Inside Layup : la conception d’une chaussure de basket (2/4)

par Benjamin Moubeche
Inside Layup 2

Et si la chaussure des athlètes de demain était française ? Avec la marque Layup, Cédric Marlu et Wilson Meyila, ses deux fondateurs, ont pour ambition de s’imposer comme une référence aux yeux des sportifs du monde entier, à commencer par les basketteurs. L’Analyste vous fait entrer dans les coulisses de l’équipementier français avec une série de quatre articles.

Au fait, comment fait-on une paire de chaussures de basket ? On se le demande rarement une fois celle-ci aux pieds, sur un playground, au moment de prendre ses appuis pour aller au panier. En face de celui qui a réalisé ladite paire, en revanche, la question s’impose.

«Une fois que tu l’as fait, ça te paraît logique», peut aujourd’hui témoigner Cédric Marlu, qui a découvert les ficelles du métier avec le premier modèle de Layup, la Revo. «Quand tu pars de zéro, tu ne sais pas exactement où tu dois aller», se souvient-il néanmoins. « Tu ne sais pas faire une paire de chaussures, tu n’en as jamais fait. Tu y vas à tâtons, tu avances dans le noir. »

Penser, créer, tester

«Deux ou trois ans», c’est le temps qu’il faut pour passer de l’idée au résultat final. C’est donc très naturellement le temps qu’il a fallu à la Layup Revo pour voir le jour également, bien que ses créateurs avaient initialement «l’objectif de le faire en un an». Ils ont découvert, en se confrontant à la réalité, qu’il n’y avait pas vraiment de raccourci quand on tient à bien faire les choses.

De la même manière, la perfection n’existe pas dans le monde de la chaussure. Faute de pouvoir concevoir une paire universelle, il faut faire des choix et renoncer à plaire à tous. «La couleur, la hauteur, l’amorti, le poids… on voulait répondre aux besoins du plus grand nombre de basketteurs possible», explique Cédric.

Lui et Wilson ont ainsi décidé de laisser les premiers concernés, les joueurs, trancher eux-mêmes. «On a créé un formulaire qu’on a partagé à tous les basketteurs que l’on connaissait. Dedans, on a demandé de choisir des préférences de couleur, de hauteur, les caractéristiques qui étaient les plus importantes à leurs yeux», retrace-t-il. «La Layup Revo, c’est la réponse aux caractéristiques les plus demandées par les joueurs. C’est notre façon de voir.»

Les quelque 400 réponses à ce formulaire ont donc permis de dégager trois propriétés principales : la légèreté, le confort, le dynamisme. D’autres ont ainsi dû passer au second plan, à l’image du maintien — tout de même assuré par un double lacet pour ceux qui voient cela comme une priorité. La chaussure mi-haute, un standard de nos jours, s’est construite dans une «logique d’équilibre». C’est après avoir établi cette ligne directrice que le processus peut vraiment commencer, avec une destination claire.

Se pose d’abord la question du design, une étape cruciale dans la conception. Cédric et Wilson avaient besoin de quelqu’un pour « mettre en dessin ce qu’on lui raconte » sur cette étape. Ils ont justement eu «la chance de se lancer avec un fan de basketball et de sneakers», qui avait «envie de faire quelque chose d’esthétique» et qui « comprenait les attentes ».

Cela ne les a pas empêchés d’apporter de nombreuses modifications aux croquis, parfois de revenir en arrière pour mieux repartir. Dans cet exercice déjà très exigeant, les deux fondateurs ont été particulièrement méticuleux. Chaque petite décision prise à ce moment-là a un immense impact sur le résultat final.

Une fois la faisabilité de la chaussure confirmée suivent plusieurs étapes insoupçonnées. Le produit doit notamment passer par de multiples tests, au pied d’un joueur, mais aussi dans des établissements spécialisés. «Tu vas tester la capacité des matériaux et les retours techniques. Dans des centres spécialisés, la chaussure est exposée à des tests de couleurs, des tests de torsions, des tests abrasifs, pas mal de choses», résume Cédric.

L’enjeu ici est de s’assurer que la paire de chaussures durera dans le temps. Cela va même jusqu’à contrôler de frottement des lacets pour vérifier qu’ils peuvent être serrés plusieurs dizaines de milliers de fois sans se casser.

Le dernier et le plus grand défi est d’atteindre le résultat souhaité. Au fil des prototypes, la Layup Revo s’est affinée jusqu’à devenir ce qu’elle est aujourd’hui. Mais à un certain point, ses fondateurs ont eu l’impression de se trouver dans une impasse.

«À un moment, tu arrives à un stade où tu as fait de ton mieux, mais tu vois le résultat et tu te dis « Wow, mais je suis tellement loin de ce que je veux ». Tu te demandes si tu y arriveras un jour», raconte Cédric. «Tu te dis que c’est impossible d’avoir une paire de chaussures viable et esthétiquement à la hauteur de tes attentes. Et petit à petit, aussi parce que tu travailles avec des professionnels qui savent très bien ce qu’ils font et qui affinent les choses, tu finis par corriger ce qui ne te plaît pas. On a beaucoup appris dans ce processus.»

«Voir des gens porter la paire, c’est fantasmatique»

Si la conception a pris du temps, c’est parce que Layup tenait à faire les choses bien. Il était inenvisageable de faire un compromis sur la qualité. Après tout, on n’a pas deux fois l’occasion de faire une bonne première impression.

«Je m’étais dit quelque chose que j’ai fini par garder : je ne veux pas vendre une chaussure que je n’achèterais pas», se souvient le fondateur de la marque. «Cette phrase m’est restée en tête et me permet d’aller chercher plus loin. Ça me pousse à être perfectionniste, je rentre dans le détail. Je veux aller jusqu’au bout du projet.»

À un certain stade, il est toutefois nécessaire de s’arrêter. Il faut abandonner cette quête de l’amélioration constante et accepter le produit tel qu’il est pour avancer vers la suite. «Tu veux toujours aller plus loin, plus loin, plus loin. On avait déjà eu deux ou trois prototypes très proches du résultat final, mais on avait toujours un détail à changer. Au bout d’un moment, tu es obligé d’arrêter, de cocher cette case-là.»

Ainsi, lorsque Cédric a reçu la version définitive de la Layup Revo, il s’est senti « content et surtout allégé d’un poids ». Arrivé au terme du processus de conception, une petite satisfaction apparaît au moment d’enfiler la chaussure. Mais la «meilleure sensation», c’est tout de même de « voir des gens porter la paire. Tu ne le connais pas, il ne te connaît pas, et pourtant il porte tes chaussures. C’est fantasmatique. »

Quand il croise la Revo, son créateur la voit différemment. Probablement avec un peu plus d’amour et de fierté, déjà. Il garde également à l’esprit ce qui est caché à l’œil néophyte : les imperfections, sans doute, et les détails, assurément.

«C’est vrai que dans un projet comme celui-ci, tu as besoin d’aller dans le détail. On a eu beaucoup de temps de réflexion sur le choix des matériaux. Le tissu nous a pris beaucoup de temps parce que c’est très dur à travailler et que c’est très dur de se faire comprendre sur ce que tu attends. Le résultat est sobre, mais, en réalité, ça demande énormément de travail d’arriver à ce que tu veux», retrace le créateur.

Par exemple, la Layup Revo a une étiquette rouge sur le bord du col de la chaussure. La plupart des gens n’y prêtent peut-être pas une grande attention, mais ses fondateurs, eux, y accordent une importance particulière. « On voulait que cette étiquette, sur laquelle est écrit « Layup Revo », soit notre marque de fabrique. Comme la chaussure est toute blanche, on voulait que les gens puissent la reconnaître de loin, ne serait-ce qu’avec ce petit point rouge dessus. Je ne veux pas trop en dire, mais il y aura très certainement une petite étiquette rouge sur la Layup Revo 2 qui sortira dans quelques mois », annonce Cédric.

Retrouvez Layup sur son site web et sur ses réseaux sociaux (Instagram, Twitter, Facebook).

Lisez aussi

Ce site utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Accepter En savoir plus