ferait le bon choix s’il s’appuyait sur un duo Markell Fultz — Mo Bamba pour viser les Playoffs.
Que faire, donc ? Cette franchise stagne depuis deux saisons maintenant, pendant que d’autres progressent chaque année en ajustant quelques pièces de leur roster pour toujours rester compétitives. En toute franchise, avec l’équipe actuelle d’Orlando, la 7e place de la Eastern Conference est le maximum qu’elle puisse espérer.
Les six « gros » de l’Est — Toronto, Miami, Milwaukee, Philadelphie, Brooklyn et Boston — sont clairement dans une autre dimension que le reste de la Conférence, bataillant eux pour le titre. Ceci étant, n’oublions pas que le format du play-in, défini plus haut, permettrait même en étant 10e en fin de régulière d’accrocher les Playoffs. Dans cette situation, Orlando pourrait compter sur son expérience et ses quelques talents pour filer en post-season. Mais à quoi bon y aller si la seule issue à ce combat est une triste sortie de piste — comme chaque année — dès le premier tour ?
Donc oui, Adrien, le Magic a encore sa place en Playoffs, mais pour combien de temps ? Les Bulls et les Hawks construisent tous deux des projets intéressants avec de « jeunes cadres dynamiques ». Puis les Pacers et les Wizards ont l’habitude d’exister bien plus souvent qu’eux durant ces périodes de trades et de free agency ! L’Analyste conseille alors à « The Orlando » de se bouger davantage ce prochain mois pour que ta question connaisse une réponse tranchée par la positive.
Q : Quel est pour vous le moins bon choix dans le top 10 de cette draft ? Et le meilleur ? — Simon G.
R : Je n’ai rien contre lui, mais la sélection en 4e position de Patrick Williams n’est-elle pas un peu élevée par rapport à tous les talents qu’il restait avant lui ? À l’heure actuelle, nous n’avons pas encore la réponse, mais Chicago pourrait bien s’en mordre les doigts dès la saison prochaine.
L’ailier de Florida State est un diamant brut à polir, sa marge de progression est grande et les risques pris par les Bulls peuvent valoir le coup. Ce n’est pas un mauvais choix en soi, puisque Patrick Williams — s’il s’améliore — peut très bien fiter avec le troupeau de taureaux. Mais il est très surprenant et pas des plus judicieux si tôt dans la Draft.
Le meilleur ? Sacrée question. Si tu veux, je peux te dire quel est le meilleur choix de la Draft de 2003 ou de 2007, mais là, tu m’en poses une bonne ! Je vais quand même me lancer, car tu m’es très sympathique. Déjà, je ne voyais pas un autre podium que celui-là. Les trois profils sélectionnés répondent parfaitement aux besoins de chaque franchise. Un peu de hype à Charlotte avec LaMelo Ball, de la taille aux Warriors avec James Wiseman et un athlète très agressif chez les Wolves du nom d’Anthony Edwards.
Je pourrais donc définir l’un de ces choix comme étant le meilleur, mais je ne le ferai pas ! Je me porte donc sur le pick 5, Isaac Okoro ! Cleveland — capable du meilleur comme du pire à la Draft — n’a pas déçu en sélectionnant un ailier explosif qui pourrait bien s’entendre avec les deux jeunes guards, Sexton et Garland. De plus, considéré comme le meilleur défenseur au périmètre de la cuvée 2020, il sera d’une grande aide à des Cavaliers en abandon complet sur ce secteur du jeu. Le Front Office de l’Ohio aurait pu choisir le très polarisant Obi Toppin, mais il a préféré se concentrer sur le produit d’Auburn, au bon QI basket et prêt aux efforts défensifs — hein, Obi !
Q : Objectivement, quelle franchise a réalisé la meilleure Draft ? — Guilhem W.
R : En toute « objectivité » mon cher Guilhem — je vois que ça te tient à cœur —, je vais te répondre Minnesota. Oui, c’est peut-être une réponse assez basique, mais les Wolves ont très bien réussi leur soirée ! Ils avaient la chance d’ouvrir le bal de la Draft et auraient très bien pu prendre — sous l’émotion et la pression — un joueur plus talentueux qu’Edwards, mais qui ne correspond pas au projet de la franchise, axé sur son duo d’amigos D’Angelo & Towns. Anthony Edwards apportera justement sa pierre à l’édifice dans un cinq majeur jeune et sans arrière dominant.
En regardant leurs autres choix réalisés au cours de la soirée, on comprend que les loups ont été très malicieux… Ils ont mis en place un transfert avec le Thunder pour récupérer leur ancien meneur espagnol, Ricky Rubio, contre du tour de Draft. Ce dernier peut se révéler être, si la franchise décide de le garder, un back up de luxe pour Russell.
Pour terminer, Anthony Edwards n’a pas été la seule sélection de Minneapolis. En 23e position d’abord, ils ont choisi le combo guard argentin Leandro Bolmaro. Il restera encore une saison dans son club du FC Barcelone avant d’arriver en NBA. Le temps pour lui de développer son shoot encore moyen et de faire profiter le club catalan de sa belle vision du jeu et de son intensité.
Le dernier profil que je souhaitais te présenter Guilhem, et c’est bien pour cela que je proclame les Timberwolves grands gagnants de la soirée, c’est celui du long Jaden McDaniels. Prospect intriguant, l’ailier fort de 2,11 mètres d’envergure possède de surprenantes qualités compte tenu de sa taille. Très technique, ses lacunes se situent davantage au niveau mental et physique, ce qui explique sa chute à la 28e place. Peu importe, Minnesota a très bien drafté, profitant de chaque pick pour maximiser le potentiel de son équipe. Une soirée sans fausse note !
Vous venez de lire la première édition de la Newsletter hebdomadaire de L’Analyste, par Teddy Perez. Pour ne plus perdre une miette de l’actualité basket, abonnez-vous juste ici.