Entretiens croisés : Timothé Luwawu-Cabarrot et Isaïa Cordinier, au service du collectif

par Teddy Perez

À une semaine du début de l’Eurobasket, le sélectionneur Vincent Collet n’a pas tout à fait finalisé sa liste des douze joueurs qui feront le voyage en Allemagne. Si de nombreuses certitudes se confirment de jour en jour, il reste néanmoins quelques interrogations que le coach lèvera au maximum à la veille de la compétition, le 31 août au soir.

Timothé Luwawu-Cabarrot (16 sélections) et Isaïa Cordinier (17 sélections) devraient faire partie des heureux élus. Leur profil et leurs responsabilités en équipe de France ne sont pas les mêmes, mais ces deux jeunes joueurs des Bleus — formés ensemble en Espoirs aux Sharks d’Antibes — restent prudents quant à la liste définitive du coaching staff.

Ils le savent, le parcours pour arriver chez les A n’est pas un long fleuve tranquille et, à quelques jours d’un Eurobasket qui s’annonce très relevé, TLC et Air Cordinier se tiennent prêts à répondre à toutes les attentes de leur sélectionneur.

Timothé Luwawu-Cabarrot, la prise de responsabilité

Timothé Luwawu-Cabarrot, lors d’un match de préparation face à la Belgique, le 18 août 2022.Photo : Armand Lenoir/The Agency

L’Analyste : À l’approche d’une nouvelle compétition de classe internationale, tu fais de nouveau partie des pièces centrales de la sélection de Vincent Collet. Plus qu’une rotation, tu es désormais dans le cinq de départ, comment ressens-tu cela ?

Timothé Luwawu-Cabarrot : Commencer dans le cinq ou commencer sur le banc, ça n’a pas d’importance tant que tu portes le maillot de l’équipe de France et que tu joues les matchs, que tu les finis aussi. Les commencer, ça permet d’imposer de l’intensité défensive, c’est mon rôle. Cela me tient à cœur d’arriver sur le terrain et de le faire dès le début.

Au-delà de ton temps de jeu, tu as pris un rôle plus important. Comment vois-tu cette évolution ?

Timothé Luwawu-Cabarrot : C’est cool, je suis là pour gagner, pour faire ce pour quoi l’équipe a besoin de moi. Ce que le coach me demande, je le fais. Au niveau offensif, mon rôle va rester le même : être dans les situations idéales pour marquer. Je vais continuer de jouer comme je le fais, attendre que le rythme arrive et on trouvera des automatismes tous ensemble.

Les nombreuses absences te permettent d’avoir une place différente et, depuis les Jeux olympiques, tes prestations sont meilleures. C’est naturel de te retrouver dans le cinq majeur cet été.

Timothé Luwawu-Cabarrot : Oui, c’est la suite logique. J’ai bossé toute l’année pour cela. Je savais qu’il y a allait avoir ce rendez-vous, avec un plus gros rôle personnel. Maintenant, j’ai hâte de débuter les matchs importants pour voir ce que cela donne.

Deux matchs de qualification pour le Mondial 2023 arrivent juste avant le début de l’Eurobasket. Comment prépare-t-on cet enchaînement de matchs ?

Timothé Luwawu-Cabarrot : Même si ce sont deux compétitions différentes, on les aborde de la même manière, avec le même sérieux et le même focus. On a encore des choses à régler entre nous, sur le terrain comme en dehors. Le cinq de départ n’a pas commencé les matchs comme il le fallait lors des dernières rencontres, notamment celle contre la Belgique. Il faut que l’on continue à travailler, notamment dans ces deux matchs.

Justement, est-ce que tu peux nous parler de l’adversaire de mercredi, le premier, la République tchèque ?

Timothé Luwawu-Cabarrot : C’est une équipe qui joue très bien, avec moins de qualités individuelles, mais collectivement c’est très fort. Ils font bouger la balle, ils ont de bons shooteurs. Ils étaient pénibles durant les JO, ils seront dans le même registre pour cette confrontation même si Tomas Satoransky ne sera pas présent (pour cause de blessure, ndlr). Il faut les attaquer avec du sérieux et beaucoup de concentration.

Il y a trois semaines, à Nanterre, Evan Fournier évoquait le fait que certains joueurs devaient prendre de l’importance dans ce Groupe France, notamment toi. Es-tu d’accord avec cela ?

Timothé Luwawu-Cabarrot : Bien sûr, je suis là pour ça ! Je ne suis pas là pour faire de la figuration, juste courir. Je n’ai pas pris énormément de plaisir à tenir ce type de rôle pendant cette année en NBA, donc lorsque j’arrive en équipe de France, je veux prendre du plaisir et jouer, être sur le terrain. Les responsabilités viennent avec, je les prends à 100 %. Puis jouer avec les meilleurs joueurs français qui sont aussi tes amis, tu es forcément content d’être là. Il ne faut pas oublier que c’est un jeu. Je ne prends pas cela comme de la pression.

D’un point de vue personnel, tu n’as pas pris trop de plaisir cette saison, est-ce que tu sais ce que tu feras l’année prochaine ?

Timothé Luwawu-Cabarrot : Non, je n’ai pas encore signé quelque part. Je n’ai pas la tête à cela pour le moment, je suis avec l’équipe de France et je suis bien. Après l’Eurobasket, si j’ai le temps de partir en vacances, je prendrai une pause. J’attendrai l’opportunité de signer quelque part après.

Penses-tu que cet Eurobasket peut-être un moyen d’attirer les meilleures franchises et offres possibles ?

Timothé Luwawu-Cabarrot : Non, plus maintenant. C’est ce que je pensais l’an dernier en performant aux Jeux olympiques, mais ça ne sert à rien.

Quel est ton niveau de communication avec les franchises NBA ?

Timothé Luwawu-Cabarrot : Les Hawks… zéro. Le reste, il y a quelques discussions, mais j’attends de voir avec mon agent après l’équipe de France.

Un retour en Europe pourrait être envisageable ? Comme Guerschon Yabusele ou Élie Okobo ?

Timothé Luwawu-Cabarrot : Je suis content pour eux, mais c’est leur vie et pas la mienne. Je suis aux États-Unis, en NBA, et si un jour il faut revenir en Europe, eh bien je serai là !

Isaïa Cordinier, les pieds sur terre & la tête dans les airs

Isaïa Cordinier, 25 ans, s’apprête à jouer sa première compétition internationale avec les Bleus. Photo : Julien Bacot/FFBB

L’Analyste : Présent à de nombreuses fenêtres de qualification depuis 2020, tu pourrais participer à ta première compétition internationale avec les Bleus. Ce serait un véritable aboutissement après tant d’investissements en EDF, quel est ton ressenti ?

Isaïa Cordinier : Les douze ne sont pas encore faits, je continue à faire mon travail et j’apprécie d’être au quotidien avec des joueurs de très haut niveau. J’ai la chance de représenter mon pays, donc je me donne à fond pour avoir un maximum de chances et apporter à l’équipe.

Comment définirais-tu ton rôle dans cette équipe faite de nombreux joueurs de NBA et d’Euroleague ?

Isaïa Cordinier : J’apporte beaucoup d’intensité, d’activité défensive, le temps aussi dans le match pour faire souffler quelques joueurs. Il y a énormément de talents dans cette équipe, donc il faut savoir se rendre disponible, répondre présent à chaque opportunité.

Au poste 2-3 que tu occupes, que penses-tu apporter personnellement ?

Isaïa Cordinier : Cela dépend avec qui je suis sur le terrain. J’ai la capacité d’être assez versatile. Mon rôle pendant les fenêtres est complètement différent que celui que j’occupe aujourd’hui, tout comme celui que je tiens en club — avec le Virtus Bologne. C’est l’une de mes qualités, j’essaie de me fondre dans le collectif et de trouver ma place.

Justement, tu sors d’une belle saison au niveau européen, avec la victoire à l’Eurocup. Penses-tu pouvoir viser encore plus haut ?

Isaïa Cordinier : Oui, l’an prochain mon club évoluera en EuroLeague. J’ai vraiment hâte. C’est un club historique, le cadre est vraiment super. Je passe des caps, il faut continuer ainsi. Je sais que je peux faire encore beaucoup plus que ce que je fais actuellement.

Tu joues depuis un an à l’étranger. Que cela te fait-il de revenir en France avec le maillot bleu et de jouer devant ton public ?

Isaïa Cordinier : C’est vraiment bien. Nous en avons déjà fait trois et maintenant Bercy, une salle que j’adore. Puis jouer pour l’équipe de France, c’est vraiment spécial…

Pour terminer, te rends-tu bien compte que les spectateurs adorent tes actions spectaculaires ?

Isaïa Cordinier : Oui (rires)… mais c’est mon jeu qui est comme cela ! J’essaie d’être à fond, c’est une de mes qualités et ça plaît aux gens !

Lisez aussi

Ce site utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Accepter En savoir plus