20 ans après, 2023 est-elle la prochaine Draft incontournable ?

par Florian Tixier

1984, 1996 ou 2003, les observateurs s’écharpent régulièrement au sujet de la Draft la plus prestigieuse de tous les temps. Chacune de ces cuvées a posé son empreinte sur la ligue. Elles ont marqué l’arrivée de superstars qui ont changé la face de la NBA.

Il est souvent facile d’annoncer une Draft plus forte que les autres sous la hype et les images de plus en plus présentes. Malgré tout, 2023 pourrait être une année vraiment spéciale. De plus en plus de Front Offices NBA se préparent à accueillir une génération dorée dans un an.

2003, la Draft qui a tout changé

1984 et 1996 ont été des années clés pour l’arrivée de talents énormes pour la ligue. Hakeem Olajuwon, Micheal Jordan, Charles Barkley et John Stockton d’un côté, Allen Iverson, Ray Allen, Kobe Bryant et Steve Nash de l’autre.

Depuis 1947 et la création de la Draft — soit la sélection de jeunes par un mécanisme de choix territoriaux puis de lottery —, la grande ligue a vu très peu de générations regroupant plusieurs Hall of Famers. On considère souvent une Draft comme solide si elle voit grandir trois ou quatre All-Stars. Elle est considérée comme All-Time lorsque plusieurs futurs All-NBA, voire Hall of Famers, s’y rencontrent.

2003 est l’année référence en ce qui concerne une arrivée massive de talents NBA. Parmi les jeunes joueurs arrivés cette année, on retrouve 9 All-Stars dont 1 MVP, 4 futurs Hall of Famers et de nombreux joueurs ayant réalisé plus de 10 ans de carrière dans la ligue.

LeBron James en fer de lance. Carmelo Anthony, Chris Bosh et Dwayne Wade en tant que Hall of Famers. Chris Kaman, David West, Josh Howard, Mo Williams et Kyle Korver, à plusieurs reprises All-Star.

James, Anthony et Wade, les visages de la Draft de 2003. Photo : Andrew D. Bernstein / NBAE via Getty Images

Kirk Hinrich, TJ Ford, Mickaël Pietrus, Nick Collison, Luke Ridnour, Boris Diaw, Kendrick Perkins, Leandro Barbosa, Steve Blake ou encore Zaza Pachulia se sont longtemps maintenus dans la grande ligue.

Même si quelques Drafts ont leur mot à dire depuis pour venir concurrencer cette année, il semble bien que 2003 reste le premier modèle pour les scouts NBA de ces deux dernières décennies. Précisément vingt ans plus tard, quelques Front Offices se rejoignent pour désigner 2023 comme sa digne héritière.

2023, une cuvée hors du commun

Avant de nommer les principaux prospects de la Draft 2023, mettons en lumière les éléments qui poussent à sa très forte médiatisation.

La profondeur

Ce qui impressionne le plus dans cette classe de Draft, c’est avant tout le nombre de joueurs qui, à terme, ont le potentiel d’une véritable Franchise Player. De nombreux scouts s’accordent à dire que 4 ou 5 joueurs qui pourraient être choisis avec le premier choix de n’importe quelle autre année. Nous sommes donc face à une Draft qui regroupe plusieurs Drafts « normales » en termes de talent pur.

Des joueurs en avance

Un autre élément qui porte à la médiatisation est notamment le côté avant-gardiste de ces jeunes. Parmi les joueurs les plus attendus, trois sont sortis du parcours habituel des prospects. L’un d’entre eux a déjà intégré la fac de Memphis avec un an d’avance. Un autre joue en EuroLeague, du côté de l’ASVEL. Le dernier est le plus jeune professionnel de l’histoire des États-Unis, avec l’équipe Ignite.

Tous les postes représentés

Quoi de plus malheureux pour une équipe qui tank de récupérer un top choix de Draft dans une classe où les meilleurs prospects jouent sur les mêmes postes que les joueurs déjà en place ? Parmi les cinq joueurs les plus attendus de la Draft, on retrouve un meneur de jeu, un arrière, deux ailiers et un pivot. Ce détail semble léger, mais incite grandement les Front Offices à tenter de récupérer un bon choix pour 2023.

Une hype au-dessus de tout

Un freak jamais vu venu de France, le plus jeune pro de l’histoire américaine, le prospect le plus attendu depuis plus de 5 ans, le beau-fils de Drake… Autant d’éléments qui participent au storytelling de cette Draft. Elle devrait encore se renforcer à mesure que juin 2023 approche.

Sharpe ou pas Sharpe ?

Shaedon Sharpe, arrière-ailier unanimement classé dans le top 3 de la classe 2023, a fait grand bruit lorsqu’il s’est trouvé reclassifié pour la Draft 2022. Le nouvel ailier de Kentucky est un « late bloomer ». Il a explosé sur sa récente année de lycée et fait saliver la majorité des scouts NBA, passant d’un profil physique à celui d’un très bon shooter plein de fondamentaux.

Sharpe devrait apporter son talent à une cuvée que l’on situait un ton en dessous, et pourrait retirer à 2023 ce mélange de talents si particulier.

Quels profils ?

Précisons ici que l’ordre n’est aucunement celui d’une mock Draft. Il est bien trop tôt pour classer ces jeunes talents et il est quasiment certain qu’un ou deux joueurs viendront perturber cet ordre d’ici un an et demi.

Victor Wembanyama

« Sans doute le meilleur prospect du monde pour son âge », décrivait Mike Schmitz, spécialiste Draft d’ESPN et référence en la matière, en 2020.

Victor Wembanyama, un espoir français historique. Photo : Maxime Jegat / Le Progrès

On ne présente plus Victor Wembanyama. La planète basket en entend parler depuis un moment déjà, notamment depuis la coupe du monde U19 où il a largement dominé la plupart de ses adversaires directs, pourtant un an plus vieux. Dominant face à Chet Holmgren en finale, il n’est pas passé loin du titre de MVP du tournoi.

Intérieur ultra polyvalent de 2,19 m pour plus de 2,30 m d’envergure, Victor est la représentation même de la licorne tant attendue en NBA. Capable de tout défensivement, il s’agit d’un épouvantail capable de protéger son cercle comme personne, mais également de switcher sur de plus petits joueurs. Shooter estimé, capable de créer depuis le poste, mais également de remonter la balle comme un arrière, Wembanyama est un profil jamais vu dans l’histoire NBA. De nombreux Front Offices déclarent depuis deux ans qu’il serait premier choix de la Draft chaque année jusqu’en 2023 tant son profil est atypique.


Venu se frotter à l’EuroLeague avec l’ASVEL, Victor a encore plus d’un an pour se renforcer physiquement. Il devra rassurer sur son état physique et médical pour sécuriser sa place de numéro 1.

Scoot Henderson

Si Wembanyama est en haut du tableau depuis plusieurs années, ce n’est plus le cas pour certains spécialistes. C’est la conséquence de l’émergence d’un jeune homme : Sterling « Scoot » Henderson.

Henderson peut-il devenir le leader d’une équipe de G league à 17 ans ? Photo : Darren Yamashita / USA TODAY Sport

Arrivé dans l’équipe Ignite de la G League alors qu’il devait réaliser sa dernière année de lycée, Scoot est le professionnel le plus jeune de l’histoire du basketball américain. Le meneur détonne dans la ligue de développement de la NBA.

Avec les absences de la traction arrière star Dyson Daniels et Jaden Hardy, c’est bien leur cadet qui a pris le jeu à son compte. Henderson en a profité pour éblouir les observateurs lors de ses trois premiers matchs :

  • 31 points, 6 rebonds, 5 passes
  • 22 points, 10 rebonds, 8 passes
  • 27 points, 8 rebonds, 4 passes

Pour un professionnel précoce de 17 ans, Scoot a des arguments solides pour voler la vedette à Victor. Meneur ultra vif et athlétique, Henderson possède des qualités physiques hors du commun. Très bon créateur pour lui et les autres, la production du jeune extérieure est impressionnante dans une ligue pourtant sans pitié.

Avec un tir extérieur encore en léger chantier, il n’est qu’à un shoot fiable de définitivement sécuriser cette place du numéro 1.

Keyonte George

Voici le profil d’un joueur destiné aux top picks depuis des années. Pensionnaire de la fameuse IMG academy et promis au champion en titre Baylor l’an prochain, George a tout pour squatter le haut de la Draft en 2023.

La plus grosse recrue de l’histoire de Baylor en Keyonte George. Photo : Joe Arruda / The Student

Arrière-ailier physiquement solide avec ses larges épaules, Keyonte George n’est pas la moitié d’un athlète. Ultra dominant par son physique au niveau lycée, George rassure de plus en plus sur ses qualités techniques, notamment par son shoot à trois points. Un scoreur naturel qui va continuer à polir son jeu dans l’organisme référencé de Baylor.

Lorsque l’on voit déjà l’évolution d’un joueur fruste comme Kendall Brown là-bas, attention à l’explosion de ce type de joueurs dans un programme destiné à jouer le Final Four sur les prochaines années.

Emoni Bates

Emoni Bates ou le prospect le plus attendu de ces dernières années aux USA. Destiné à performer depuis son plus jeune âge, son père a compris très vite la pépite qu’il avait entre les mains et a modelé son environnement pour le haut niveau.

Bates a deux ans pour devenir le leader d’un Memphis conquérant. Photo : John Bazemore / The Associated Press

Au centre du projet de la « Bates Academy », Emoni a toujours tout emporté sur son passage. Parmi ses plus grands succès, son titre meilleur joueur de l’année au lycée en tant que deuxième année — sur quatre ! — devant des joueurs confirmés tels que Cade Cunningham ou Evan Mobley.

Bates est un ailier de 2,7 m au physique longiligne au possible. Il s’agit d’un scoreur ultra talentueux capable de scorer dans chaque position. Il rappelle immanquablement Kevin Durant par son physique, mais aussi et surtout par son jeu. Capable de pull up au-dessus de tous ses adversaires, il est de plus en plus testé par Penny Hardaway en tant que meneur de jeu où ses qualités de création sont dévastatrices.

Habitué à son avance, il aura lui aussi la possibilité de se former pendant deux ans avant la Draft à Memphis, où ses qualités devraient exploser quand le phénomène Jalen Duren partira pour la NBA.

La ribambelle d’ailiers talentueux

Avec la reclassification de Shaedon Sharpe à la Draft 2022, la cuvée a sans doute perdu son ailier le plus talentueux et intéressant. Promis au top 3 de sa Draft, le désormais joueur de Kentucky laissera sa place d’ailier à fort potentiel à d’autres profils qui ne manqueront pas dans le top 10.


Avec Dariq Whitehead, nous assistons actuellement à la transformation d’un ailier ultra physique. Il affiche un clair avantage athlétique face à ses adversaires de High School. Promis à Duke, c’est par lui que la suite de Coach K passera l’an prochain. Capable de plus en plus de se créer son propre shoot, d’artiller derrière la ligne et déjà plus que rassurant pour sa capacité à défendre, Whitehead pourrait se créer un chemin vers le top 5.


Vient ensuite Jordan Walsh, ailier avec un physique assez particulier pour faire le tour des réseaux sociaux durant l’année dernière. Atteint d’Alopécie — la perte de poils sur l’intégralité du corps —, Walsh est souvent décrié pour cette particularité. Pourtant, il a physiquement tout du poste 3 NBA. Capable d’amener son équipe au sommet en High School, Walsh a rejoint Arkansas, où il aura tous les ballons d’un programme respecté. Sa création offensive impressionnante sur le poste 3-4 devrait lui assurer une très belle place.

Jordan Walsh, l’une des plus grosses recrues de l’histoire d’Arkansas ? Photo : Brandon Jenkins / 247Sports

Ce haut de lottery bougera forcément d’ici la Draft 2023. D’autres profils viendront certainement redistribuer les cartes. On pense notamment au pivot Derek Lively, au beau fils de Drake et ancien coéquipier de Bronny James, Amari Bailey, ou encore aux jumeaux Thompson, leaders de l’Overtime Elite.

Plus on va se rapprocher de la Draft 2023, plus les défauts de ces joueurs seront mis en avant. Les observateurs sont dithyrambiques sur chaque profil, et il faut bien sûr tempérer ces avis tranchés.

Malgré tout, 20 ans après 2003, les Front Offices se préparent à l’arrivée d’une génération particulièrement talentueuse. La chasse aux picks de Draft est lancée. Chaque franchise voudra y participer pour y récupérer sa pépite.

Photo : Philippe Desmazes / AFP

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