Rudy Gobert : « Nous, c’est la médaille d’or »

par Hugo Le Vay

« Personnellement, j’en ai assez des médailles de bronze et d’argent. » En plein stage de préparation pour l’Euro avec l’équipe de France, Rudy Gobert ne cache pas sa soif de victoire et ses ambitions sous le maillot tricolore. Le multiple défenseur de l’année veut gagner. Rien de plus normal au regard des derniers excellents résultats des hommes de Vincent Collet. 

Ses ambitions sous le maillot tricolore, les Jeux olympiques et son nouveau rôle chez les Wolves, L’Analyste a eu la chance d’échanger avec le géant français.

L’Analyste : Quel est votre état d’esprit pour commencer ce rassemblement ? 

Rudy Gobert : C’est toujours un plaisir de rejoindre le groupe. Plein de bons souvenirs sur ces dernières années. On a beaucoup d’ambition pour cette année et celles qui arrivent. Donc à la fois beaucoup de sérieux et beaucoup de plaisir, aussi. 

On vous a vu assis pour la fin de l’entrainement, il y a un petit souci ? 

Rudy Gobert : Non, je monte en puissance. Ça faisait depuis les playoffs que je n’avais pas fait d’opposition. Je fais beaucoup de travail individuel, beaucoup de travail physique. J’avais une douleur aux genoux en fin de saison, donc là on monte en puissance. Dans les prochains jours, je vais pouvoir faire les entrainements à fond. 

Sur quoi a été axé votre travail individuel cet été ? 

Rudy Gobert : Continuer sur la base de ce qu’on avait fait. Beaucoup de tirs intermédiaires, que ce soit des floaters, des hooks, qui vont me permettre de mieux punir la défense que cette année. Aussi, des lancers francs, du tir… Des choses qui évoluent bien au fil des années, donc on continue sur la même dynamique.

Est-ce que votre transfert pendant l’intersaison a créé un état d’esprit différent, une motivation supplémentaire ? 

Rudy Gobert : Forcément. Quand tu as une nouvelle aventure, que tu arrives dans une nouvelle équipe, il y a toujours l’envie d’encore plus s’élever. Il y a l’excitation du nouveau challenge aussi. Ce serait mentir que de dire que ça n’ajoute pas plus de motivation. Même si la motivation, ce n’est jamais ce qui m’a manqué. 

Que pensez-vous de l’arrivée potentielle de Joel Embiid en équipe de France ?

Rudy Gobert : C’est un joueur incroyable. Après, il y a plein de choses auxquelles on doit réfléchir en termes de logistique pour que ça soit possible. C’est clair que Joel, c’est un joueur unique et nous on a une équipe qui est déjà bien soudée, un groupe qui vit bien ensemble. Il faut voir comment ça pourrait fonctionner pour le groupe. 

Il y a, dans le groupe, des joueurs habitués à la sélection, qui sont là depuis un moment. Mais aussi des nouveaux. Comment arrive-t-on à trouver un équilibre pour réaliser la meilleure prestation à l’Euro ? 

Rudy Gobert : Comme chaque année, il y a toujours de petits changements. Cette année on n’a pas Nando (de Colo) et Nico (Batum), qui ont été les cadres pendant des années. C’est un peu à Evan et moi de prendre le relais à ce niveau-là. Les choses se font naturellement, on continue de gagner de l’expérience chaque année.

On a le même coaching staff qui nous encadre bien. On a un groupe de jeunes qui sont motivés, et franchement l’état d’esprit est super. Donc c’est vraiment facile pour nous de continuer à progresser à chaque campagne. 

L’objectif pour cet Euro, c’est clairement la médaille d’or ?

Rudy Gobert : Il n’y a que ça qu’on vise. On ne vise pas la médaille d’argent. On ne vise pas la médaille de bronze. Personnellement j’en ai assez des médailles de bronze et d’argent. Nous, c’est la médaille d’or. C’est clair. 

Vous commencerez la compétition dans une poule difficile, avec l’Allemagne d’entrée, la Slovénie, la Lituanie. Comment abordez-vous cette phase de poule ? 

Rudy Gobert : La tâche ne sera en aucun cas facile. Mais on croit en nos forces et on va travailler dur pendant un mois pour se mettre dans les meilleures conditions possibles et arriver le plus prêt possible. Pour nous, c’est le plus haut challenge qu’on vise. 

« On ne vise pas la médaille d’argent. On ne vise pas la médaille de bronze. Nous, c’est la médaille d’or. »

Après la médaille d’argent aux JO, pensez-vous être attendus avec une cible dans le dos ? 

Rudy Gobert : Peut-être d’un regard extérieur. Cette médaille d’argent a peut-être changé la manière dont on nous regarde. Sinon, pour nous, le regard est le même. On vient sur chaque compétition pour monter sur la plus haute marche. C’est la mentalité de l’équipe de France. 

Que pensez-vous de la décision de la Fédération de ne plus sélectionner les joueurs qui sont engagés ou s’engageront avec un club russe ? 

Rudy Gobert : C’est une décision plus politique qu’autre chose. Chacun est différent, chacun fait ce qu’il pense être le mieux pour sa carrière, que ce soit financièrement, pour leur famille ou sportivement. Don c’est un sujet compliqué. C’est bien qu’il y ait des conversations, que chacun puisse communiquer, échanger et voir ce qui a le plus de sens pour eux. 

En l’absence de Nicolas Batum, vous voyez-vous encore plus affirmer votre leadership au sein de l’équipe, avec Evan Fournier notamment ? 

Rudy Gobert : C’est vrai que Nico et Nando sont des mecs qui étaient là chaque année. Ils ont un certain calme, ils étaient un peu les doyens sur les dernières campagnes. Je ne dirais pas que notre rôle change. Evan et moi on sait que, de toute façon, nous sommes des joueurs importants, surtout sur les dernières campagnes.

Maintenant c’est vrai que, chaque année, on gagne en maturité. Cette année, on sait que les plus jeunes vont encore plus se tourner vers nous. Donc c’est à nous de montrer encore plus l’exemple et de faire en sorte que ce groupe soit le meilleur possible. 

Il y a plus de prise de parole de votre part avec ce rôle accru ? 

Rudy Gobert : Non, pas forcément. C’est surtout dans l’attitude. C’est la détermination, le travail qu’on montre. Ce n’est pas une question de parler plus. Au contraire, on a des jeunes qui sont là, qui font de très belles carrières dans leurs clubs respectifs. Donc le but c’est qu’ils soient le plus à l’aise possible, et qu’ils comprennent qu’on est tous là pour le même objectif : gagner. 

On parle beaucoup de l’impact défensif que vous allez avoir aux Timberwolves. Mais vous avez aussi beaucoup à apporter de l’autre côté du terrain. Est-ce que vous avez parlé avec le coaching staff de ce qu’ils prévoient pour vous offensivement ? 

Rudy Gobert : Bien sûr. C’est sûr que quand tu gagnes des titres de défenseur de l’année, on a tendance à te regarder comme un joueur exclusivement défensif. Mais je me considère comme un joueur capable de jouer des deux côtés du terrain, même si je n’impacte pas un match de la même manière qu’un mec qui met 30 points par match.

C’est une opportunité pour moi de franchir un autre cap, défensivement et offensivement, et d’être utilisé différemment qu’à Utah. J’ai mangé plusieurs fois avec le coach, Chris Finch, et les autres membres du coaching staff. Ils ne m’ont pas fait venir que pour défendre, mais aussi parce que je peux aider l’équipe offensivement et nous rendre encore plus dominants. 

Que pensez-vous de la décision de vous faire jouer les phases préliminaires des Jeux olympiques à Lille ? 

Rudy Gobert : Ça n’est pas une victoire, mais c’est déjà mieux que la première option. Il y a toujours des points positifs et des points négatifs. Le point positif c’est qu’on va jouer devant un très grand public, encore plus grand que ce qu’on a l’habitude d’avoir en NBA. Donc c’est super pour le sport français, pour les fans et pour nous.

Après, bien sûr, ce sont les JO de Paris, mais on n’est pas à Paris. C’est le point négatif. On sait que les JO ce n’est pas le petit tournoi du coin. Il y a beaucoup de sports à gérer. On veut que notre sport soit respecté à sa juste valeur en France. On espère y arriver un jour. Mais on apprécie qu’ils aient fait l’effort de changer ça. 

En rejoignant des Wolves pleins d’ambitions, Rudy Gobert s’apprête à vivre l’un des plus grands défis de sa carrière NBA. Mais le challenge est aussi de taille avec l’équipe de France. Après un Euro qui s’annonce des plus relevé, le natif de Saint-Quentin devra enchainer avec la coupe du monde l’année prochaine, et les Jeux olympiques, à la maison, en 2024. 

Photo : Di Yin/Getty Images

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