Par Clément Swaertvaeger, ancien rédacteur de L’Analyste.
La saison des Wolves a été très agitée, du début jusqu’à la fin. Pourtant revanchards après leur élimination au premier tour des Playoffs la saison précédente, les hommes du Minnesota n’ont pas montré les progrès que l’on pouvait espérer d’eux à cause de Jimmy Butler. En effet, juste avant la saison, le joueur a quelque peu désorganisé le vestiaire, critiquant la quasi-totalité de l’effectif et demandant par la suite à être transféré. Avant le mois de Novembre, rien n’était clair pour l’équipe, jusqu’à l’arrivée de Robert Covington et Dario Saric, suivie du licenciement de Tom Thibodeau. Dans ces conditions, il est difficile d’obtenir des résultats et atteindre des objectifs plus élevés. Cependant, ce n’est pas une année totalement perdue.
La saison des Wolves
Principale source de problèmes cette année, Jimmy Butler a fortement contribué à la perturbation de l’équipe. Durant cette période, il n’y a pas grande chose à retenir d’important car le plus intéressant est arrivé par la suite. Covington et Saric se sont tout de suite intégrés dans la rotation. Ceux que l’on pensaient perdant dans ce transfert ne le sont, finalement, peut-être pas. Avec ces deux nouveaux joueurs dans l’effectif, très bons défenseurs qui plus est, la franchise du Minnesota a parfois une défense très correcte, RoCo en tête. Suite à cela, les bons matchs se sont enchaînés, même après l’arrivée de Ryan Saunders, le nouveau coach. Sa jeunesse n’a rien changé, Saunders a tout de suite montré qu’il pouvait largement maîtriser cette équipe pour de longues années. Après la blessure de l’ancien Sixer, les Wolves ont tout de même tenté de rejoindre le top 8 pour revenir en Playoffs, en vain. Malgré la déception de la 10ème place, il y a énormément de bonnes choses à retenir de cette saison 2018-2019.
Les points positifs de la saison
Le leadership de Karl Anthony Towns : Discret au début de la saison, notamment à cause des critiques que Butler lui envoyait et de sa présence nocive, le pivot s’est réveillé par la suite, montrant qu’il pouvait bel et bien mener sa franchise de lui-même, malgré ce que ses détracteurs pouvaient penser. Toujours efficace en attaque, propre au tir avec plus de 40% de réussite à trois points mais également avec quelques progrès en défense, KAT a énormément appris au cours de la saison. Réputé pour craquer dans les matchs importants et de ne pas assez impacter ce genre de rencontres, le pivot a bien montré que cela allait changer. Sur les 17 dernières rencontres, moment où Minesota espérait encore se qualifier en Playoffs, Towns tournait à 27.7 points, 13 rebonds à 52% au shoot et 41% à trois points. Rares sont ceux qui peuvent se targuer d’avoir eu les mêmes moyennes. Le pivot a pris une nouvelle dimension cette saison et cela ne semble être que le début. Malgré son absence dans l’une des trois équipes All-NBA, nous pouvons être sûrs qu’il reviendra encore plus fort la saison prochaine.
L’intégration de Covington et Saric : Arrivés au mois de novembre en échange de Jimmy Butler, les deux anciens Sixers ont quitté la fin du Process pour intégrer le début d’un nouveau projet. Tout le monde pensait que Minnesota allait se retrouver perdant dans ce transfert, mais les deux joueurs ont montré qu’ils pouvaient avoir un réel impact sur le jeu de l’équipe. Covington, d’abord, a pris les commandes de la défense pour en faire l’une des meilleures de la ligue, tout en rentrant ses trois points. Il est tout de suite devenu l’un des piliers du cinq majeur et, sans blessure, Minesota aurait peut-être pu se retrouver plus haut dans le classement de la conférence Ouest. Pour Saric, l’intégration a été un peu plus discrète mais intéressante tout de même. D’abord utilisé comme remplaçant derrière Taj Gibson, le croate a progressé petit à petit dans la hiérarchie de la franchise, jusqu’à prendre une place de titulaire pour les 20 derniers matchs. Titulaire comme remplaçant, l’ailier fort a toujours fait le sale boulot pour Karl-Anthony Towns, en défendant bien, prenant de bons rebonds et en rentrant des trois points lorsqu’on le lui demandait. Toujours discret, son apport a très important sur cette fin de saison et devrait l’être de nouveau l’année prochaine. Minnesota n’a pas à pleurer la perte de Butler.
Le potentiel offensif et défensif de l’équipe : L’arrivée de Covington et Saric a fait beaucoup de bien à la franchise. En défense, malgré l’absence de l’ailier, la progression a été fulgurante lors des premiers matchs des deux joueurs. Malgré une baisse de ce niveau suite à l’absence de Covington, les joueurs ont montré de belles choses qui devront être améliorées cet été. Avec un Karl Anthony-Towns plus investi, la marge de progression est énorme de ce côté du terrain. En attaque également, il pourrait y avoir de très gros progrès la saison prochaine. Déjà 13ème attaque de la ligue cette saison, nous avons également senti des progrès avec l’arrivée de Ryan Saunders. Towns semble avoir été mis dans de meilleures conditions en attaque, afin de tirer le maximum de ses qualités offensives. Avec également beaucoup de joueurs capables de shooter, les coachs auront énormément de possibilités afin de développer différents styles de jeu. Jouer à l’intérieur avec Towns en écartant un maximum le jeu pour lui laisser de l’espace au poste ou bien s’inspirer par exemple du jeu ultra collectif des Spurs de Duncan-Parker-Ginobili et profiter des décalages créés par ces mouvements. Le potentiel est là, il faut désormais l’utiliser au mieux, ce qui demandera un coaching au top pour réellement progresser durant cette intersaison.
La saison de Derrick Rose : Impossible de ne pas évoquer l’année du plus jeune MVP de l’histoire. De retour à un très bon niveau, Rose a été extrêmement important en sortie de banc et aurait même pu prétendre à une place de titulaire s’il n’avait pas été gêné par des blessures une nouvelle fois cette saison. Espérons que le meneur continuera sur cette lancée dans la franchise où il se trouvera en Octobre prochain.
Les points négatifs de la saison
Le cas Jimmy Butler : L’ancien joueur de Chicago, transféré en échange de Zach LaVine, avait exigé un départ de la franchise qu’il n’avait pas hésité à critiquer avant le début de la saison. Les conséquences ont été lourdes par la suite. Remise à zéro du projet, dans sa totalité, car il était impossible pour les deux partis d’essayer de trouver un accord et terminer ainsi la saison. Nous aurions certainement pu voir les Wolves mieux classés, voire en Playoffs, si Butler n’avait réclamé son trade. Le projet était intéressant et ambitieux mais nous n’aurons pas eu l’occasion de voir le potentiel maximal de ce dernier.
La saison d’Andrew Wiggins. Sélectionné avec le premier choix de la Draft de 2014 par les Cavaliers, avant d’être transféré dans la foulée chez les Wolves, l’espoir canadien n’a toujours pas justifié son salaire : 25 millions de dollars cette saison, montant qui continuera d’augmenter pendant les 4 prochaines saisons. Malgré une implication plus importante en défense, son potentiel offensif semble se heurter à un plafond. Trop peu efficace au shoot (41%) comme aux lancers francs (70%), ses choix restent souvent mauvais, manquant de lucidité et très approximatif en fin de match, lorsque de très rares opportunités lui sont offertes. Son implication sur et en dehors du terrain semble être très loin de celle que l’on pourrait attendre d’un joueur de ce calibre. Censé former un duo pionnier de la franchise avec son pivot titulaire, c’est ce dernier qui, pour le moment, se charge principalement de faire gagner son équipe. Avec déjà 5 saisons dans la ligue, il lui faudra montrer de vrais progrès la saison prochaine s’il ne veut pas risquer sa place dans l’effectif. En effet, certaines rumeurs rapportent que la franchise envisagerait un potentiel transfert.
Le projet de Minnesota : travail, travail, travail
Les Wolves comptent dans leurs rangs de nombreux contrats handicapants. Avec Gorgui Dieng (15 millions), Andrew Wiggins (25 millions) et Jeff Teague (19 millions), il leur sera difficile de réaliser de gros coups sur le marché des agents libres. Mais en ont-ils réellement besoin à l’heure actuelle ? Sûrement pas tant que ça. Avec un cinq majeur déjà compétitif et des remplaçants aguéris, la direction de la franchise n’a besoin d’aucun joueur en particulier pour combler un départ cet été. Les Wolves effectueront peut-être quelques mouvements discrets, mais le noyau est déjà présent. Il leur faut désormais travailler ensemble, afin d’acquérir de nouveaux automatismes et confirmer ce qui avait été montré sur le terrain en début Décembre. Pour cela, ce sera à Ryan Saunders de construire le jeu de son équipe, afin qu’elle puisse évoluer à son meilleur niveau. En dehors de cela, nous ne pouvons pas nous attendre à d’énormes changements. Un nouveau prospect, sélectionné avec le 11ème choix de la Draft, viendra tout de même rejoindre le groupe. Ce pourrait être un ailier fort, afin de remplacer Taj Gibson qui sera agent libre cet été. En dehors de cela, la direction devrait rester calme et seulement observer le travail dans le complexe d’entraînement, cette équipe des Wolves a encore du chemin à faire.
Les attentes :
- Le transfert de Gorgui Deng, dont le contrat représente une masse salariale trop élevée.
- D’éventuels transferts pour se débarrasser des contrats de Jeff Teague et Andrew Wiggins.
- Une progression significative du niveau de jeu, des deux côtés du terrain.
- Aucune tension pendant la pré-saison et une véritable alchimie entre les joueurs.
Tout le monde semble être prêt à s’investir dans le projet, les joueurs comme la direction. L’environnement ne peut être que propice au travail et à la bonne ambiance au sein du groupe. Cela fera tout d’abord oublier les dernières traces laissées par Butler mais permettra aussi la progression de tout un groupe. Le travail doit être le mot d’ordre d’une équipe qui a largement le potentiel de se qualifier en Playoffs. Le management des Wolves devra tout de même rester attentif tout au long de l’été car un petit changement pourrait bien changer beaucoup de chose dans l’organisation de l’équipe, en bien comme en mal.
Photo : Andy Lyons/Getty Images