Après la deuxième place au mondial U19 à l’été 2021, les Bleus de Victor Wembanyama avaient mis la lumière sur la formation française et les générations plus que prometteuses qui attendent les tricolores. Cet été, les bleuets disputaient trois compétitions majeures. L’occasion pour cette jeune génération d’assoir sa domination sur le basket mondial. Malheureusement, l’objectif est loin d’être accompli.
U17 – Une médaille de bronze et beaucoup de regrets
Effectif :
- Pacome Dadiet
- Théo Pichard
- Noah Penda
- Ilane Fibleuil
- Illan Pietrus
- Mohamed Diawara
- Wilson Jacques
- Alexandre Sarr
- Maxim Logué
- Killian Malwaya
- Elidjah-Gabriel Lamart
- Zacharie Risacher
C’était la génération porteuse des espoirs les plus fous cet été. Les joueurs de Bernard Faure avaient pour seul objectif de laver l’affront de leurs ainés U19 et sénior en allant chercher la médaille d’or face aux Américains. Le tableau permettait d’espérer une finale de rêve face aux USA de Koa Peat, Cooper Flagg et DJ Wagner, avec un duel attendu contre l’Espagne en demi-finale.
Par sa profondeur et sa dimension athlétique, cette équipe de France U17 avait toutes les cartes en main pour aller chercher la médaille d’or. Surtout avec ses quelques prospects NBA — Illan Pietrus, Pacome Dadiet, Ilane Fibleuil, Alexandre Sarr et Zacharie Risachier sont suivis de près par les franchises outre-Atlantique.
Un cinq majeur ultra athlétique, au jeu rapide, faisait de cette formation l’une des meilleures de cette coupe du monde. Les joueurs se connaissent depuis des années et ont disputé de nombreuses compétitions ensemble par le passé. La majorité de l’effectif commence même à avoir des responsabilités dans le monde pro. Mais alors, comment expliquer cette troisième place ?
Tout d’abord, il faut dire que les bleuets sont tombés sur une équipe d’Espagne très sérieuse. Menée par leur pivot de 2,20m Aday Mara Gomez, il faut reconnaitre le talent et la force de cette génération espagnole. Elle n’a d’ailleurs pas démérité face aux États-Unis en finale.
Les blessés n’ont pas aidé l’Équipe de France non plus. Entre Pacome Dadiet diminué sur l’ensemble de l’exercice et Noah Penda blessé en plein match, la compétition aurait dû prendre une autre tournure.
Finalement, certains joueurs n’ont pas su prendre leurs responsabilités. Du moins pas comme attendu. En l’absence de Diadet, Illan Pietrus a eu du mal à organiser le jeu des bleus. Le leader Risachier est encore trop dans le moule de l’Asvel, et a du mal à sortir de son rôle. Certes, il joue sans faire trop d’erreurs, mais il n’a pas su se sublimer et assumer un statut supérieur.
Les très bonnes surprises, Alex Sarr, Killian Malwaya, Illan Fibleuil et le sérieux Noah Penda sont clairement sortis du lot. Mais ils semblaient un peu courts sur cette compétition.
Cette génération reste magnifique. Il manquait surement un créateur de premier plan pour organiser le jeu autour de pépites physiques comme Fibleuil et Malwaya. Il ne faut pas oublier qu’on parle ici de cadets, qui sont encore des joueurs en plein développement. Le ciel est bleu pour cette génération dorée, qui nous doit maintenant une revanche lors du prochain euro.
U18 – Une défaite inattendue en quart de l’Euro
Effectif :
- Alexandre Bouzidi
- Daryl Doualla
- Bilal Coulibaly
- Romain-Thomas Parmentelot
- Melvin Ajinca
- Sidy Cissoko
- Rayan Rupert
- Kymany Houinsou
- Zacharie Perrin
- Halvine Dzellat-Diakeno
- Zati Loubaki
- Mael Hamon
Après avoir surclassé dans tous les domaines la phase de poule, les bleuets arrivaient dans la phase à élimination directe avec le plein de confiance. Surtout face à une équipe de Slovénie largement plus faible sur le papier.
Pourtant, les U18 ont lâché cette victoire en plein match — sans surprise vu le profil de l’équipe. Le match en lui-même est très révélateur des failles de cette formation. Une première mi-temps dominante physiquement, avec de l’impact, une défense irrespirable et beaucoup de jeux rapides. Puis, en deuxième mi-temps, les Slovènes ont su réagir en adaptant intelligemment leur attaque et en empêchant les transitions. Privées de jeu rapide, les jeunes tricolores n’ont pas réussi à trouver l’ouverture. Sûrement à cause d’un manque criant de création et de fondamentaux basket purs.
La paire d’arrières formée par Rayan Rupert et Sidy Cissoko est peut-être la ligne arrière la plus impressionnante au monde physiquement sur cette tranche d’âge. Leur combinaison physique – mobilité – longueur peut stopper n’importe quelle attaque de la compétition. Mais ils ont eu plus de soucis de l’autre côté du terrain. Encore trop frustes, les deux guards n’ont pas réussi à assumer la charge de création qui leur revenait en qualité de leaders et de prospects de premier tour NBA.
Zacharie Perrin sort, pour sa part, d’une énorme compétition. Il a dominé de la tête et des épaules les raquettes adverses, mais sa création offensive semblait limitée. Seul Bilal Coulibaly a réussi à débloquer certaines situations offensives. C’est bien trop peu à ce niveau de la compétition.
Cette génération dispose très clairement d’énormes atouts. Mais le manque de création a posé trop de soucis. L’idée d’orienter la fin de son effectif vers des solutions offensives doit trotter dans la tête du coach Lamine Kebe…
U20 – Cinquième place pour la génération dorée
Effectif :
- Matthew Strazel
- Lucas Beaufort
- Jayson Tchicamboud
- Ilias Kamardine
- Adama Bal
- Kenny Kasiama
- Kevin Marsillon-Noléo
- Clément Frisch
- Hugo Meniandi
- Brice Dessert
- Yvan Ouedraogo
- Enzo Shahrvin
Après une médaille d’argent obtenue sans rougir face aux Américains l’an dernier, on pouvait évidemment attendre mieux de cette génération U20. Sa cinquième place à l’Euro peut être perçue comme une véritable déception.
Certes, la liste des absents était longue : sept joueurs de la médaille d’argent 2021 étaient absents pour cet Euro. Des joueurs importantissimes qui plus est, à commencer par le leader Victor Wembanyama. Les NBAers Juhann Begarin, Moussa Diabate et Ousmane Dieng manquaient eux aussi à l’appel.
Des joueurs qui ont préféré se concentrer sur leurs saisons NCAA, comme Daniel Batcho et Maxime Raynaud, ou encore les cadres Armel Traoré et Lucas Ugolin, auraient sans aucun doute fait un bien fou à cette jeune Équipe de France U20. Pourtant, l’Euro semblait tout de même à leur portée. Cette cinquième place fait tache.
Plusieurs points positifs sont cependant à retenir. Orphelins de nombreux leader, certains joueurs ont clairement assumé une charge de responsabilités plus élevées. En dominant outrageusement sur certaines séquences, Matthew Strazel a montré qu’il était prêt à jouer chez un cador d’EuroLeague l’an prochain, avec Monaco.
Jayson Tchicamboud et Ilias Kamardine ont affiché leur confiance en suppléant parfaitement leur meneur à la création. Clément Frisch s’est montré excellent dans un rôle d’ailier à tout faire, tandis que Yvan Ouedraogo a joué des muscles à l’intérieur malgré un manque criant de protection de cercle.
En dehors de Strazel, cette équipe a montré de nombreuses limites offensives, tout en affichant de grosses dispositions physiques en défense. Face à une formation lithuanienne qui a su poser le jeu et être efficace de loin, les tricolores n’ont pas répondu de la bonne manière.
Des profils d’équipe particuliers
Les trois formations disposent de profils qui se ressemblent terriblement. D’énormes physiques, longs et athlétiques, qui ont affiché leurs dominations sur jeu rapide et défensivement. Cependant, les trois équipes ont eu beaucoup de mal à créer sur demi-terrain et sur jeu placé. Les Bleus ont d’ailleurs tous chuté de la même manière, face à des équipes intelligentes qui ont su poser leur jeu, casser le rythme effréné et les forcer à faire des choix sur jeu placé.
On voit depuis quelques années de nombreux ailiers polyvalents et ultras athlétiques sortir de l’INSEP. Sekou Doumbouya et Ousmane Dieng en sont les derniers exemples. La formation française doit peut-être réorienter sa formation sur davantage de création. Les Bleus ont déjà eu des guards très modernes, comme Killian Hayes, Théo Maledon, Frank Ntilikina ou Élie Okobo.
L’été des bleuets n’est pas des plus heureux, certes, mais l’avenir de la sélection semble des plus radieux. Alors que les seniors montrent une domination certaine sur la scène internationale et commencent à attirer des stars mondiales comme Joel Embiid, la jeune génération devrait assurer la relève. Le basket français a encore de beaux jours devant lui.
Photo : FIBA