Le Pick and roll : une arme aussi fondamentale que létale

par Clément D.

À l’image des duos Stockton – Malone, Nash – Stoudemire ou encore Kobe – Shaq, d’habiles extérieurs et de véritables phénomènes athlétiques ont mis le Pick and roll sur un piédestal. Dans le basketball contemporain, les équipes intègrent toutes plusieurs variantes de ce mouvement si spécial dans leurs playbooks. Cela va de soi, si cette situation de jeu est tant utilisée, ce n’est pas par hasard.

Illustration : Treize Studio / L’Analyste

Avant d’avancer plus loin, attardons-nous sur ce qu’est réellement un Pick and roll, que l’on pourrait traduire en français par « pose et roule ». Afin de poser une définition claire, un Pick and roll implique deux joueurs. Un porteur de balle appelant un poseur d’écran. Le premier est souvent un guard doté d’une bonne vision de jeu et d’un handle plus que correct. Le second est généralement un athlète avec une bonne vitesse de rotation et une bonne détente. L’action consiste à ce que le poseur d’écran se mette à côté du joueur défendant sur le porteur de balle afin de lui barrer la route. Ainsi, le porteur de balle peut passer outre son défenseur. L’adversaire est alors confronté à un choix difficile : défendre sur le ball-handler ou sur le grand. Selon ses choix, les variantes d’attaques sont nombreuses. Il existe en effet plus de 20 formes de Pick and roll.

“The pick and roll is more about bodies and eyes then speed and being fast“

Steve Nash

Une fois les bases posées, nous pouvons nous pencher sur les différentes variantes qui s’offrent aux attaquants — pas de manière exhaustive bien sûr, la liste serait bien trop longue.

On the ball

Un High pick and roll consiste à poser un écran au niveau de la ligne à trois points, à 90 degrés — c’est-à-dire en face du panier. Ce système est souvent utilisé en début d’attaque pour initier un mouvement. Ici, c’est Deandre Jordan qui vient poser un écran sur le vis-à-vis de Kyrie Irving. Le meneur est ainsi capable de prendre un tir semi-ouvert à deux points.

Exemple de High pick and roll

Un Corner pick and roll, c’est quand un joueur pose un écran sur un porteur de balle placé à 0 degré.

Un Elbow pick and roll est un écran posé dans l’aile, à 45 degrés. Si le joueur avec le ballon décide de pénétrer avec le ballon vers le milieu, cette technique se nomme aussi inside ball screen. Dans cet extrait, Deandre Jordan vient poser un écran pour libérer KD, l’ailier en profite pour se démarquer. Faire un écran sur un joueur situé à 45 degrés permet d’isoler une moitié de terrain. Cela complique la tâche de la défense. Cedi Osman ne peut pas venir en aide sur Jordan, sinon KD peut aisément renverser pour trouver Green en spot-up à trois points.

Exemple d’Elbow pick and roll

Le Pick and pop est une technique où le poseur d’écran s’écarte du porteur de balle afin de trouver un tir ouvert à trois points ou à mi-distance. Ce tir est désormais populaire grâce au renouvellement du poste 4, incarné par le célèbre Dirk Nowitzki. Dorénavant, les pivots utilisent cette variante pour écarter le jeu et laisser la place aux « slashers ». La défense doit ici faire face à LeBron, l’un des meilleurs slashers de la ligue. La défense double sur l’ailier laissant Chris Bosh libre.

Un Split, c’est quand un joueur passe entre son vis-à-vis et le défenseur du poseur d’écran. Il va séparer la défense pour passer dans l’intervalle créé. La plupart du temps, cela est possible lorsque la défense du grand est trop haute. Ce procédé a été popularisé en NBA par Mark Price, le meneur des Cavaliers de Cleveland dans les années 80. Dans cet extrait, Russell Westbrook parvient à passer entre les deux défenseurs pour disposer d’un accès libre à l’arceau.

Exemple de Split

Flat pick and roll : Un écran est posé dans le dos du défenseur du joueur portant la balle. Cette technique est utilisée pour donner de l’espace au porteur de balle. Elle est souvent réalisée dans la première partie du terrain afin que le porteur de balle se libère d’une pression tout terrain.

Le Spain pick and roll implique toujours trois joueurs. Dans la séquence vidéo, Luka Doncic prend en premier lieu l’écran de Deandre Jordan. Celui-ci roule vers le cercle. Au même moment, le défenseur de Deandre Jordan se prend aussi un écran de la part de JJ Barea. Ce screen a pour but de perturber la défense. En effet, la plupart du temps, les rotations défensives ne sont pas toujours bien synchronisées si les écrans sont bien exécutés. Si c’est le cas, alors un des joueurs est libre de tout marquage. Ici, l’écran n’est pas assez franc pour que cela soit vraiment efficace.

Exemple de Spain pick and roll

Horns : Ce système nécessite un porteur de balle et deux intérieurs. Ils se positionnent en tête de raquette. Le ball handler choisit un côté et les forwards s’adaptent en conséquence.

Off the ball

Le Flare screen se base sur la pose d’écran d’un joueur juste avant qu’il attrape la balle. Cet écran est très utilisé pour libérer un shooteur afin qu’il puisse tirer en catch and shoot.

Pin down follow : sur le Pin down follow, le joueur A pose un écran sur un joueur B en dehors de l’action. Celui-ci coupe pour se libérer au plus proche de l’arceau. Le joueur A bénéficie à son tour d’un écran du joueur C afin de remonter. Ce dernier pose un écran supplémentaire pour pouvoir rejouer sur Pick and roll. Ce mouvement est compliqué pour le deuxième porteur d’écran, qui doit très vite enchainer deux écrans consécutifs.

25” screen the ball screener : Dans ce système popularisé par les Spurs, le joueur A descend pour poser un écran sur l’autre intérieur. Ce dernier remonte pour en poser un autre sur le joueur en possession du ballon. Ce mouvement est réalisé pour créer des mismatchs propice au débordement.  

Dans un Zipper fist, le meneur attend que le joueur désigné ait profité de l’écran pour remonter. Le meneur prend ensuite un autre écran pour disposer d’un espace suffisant pour prendre un tir ou attaquer le panier, à sa convenance. Ici, Nick Calathes choisit un côté. Le meneur grec attend que son coéquipier ait pris un écran pour remonter vers la ligne à trois points. Quand ce dernier a le cuir en main, il prend un second écran dans l’idée de le servir le plus vite possible. Dans cet extrait, la défense de Malaga contient très bien le roll de l’intérieur, ce qui force l’adversaire redémarrer une séquence en jeu sur Pick and roll.

Exemple de Zipper Fist

Cut/Kick-out : Quand le pivot reçoit la balle après son pick, il est possible pour lui de décaler (kick-out) soit sur un joueur laissé seul après que son vis-à-vis soit venu aider à l’intérieur. Dans la vidéo, on peut voir que c’est Nurkić qui subit l’aide. Dans une alternative, le pivot coupe en back-door — l’occasion d’obtenir un panier facile.

Exemple de Cut/Kick-out

Pour les nombreux cas présentés ci-dessus, il faut comprendre que le porteur de balle doit voir, comprendre et agir en fonction de la défense. Comme Jerry Sloan l’a maintes fois répété à John Stockton et Karl Malone : « Prends ce que la défense donne ! ». Les grands joueurs de Pick and roll excellent dans cet exercice grâce à leur QI basket et leurs excellents fondamentaux. Enfin, il faut imaginer ces variantes combinées, enchainées et maitrisées à haute intensité et à grande vitesse. C’est une véritable nécessite en NBA.

Sans l’essor du Pick and roll et de ses variantes, le basketball serait clairement différent. Ce mouvement constitue bel et bien une révolution dans l’histoire du jeu.

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