Risée de la NBA depuis plusieurs années maintenant, les Knicks de New York cherchent inlassablement le projet qui les remettra sur le chemin de la victoire. Alors qu’un noyau de jeunes joueurs au talent certain s’est formé, les résultats peinent à décoller et l’impression sur le parquet n’est pas rassurante. Une pièce manque au puzzle. Le 30 juillet 2020, la franchise new-yorkaise confiait le poste d’entraîneur à Tom Thibodeau. Est-il la pièce manquante ?
Des certitudes et des bases saines
Avant d’entrer dans les détails, il est important de poser les bases du projet des Knicks. Malgré des zones de flou, nous pouvons nous raccrocher à quelques certitudes.
Le noyau de jeunes talents est une valeur sûre. Que ce soit RJ Barrett, Mitchell Robinson, Kevin Knox, Frank Ntilikina ou encore Dennis Smith Jr, ce n’est pas le potentiel qui manque. Ces joueurs ont tous des qualités intrinsèques indéniables et couvrent presque tous les postes sur un parquet.
Notre deuxième certitude concerne les finances de la franchise. Avec la signature de contrats courts lors de la Free Agency 2019, il est compliqué d’imaginer des finances plus saines. Dans l’état actuel des choses, plus aucun contrat ne sera garanti d’ici la Free Agency 2021. Il ne restera que les Team Options des contrats des jeunes joueurs et une année non garantie pour Julius Randle.
Ces finances saines permettront aux Knicks de se positionner sur toutes les superstars libres en 2021, parmi lesquelles se trouvent certains des meilleurs joueurs de la ligue.
Une part de mystère
Malgré les certitudes, c’est bel et bien les doutes qui prennent la plus grande place dans ce projet et le rendent peu crédible aux yeux des médias et des fans depuis plusieurs années maintenant.
La plus grande erreur semble actuellement être le choix de David Fizdale pour entraîner cette équipe pendant un peu plus de 18 mois. Malheureusement, le bilan dressé au départ de ce coach est catastrophique.
Le problème majeur et déclencheur semble se trouver directement au cœur du développement des jeunes joueurs. Des rotations mal définies — voire hasardeuses —, une identité de jeu qui n’a jamais su se démarquer, une hiérarchie trop peu claire et, surtout, l’impression d’un manque de maîtrise de son groupe.
Toutefois, accuser Fizdale de tous les maux de la terre serait de la malhonnêteté intellectuelle. Pendant cette période, beaucoup d’éléments extérieurs sont venus entraver le processus de développement de l’équipe. En passant par le trade surprise de Kristaps Porzingis — star du dernier projet des Knicks — ou encore des problèmes d’entente entre certains joueurs. Julius Randle ciblé en premier, pour son égoïsme balle en main, frustrant ses camarades sur le parquet et compliquant l’instauration d’une réelle alchimie dans le groupe.
L’antidote ?
La signature de Tom Thibodeau à la fin du mois de juillet pourrait être un élément clé dans la réussite de ce projet. Ce coach — malgré un passage controversé chez les Timberwolves — reste une grande tête de la ligue et un très bon entraîneur lorsqu’il s’agit de développer, discipliner et responsabiliser de jeunes talents. Les joueurs qui ont évolué avec lui le disent eux-mêmes depuis l’époque des Bulls, Jimmy Butler en tête de liste.
Tom Thibodeau, si vous ne le connaissez pas, est un coach autoritaire, strict, principalement axé sur une défense solide et dure sur l’homme. Bien que peu révolutionnaire du côté de l’attaque, il a toujours su trouver les méthodes de travail pour faire progresser ses joueurs. Mais alors, est-il la solution ? C’est envisageable, bien qu’il ne soit pas encore possible de lire l’avenir (on y travaille chez l’Analyste), tout porte à croire qu’il pourrait être le catalyseur des Knicks, en apportant tous les petits éléments manquants pour passer un cap.
En plus d’être apprécié par certains grands joueurs, ce qui pourrait jouer en la faveur de la Grosse Pomme lors des prochaines Free Agency, Tom Thibodeau n’a pas la pression que l’on pourrait imaginer. Leon Rose, actuel président de la franchise, confiait dans un article de The Athletic que l’objectif actuel est de renouer avec une culture de la gagne à New York. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, une culture de la gagne ne s’inscrit pas nécessairement dans des résultats sportifs rapides et concrets, mais dans une évolution, une progression, une mentalité. Alors Thibs a du temps — pas cinq ans, évidemment, mais il a au moins deux voire trois saisons — pour développer son projet comme il l’entend.
Sera-t-il le coach qui mènera les Knicks au sommet de leur gloire ? Ce serait absurde de répondre à cette question aussi tôt. Une chose est sûre, c’est un coach qui fera forcément progresser son groupe si le message passe avec les jeunes.
Des ajustements inévitables
Malgré les éloges faits au nouvel entraîneur des Knicks et l’optimisme vis-à-vis de sa signature, il ne faut pas oublier que de nombreuses questions restent encore sans réponse. Julius Randle fait toujours partie du roster de la franchise, un dossier à boucler. Qu’il se range avec son nouveau coach ou qu’il parte, il faut obligatoirement que les choses soient claires d’ici le début de la prochaine saison.
Il reste également le souci de la ligne arrière. Trois meneurs poursuivent cette place de titulaire, dont Frank Ntilikina qui pourrait y prétendre plus que jamais grâce à des qualités défensives séduisantes pour un coach comme Thibodeau. Dennis Smith Jr et son explosivité ne demandent qu’à devenir option offensive fiable, tandis qu’Elfrid Payton est capable d’assurer 15 ou 20 minutes de très bonne facture à la mène de n’importe quelle franchise de la ligue. Malheureusement pour eux, un match de NBA ne dure pas encore 96 minutes et il n’y aura pas assez de pain pour que tout le monde mange à sa faim. Il s’agit de l’un des mouvements majeurs du roster à prévoir en cette fin d’année 2020.
N’oublions pas non plus que la franchise dispose du 8e choix lors de la prochaine Draft. Ce qui signifie un nouveau joueur à implanter dans ce groupe, avec les potentiels mouvements d’ici la prochaine saison. À noter que les Knicks pourraient sélectionner un joueur tel que Tyrese Haliburton d’après certaines Mock Drafts, qui deviendrait donc le 4e meneur de l’effectif.
Il reste également la question de Kevin Knox, neuvième choix de la Draft 2018, le joueur peine à trouver sa place dans le groupe, brillant par son inconstance, il est capable du meilleur comme du pire à chaque match. Une certaine nonchalance se dégage aussi de l’attitude du joueur de 21 ans. Était-ce de l’agacement suite à sa situation dans les rotations de Fizdale ? Va-t-il changer drastiquement d’attitude avec la confiance de Thibodeau ? Peut-être. Mais à l’heure actuelle il reste une énigme. Voir des profils similaires au sien ne pas supporter d’évoluer sous le coaching d’un homme strict et exigeant dans la grande ligue n’est pas rare. Il pourrait ne pas être réceptif au message et aux méthodes de son nouvel entraîneur.
Le projet des Knicks est intrigant, et la simple présence de l’ancien coach des Bulls et des Timberwolves à la tête de cette équipe lui fait prendre une tout autre dimension. Il reste encore beaucoup à accomplir pour que le projet des Knicks aboutisse, mais tout porte à se montrer optimiste pour leur avenir.
RJ Barrett respire le basketball et tous les jeunes autour de lui ne sont pas moins talentueux. S’ils restent, ils seront sans aucun doute responsabilisés par Tom Thibodeau. La défense et le groupe doivent se discipliner, le management de la franchise doit se séparer intelligemment des joueurs problématiques dans la rotation ou dans le vestiaire et surtout choisir les bons vétérans pour encadrer leur noyau. Un coach ne fait pas tout.
Laissons encore du temps, ne serait-ce qu’une seule saison pleine, pour dresser un premier bilan de cette nouvelle étape du projet. Mais il semblerait que les membres de la franchise aient toutes les clés en main pour remonter dans le classement et dans l’estime des fans.
Pour en revenir à notre première question, Tom Thibodeau est-il la pièce manquante du puzzle ? Très probablement. Même s’il est encore une fois impossible de se prononcer aussi tôt avec certitude, l’idée du projet actuel n’étant pas de jouer la bague mais de renouer avec une culture de la gagne, il ne fait presque aucun doute que cela arrivera d’ici 2022 — à moins de décisions catastrophiques de la part du Front Office ou de joueurs non réceptifs à ces nouvelles méthodes.
Photo : Tim Clayton/Corbis via Getty Images
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