Le retour de Jaren Jackson Jr ou le passage des Grizzlies à un statut de contender

par Florian Tixier

En cette fin d’année 2022, les Memphis Grizzlies s’affichent de plus en plus comme des candidats sérieux pour le trône de l’Ouest, à long, moyen et surtout court terme. L’équipe n’avait pas démarré sur les chapeaux de roues mais un élément semble avoir eu le rôle de déclic immédiat dans le jeu : le retour en forme de son ailier-fort Jaren Jackson Jr.

JJJ prêt à prendre son envol avec sa franchise de Memphis – Photo by Justin Ford / Getty Images

Remplis d’espoirs après leur élimination face aux Warriors en demi finale de conférence l’an dernier, les Grizzlies ne carburaient pas à pleine puissance sur ce début de saison 2022-2023. Alors qu’ils s’apprêtaient à faire une grande saison, les problèmes physiques de Ja Morant, Dillon Brooks, Ziaire Williams et enfin Desmond Bane se sont accumulés.

Mais c’est bien le retour du lieutenant de Ja qui semble avoir provoqué un véritable déclic dans la saison des Ours du Tennessee. Alors que Bane avait montré de monstrueux progrès jusque-là, les deux bras droits de Morant vont ainsi se croiser à l’infirmerie à la date du 16 novembre contre les Pelicans. D’un bilan poussif de 9-6, les Grizzlies vont enchaîner pour atteindre aujourd’hui les hauteurs de leur conférence pour un bilan de 20-12 malgré des blessés, et ce sans doute, grâce au retour du « block panther ».

La meilleure saison statistique de sa carrière

Malgré deux années de fréquentes blessures, Jaren Jackson Jr n’a pris aucun temps de préparation et carbure comme rarement il ne l’a fait. Il affiche également un leadership impressionnant, autant défensivement qu’offensivement.

À 17 points, 6 rebonds, plus de 3 contres à 52% aux tirs (37% à trois points), JJJ se montre en lieutenant de premier plan pour le candidat MVP qu’est Morant.
Ses statistiques sont tout simplement les meilleurs de sa carrière pour la plupart alors qu’il ne joue que 25 minutes par match, soit un total ridicule compte tenu d’un talent que coach Jenkins préfère ménager pour le moment. Sur 36 minutes, on obtient un joueur à plus de 24 points et 4,5 contres de moyenne, soit un total unique dans la ligue.

Sa progression principale réside surement dans son nombre de faute. Alors qu’il avait toujours tendance à être géré par le coaching staff, sa tendance naïve à sauter sur n’importe quelle feinte l’empêchait de se pérenniser en tant que véritable DPOY en puissance. Cette année, Jackson ne commet que 3 fautes par match, ce qui fait de lui le protecteur de cercle le plus « propre » de la ligue, à seulement 23 ans.

Un impact défensif monstrueux sur son équipe

Sans JJJ sur ce début de saison, les Grizzlies encaissaient 112,4 points toutes les 100 possessions ce qui les classaient à la 20e place de la ligue. Depuis son retour, ils n’encaissent que 107,4 points toutes les 100 possessions, soit la 3e meilleure défense de NBA, un delta gargantuesque pour mesurer l’impact d’un seul joueur.

Comment l’expliquer ? Les aides défensives sont surement l’arme numéro 1 d’un système défensif au basketball. Une bonne rotation ou une bonne aide défensive de la part de son intérieur permet aux extérieurs d’être de plus en plus agressifs sur les porteurs de balles et de prendre plus de risques car ils savent qu’une potentielle erreur peut être rattrapée très vite.
C’est dans ce secteur que JJJ excelle, et seul Giannis Antetokounmpo peut possiblement venir le concurrencer dans cette discussion.

Lorsqu’on associe ce talent de rotation aux qualités défensives de Jackson, on obtient la création d’un système défensif à part entière qui repose quasi-uniquement sur un seul joueur. Le combo de sa mobilité, sa vitesse de pieds, son sens du contre allié à sa longueur lui permet de devenir une arme défensive absolument monstrueuse dans la NBA moderne si rapide.

Considéré par beaucoup comme le meilleur contreur de la ligue, « block panther » peut-il déjà obtenir son premier DPOY ? Photo : Petre Thomas / USA TODAY Sports

Jackson n’a pas « besoin » d’être impliqué directement dans l’action offensive adverse pour venir interférer sur le shooter. Son athlétisme ainsi que sa longueur lui permet de rattraper un retard parfois jugé insurmontable.

Il n’est, sur le papier, jamais battu, et le comprend de mieux en mieux. Sa capacité à manipuler une attaque pour l’amener dans son secteur est assez impressionnante. Il arrive comme cela à se créer des « occasions défensives », soit amener un attaquant dans un duel en l’air proche du cercle, un duel qu’il ne perd quasiment jamais.

Une attaque toujours plus efficace

À sa sortie de Michigan State, les Grizzlies avaient récupérer JJJ en 4e position pour ses qualités défensives en espérant en tirer un bonus positif en attaque. À maintenant 23 ans, le fils de Jaren Jackson Sr est en train de montrer sa panoplie hallucinante des deux côtés du terrain.


Premièrement, sa capacité à contrer efficacement et à terroriser les attaques adverses permet naturellement à son équipe d’obtenir davantage de contre attaque et c’est sans surprise que les Morant, Bane, Brooks ou Clarke ne sont que plus efficaces sur open court.

Ensuite sa capacité à tirer reste ultra valuable dans la NBA moderne. JJJ dispose de la 3e moyenne de points par possession parmi les joueurs qui tentent plus de 5 tirs en spot up dans toute la ligue. Du haut de ses 2m11, il se retrouve au milieu des Mikal Bridges, Cam Johnson, Jaylen Brown ou Tim Hardaway Jr, soit une anomalie.

37% à trois points, un modèle de licorne des plus efficaces parmi les Ours. – Photo : Brock Williams-Smith

Ce qui rend le profil de Jaren Jackson Jr si spéciale, c’est qu’il est aussi efficace en 4 qu’en 5 pour Memphis. Utilisé aux côtés de Steven Adams dans le 5 majeur, il se retrouve bien souvent au fil du match associé à un 4 technique comme Aldama et un 4 athlétique comme Clarke sans que son efficacité ne s’en trouve affectée.

Souvent critiqué, à la manière d’un Porzingis pour son penchant à s’écarter en début de carrière, Jackson n’a jamais autant dribblé et autant attaquer le cercle que cette saison. Sa taille, son bagage technique associé à la peur que son shoot inspire lui permet de devenir une arme offensive à part entière et n’a plus « besoin » des playmakers Morant ou Jones pour créer de l’attaque. Un changement monstrueux pour le système offensif de Taylor Jenkins.

Cette progression offensive permet au coach de varier son partenaire de raquette mais lui reste sur le terrain quoi qu’il arrive. Associé à un slasheur exceptionnel en Morant et un shooter tout aussi exceptionnel en Bane, Jackson Jr devient peu à peu l’arme ultime et le parfait liant de cette attaque des Grizzlies tout en restant son encre défensive.

Morant – Bane – Jackson, si jeunes et pourtant si dominants. – Photo Justin Ford

Quelle suite pour JJJ et ses Grizzlies ?

À seulement 23 ans et revenant à peine de deux années compliquées, la marge de progression du numéro 13 des Grizzlies semble complètement folle. Autour d’un trio Morant-Bane-Jackson ultra complémentaire et si jeune, les Grizzlies ont toutes les armes en main pour terroriser l’ouest américain pendant de nombreuses années.

Tout cela sans avoir mentionné le reste de l’effectif, les nombreux choix de draft et le coaching impressionnant de Taylor Jenkins. Bravo le front office et bravo monsieur Jackson Jr, le futur semble porter des griffes du Tennessee.

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