John Wall, le phénix renaît de ses cendres

par Raphaël Delaveaux

Après des années de galère, John Wall revient à la lumière dans la cité des anges. Depuis trois ans maintenant, le meneur a passé bien plus de temps en dehors des terrains que sur un parquet NBA. Au sein de Clippers qui visent le titre, le dragster pourra t-il s’adapter à sa nouvelle franchise ? Le physique suivra-t-il ? Acceptera-t-il un plus petit rôle en sortie de banc ? Tant de questions auxquelles le 5x All-Star devra répondre en 2022-23.

Un John Wall sans cesse absent a été une vraie perte pour la ligue, tant l’ancien joueur emblématique des Wizards était un joueur supersonique, agréable à voir jouer, passionné et qui pourrait faire n’importe quoi pour faire gagner son équipe. Une vitesse proche de celle de l’éclair, un attrait pour les finitions proches du cercle, en puissance ou tout en toucher, Wall a fait rêver plus d’un spectateur de la grande ligue. Alors après plusieurs saisons très compliquées, (40 matchs en 3 ans, 113 en 5 ans), le voilà sous un nouveau maillot pour prendre sa revanche chez le contender des Clippers.

Un talent monstrueux

Après autant de temps passé sur la touche, on en viendrait presque à oublier le joueur magnifique qu’est John Wall. Dix ans de carrière à Washington, cinq sélections au match des étoiles, une demi-finale de conférence en plafond, mais son impact va au-delà des simples statistiques et récompenses. 1er choix de la Draft 2010, l’ancien joueur des Kentucky Wildcats s’acclimate très rapidement au rythme de jeu de la NBA. Dès sa saison rookie, ce sont plus de 16 points et plus de 8 passes décisives qui accompagnent cette claque visuelle pour les supporters des Wizards. 

Joueur régulier sur ses premières saisons, il devient un habitué du All-Star Game. En cause, il est dans une moyenne à 20 points et 10 passes décisives, à peu de choses près, sur l’ensemble de sa carrière. John Wall sublime ses coéquipiers, en étant un leader visuel, vocal, mental et bien d’autres. Un talent qui permet à Washington de progresser, petit à petit.

En 2013-14, les Wizards obtiennent un bilan positif (44-38) pour la première fois depuis six saisons. Première étoile pour John Wall qui, sur 82 matchs, affiche une ligne statistique de 19,3 points et 8,8 passes décisives de moyenne. C’est le début de cinq saisons magnifiques pour la franchise.

John Wall le 12 mai 2017, au sommet de son art. – Photo by Ned Dishman / NBAE via Getty Images

Wall ne connaît des soucis de blessures que lors de sa dernière saison de All-Star, en 2017-18 (41 rencontres disputées). Avant ça, le meneur n’a manqué que 11 matchs entre 2013 et 2017, une régularité folle. Et son talent fait passer des caps à Washington : le plafond sera les demi-finales de conférence en 2017 face aux Celtics.

Match 6, 3 à 2 dans la série et 91-89 pour les Celtics, il ne reste que 8 secondes à jouer. Si les Wizards ne marquent pas, la saison est finie. Système pour Bradley Beal qui rate complètement, Johnnie prend la balle et s’écarte loin de la ligne des trois-points. Size-up, il s’élève au-dessus d’Avery Bradley et rentre ce qui est le plus grand tir de sa carrière. Même si le match 7 sera perdu quelques jours plus tard, le leader John Wall a prouvé sa valeur.

Malheureusement, c’est le dernier grand coup d’éclat de sa carrière. La saison suivante est tronquée par des blessures, même constat pour celle qui suit, et John perd, petit à petit, l’explosivité qui le caractérisait tant. Le problème, c’est que Wall est sous contrat et a signé une extension de 170 millions de dollars. Mais le meneur se fait opérer du pied, puis se rompt le tendon d’Achille en février 2019. Terrible, mais son contrat devient un boulet. Après 600 matchs sous la tunique de Washington, John Wall quitte la capitale dans un transfert contre Russell Westbrook et rejoint Houston.

À Houston, la descente aux enfers

Wall arrive aux Rockets à l’aube de la saison 2020-21. Son rôle ? Encadrer les jeunes de l’effectif pour leur permettre de progresser sainement. Et la cohabitation avec ces derniers se porte assez bien, puisque l’ancien Wizard revient à ses lignes statistiques proches de ce qui le caractérisent : 20,6 points et 6,9 passes décisives. Mais le meneur supersonique ne joue que 40 matchs (sur 52 possibles) et la saison suivante, les plans du front office changent.

John Wall est écarté du groupe des Houston Rockets pour la saison 2021-22. Il ne dispute aucun match, la franchise lui préférant, dans la lignée de sa reconstruction, le développement de Kevin Porter Jr et du rookie Jalen Green sur la ligne arrière texane. Le contrat de 47 millions de dollars est un boulet.

John Wall aux Rockets, un passage à vide avant de rebondir ? – Photo : Carmen Mandato / Pool Photo-USA TODAY Sports

Pendant cette période, John Wall se remet en question. La mort de sa mère l’affecte énormément. Il a perdu la personne la plus importante de son existence et traverse une sévère dépression.

« En 2017, je saute sur la table de marque à Washington après avoir arraché un septième match contre Boston, et je suis le roi de la ville. Je reçois une prolongation au salaire maximal, en imaginant que je serai un Wizard à vie. Un an plus tard, je me déchire le tendon d’Achille et je perds le seul sanctuaire que j’ai jamais connu, le terrain de basket. Les opérations ont provoqué une telle infection que j’ai failli être amputé du pied. Un an plus tard, j’ai perdu ma meilleure amie au monde, ma mère, à cause d’un cancer du sein. Je me suis retrouvé dans l’état le plus sombre dans lequel je n’avais jamais été. À un moment, j’ai pensé à me suicider ».

Déclaration de John Wall dans une chronique postée dans The Players’ Tribune

Il s’accroche à la vie grâce à ses enfants, ses garçons, et arrive à se convaincre qu’il doit être là pour eux dans ces petits moments du quotidien qui forgent une enfance. Depuis quelques temps, John Wall va mieux, grâce à un suivi thérapeutique régulier. 

« Aujourd’hui, je parle encore avec mon thérapeute et je me vide encore de toute cette merde que j’ai vécue. Je ne vais jamais arrêter de le faire, parce que je ne sais vraiment pas quand les idées sombres pourraient revenir… Pour l’instant, je me sens mieux que je ne l’ai été depuis des années. »

Un renouveau dans la cité des anges ?

Après un épisode douloureux à traverser, John Wall veut revenir sur les parquets NBA. Grâce aux flashs qu’il a montrés lors de son passage à Houston, plusieurs équipes se demandent si donner sa chance au meneur peut leur faire passer une nouvelle étape. Après son buyout (et un joli chèque de 41 millions de dollars au passage), chose promise, chose due. Les Los Angeles Clippers décident de le signer, dans un contrat de 2 ans, pour un peu plus de 13 millions de dollars, avec une option pour l’équipe en 2023-24. La franchise ne prend aucun risque, le joueur de 32 ans doit prouver sa valeur sur le terrain.

En sortie de banc, ou sur le poste de titulaire ? Telle sera la question pour Tyronne Lue, qui va devoir faire un choix entre Wall et Reggie Jackson sur le poste 1. Le second est déjà un joueur implanté à Los Angeles depuis 2020, et a joué avec les deux superstars Kawhi Leonard et Paul George. Reggie semble avoir une longueur d’avance sur l’ancien joueur des Wizards, ne serait-ce que par sa capacité à être présent tous les soirs sur le parquet.

John Wall a retrouvé le sourire depuis son arrivée à LA. – Photo : Gary A. Vasquez / USA TODAY Sports

Mais que ce soit dans le cinq majeur ou en sortie de banc, John Wall semble prêt à accepter n’importe quel rôle. Il déclarait à ESPN en juillet dernier que “peu importe qui joue dans le 5 ou sort du banc aura le même respect. Nous avons un seul objectif pour l’équipe à la fin de la saison.” Avec un tel état d’esprit, Sky is the limit pour les Clippers. 

Quoi que chaque observateur en pense, le retour de John Wall en NBA est une vraie récompense pour le joueur. Passé par des épisodes douloureux, il semble se refaire une santé depuis sa signature cet été à Los Angeles. Alors certes, il ne sera certainement plus jamais ce joueur très athlétique, flashy et spectaculaire, mais sa transformation vers un joueur plus cérébral, qui développe davantage un jeu au large et fait le gestionnaire sur le parquet semble toute tracée. Une reconversion méritée pour un joueur magnifique. La machine ne demandait qu’à être relancée.

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