L’aventure entre Billy Donovan et le Thunder a officiellement pris fin ce 9 septembre 2020 après cinq ans de bons et loyaux services. Soulagement pour certains, erreur pour d’autres ou encore doutes pour le futur de la franchise. Revenons sur ces cinq années sur le banc d’Oklahoma City et abordons la suite pour cette équipe.
Un bilan mitigé
S’il faut dresser un bilan très rapide de ces cinq saisons, le mot le plus juste semble être « mitigées ». Billy Donovan fait partie de ces coaches qui ont toujours déçu en Playoffs. Malgré une finale de Conférence sous l’ère du duo Westbrook – Durant et une qualification en Playoffs chaque année, les résultats sont mauvais. Le Thunder n’a pas passé le premier tour depuis 2016.
Incapable de s’adapter face à ses adversaires, l’équipe tombait systématiquement, contre le Jazz, les Rockets, les Blazers… Tous ces groupes ont su trouver des réponses aux problèmes posés par la franchise de l’Oklahoma et jamais nous n’avons assisté à un réel changement stratégique de la part de Donovan.
Il est aussi important de souligner certaines lacunes tactiques. Le Thunder s’est forgé une identité offensive sous Russell Westbrook. Une équipe très athlétique, capable de courir vite en transition et notamment très incisive en pick and roll. Malheureusement, le coach n’y est pas pour grand-chose. C’était avant tout une question de logique avec un effectif comme celui du Thunder de 2016 à 2019. En dehors de cette identité, peu de systèmes brillants ou de prises de risque offensives ont vu le jour. Souvent très prévisible et monotone, Billy Donovan a manqué d’imagination et d’adaptabilité tout au long de son périple.
Après la chute contre les Blazers en 2019, les médias, les fans du Thunder et de la grande ligue de manière générale étaient presque unanimes : Billy Donovan n’était plus l’homme de la situation. Contre toute attente, Sam Presti (General Manager d’OKC) a pourtant décidé de lui accorder sa confiance pour une ultime saison – la dernière de son contrat.
La saison de la rédemption
L’exercice 2019-20 a été une franche réussite pour Oklahoma City. Un bilan de 44 victoires pour 28 défaites en saison régulière et une qualification surprise en Playoffs avec un effectif chamboulé. Cette saison, Billy Donovan a reconquis le cœur de bon nombre des fans et d’observateurs. Pour preuve, il est élu co-coach de l’année par ses pairs, avec Mike Budenholzer.
Il est important de souligner certains de ses choix, celui de responsabiliser Luguentz Dort par exemple. Particulièrement révélé en défense, ce jeune joueur non drafté a su se faire une place dans cet effectif et surtout en NBA grâce à la confiance de son coach. Quelques initiatives, notamment les séquences lors desquelles les 3 meneurs de l’équipe se réunissaient sur le parquet, étaient aussi très intéressantes – surtout en fin de match.
Malheureusement pour lui et pour la franchise, le Thunder a tout de même été éliminé par Houston au premier tour des Playoffs (4-3).
Arrivé en fin de contrat, Billy Donovan a décidé – d’un commun accord avec Sam Presti – d’arrêter définitivement les frais. Après une telle saison, les réactions ont été nombreuses et variées. Est-ce une grossière erreur de la part du Thunder ou la suite logique des évènements ?
Un choix et un timing contestés
Les premières réactions suite à cette annonce sont plutôt mitigées. La plupart du temps, c’est le timing qui est remis en cause. Après trois mauvaises années sans conséquence pour Billy Donovan, beaucoup n’ont pas compris le choix de mettre fin à cette collaboration après la meilleure saison du coach.
Sur Twitter, nous avons réalisé un sondage intitulé « Le front office a-t-il fait un bon choix en se séparant de Billy Donovan ? ». Le résultat est plutôt intéressant, puisque les réponses sont très mitigées du côté des fans de diverses franchises NBA (~45% Oui, 40% Non, 15% Sans opinion). Les supporters d’Oklahoma City, eux, sont beaucoup plus clairs (~65% Oui, 30% Non, 5% Sans opinion).
Ce constat est bien évidemment à prendre avec des pincettes, mais il reflète tout de même un ressenti général. Les fans du Thunder, spectateurs des matchs de Billy Donovan et des précédentes saisons, n’ont pas été aussi convaincus par cette dernière année que ceux d’autres équipes – moins concentrés sur le contenu des rencontres que sur le bilan global.
Cette rupture est en réalité plutôt logique. Si l’entraîneur vient de signer sa meilleure saison en tant que coach NBA, le problème s’est surtout posé au moment d’aborder le projet de la franchise. « Au terme de nos discussions, il a semblé évident de nous ne pouvions pas lui apporter assez d’informations sur la direction future du Thunder pour les prochaines saisons », explique Sam Presti. « À ce stade de sa carrière, il demandait à juste titre plus de clarté. »
Avant la reprise de la compétition à Orlando, le General Manager avait proposé deux années de contrat supplémentaires à Billy Donovan. Cette offre a été refusée par le coach et les négociations repoussées à la fin de la saison d’Oklahoma City. L’entraîneur cherche visiblement un projet d’équipe établi plutôt que de repartir sur de nouvelles bases.
Ne l’oublions pas, cette équipe s’est engagée dans une reconstruction la l’année dernière après les transferts de Russell Westbrook et Paul George. Chris Paul, auteur d’une saison extraordinaire à 35 ans, semble être sur le départ qui lui était prédit lors de son arrivée en 2019. À l’aube de cette reconstruction, avec un changement total d’effectif au profit de jeunes joueurs, il semble en réalité que le départ de Billy Donovan soit un choix logique. Il en va de même pour le timing.
Le début de la reconstruction
Un doute subsiste cependant, qui sera son successeur ? C’est la question qui pourrait changer drastiquement la valeur de ce choix. Au moment où ses lignes sont écrites, nous ne disposons d’aucune information à ce sujet. Toutefois, le choix le plus cohérent pourrait être celui de Kenny Atkinson. Coach des Nets de 2016 à 2020, il a été au cœur de la reconstruction de Brooklyn avec des compétences indéniables dans le développement des joueurs. Un candidat parfait pour le projet d’Oklahoma City ? Les semaines à venir nous le diront.
Après cette saison de transition, le Thunder semble prêt à définitivement tourner la page. Trois équipes (Philadelphie, Milwaukee et New York) seraient déjà sur le dossier de Chris Paul. La franchise dispose également d’au moins deux choix de Draft au premier tour pour les 6 prochaines années. Compte tenu du flair dont ce Front Office a auparavant fait preuve à la Draft, il ne fait aucun doute que son seul objectif sera faire fructifier ces picks.
Cet été risque d’être très mouvementé. Danilo Gallinari ainsi qu’Andre Roberson – de retour de blessure après près de trois ans loin des parquets – seront libres de tout contrat pour la Free Agency.Pour le moment, personne n’a encore communiqué concernant leur avenir, mais les deux joueurs pourraient quitter la franchise à l’intersaison. Nerlens Noel arrive également en fin de contrat.
Shai Gilgeous-Alexander, c’est le nom du joueur sur lequel OKC peut miser. Son année est une franche réussite et son potentiel semble bien au-delà de toutes les espérances. Entouré par Darius Bazley, Luguentz Dort, Hamidou Diallo et Deonte Burton (même s’il sort d’une saison très décevante), le noyau du Thunder est très prometteur.
Billy Donovan n’a pas été un très bon coach. Des lacunes tactiques, des problèmes d’adaptabilité, de mauvais choix en fin de match. Même s’il a montré de belles choses avec le développement de certains joueurs et qu’il a participé à la qualification de l’équipe en Playoffs tous les ans, il n’a jamais impressionné.
Au moment de tout reconstruire, il est important pour le Thunder de repartir sur des bases saines avec un nouvel entraîneur.
Billy Donovan reste un coach compétent et il serait très intéressant de le voir à la tête d’un autre collectif. À 55 ans, il ne fait aucun doute qu’il trouvera une place au sein de l’une des franchises qui recherchent actuellement un entraîneur pour la saison 2020-21. Droit dans ses bottes, il aura passé les cinq années de son contrat sur le banc sans jamais broncher ou chercher à fuir, malgré les nombreux bouleversements d’effectif d’année en année. Il est important de louer sa loyauté.
Le Thunder a toutes les raisons de changer d’entraîneur, mais ce processus ne doit pas être pris à la légère – car bon nombre de coaches pourraient rapidement faire regretter aux fans ce bon vieux Billy.
Photo de couverture : Steve Dykes/Getty Images