Depuis plusieurs années, on attendait la draft 2021 comme une cuvée pleine de talents qui devaient représenter le futur de la NBA. Avec Cade Cunningham, Jalen Green & Evan Mobley en fers de lance, de nombreuses franchises avaient scruté avec attention la saison NCAA 2020-21, mais qu’en est-il de la saison d’après. Alors qu’on la présente comme moins excitante, la saison universitaire s’annonce relevée. Les prospects risquent bien de faire mentir les scouts NBA et ont à cœur de démontrer l’ampleur de leur talent tout au long d’une saison qui pourrait en surprendre plus d’un.
La saison NCAA vient de débuter, il est alors l’heure de regarder du côté des équipes et des prospects qui vont faire du bruit d’ici la March Madness. Nous classerons ici les prospects en trois tiers. Les favoris qui sont attendus au final four en avril prochain. Les outsiders qui ont les armes pour réaliser un superbe parcours et les possibles surprises qui peuvent surprendre durant l’année.
Les indiscutables favoris
Les Gonzaga Bulldogs du futur premier choix ?
Les anciens finalistes NCAA ont les dents longues depuis de nombreuses années. S’ils sont tout le temps bien placés, ils ne sont jamais titrés. Après avoir perdu face à Baylor l’an dernier, les Bulldogs ont décidé de frapper un grand coup.
On avait peur de leur niveau suite au départ des cadres Jalen Suggs, Corey Kispert et Joël Ayayi mais c’était sans compter sur le maintien des leaders et sur le recrutement de freshmen ultra talentueux.
En recrutant Chet Holmgren, les Zags ont, non seulement, rempli un poste de pivot essentiel en NCAA mais ont aussi mis la main sur l’un des deux favoris au premier choix de la draft 2022. Fort de son titre de MVP de la coupe du monde FIBA U19, Holmgren vient pour continuer à remplir son armoire à trophées en plaçant sa fac tout en haut des bookmakers. Protecteur de cercle générationnel, Holmgren fait passer un cap supplémentaire à la défense des Bulldogs mais c’est bien son profil de licorne ultra gifté en attaque qui fait saliver. Du haut de ses 2m15, Chet peut shooter, dribbler, initier une contre-attaque, créer pour lui et les autres et semble dans son élément à côté du vieux Drew Timme.
Ce dernier justement est le fer de lance de Gonzaga depuis des années et il semble pleinement prêt à dominer pour son année Senior. À côté de Chet, intérieur mobile qui aime s’écarter, Timme apporte un point d’ancrage essentiel dans le jeu NCAA qui fera un ravage jusqu’au final four comme le montre son match à 37 points contre Texas mi-novembre.
Avec l’explosion attendue à la mène d’Andrew Nembhard, le recrutement de l’arrière freshman Hunter Sallis et le coaching maitrisé de Mark Few, Gonzaga semble encore une fois surarmé pour dominer cette année.
Les Kansas Jayhawks d’un sénior impressionnant
Moins en vue que le recrutement des Zags, Kansas peut compter sur une progression en interne et d’un joueur en particulier.
Cela fait quelques années que Kansas ne parvient pas à recruter de « gros » prospects alors que les derniers ne se sont pas montrés à la hauteur avec Quentin Grimes ou Devon Dotson. C’est donc en interne que les Jayhawks ont réussi à trouver leur go-to-guy avec l’arrière-ailier : Ochai Agbaji
Agbaji est un profil physique, long et musculeux qui s’affirme en leader offensif de l’escouade de Kansas. Avec plus de 26 points de moyenne sur ce début de saison, il est un candidat potentiel au joueur de l’année en NCAA. Par sa qualité de shoot et son profil de 3&D, son handle est encore à travailler pour la NBA mais est largement suffisant pour attaquer des close-out agressifs. Le profil parfait du senior qui amène son équipe au bout.
UCLA Bruins et sa fabuleuse ligne arrière
UCLA était l’équipe surprise de l’an dernier. On les voyait sortir rapidement en March Madness, et pourtant, il a fallu attendre un shoot miraculeux au buzzer de Suggs lors du Final Four pour les stopper aux portes du dernier round.
UCLA est une institution en NCAA par la qualité de sa formation et de son coaching staff. Il ne faut jamais sous-estimer ces équipes qui connaissent le chemin pour arriver jusqu’au titre avec des joueurs de talents se sublimant au bon moment.
C’est en tout cas le chemin choisi par le leader de l’escouade Californienne : Johnny Juzang. Après avoir explosé aux yeux de tous lors de la March Madness, l’arrière shooter continue sa marche en avant en tant que leader offensif. Avec plus de 18 points à 36% du parking, Juzang est le profil de pétard qui cartonne dans la March Madness.
Les Duke Blue Devils et leur collection de lottery picks
Il y a deux ans de cela, Adam Silver appelait un ailier fort sorti de Duke avec le premier choix de la draft, le scénario semble prêt à se répéter. En effet, après les promesses du trio Zion Williamson, Rj Barett et Cam Reddish, Coach K nous a refait le coup en recrutant un nouveau Big three avec Paolo Banchero, Travor Keels et Aj Griffin.
Comment mieux se positionner au titre suprême qu’en recrutant les meilleurs prospects du pays ?
Paolo Banchero, tout d’abord, est le leader offensif du « brotherhood ». Principal concurrent à Holmgren pour le premier choix de draft 2022, c’est un ailier fort ultra technique, physique et doté d’une compréhension du jeu clairement supérieur. Fort d’un handle, d’un shoot à mi-distance et d’un footwork impressionnant pour sa taille, Banchero représente le renouveau du poste 4 scoreur et créateur dont la NBA raffole et qui devrait tout arracher en NCAA comme le montre ses moyennes de 18 points, 8 rebonds et 2 passes, à tout juste 19 ans.
S’ils continuent sur leurs lancées, deux autres de ses coéquipiers devraient l’accompagner dans la green room de la draft en juin prochain avec AJ Griffin et Travor Keels.
Avec l’ailier Griffin, coach K dispose d’un potentiel illimité. D’abord physique, mais également technique. Long, imposant et sur athlétique, Aj Griffin montre des flashs de shotmaking hallucinants et va continuer à progresser malgré deux ans de blessures et une immaturité certaine.
Avec Keels, on observe un arrière capable de prendre feu et de défendre le plomb sur les créateurs adverses comme le montre son premier match face à Kentucky. Une rencontre à 25 points et un étau impressionnant sur Tyty Washington.
Lorsqu’on rajoute à ce groupe de freshmen des jeunes prometteurs (Jeremy Roach et Wendell Moore) et des joueurs installés en NCAA (Mark Williams ou Joey Baker), on se dit bien que coach K dispose là de sa dernière chance de titre avant la retraite.
Les outsiders ont leurs cartes à jouer !
Purdue Boilermakers et le sophomore numéro 1 du pays
Purdue n’est pas la fac la plus réputée du pays pour envoyer des prospects en NBA (Carl Landry et E’Twaun Moore en représentants..). Pour autant, c’est une institution qui a l’habitude de se mêler aux favoris par sa stabilité et la progression de ses joueurs au fil des années.
Encore une fois, on retrouve deux sophomores et un sénior en leaders. Avec le pivot de deuxième année Zach Edey et leur arrière senior Sasha Stefanoniv, Purdue dispose déjà d’un axe capable de perdurer durant l’année.
Mais il faut bien évidemment rajouter le sophomore le plus attendue du pays en la personne de Jaden Ivey. Projeté lottery pick, Ivey est un arrière athlétique capable de peser autant offensivement que défensivement. Il a déjà montré son immense potentiel avec Team USA.
Parfaitement installé dans le moule de Purdue, Ivey fait des dégâts en NCAA par ses qualités physiques, sa rapidité et son agressivité sur Pick&Roll en association avec Edey. Attention à encore une fois ne pas sous-estimer Purdue dans le tournoi final.
Les étoiles des Memphis Tigers
C’est peut-être l’équipe la plus scrutée pour l’année à venir par les scouts NBA. Cela s’explique pour deux raisons majoritaires. Il y a deux ans, Penny Hardaway ouvrait ses entrainements aux scouts pour qu’ils puissent observer Wiseman et Achiuwa. L’entraîneur en fait de même cette année pour son duo phare : Jalen Duren et Emoni Bates.
Aucune équipe NCAA ne peut se targuer d’avoir un tel duo de futures superstars dans ses rangs. Il y a quand même une légère subtilité : Emoni Bates a été reclassé dans la classe 2021, il ne peut se présenter à la draft NBA qu’en 2023.
Bates reste malgré tout un des potentiels les plus impressionnants de l’histoire de la NCAA. À 17 ans, Emoni Bates est un ailier de 2m06 à l’envergure impressionnante et son package offensif est hallucinant. Shotmaker effrayant, il peut tirer de partout et sur à peu près tout type de défenseur. Trop grand, trop long, trop rapide, trop doué, il rappelle évidemment Kevin Durant ou Brandon Ingram alors qu’il possède deux ans pour progresser avant le grand saut en NBA.
Malgré tout, c’est bien le pivot Jalen Duren qui s’affirme en leader des tigres. Monstre physique, Duren est l’archétype du pivot trop en avance physiquement et athlétiquement pour être arrêté en NCAA. Il rappelle l’image d’un Ayton qui donnait l’impression de jouer au milieu d’enfants. Avec plus de 4 contres (!) de moyennes, Duren rassure sur ses qualités défensives alors qu’il continue à dominer physiquement en attaque. Même s’il manque un véritable meneur de jeu pour servir ces deux pépites, Memphis est effrayant en NCAA où le talent peut faire pencher une March Madness.
Baylor Bears pour le doublé ?
Les tenants du titre. Après avoir surnagé tout au long de l’année dernière, c’est par une fessée retentissante infligée aux « invincibles » Gonzaga qu’ils ont clôturé leur saison. Mais sont-ils pour autant véritablement candidats à leur propre succession.
En disant « au revoir » à leurs deux leaders Davion Mitchell et Jared Butler, Baylor a clairement perdu sa puissance de feu et il faudra cravacher pour rejoindre les favoris cette année. Mais les Bears peuvent encore être dangereux. Avec un leader offensif comme LJ Cryer, Baylor dispose d’un scoreur de qualité supérieure sur la scène NCAA. Accompagné des anciens Matthew Mayer et Adam Flagler, Baylor connaît les raisons de son succès, surtout lorsqu’on rajoute la recrue 5 étoiles en Kendall Brown. Ailier sur athlétique et impressionnant sur jeu rapide, Brown est un talent brut qui devrait rester sur un rare One and done du côté de Baylor. De sa progression dépend le véritable plafond de cette équipe.
Kentucky Wildcats pour renouer avec le glorieux passé
Souvent qualifié d’usine à talents NBA, cela fait pourtant quelques années que coach Kalipari ne parvient plus à avoir de résultats sur la scène NCAA malgré des recrutements ronflants. Cette année encore, les Wildcats ont réussi un grand coup en ajoutant deux prospects 5 étoiles.
Le meneur Tyty Washington est attendu comme le successeur de De’Aaron Fox en qualité de meneur de jeu ultra rapide et accélérateur de particules qui fait des ravages en NCAA. Doté d’un sacré handle et d’une qualité de pénétrations impressionnante, Washington monte peu à peu en puissance après un petit match d’ouverture face à Duke comme le montre ses 20 points, 12 rebonds et 5 passes face à Ohio.
Pour l’accompagner, Kentucky possède notamment une raquette difficile à maitriser chez les jeunes. Le freshman Daimion Collins est encore fruste, mais dispose d’outils défensifs monstrueux avec notamment une envergure de 2m26. Capable de changer le cours d’un match défensivement, il doit progresser offensivement pour aider son partenaire de raquette Oscar Tshiebwe. Avec 14 points et 16 rebonds de moyenne, le junior démarre sa saison tambour battant et il faudra compter sur lui pour permettre à Kentucky de passer le cap nécessaire.
De possibles surprises ?
Arizona Wildcats où la force du collectif
Si on ne regarde la NCAA que pour voir les freshmen se montrer pour la NBA, le jeu proposé par Arizona ne devrait pas attirer. Après avoir échoué à attirer de gros noms pour cette saison NCAA, c’est fort d’un collectif huilé et impressionnant de talents que les Wildcats comptent rejoindre le final four.
Avec trois joueurs à plus de 15 points de moyenne, le danger vient de partout chez les chats sauvages. Tandis que l’ailier sophomore Azuolas Tubelis impressionne par sa maturité et sa qualité de shoot, le pivot senior Christian Koloko reste le point d’ancrage de cette équipe par sa polyvalence.
Rajouté à cela un potentiel lottery pick en Bennedict Mathurin et vous obtenez un coktail détonant pour la saison. Attendu pour la draft 2021, l’arrière sophomre a préféré retourner en NCAA ou sa combinaison d’athlétisme, de shoot et de création devrait lui permettre de se joindre à la course de meilleur joueur de l’année.
Les Tigers d’Auburn d’un Ovni
Cela fait quelques années qu’Auburn n’effraie plus grand monde en NCAA, mais reste une destination prisée des prospects comme Sharife Cooper ou Isaac Okoro ces deux dernières années.
Forts de ses joueurs sérieux et habitués au circuit NCAA, les tigers s’appuient surtout sur un des prospects les plus intrigants de ces dernières années : l’intérieur Jabari Smith.
Haut de ses 2m08, Smith est une licorne qui impressionne tout le monde depuis le début de saison. Immense et long, Smith s’illustre aussi bien en défense par une bonne protection du cercle qu’en attaque par une mécanique de shoot parfaite et des pourcentages qui lui sont très favorables. Si Jabari Smith continue de progresser tout au long de la saison, il faudra compter sur une possible surprise d’Auburn.
La maitrise des Volunteers du Tennessee
Moins en vue que la saison dernière, Tennessee a perdu beaucoup d’éléments en partance pour la NBA avec Keon Johnson, Yves Pons ou Jaden Springer. Les ambitions sont logiquement revues à la baisse, mais de nombreux joueurs forcent à l’optimisme.
Portés par leur duo de junior Nkamhoua/ Vescovi, les scouts NBA étudient notamment les matchs des Volunteers pour leur mini vedette Kennedy Chandler. Véritable gagnant, compétiteur hors pair avec une explosivité impressionnante, Chandler reprend le flambeau du général en chef laissé par Springer. Et c’est de sa gestion que dépendra la saison dans le Tennessee.
Michigan Wolverines où une french touch peut tout changer
La fac coachée par Juwan Howard a de quoi faire bouger les lignes cette année encore. Avec une identité claire menée par des joueurs de devoir, les Wolverines peuvent notamment compter sur leurs deux freshmen qui sont en train de monter en puissance. Caleb Houstan est un grand ailier catégorisé comme le shooter de cette draft. Capable de prendre feu derrière la ligne, le Canadien est promis aux lottery picks en juin. L’ailier passe pour le moment à côté de son début de saison, mais cela n’empêche pas Michigan d’engranger les succès.
Moussa Diabate, quant à lui, est la touche française de ce début de saison. Attendu dans la grande rotation de Juwan Howard, le parisien d’origine malienne est en train d’éclabousser ce début de saison et prend de plus en plus d’importance dans le roster. Il a dépassé par deux fois la vingtaine de minutes pour deux performances à 14 points et 7 rebonds à plus de 85% de réussite avec deux victoires à la clé. Potentiel athlétique hors norme avec des aptitudes défensives élites, Diabate a de quoi faire passer le cap nécessaire à Michigan pour voir plus loin.
Photo de couverture : Vincent Carchietta / USA TODAY Sports