Vassilis Spanoulis : Portrait d’un jeune retraité légendaire

par Clément D.

À quelques semaines de la reprise de l’Euroleague, l’Analyste vous dresse un portrait de Vassilis Spanoulis. À 39 ans, le Grec a déclaré en fin de saison dernière qu’il rangeait définitivement les sneakers au placard. Meilleur passeur et meilleur marqueur de l’histoire de l’Euroleague avec 4 323 points, l’arrière hellénique a inscrit son nom parmi les légendes du basket européen. Description de quelques-uns de ses faits notables.

Coéquipiers arrières en sélection nationale, l’élève Nick Calathes et le maître Vassilis Spanoulis se sont livrés de grandes batailles lors des derbys enflammés entre le Panathinaïkós et l’Olympiacos.
Photo : Adidasngt.com

« Kill Bill »

Surnommé Kill Bill par les supporters de l’Olympiacos pour faire référence à son crossover dribble meurtrier, Vassilis Spanoulis était un spécialiste du money time. Que ce soit dans des matchs d’Euroleague ou durant des rencontres internationales, Vassilis Spanoulis disposait d’un sang-froid imperturbable pour clore les débats.

Les derbys contre l’ennemi juré du Panathinaïkós – club où il a passé trois saisons de 2007 à 2010 – ont été le théâtre d’actions mémorables pour le basket grec. Durant l’une de ses batailles, Vassilis a laissé ses talents s’exprimer au grand dam des supporters du Pana.

Afin de prolonger la série en finale du championnat grec, les joueurs du Panathinaïkós devaient remporter le match 4 pour prolonger la série. Il restait alors 15.8 secondes et le tableau d’affichage indiquait 81 à 79 pour le Panathinaïkós.

Reconstitution : Dans une ambiance assourdissante, Spanoulis remonte alors la balle depuis son camp. Un de ses coéquipiers vient lui poser un écran afin d’entraîner un changement de défenseur, mais cela ne fonctionne pas. Les secondes défilent et la tension s’accentue. À 3,6 secondes de la fin, le point guard accélère son dribble et se resitue à 90 degrés. En un rien de temps, il exécute un side-step à trois points. Ficelle, 81 à 82 pour les rouges et blancs ! Ils sont champions de Grèce. Les camarades de Vassilis exultent et foncent en direction de leur meneur dégarni pour le congratuler de cet exploit retentissant. Grâce à ce tir, l’Olympiacos remporte le championnat en 2016.

34 points au compteur !

Au soir du 31 octobre 2014, Vassilis Spanoulis inscrivait 34 points au nez et à la barbe des joueurs lituaniens de l’équipe Neptunas Klaipeda. Peu de temps après le début de la saison européenne, le Grec a pris feu de tout bois pour remporter le match. Tout au long de la confrontation, Vassilis a martyrisé ses adversaires du soir avec intelligence et malice. Que ce soit en sortie d’écran ou en catch and shoot, le numéro 7 de l’Olympiacos a inscrit de nombreux trois points. Il a clôturé la rencontre à 6 sur 11 derrière l’arc et 5 sur 10 à deux points. Il faut rajouter à cela cinq rebonds et six passes décisives pour donner un total de 33 d’évaluation. Ce fut l’un de ses plus grands faits d’armes de sa carrière.

Un nouveau tour de passe-passe à 15 assists !

Scoreur intelligent et régulier, Vassilis Spanoulis a surtout une vision de jeu hors du commun. De par son travail et son talent inné pour la passe, il a nourri de nombreux camarades de terrain lui permettant ainsi de glaner tous ces trophées. Opposé à Baskonia, le champion d’Europe 2005 a distribué 15 caviars à ses compagnons le 27 octobre 2016. Plus que les simples chiffres, la manière dont il réalisa cette prestation fut spectaculaire. De la no-look pass, des passes en pleine extension ou dans des petits espaces après un écran, le meneur a aussi bien alimenté son portfolio que ses coéquipiers. Il a achevé la rencontre en double-double avec 15 points et 15 passes décisives avec un total de 25 d’évaluations.

Un travailleur persévérant

Quand les journalistes ou les fans lui ont demandé les clés de sa réussite, il répondait systématiquement : « Beaucoup de travail, la discipline, la conscience de soi, le respect et des sacrifices ». Comme le Mamba en NBA, Vassilis Spanoulis disposait d’une réputation de basketteur acharné de travail. A l’image de son homologue américain, il a étudié le jeu pour comprendre toutes ses subtilités. Il avait aussi pour habitude de répéter seul ses gammes dans les gymnases Hellas. Pour ce trait de caractère, ce sont ses coéquipiers qui en parlaient le mieux.

« Quand j’ai signé avec l’Olympiacos, il m’a bluffé dès le premier jour. Je me souviens que c’était au milieu de l’été en juillet quand je devais aller en Grèce pour passer un examen physique. Je suis allé à l’hôpital avec des personnes du club et ensuite je suis rentré au gymnase. Et j’ai vu que le seul joueur qui bossait, c’était lui. [….] Il était là tel un joueur de 16 ans qui avait juste rejoint l’équipe. J’ai parlé avec lui quelques minutes et j’ai demandé aux personnes de l’équipe si c’était normal. Ils m’ont dit que cela avait toujours était comme ça ici. Dans leurs yeux, c’était complètement normal. Absolument ahurissant. Il avait un si grand amour pour le jeu » a exposé le frenchy Livio Jean-Charles peu de temps après son arrivée à l’Olympiacos en 2020.

Une inspiration pour la génération suivante

« Spanoulis est une légende, il est en Europe ce qu’était Kobe (Bryant) pour la NBA. Il est le meilleur depuis de nombreuses années ». Ces mots appartiennent à ceux du champion NBA 2021 Giannis Antetokounmpo et également coéquipier en sélection. Un autre européen, encore plus jeune et cette fois-ci slovène, a été en profonde admiration toute son enfance face au jeu prodigué par Spanoulis. Le prodige de notre génération, Luka Doncic a ainsi choisi ses numéros en hommage à Vassilis. Ses numéros de maillot, le 7 lorsqu’il était plus jeune jusqu’au Real Madrid et désormais le 77 aux Mavericks.

De 2016 à 2018, Luka Doncic et son idole de jeunesse Spanoulis se sont affrontés à de multiples reprises sur les parquets d’Euroleague.
Photo : Sportime.gr

Basketteur reconnu par ses pairs, Vassilis Spanoulis a remporté par trois fois l’Euroleague (2009, 2012 et 2013) avec en prime le trophée de MVP de la compétition en 2013. Il est aussi sept fois champion de Grèce. Avec l’équipe nationale, il a remporté l’EuroBasket en 2005 ainsi qu’une médaille d’argent à la coupe du monde en 2006. Très attaché à sa vie de famille, tous les fans de basket se posent la question de son retour sur un banc de touche en tant qu’entraîneur ou non loin des terrains, dans les bureaux. Seul l’avenir nous le dira …

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