Josh Giddey est devenu cette saison l’un des joueurs majeurs de Thunder. Que ce soit par sa justesse technique ou son sourire charmeur, le numéro 6 de la draft 2021 a conquis le cœur de nombreux fans à travers le monde. Mais que doit-on attendre de lui avec la prise de pouvoir de Shai Gilgeous-Alexander et le futur retour de Chet Holmgren ?
Un métronome offensif formidable
Depuis son arrivée dans la ligue, Josh Giddey est présenté comme un véritable génie offensif capable de tout faire sur un parquet. Il comprend mieux le jeu que de nombreux jeunes de son âge, et il parvient à disséquer les défenses adverses grâce à son avantage de taille (2,03m). Il affiche ainsi le plus haut assist to usage-ratio (1,06). C’est-à-dire qu’il est davantage impliqué dans les passes décisives de son équipe que ne pourrait le laisser imaginer son usage ratio.
L’Australien excelle dans l’inbound pass, c’est-à-dire les passes sur remise en jeu. Que ce soit sous le panier ou sur le côté, il est remarquable pour offrir des points rapides à son équupe. Il est notamment parvenu à accrocher la prolongation contre Dallas en février 2022 sur une passe millimétrée pour Kenrich Williams au-dessus de Josh Green (victoire 120 à 114 en overtime).
Il est aujourd’hui reconnu comme une menace sérieuse sur ce type d’action, et les équipes adverses cherchent donc à tout prix à le freiner. Sauf que sa compréhension du jeu lui permet de s’adapter aux schémas défensifs qui sont proposés.
Il est également un rebondeur redoutable puisqu’il tourne à 7,8 prises par rencontre depuis le début de sa carrière. C’est un chiffre assez impressionnant au vu de son poste et de son physique. À titre de comparaison, il prend plus de rebonds que Scottie Barnes, drafté lui aussi en 2021. Josh Giddey est notamment excellent pour suivre ses échecs proches du cercle, et ainsi inscrire deux points supplémentaires.
Et les rebonds défensifs qu’il récupère sont un bon moyen pour lui de remonter la balle tranquillement ou bien de lancer la transition. Même si sa qualité tout-terrain ne se traduit pas dans les chiffres (-2,4 points par 100 possessions), il a affiché quelques flashs intéressants qui laissent présager qu’il pourrait devenir très bon dans le futur.
Le progrès sur son handle est un autre thème rassurant. Il montre ainsi qu’il a pris en maturité, et qu’il efface peu à peu toutes les actions à risques de son jeu afin de ne se focaliser que sur ce qui est efficace pour OKC. Même s’il ne sera peut-être pas un ball-handler élite à cause de sa taille et de son envergure, cette amélioration pourrait lui permettre de passer des caps plus tard.
Mais c’est surtout du point de vue des drives que la progression de son handle est la plus appréciable. L’Australien est plus incisif vers le panier cette saison en marquant 6,1 points sur drive par match, contre 4,5 la saison dernière. Et cette hausse des tentatives est également couplée à une évolution de son efficacité (de 44,1 % à 47,4 %).
Cela lui permet ainsi de prendre des tirs plus rémunérateurs, particulièrement proche du cercle (39 % de ses shoots). Il affiche donc une augmentation non négligeable de son nombre de points par tirs tentés (1,09) grâce à son floater redoutable. Cela reste tout de même bien inférieur à la moyenne des joueurs sur son poste (32th percentile) ou à celle de la ligue (-7 de True Shooting Adjusted).
« L’an passé, je suis tombé dans le piège de tenter de prouver que je savais shooter. Alors que cette année, je prends les bons tirs, au bon moment »
Josh Giddey
Peut-il devenir une menace sans ballon ?
OKC a récupéré cet été l’un des coachs les plus désirés de la ligue en s’attachant les services de Chip Engelland. Entraîneur au shoot des Spurs entre 2005 et 2022, c’est lui qui est à l’origine de la modification du tir de Tony Parker sur la deuxième partie de sa carrière. Il est également le responsable des progrès de Kawhi Leonard dans ce domaine. Josh Giddey ne cachait d’ailleurs pas sa joie au training camp. « J’étais tellement excité […] Depuis qu’il est ici, nous sommes ensemble deux ou trois fois par jour pour nous entraîner », a-t-il précisé.
Cette arrivée se traduit d’emblée dans les chiffres puisque l’Australien s’est amélioré à tous les niveaux (48,9 % en général). Comme évoqué auparavant, cela s’explique par une meilleure sélection de tirs, sauf que s’arrêter ici serait bien trop réducteur. Giddey affiche une belle progression au lancer franc, mais également sur les catch-and-shoot où il est passé de 39,1 % à 49,7 % de réussite cette saison, tout en ayant un nombre de tentatives assez similaire.
Visuellement, on constate des progrès à tous les niveaux de sa mécanique de tir. Il avait tendance à avoir un décalage entre ses deux pieds au moment de sa prise d’appui, ce qui le déséquilibrait plus facilement. Le placement était par ailleurs trop flottant pour lui permettre de guider le ballon. C’est donc pour ces raisons qu’il était la saison dernière l’un des moins bons shooteurs de la ligue.
La correction de ses défauts lui a permis de devenir un shooteur honorable que les défenses ne peuvent pas abandonner aussi aisément. Il tournait par exemple à 43,2 % de réussite à trois points en décembre avec 3,1 tentatives par rencontre. Bien sûr, Giddey doit encore gagner en régularité pour être une menace sérieuse de loin, car il lui arrive bien trop souvent de manquer la cible (30,2 % à trois points depuis janvier).
Mais il ne se contente pas de rester figé derrière la ligne à trois-points. Sa compréhension du jeu couplée à sa bonne réactivité lui permet de se déplacer parfaitement. Il profite que son adversaire regarde le ballon — ou le quitte simplement du regard pendant une seconde — pour couper vers le cercle, que ce soit depuis un corner ou face au panier.
Son association avec SGA
L’Australien d’origine représente avec Shai Gilgeous-Alexander l’avenir de l’Oklahoma. Sauf que ce dernier s’est imposé cette saison comme le véritable franchise player de OKC. Tant par sa capacité à scorer que par sa capacité à impliquer ses coéquipiers, le Canadien est juste phénoménal cette année (30,8 points, 5,7 passes) et a logiquement été récompensé par une première sélection au All-Star Game.
A priori, Giddey et SGA ne sont pas faits pour cohabiter tant ils ont tous les deux besoin du ballon pour exceller. Ce sont en effet deux ball-handlers dominants à leur manière, qui ont l’habitude depuis leur plus jeune âge d’être les maestros de leurs équipes.
Or c’est sur ce point commun que les deux joueurs se différencient.
SGA est davantage un arrière créateur. Il a appris au fil des années — et des responsabilités croissantes — à jouer pour les autres. Et les chiffres ne mentent pas puisqu’il tente cette saison 21,7 % des tirs de OKC, contre 15,6 % pour Giddey. Shai est d’ailleurs le meneur qui réalise le moins de passes décisives au vu de son usage percentage dans la ligue.
Josh Giddey a bien compris que les clefs de la franchise étaient entre les mains de SGA, et qu’il devait se mettre à son service afin de pouvoir aider sa team. C’est d’autant plus vrai que Giddey était en difficulté en début de saison pendant que SGA était sur une autre planète. Sauf que depuis le 1er décembre, l’Australien semble avoir réussi à s’adapter à son coéquipier et à exceller à ses côtés (17,4 points, 7,9 rebonds, 6,1 passes à 50,8 %, dont 35,0 % de loin).
Là où l’année dernière, les deux jouaient chacun leur tour, on sent que cette saison ce n’est plus le cas. Ils s’impliquent tous les deux de plus en plus dans leurs actions. La preuve : le nombre d’assists amenant à un tir de l’autre a augmenté, tout comme le pourcentage de réussite sur ces tentatives (46,9 % cette saison).
Il n’y a d’ailleurs aucune guerre d’égos entre les deux joueurs. Josh Giddey déclarait durant le All-Star Weekend qu’il était « heureux pour lui » et qu’il pense « qu’il le mérite depuis un certain temps déjà, et (que) c’est formidable de le voir obtenir cette reconnaissance ». Nul doute que ses progrès affichés cette saison sont une base très solide pour le futur d’OKC.
Quel rôle pour lui dans le futur ?
Josh Giddey est un joueur particulier. Il est en effet doté d’un talent offensif indéniable où il est très bon dans de nombreux compartiments du jeu. Cependant, cette polyvalence est également un problème puisqu’il n’excelle dans aucun domaine précis. Il est même en difficulté dans certains secteurs.
L’Australien a du mal à défendre les guards. De par sa grande taille, il a un manque de mobilité latérale qui lui fait défaut pour s’occuper de joueur plus petit que lui. Sauf que son déficit de masse musculaire ne lui permet pas de résister aux ailiers physiques. Les équipes adverses n’hésitent d’ailleurs pas à le cibler afin de lui faire payer ses errements défensifs.
C’est donc pour cela que son coach Mark Daigneault préfère le faire défendre sur les moins bons extérieurs dans l’optique de le cacher. Sauf que Giddey a tendance à être trop attiré par la balle. Il délaisse un peu trop souvent son vis-à-vis pour venir en aide alors que cela n’est pas tout le temps nécessaire.
Il affiche néanmoins des progrès très intéressants par rapport à la saison dernière grâce à une éthique de travail remarquée et loué par ses pairs qui lui a permis de prendre en masse musculaire. Il a compris ce qu’il devait améliorer — à savoir son tir, son jeu sans ballon et sa défense — afin d’apporter une plus-value non négligeable à Oklahoma.
Le retour de Chet Holmgren devrait être un véritable soulagement pour Giddey. Le numéro deux de la Draft 2022 — out pour toute cette saison — parait être le joueur parfait pour que l’Australien s’épanouisse. Il faut rappeler qu’OKC souffre cette année d’un manque de personnel à l’intérieur, ce qui explique pourquoi Giddey n’est pas beaucoup impliqué sur pick-and-roll. L’ancien pivot de Gonzaga est par ailleurs un brillant défenseur qui devrait instantanément rendre son équipe encore meilleure que cette année.
Josh Giddey semble être davantage un second ball-handler à cause de son manque d’explosivité sur son premier pas et de ses légères lacunes au ball-handling. Mais grâce à sa capacité à faire de nombreuses choses sur un parquet, il pourrait devenir dans le futur un joueur de complément excellent pour une team visant le titre. Il devra pour cela continuer à améliorer son tir et à gagner en régularité afin d’être cette valeur sûre pour son coach.
La fin de saison dans l’Oklahoma sera un premier révélateur intéressant pour Josh Giddey : pourra-t-il permettre à sa franchise de retrouver les playoffs pour la première fois depuis la bulle de Disney ? En tout cas, le joueur possède un profil intriguant, mais non moins intéressant, qui pourrait lui permettre de devenir à terme un joueur important d’une équipe championne.
Photo de couverture : Michael J. LeBrecht II / Getty Images