Marquée par des hauts et des bas, la saison des Grizzlies a été surtout marquée par le transfert de Marc Gasol qui scelle donc le projet instauré depuis 11 ans avec Mike Conley. Avec l’apport des rookies, Memphis parvient à garder la tête hors de l’eau et se sauve en fin de saison grâce à une loterie miraculeuse. Un nouveau projet semble pointer le bout de son nez.
Les points positifs de la saison
Le début de saison : Les Grizzlies étaient annoncés, comme depuis plusieurs années, au fond du classement de la Conférence Ouest. Malgré un duo Conley/Gasol dominateur, Memphis peine à être reconnu comme une des places fortes de la ligue, notamment après une saison dernière à seulement 22 victoires. Cependant, après deux mois de compétition, Memphis est sur le toit de la Conférence. Dans les esprits, avec ses deux stars, la franchise est vouée à participer aux Playoffs. Conley tourne à 21 points et 6,7 passes de moyenne et Gasol à 18,3 points et 9,7 rebonds. Du baume au cœur les supporters et surtout une visibilité médiatique inattendue pour les Grizzlies. Seulement, l’éclaircie n’a pas tardé à s’assombrir, et la suite de la saison s’est déroulée à l’image des prévisions des spécialistes, malgré une fin heureuse.
La saison de Jaren Jackson Jr. : Alors que Memphis recherche presque désespérément un Ailier, un certain Luka Doncic se présente à la draft. Avec le quatrième choix cette saison, les fans des Grizzlies espéraient pouvoir récupérer le Slovène. Cependant, le jeune joueur a fait état de sa volonté de bronzer du côté du Texas. Le front office fera un pari gagnant en misant un jeune ailier fort sorti de Michigan State. Pour sa première saison, Jaren Jackson Jr a impressionné mais a surtout convaincu, et il prend rapidement une place de titulaire dans la rotation de Bickerstaff. Imposant au rebond et impactant du côté de l’attaque certains ont même osé la comparaison avec un certain Kevin Garnett. Il faut dire que physiquement, Jackson Jr se rapproche de Garnett, mais il aura beaucoup à apprendre pour devenir aussi dominant que son aîné. Le coaching staff semble vouloir chercher à construire autour de son jeune joueur et il est bien possible de le voir se développer encore un peu plus la saison prochaine. La mi-saison pourrait permettre aux Grizzlies de trouver les joueurs qui permettront à Jaren Jackson Jr de réaliser pleinement son potentiel.
Un tanking payant : Malgré un excellent début de saison, Memphis va commencer à accuser le coup au début du mois de décembre jusqu’à sombrer de plus en plus. En perte de rythme, l’effectif se délite et les vétérans ne parviennent plus à fédérer autour du projet. Le choix de trader Marc Gasol le jour de la deadline ne cache même plus les volontés des Grizzlies d’effectuer un tanking en règle pour obtenir le meilleur choix possible à la draft. Encore une fois, il s’agi d’un pari gagnant puisque, grâce à la loterie légèrement modifiée cette année, la franchise récupère le deuxième choix alors qu’ils étaient annoncés en huitième position. Car malgré un renouveau en fin de saison et des victoires parfois inattendues, Memphis aura une place de rang pour cette draft 2019 qui leur permettra sans aucun doute de prendre un nouvel élan dans l’histoire de la franchise.
Les points négatifs de la saison
La masse salariale : Difficile de se mettre quelque chose sous la dent du côté de l’effectif des Grizzlies cette saison. Bien que la saison rookie de Jaren Jackson Jr ait été comme un rayon de soleil pour Memphis, il semble bien être le seul. Mike Conley a été à la peine une bonne partie de la saison, trop souvent esseulé. Des modifications vont devoir être faites, c’est certain, mais Memphis va payer, cette intersaison, la très mauvaise gestion des contrats sur ces dernières années. En tête de liste, Chandler Parsons, qui n’a joué que 95 matchs sur les 248 possibles en 3 saisons. L’ailier, avec un contrat d’encore deux ans pour plus de 24 millions de dollars par saison, va être une grosse épine dans le pied du front office malgré quelques bonnes sorties lors des derniers matchs de la saison. Ajoutez à cela le contrat à 35 millions de Mike Conley, la player-option de Valanciunas à 17 millions et les contrats récupérés lors des transferts cette année et vous obtenez une masse salariale de plus de 119 millions pour la saison prochaine alors que le cap salarial est à 109. Les Grizzlies sont bloqués, dans une impossibilité d’action criante pour une formation qui aurait besoin de changer son effectif en profondeur.
L’abandon du projet Gasol/Conley : Depuis 11 ans, les Grizzlies comptent sur Marc Gasol et Mike Conley pour porter leur équipe. Sur cette période, la franchise aura réussi à terminer une fois à la quatrième place de la conférence (son meilleur résultat depuis leur création en ’95-‘96) et aura atteint les finales de Conférence une seule fois également. Pendant toute cette ère, les deux joueurs auront été les icônes de la franchise pour les des fans des Grizzlies. Mais cette saison, le transfert de Marc Gasol vers les Raptors vient bousculer les plans de Memphis. Aveu d’impuissance sur la décennie passée ? il est certain que l’effectif des Grizzlies devait être chamboulé. Les manques de résultats commençaient à faire grincer les dents des fans. Et le départ de certains cadres paraissait inévitable. Après 11 saisons de bons et loyaux services, Marc Gasol quitte une franchise au bord d’un gouffre qu’elle a elle-même creusé. Les errances dans le choix des contrats et des joueurs n’ont jamais aidé l’équipe à réellement se structurer. Bien qu’il puisse surprendre, le départ de Gasol ne pourrait être que la première carte abattue d’un château sur le point de s’effondrer. La suite s’écrira lors de l’intersaison.
Le projet de Memphis :
Le plus gros chantier auquel doit s’attaquer le front office concerne la diminution de la masse salariale de l’équipe. Avec Jaren Jackson Jr. et un futur deuxième choix de draft, Memphis tient l’occasion rêvée pour reconstruire la franchise. Pourquoi ne pas envisager des buy-out ou encore des transferts qui pourraient permettre à la franchise de dégager du cap, tout d’abord en se tournant vers Mike Conley. A 31 ans, le meneur vétéran pourrait avoir encore de belles années devant lui. Son contrat beaucoup trop important pour Memphis est cependant un problème à résoudre. Avec une belle valeur sur le marché des transferts, l’équipe la plus à même de l’accueillir semble être Utah. Le Jazz a la place pour accueillir un gros contrat et n’a pas caché son intérêt pour passer un cap au poste de meneur. Joe Ingles ou encore Derrick Favors pourrait faire le chemin inverse et permettre à Memphis de se doter de un voire deux bons défenseurs. Si Mike Conley venait à partir, la draft des Grizzlies serait toute tracée. Avec le deuxième choix, la franchise devrait jeter son dévolu sur le jeune meneur en provenance de Murray State : Ja Morant. Avec son excellente vision de jeu et la qualité de ses passes, l’apport du meneur serait immédiat et surtout parfait pour le projet des Grizzlies. Si la connexion entre Morant et Jackson Jr opère, Memphis aurait dans ses rangs l’une des paires de jeunes les plus talentueuses de la ligue. De plus, le meneur sait scorer et pourrait apporter des points précieux dans les matchs importants.
Enfin, Memphis doit se développer à l’aile. Les échecs physiques de Parsons ne font que confirmer les premières impressions et un buy-out pourrait être la meilleure option pour l’équipe. Ils pourraient alors se tourner vers un Jabari Parker en manque de confiance mais qui dont l’apport serait instantané s’il est entouré et, surtout, responsabilisé. Autre option, autre style, Kelly Oubre. Le jeune joueur pourrait trouver preneur du côté des Grizzlies autour d’un axe avec Morant et Jackson Jr. Mais l’implication du joueur en jeu laisse encore à désirer.
Grace à un bel alignement des planètes lors de la loterie, Memphis a une occasion en or de se reconstruire grâce à l’arrivée très probable de Ja Morant. En laissant partir Mike Conley, ils récupèreront de la flexibilité sur le plan salarial, leur permettant d’être actifs sur le marché des transferts. Il faudra cependant encore du temps et de la patience pour les fans avant de voir leur franchise tutoyer les sommets de la Conference. Mais qui sait ? Dans quelques années…
Photo : David Berding/Getty Images