Rick Carlisle, la clé de la réussite des Pacers ?

par Yohann Blain Constantin

Une nouvelle course de 82 matchs va débuter dans l’Indiana et le moins que l’on puisse dire est qu’il y a beaucoup de points à évoquer. À la suite d’une saison passée encore frustrante pour la franchise d’Indianapolis, des choix forts furent pris durant cette intersaison afin de faire passer un cap tactique et mental à cette équipe.

2020-21 : Sortie de piste avant la dernière spéciale !

Pour rester dans le jargon automobile, cher à l’État de l’Indiana, la sortie de route fut une nouvelle fois trop rapide pour les Pacers. Avec un bilan de 34 victoires pour 38 défaites et une neuvième place de la conférence Est, les résultats sont en deçà des années précédentes. Pourtant, l’espoir était de mise avant le début de la saison. Exit Nate McMillan et ses multiples échecs au premier tour des Playoffs, avec notamment deux sweep consécutifs. Place à Nate Bjorkgren, coach assistant des Toronto Raptors, champion auprès de Nick Nurse. La volonté est claire pour le board, avec Kevin Pritchard à sa tête : faire passer un palier sportif à cette équipe.

Un début de saison prometteur. À la fin du mois de janvier, Indiana affiche 11 victoires et 9 défaites. Il existe pire bilan. Mais l’information principale est ailleurs. Le 13 janvier 2021, le projet Victor Oladipo prend fin du côté d’Indiana. En froid avec plusieurs de ses coéquipiers, un investissement qui pose débat, des blessures qui tardent à se guérir. Toutes ces raisons évoquées auront eu raison de la patience de Kevin Pritchard concernant le MIP de la saison 2018. À la suite d’un trade à 4 équipes dans l’échange de James Harden, les Pacers envoient Oladipo du côté de Houston et reçoivent en échange Caris Levert.

Malheureusement pour l’ex Nets, il se verra diagnostiqué une tumeur au rein lors de sa visite médicale d’avant signature qui entraînera une indisponibilité jusqu’à fin mars. Mais comme les mauvaises nouvelles n’arrivent jamais seules, TJ Warren, l’ailier scoreur qui s’est tant fait remarquer dans la bulle d’Orlando, voit sa saison se terminé seulement après 4 matchs, à cause d’une fracture de stress au pied gauche. En perdant deux de ses meilleurs scoreurs dès les premières rencontres de la régulière, les ambitions des coéquipiers de Sabonis doivent être revues à la baisse.

Le passage de Nate Bjorkgren dans l’Indiana a été catastrophique. Ce n’était pas le chauve qu’il fallait à la tête de l’équipe.
Photo : Joel Auerbach / AP

Malgré une saison en demi-teinte et les aléas des blessures, Indiana parvient à obtenir son ticket pour le Play-in. Opposés dans un premier temps à la surprenante jeune garde des Hornets de Charlotte, les hommes de Bjorkgren vont effectuer le travail en s’imposant avec autorité. Malheureusement pour les fans de l’ancienne franchise de Reggie Miller, la marche pour accéder aux playoffs est trop haute. Au terme d’une rencontre à sens unique, les Wizards de Russell Westbrook et Bradley Beal anéantissent les ambitions d’Indianapolis, amenant une nouvelle fois de multiples interrogations sur la qualité et le plafond de cette équipe.

Que ça soit dans ses statistiques collectives et ses résultats, Indiana alterne avec le bon et le moins bon. Concernant le positif, parlons de l’attaque emmenée par Malcolm Brogdon. Avec 115,3 points marqués, les Pacers terminent avec la 6e attaque la plus prolifique de la grande ligue. Néanmoins, cette statistique doit être pondérée. En effet, avec le 14e offensive rating de la NBA, les hommes du Midwest possèdent une attaque peu efficiente – sur un des rythmes les plus rapides (5e pace).

Mais la principale difficulté concerne la défense des Pacers. Avec 115,3 points encaissés, nombre similaire à celui de l’attaque, Indiana possèdent la 5e défense la plus permissive de toute la NBA. Souvent les impressions visuelles peuvent tromper, mais les chiffres rarement. Une certaine bipolarité se dégage de cette équipe. Cinquième équipe d’attaque sur les tirs à 2 points, trentième équipe défensive avec plus de 53 points encaissés dans la raquette.

Le polyvalent et intelligent Malcolm Brogdon a été la belle satisfaction de l’année passée.
Photo : Trevor Ruszkowski / USA TODAY Sports

Sur le plan individuel, notons la saison de Malcolm Brogdon en patron du back-court. Il a compté 21 points et presque 6 passes de moyenne tout en finissant à près de 46 % aux tirs et flirtant avec les 39% depuis l’arc. Il s’est imposé de plus en plus comme un patron et un des leaders de cette équipe. Maintenant, a-t-il atteint son potentiel maximum où peut il encore nous surprendre et dépasser les attentes ? La prochaine saison va donc être intéressante à suivre.

Autre satisfaction du côté des Pacers, la continuité de Domantas Sabonis depuis le front-court. Un nouveau double-double validé avec 20,2 points, 12 rebonds et presque 7 passes décisives font du Lituanien l’une des pièces maîtresses du collectif d’Indiana. Son entente sur Pick and roll avec Brogdon est clairement l’une des plus séduisante de la ligue. En termes de surprise, la fin de saison du sophomore Oshae Brissett est loin d’être passée inaperçue. Dans un rôle de 3&D, il a su exploiter les opportunités qui se sont présentées à lui. Il conclut sa vingtaine de matchs avec près de 11 points moyenne à 48% aux tirs et plus de 42 % à longue distance. Ajoutez à ceci 5,5 rebonds collectés et vous obtenez l’une des sensations de fin de saison pour l’équipe d’Indianapolis.

Sur le plan des déceptions difficile de juger, même si la saison de Myles Turner apparaît frustrante. Malgré des qualités individuelles évidentes, son manque de régularité amène une certaine amertume. Son entente avec Sabonis pose question et amène des réflexions sur son avenir au sein de la franchise. Avec ces différentes interrogations autour d’Indiana, Kevin Pritchard avait de quoi s’occuper durant cette intersaison.

Intersaison 2021-2022 : Indiana en mode start and stop

ArrivéesDéparts
Chris DuarteAaron Holiday
Torrey CraigDoug McDermott
Isaiah Jackson

Un été que l’on peut qualifier de calme. Néanmoins, un mouvement d’envergure fut réalisé par les dirigeants au cours de cet été. Nate Bjorgkgren, dont les méthodes et le relationnel auprès des joueurs étaient remis en cause, est remplacé par Rick Carlisle, l’un des coachs les plus réputés de sa génération. Avec ses 836 victoires en saison régulière et ses 63 victoires en playoffs, dont 1 titre de champion en 2011, Carlisle un entraîneur expérimenté qui a prouvé sa capacité à pouvoir faire progresser son équipe. Désormais, il sera intéressant de voir si les préceptes de Carlisle seront assimilés par ce groupe.

Concernant le mercato, Kevin Pritchard a privilégié la continuité en gardant son groupe actuel et en y ajoutant seulement Torrey Craig à la free agency. Le swingman vient compléter la rotation sur les postes d’arrière et d’ailier en apportant sa défense, son énergie et son tir à 3 points. À cette arrivée, il faut ajouter la sélection de deux choix de draft en la personne de Chris Duarte et d’Isaiah Jackson.

Isaiah Jackson, en Summer League, a son rôle à jouer dès sa saison rookie. Photo : David Dow / NBAE via Getty Images

Sélectionné avec le pick treize, Chris Duarte de l’université d’Oregon, vient renforcer le back-court des Pacers. Auteur de plus de 17 points par match avec une réussite supérieure à 42% derrière l’arc, il devrait apporter ses qualités de scoreur et de shooteur. Il est même capable, par séquence, de proposer une défense solide – en témoigne son défensive box plus-minus qui s’élève à 3.6 lors de la saison dernière.

Avec le pick 22 en leur possession, le board a sélectionné Isaiah Jackson en provenance de Kentucky. Du haut de ses 2m08, il vient renforcer le poste d’ailier fort en amenant ses qualités athlétiques et défensives. Pour preuve, ses 2.6 contres par rencontre durant la saison passée. Un profil dont les hommes de coach Carlisle vont avoir besoin, eux qui étaient la plus mauvaise équipe défensive dans la raquette lors de régulière précédente.

Côté départ, il faut noter la perte d’Aaron Holiday en direction des Wizards et celle de Doug McDermott chez les Spurs de San Antonio. Ces départs non remplacés vont permettre de renforcer le rôle de certains jeunes joueurs de la rotation, notamment pour Edmond Sumner et Oshae Brissett.

Rick Carlisle peut-il faire passer un cap à cette équipe ?

Comme évoqué un peu plus haut, la vraie sensation de cette intersaison côté Pacers est d’avoir récupéré l’un des meilleurs coachs de la NBA en la personne de Rick Carlisle. Sa renommée et ses compétences ne sont plus à démontrer. Carlisle est un entraîneur qui a la faculté à s’adapter à son groupe et aux qualités dont ils disposent. Prenons des exemples pour illustrer tout cela. Saison 2019-2020 les Mavericks, dont il est à la tête, terminent avec le meilleur offensif rating de la ligue, devançant les machines offensives que pouvaient être les Bucks ou les Lakers. Prenons maintenant et au hasard la saison 2003-2004, sa première en tant que head coach d’Indiana. Il avait guidé cette équipe, pourtant dépourvue de Ron Artest, jusqu’en finale de conférence Est en disposant de l’une des défenses les plus efficientes de toute la NBA. Adaptabilité est le maître mot de Ricko.

Les Pacers qui possédaient l’une des attaques les plus prolifiques l’an passé, devraient de nouveau disposer d’une des toutes meilleures de NBA. Point non négligeable, les coéquipiers de Sabonis étaient l’une des équipes qui tentaient le moins de tirs à 3 points, alors que du côté de Carlisle, ses Mavs étaient l’une des équipes qui shooter le plus depuis l’arc des 7m25. En réussissant à s’adapter à la révolution Curry et Cie, Carlisle fera-t-il aussi la révolution offensive d’Indiana ?

L’objectif semble clair. Il faut amener de la diversité dans l’attaque de cette équipe. Lors de la dernière régulière les Pacers étaient l’une des équipes les moins prolifiques en isolation avec seulement 0,85 point par possession. Pendant ce temps-là, les Mavs inscrivaient 0.96 pts points par possession ce qui faisait d’eux l’une des équipes les plus prolifiques dans ce secteur de jeu. Les systèmes de Carlisle permettront-ils d’améliorer ce secteur de jeu et de diversifier l’attaque des hommes du Midwest ?

Rick Carlisle a déjà entraîneur en chef des Pacers. C’était entre 2003 et 2007.
Photo : Sam Forencich / NBAE via Getty Images

Enfin une défense ?

L’attaque n’est pourtant pas le chantier principal pour l’ancien protégé de Larry Bird. Le véritable point noir de la régulière précédente concerne la défense. Avec l’une des plus mauvaises défenses au rating, dernière dans la restricted area, les travaux de consolidation paraissent faramineux. D’abord, la relation défensive Sabonis-Turner n’apparaît pas évidente. Le manque de mobilité latérale de Sabonis ne lui permet pas de suivre son vis-à-vis, dans une NBA de plus en plus small-ballisé, et fait de lui une cible de choix pour ses adversaires. L’irrégularité et les mauvaises lectures défensives sur pick and roll de Turner ne font pas de lui un défenseur efficace malgré ses qualités d’intimidateur indéniable. Une statistique à vous soumettre pour corroborer mes propos. Un différentiel de -3 points quand les deux partenaires du secteur intérieur sont alignés ensemble.

Selon les premiers retours du média day, Carlisle envisagerait de faire débuter Sabonis en tant que pivot et souhaiterait faire de Myles Turner son 6e homme. L’objectif est de vouloir s’adapter à cette NBA qui switch sur énormément de possession défensive. En utilisant Sabonis en 5, cela permettrait de masquer son manque de mobilité et permettre à des joueurs comme TJ Warren ou Justin Holiday d’évoluer sur le poste 4 et de pouvoir proposer une défense plus en adéquation avec la NBA version 2021.

Beaucoup de travail pour Rick Carlisle et son staff, mais partout où il est passé, il a su s’adapter et imposer sa patte et sa philosophie de jeu et de travail. En sera-t-il de même cette année ? Les prochains moins devraient nous donner des éléments de réponse.

La doublette intérieur Sabonis – Turner a connu des hauts et des bas. Sont-ils prêts à rebondir ensemble ?

Myles Turner : enfin l’heure du décollage ?

Beaucoup d’interrogations subsistent concernant le onzième choix de la draft 2015. Lui qui sort d’une saison difficile, avec une blessure importante au pied, l’a contraint à revoir ses ambitions à la baisse. D’après les informations que nous disposons, Turner devrait être disponible dès la reprise du training camp et à la disposition de son entraîneur. Sa blessure n’a pas entaché sa motivation durant cette intersaison. En effet, le pivot apparaît dans la meilleure forme de sa vie et annonce même avoir perdu 11 kilos durant l’été. Les Pacers auront besoin que leur intérieur soit au top afin de parvenir à leurs objectifs.

Mais depuis année sophomore, où il avait réalisé une saison remarquable en devenant titulaire officiel, Myles Turner stagne dans sa progression. Pire, lors des dernières régulières il a réalisé des moyennes en deçà de sa deuxième saison, sauf au contre. Ce qui n’est pas la progression attendue, surtout venant d’un joueur qui a pu prouver ses qualités par le passé. Or la stagnation intervient depuis l’arrivée de Sabonis à Indiana à l’intersaison 2017. Ce qui peut amener à se poser la question sur la complicité entre ses deux joueurs. Et plus les saisons passent et plus le constat semble clair. La franchise devra faire un choix entre l’un de ses deux joueurs. À en croire les bruits de couloirs, l’avenir de Turner pourrait s’écrire loin de la Bankers Life Fieldhouse. En effet, il est apparu dans plusieurs rumeurs de trades durant cet été, l’envoyant soit aux Hornets, soit aux Mavericks, soit aux Wizards pour ne citer qu’eux.

Décevant depuis deux ans, Myles Turner devra justifier son utilité dans un nouveau rôle cette saison.
Photo : Joe Robbins / Getty Images

Lui souhaite rester à Indianapolis, mais s’il est amené à être transféré dans une autre franchise, la rotation à l’intérieur peut être assurée. D’abord par Sabonis qui se dirige vers le poste 5 à vitesse grand V. Puis il ne faut pas oublier la draft de Goga Bitadze en 2019, qui lui est un pur pivot, jouant dur, avec de belles finitions près du cercle, mais qui n’a pu exprimer son talent à cause de l’embouteillage à son poste.

En draftant Isaiah Jackson cet été, le management s’est offert un intérieur polyvalent capable de jouer sur le poste d’ailier fort et sur le poste de pivot. Turner doit prouver dès le premier jour sa motivation et son envie de progresser auprès de son nouvel entraîneur s’il souhaite rester dans l’Indiana. Si au contraire il est de nouveau en deçà des attentes, le management dispose de d’autres atouts pouvant préparer l’après Turner.

Les Indiana Blackcats ?

Depuis plusieurs saisons, les Pacers sont handicapés par les blessures. Et leur feel good story de 2018 paraît bien loin. Indiana et ses joueurs enchaînent les désillusions et les soucis de santé. D’abord Victor Oladipo, solide leader de cette équipe se fait une déchirure du quadriceps dont il se remettra difficilement et ce qui entraînera son départ dans un trade en janvier 2021. Puis Myles Turner, qui sort d’une blessure à la voûte plantaire et qui n’a de fait disputé que 47 rencontres en 72 matchs. TJ Warren, auteur d’une bulle exceptionnelle à Orlando, s’est blessé des le quatrième match de la saison à cause d’une fracture au pied. Le pire dans tout ça ? Il devrait manquer aussi le début de cette nouvelle saison. Pour conclure ce sujet blessure, le jeune Edmond Sumner devrait quant à lui manquer la saison dans son intégralité à cause d’une rupture du tendon d’Achille. À croire qu’un démon a maudit les terres d’Indianapolis.

Le 5 de départ potentiel

  • MJ : Malcolm Brogdon
  • A : Caris Levert
  • AI : Justin Holiday
  • AF : TJ Warren
  • P : Domantas Sabonis

Notre pronostic : 40 – 42 (9ème)

Malgré le changement de coach durant l’intersaison, les Pacers n’apparaissent pas forcément mieux armés pour aboutir à leurs ambitions. Maintenant, il ne faut pas oublier que nous n’avons pas encore vu cette formation évoluer au complet. Il sera intéressant de voir ce que peut donner ce roster à 100% de ses capacités. De toute façon, si Indiana n’atteint pas ses objectifs, des remises en question devront être faites au niveau des joueurs et du management. Est-ce ce que ce groupe peut élever son niveau, pourra-t-il nourrir l’ambition de jouer plus qu’un tour de playoffs ? La Bankers Life Fieldhouse rêve de regoûter aux joutes des finales de conférence, plus connues depuis 2014 et la rivalité envers les Heatles, afin de frissonner à nouveau pour ses couleurs.

Cette saison va être déterminante pour ce groupe et son management. Après 3 coachs successifs, un nouvel échec devrait remettre en cause certains joueurs voire les choix de Kevin Pritchard. Nous sommes à une chicane d’un nouveau virage pour Indiana. La saison 2021-2022 comme dernier espoir ? Réponse au mois d’avril 2022.

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