Le contrat est rempli : les Bleus sont là où ils voulaient être dans cet EuroBasket. En dominant outrageusement une sélection polonaise héroïque (95-54), l’équipe de France obtient son ticket pour la finale. Dimanche à 20h30 contre l’Espagne, l’ennemi juré, pour un duel caliente !
Le match parfait, du début à la fin. Enfin. Vincent Collet le souhaitait plus que tout, ce « match référence » est arrivé au meilleur des moments. Pour sa quatrième demi-finale lors de ses cinq dernières participations au championnat d’Europe, l’équipe de France a fait plié la Pologne dès le deuxième quart-temps.
Avant cela, les Bleus sont passés par une domination contrastée de pertes de balle. Ils en ont réalisé 6 (16 en fin de match) pour commencer. Un handicap pour déployer pleinement leur jeu. Mais, dans une rencontre à fort enjeu, les deux équipes étaient crispées et ses ballons inutilisés n’ont pas pénalisé les Français. 15 à 9 à la fin du premier acte. Puis, grâce à ses leaders et plus de sérieux (les Bleus ont compris la leçon), le déclic est rapidement arrivé.
D’abord par son 5 Majeur, ultra défensif, qui a muselé les principales menaces polonaises. AJ Slaughter a été cadenassé par son coéquipier du Gran Canaria, Andrew Albicy. Rudy Gobert est venu, quant à lui, pressé plus haut ses adversaires. Ce même 5 a également trouvé son inspiration en attaque, principalement avec Guerschon Yabusele à la finition. Le banc français aussi a participé à la fête.
Par habitude, c’est lui qui pénalisait le groupe lorsque Vincent Collet réalisait ses premières rotations. Cette fois, Elie Okobo a fait preuve de justesse pendant que nos intérieurs remplaçants, Vincent Poirier et Mous Fall étaient davantage servis pour des paniers faciles.
Et c’est exactement ce que souhaitait le sélectionneur français depuis le début de l’Euro. Mettre en situation favorable ses intérieurs pour dominer ce secteur dans le jeu. Vincent Collet a réitéré sa botte secrète « des deux intérieurs » en alignant ses tours jumelles Poirier – Gobert. Une réussite face à des Polonais dépassés physiquement et déboussolés lorsque Rudy Gobert les a contré par trois fois.
En plus de ce combat dans la raquette perdu par la Pologne, les joueurs d’Igor Milicic n’ont pas du tout été en réussite au shoot extérieur (32 % au tir sur toute la rencontre). Une maladresse qui ne pardonne pas face à des Français en mission.
À la pause, le score commençait déjà à peser dans le mental polonais : 34 à 18. À la reprise, et c’est là où tous les fans cardiaques de l’EDF attendaient les Bleus, ce match a tourné à la démonstration. Les souvenirs passés et la concentration retrouvée, l’équipe de France a passé la troisième pour s’extirper définitivement d’un match qui aurait pu être « piège ». Evan Fournier a haussé le ton d’entrée de jeu avec des interceptions, des points faciles en contre-attaque et du playmaking offensif tel un bon capitaine qui guide les siens vers le succès.
Puis, l’homme fort du tournoi chez les Bleus. Non, je ne parle pas de Terry Tarpey bien qu’on l’adore … mais du « Dancing Bear », à l’activité dévastatrice sur le parquet. Sa polyvalence, son physique, son adresse longue distance … l’apport de Guerschon Yabusele est devenu trop essentiel à cette équipe de France. Un troisième leader, qui avait manqué dans la défaite contre la Slovénie. Un ailier-fort ultra mobile, « le Charles Barkley européen » pour Vincent Collet, qui connaît la Team France depuis moins de trois ans et qui fait déjà partie des murs de cette équipe. 22 points pour le madrilène qui ont crucifié tout espoir polonais. 64 à 36 à la fin du troisième quart-temps.
Le dernier acte ne changera rien. Vincent Collet sort ses joueurs majeurs et profite de 10 grandes minutes de « garbage time » pour lancer Théo Maledon et l’accompagner d’Amath M’baye, d’Elie Okobo, de Vincent Poirier et Mous Fall. Le management de Vincent Collet paye enfin. Avec une victoire acquise bien avant la fin du temps réglementaire, le moment est venu de concerner tout son groupe dans la victoire et avant la finale. Tous les joueurs marquent, y compris le meneur d’OKC avec un trois-points. Les leaders polonais sont également préservés en vue du match pour la troisième place.
Après 51 ans sans atteindre le dernier carré d’un championnat d’Europe, la Pologne échoue durement dans cette demi-finale. Mateusz Ponitka et ses coéquipiers joueront pour la médaille de bronze et tenteront de bien terminer le travail face à son voisin allemand.
Les chiffres de la demi-finale
France | Pologne | |
Score final | 95 | 54 |
Passe décisive | 32 | 14 |
Rebond | 40 | 21 |
Contre | 6 | 0 |
Interception | 8 | 3 |
Perte de balle | 16 | 16 |
Pourcentage au tir | 62% | 32% |
Pourcentage à trois-points | 58% | 33% |
- Guerschon Yabusele : 22 points, 4 rebonds, 2 interceptions
- Rudy Gobert : 6 points, 6 rebonds, 3 contres
- Evan Fournier : 10 points, 4 rebonds, 4 passes
- Andrew Albicy : 24 +/-
- Elie Okobo : 10 points, 4 passes
- Tous les joueurs ont marqué.
L’adversaire en finale : la reversante Espagne
Pour que l’histoire soit encore plus belle, l’équipe de France fera face aux Espagnols de l’infatigable Rudy Fernandez et du fantastique Lorenzo Brown. Ces derniers ont fait tomber l’Allemagne chez elle 96 à 91. Dennis Schröder (30 points, 8 passes) a été magistral mais l’intelligence tactique de Sergio Scariolo et la grinta espagnole ont eu raison des Allemands. Pour se consoler, le meneur de la Nationalmannschaft a accepté un deal avec les Lakers la saison prochaine. Deux millions dans la poche pour s’exiler à Los Angeles, c’est déjà ça de pris … Plus sérieusement, la déception devra être mise de côté pour aller chercher un podium hautement mérité et symbolique dans une compétition réussie.
L’Espagne, entre deux générations, arrivent toujours à nous surprendre. La France est favorite pour cette finale et retrouvera son éternel ennemi pour décrocher un titre qu’elle n’a plus goutée depuis neuf ans.
Photo de couverture : FIBA