Paul Pierce est le prototype du basketteur. Deux mètres, athlétique, doté de longs bras, d’un très bon shoot et d’un mental de tueur à gages. En presque 20 ans sur les parquets NBA — principalement celui du TD Garden de Boston — Pierce a marqué de son empreinte l’histoire de la grande ligue. Hall of Famer incontestable, parmi les meilleurs scoreurs de la NBA et surtout champion sous le maillot des Celtics, la story est belle pour Paul. L’épopée d’un gamin d’Inglewood qui baignait dans le basketball dès son plus jeune âge et qui, à force de travail acharné, s’est hissé parmi les plus grands joueurs de l’histoire de son sport. Retour sur la carrière de Hall of Famer de The Truth, Paul Pierce.
Une enfance passée à coté du Forum des Showtime Lakers
Né en 1977 à Oakland, Paul passe son enfance et son adolescence dans la banlieue d’Inglewood, quartier de Los Angeles qui abrite le Showtime des Lakers de Magic au sein du mythique Forum. C’est dans cet environnement que Pierce grandit et tombe littéralement amoureux de la balle orange en regardant les prouesses de Magic et de son équipe sur la petite télévision de son oncle :
« C’était le début pour moi, de voir la bataille entre les Lakers et les Celtics en finales NBA. C’était comme la naissance du basketball pour moi. J’étais un gamin de 6, 7 ans, à la maison de mon oncle, essayant de trouver une place par terre pour voir les matchs. La télé était vraiment petite, vous essayiez juste d’avoir un aperçu des matchs. »
Paul Pierce,j pour le LA Daily News
Néanmoins, tout ne gravite pas autour de la balle orange à Inglewood. La violence est à chaque coin de rue en raison de la présence de nombreux gangs. Heureusement, Paul et ses frères se tournent vers le basketball pour échapper aux vices de la banlieue. Ses deux frères, Jamal et Stephen, se voient attribuer des bourses pour athlètes, le premier en basketball et le deuxième en baseball. Dans le même temps Paul fait ses marques sur les playgrounds d’Inglewood et polit son jeu en enchainant les pick-up games.
Alors adolescent, Pierce se fait repérer par un certain Scott Collins, un détective de la ville très actif dans la communauté, qui apporte son aide et son soutien aux jeunes de la ville — notamment pour leur éviter de rester dans la rue. Collins remarque le talent de Pierce et lui propose de participer à la Police Activity League, dans laquelle il est le coach de l’équipe de basket. Il sera plus qu’un coach pour Pierce, qui finit par le considérer comme une figure paternelle.
« Coach Collins était non seulement une figure paternelle pour moi, mais aussi pour pleins d’autres jeunes. »
Paul Pierce, dans une interview à Beyond The Glory
Collins, joue aussi le rôle d’assistant coach pour l’équipe de basket de la Inglewood High School. Là encore, il aura une place prépondérante dans la réussite de Pierce, puisqu’il permettra au futur numéro 34 des C’s et à ses amis de s’entrainer sur le terrain du lycée, tôt le matin avant que le début des cours. Plus tard, au court de sa carrière, Paul décrira ces sessions comme le vecteur de l’éthique de travail qui lui fera honneur tout au long de son aventure en NBA. Pourtant, tout ne lui sera pas remis sur un plateau d’argent. Il sera coupé avant de pouvoir intégrer la Varsity Team du lycée, car il n’a pas la taille requise. Paul se servira de cet échec comme source de motivation et se rendra tous les jours à 5 heures du matin sur le terrain pour s’entrainer et prouver qu’il mérite sa place. Par chance il grandira également de quelques centimètres et rejoindra finalement la Varsity Team du haut de son mètre 76.
Le coach du lycée, Patrick Roy n’accorde que peu de confiance à sa nouvelle recrue. Puis un soir de match, alors que l’équipe est menée de 19 points en seconde mi-temps, il décide de faire rentrer Pierce, pensant que les sort de la rencontre est d’ores et déjà scellé. L’occasion était trop belle qu’elle n’échappe à Paul, il était temps de montrer aux personnes qui ont douté en lui qu’elles avaient tort. Le jeune Paul domine la deuxième partie de la confrontation de bout en bout. Il score 21 points, prend 9 rebonds et distribue 6 passes décisives, avec la victoire pour les siens bien entendu.
Pour coach Roy, il n’en faut pas plus pour réaliser quel joueur est réellement Paul Pierce. Dès lors, les clés de l’attaque lui sont confiées, ce qu’il lui permettra de véritablement s’épanouir et de laisser parler son potentiel. The Truth termine son année Junior avec un nouveau statut, celui de star. Il mènera les Sentinels à une saison de 30 victoires et à un titre de division. Son année Senior sera celle de la confirmation, Paul améliore encore ses stats et se présente comme l’un des meilleurs lycéens du pays avec des moyennes de 27 points, 11 rebonds et 4 passes par match.
Il sera naturellement convié à participer au McDonald’s All-American Game de 1995 aux côtés de joueurs tels que Stephon Marbury, Kevin Garnett ou encore Vince Carter, tous de futures stars de la grande ligue. Pierce marquera 28 points lors de la rencontre et assoira encore son statut d’espoir de première classe, et malgré les nombreuses sollicitations qu’il recevra de toutes les plus prestigieuses universités sportives du pays, il choisira le programme de Kansas à l’automne 1995.
Son envolée chez les Jayhawks
Le choix de Kansas s’était déjà fait depuis un petit moment pour Paul, pour une seule raison selon lui : L’approche au recrutement du coach Roy Williams.
« Il ne m’a rien promis, il m’a dit : tu vas venir ici, tu vas travailler comme n’importe quel joueur et je vais t’observer de près. C’était suffisant pour moi. »
Paul Pierce
L’impact de Pierce est immédiat, en jouant titulaire 30 des 34 matchs, il score une moyenne de 11,9 points et à l’issue de sa saison Freshman il recevra les honneurs Big Eight Freshman of the Year en 1996. Les yeux des recruteurs NBA sont rivés sur Kansas City et sont curieux de voir son évolution. Là encore, Paul ne décevra pas et au cours de sa saison Sophomore, il soigne la feuille de stats en marquant 16,3 points par rencontre avec 6,8 rebonds par match.
Il remporte le Big 12 Conference Tournament Most Valuable Player award avec moyenne de 21,7 points et guidée le Kansas vers le titre de champion du tournoi. Cette saison-là, les Jayhawks se présentent en grand favori pour le titre de champion NCAA en abordant le Sweet Sixteen avec une seule et unique défaite. Mais les rêves des jeunes joueurs de l’université de Kansas s’arrêteront face à Arizona, le futur champion, dans une défaite 85 à 82.
Paul se présente alors en conférence de presse, ému et anéanti, et prend la responsabilité de la défaite sur ses épaules, montrant déjà son tempérament de leader. D’ailleurs, coach Williams remarquera dès cette saison ce qui fera la réputation de The Truth tout au long de sa carrière : c’est-à-dire le fait d’élever son niveau de jeu dans les rencontres importantes.
« Plus le match est important, mieux il jouera. »
Roy Williams
Alors qu’il rentre dans la 3e année universitaire, Paul est déjà vu comme l’un des meilleurs prospects du pays et nul doute qu’il prendra très prochainement la décision de se présenter à la Draft NBA. Lui qui a toujours rêvé de joueur chez lui, à Los Angeles… l’histoire sera toutefois différente. Pour son ultime saison aux Jayhawks, Paul marque une compile 20,4 points et 6,7 rebonds de moyenne en disputant l’intégralité des matchs en tant que titulaire. À l’issue de cette saison, les distinctions sont nombreuses : Il remporte une nouvelle fois le Big 12 Conference Tournament Most Valuable Player award, il est sélectionné dans la First Team All-Big 12 Conference, nommé Associated Press First Team All-American et enfin finaliste pour les prestigieux John Wooden et Naismith awards. Il laissera une empreinte indélébile dans l’histoire des Jayhawks de Kansas en terminant au rang de 5e meilleur scoreur de l’état du Kansas avec 1 786 points, et 11e meilleur rebondeur. Après 3 ans au sein du programme universitaire, Paul se déclare à la Draft 1998 en tant que l’un joueurs les plus attendus de cette cuvée.
L’enfant de la Californie portera les couleurs blanche et verte
Le soir de la Draft 1998, à la General Motors Place de Vancouver au Canada, l’ordre des joueurs sélectionnés jettera un froid glacial. Attendu dans le top 3 de la Draft, Pierce attend patiemment, en applaudissant, avec la mâchoire serrée les jeunes talents adoptés avant lui. C’est enfin au bout de neuf noms cités devant lui que celui de Paul Pierce surgit de la bouche de David Stern. Stupéfaction pour le clan Pierce. Mais le plus surprenant, c’est la franchise qui le choisit, puisqu’il s’agit des Boston Celtics. Lui, le kid d’Inglewood qui a grandi en regardant les légendaires finales NBA entre les Lakers et les Celtics, jouera finalement pour l’équipe qu’il a adoré détester. Mais en 1998, le passé glorieux de Boston semble loin derrière la franchise qui connait des années difficiles. Elle accueille Pierce comme le joueur qui doit replacer Boston au sommet de la conférence Est. Autant dire, donc, que les attentes envers la jeune recrue sont immenses.
Des attentes auxquelles Pierce répondra sans trembler. Propulsé dans le starting five dès le début de la saison, Pierce marquera au moins 19 points dans les 10 des 11 premières rencontres de l’année. Il montre dès lors son aptitude pour le scoring, son jeu est peaufiné et riche, encore très athlétique jusqu’à la fin des années 2000, il attaque avec une grande facilité le cercle. Puissant, il sait également jouer dos au panier et placer le move qui lui permet de prendre le meilleur sur son adversaire direct. Le rookie des Celtics terminera la saison avec des moyennes très solides de 16,5 points et 6,4 rebonds par match.
Dans un exercice écourté par le lockdown, Boston remporte seulement 19 de ses 50 rencontres et Paul finira la 3e place pour le titre de Rookie of the Year. Fort de ses performances lors de son année rookie, les fans et le board en attendent beaucoup de Pierce en termes d’impact sur le jeu. La saison suivante, il améliore encore ses statistiques avec 19,5 points de moyenne. En septembre 2000, un événement tragique frôle de mettre un terme à la carrière et même à la vie de Paul. Malgré le fait qu’il ait échappé aux violences des rues de Inglewood, celles-ci le rattrapent. Alors qu’il était dans un club de Boston le soir du 25 septembre, il se fait poignarder et agresser avec une bouteille cassée par 3 hommes. Au total, il recevra 11 coups de couteau, dont certains au cou, dans le dos et dans l’abdomen. Un soir qui changera à jamais sa vie selon ses mots.
« C’est le soir où ma vie a changé pour toujours. »
« Il y avait deux femmes là-bas, je me suis arrêté pour les saluer, et je me suis retrouvé dans une échauffourée. Tout s’est passé très vite, je ne pourrais même pas dire combien de temps cela a duré. »
Paul Pierce
Par chance, le New England Medical Center était juste à côté du club, ce qui lui a permis d’avoir les soins adaptés rapidement. Également, malgré le nombre important de coups portés, aucun d’entre eux n’a atteint des organes vitaux et le pronostic vital de Paul n’était pas engagé. Miraculeusement, Paul se remet rapidement de cette attaque — du moins physiquement. Il se confiera plus tard que cette expérience l’a transformé.
« Ce n’est pas quelque chose qui s’oublie. J’ai de la chance d’être encore là, je me sens plus vieux pour la simple raison que j’ai eu un contact très proche avec la mort, j’ai vu ma vie défiler. J’ai grandi 10 fois plus vite. »
Paul Pierce, dans Sports Illustrated
Malgré cette attaque, Paul sera là pour le début de la saison et jouera les 82 matchs en marquant 25,3 points de moyenne pour la saison 2000-2001. Il terminera à la 8ème place du classement des meilleurs marqueurs avec un total de 2 071 points néanmoins malgré le niveau de jeu de Pierce, les résultats collectif de la franchise ne suivent toujours pas, le bilan de l’équipe sera de 36 victoires pour 46 défaites cette saison là, encore insuffisant pour une place en playoffs. Le front office des C’s redoutent que Pierce ne s’impatient, ils décident alors de virer Rick Pitino et le remplace par Jim O’Brien qui terminera la saison avec un bilan personnel équilibré de 24 -24, laissant augurer des espoirs pour la prochaine saison.
2001-02, l’année de la confirmation
Sous les ordres de Jim O’Brien, les joueurs de Boston excellent tout au long de la saison, emmenés par leur duo de stars : Pierce et Walker. Le numéro 34 de Boston prend une nouvelle dimension, bien aidé par les résultats positifs de son équipe. Il est nommé joueur du mois à deux reprises, en mars et en décembre. Naturellement, il est sélectionné pour son premier All-Star Game aux côtés de son coéquipier Antoine Walker.
Impressionnant toute la saison, Pierce termine avec des moyennes de 26,1 points et 6,9 rebonds, décrochant la place de 3e meilleur scoreur de la ligue et une sélection dans la All-NBA Third Team. Mais enfin, et surtout, Paul connaît ses premiers playoffs en carrière. Avec un bilan de 49-33, Boston termine 3e de la conférence et affronte les 76ers de Allen Iverson au premier tour de playoffs. La voici la grande scène que Pierce attendait tant pour prouver quel jouer il est réellement.
Pierce score une moyenne de 30.2 points en attrapant 8.6 rebonds par match sur la série. Celle-ci est disputée et va jusqu’au Game 5 – à cette époque les matchs de premier tour se jouent en 3 matchs gagnants. Déjà impressionnant tout au long de la série, la star des Celtics rendra une copie monstrueuse de 46 points pour une large victoire de 120 à 87. Les fans sont de joie et le Fleet Center est en ébullition, Boston passe un premier tour de playoffs après 10 saisons de disette.
En demi-finale de conférence, les Celtics font face aux Pistons, 2e de la conférence et parmi les meilleures défenses de la ligue. Pierce et les siens acceptent le défi physique offert par les joueurs de Detroit, et malgré un premier match qui se solde par une défaite, les Celtics restent solides et remporteront la série sur le score de 4-1. Pierce termine meilleur scoreur de la série avec 20.2 points de moyenne dans une série où les 100 points n’ont jamais été atteints. Vu comme les favoris, les Pistons tomberont pourtant face au jeu proposé par les hommes de Jim O’Brien et laissent les Celtics filer en finale de conférence pour affronter les Nets de Jason Kidd.
Dans les coulisses de la NBA, on s’imagine alors une potentielle finale entre les Lakers et les Celtics, mais les deux franchises légendaires de la NBA ont fort à faire avec les Kings et les Nets. New Jersey termine premier de la saison, défend dur et attaque intelligemment autour de la maitre artificer et meneur de génie, Jason Kidd. Les Celtics, eux comptent sur Walker et Pierce pour produire en attaque.
Le Game 1 est serré, mais verra les Nets sortir vainqueurs malgré les 27 points des deux All-Stars de Boston. Les hommes de Jim O’Brien réagiront dans le deuxième match de la série avec une victoire 93-86 malgré un Pierce à seulement 18 points à 3 sur 20 aux shoots. Le match 3 sera le théâtre de l’un des plus grands moments de l’histoire de la franchise du Massachusetts (et pourtant la liste est déjà longue). Les coéquipiers de Pierce et lui-même font une entame de match catastrophique, et se voient rapidement menés de 15 points après le premier quart-temps, alors que les hommes de Byron Scott récitent leur jeu. L’écart se creuse, et à la fin de la première mi-temps, sous les yeux impuissants des spectateurs, le score est de 54-34 pour les Nets. Pierce est à 1 sur 10, l’équipe shoote à 27%.
Le Fleet Center est choqué la performance des C’s et pourtant… C’est souvent dans l’adversité et dans les grands moments que les grands joueurs brillent et Pierce ne fait pas exception à la règle. Alors que les Nets semblent enfoncer un peu les joueurs de O’Brien après un troisième quart-temps maitrisé et un écart de 26 points, Pierce et ses coéquipiers vont réaliser un 4e quart-temps d’anthologie. Mené de 21 points au début du 4e quart-temps, ils réduisent l’écart à -15, puis -10. Rapidement leur public pousse et joue parfaitement son rôle de 13e homme. Boston colle alors un run de 41-16 dans les 12 dernières minutes. Paul Pierce signe 19 de ces 41 points, soit plus de points que tous les joueurs des Nets. The Truth est imperturbable, attaque sans cesse le cercle et guide les siens vers une victoire extraordinaire 94 – 90, permettant à Boston de mener la série 2 à 1.
Malgré ce moment d’euphorie, le reste de la série sera maitrisée par les Nets, bien que les matchs étaient serrés. En effet, le plan de jeu de Byron Scott et le playmaking de Kidd auront le dernier mot et les Nets s’imposent 4-2 dans la série. Ils fileront en finale pour affronter les Lakers de Shaq et Kobe, mais la suite, on la connaît. Pour la première expérience de playoffs de Pierce, âgé à peine de 24 ans, il prouve qu’il faudra compter sur lui dans les prochaines années pour se battre dans les grands moments.
La continuité et la maturité
La saison suivante, Pierce confirme son nouveau statut de leader et superstar à l’Est, il réalise à nouveau une grande saison : 25,9 points, 7,3 rebonds et 4,4 passes. Les C’s se placent à nouveau parmi les meilleures équipes terminant 6e de la conférence avec un bilan de 44 victoires pour 38 défaites. Ils affrontent cette fois les Pacers au premier tour et réalisent un upset retentissant. Ils se débarrassent des joueurs de l’Indiana en 6 matchs et Paul Pierce termine meilleur scoreur de la série avec 25,8 points par match, accompagnés de 9,2 rebonds.
En demi-finale, les joueurs de Jim O’Brien affrontent à nouveau les Nets, mais cette fois le sort qui leur est réservé est plus cruel. New Jersey inflige un sweep et est tout simplement la meilleure équipe malgré encore une fois une série très solide de Pierce qui est partout, 29 points, 8,8 rebonds et 7.8 passes.
Le front office, qui a été repris par Danny Ainge, se dit qu’il manque des éléments dans l’équipe pour espérer aller plus loin en playoffs. Alors que l’avenir de Pierce est assuré dans le Massachusetts, Ainge se doit de réaliser des moves pour apporter du renfort à sa star. Tandis que la free agency 2003 présente des noms comme Jason Kidd, Jermaine O’Neal, Elton Brand ou encore Alonzo Mourning, le nouveau GM des Celtics mise sur la jeunesse. Il drafte Kendrick Perkins, se débarrasse d’Atoine Walker — pourtant All-star — et fait venir Raef LaFrentz. Paul ne fera aucune remarque suite à ce recrutement et accorde sa confiance au GM.
Cependant, cette saison s’avèrera compliquée pour les C’s. Alors que Pierce est sélectionné dans la team All-Star de la conférence Est pour la 3e fois d’affilée, l’équipe parvient péniblement à obtenir son ticket pour les playoffs. Elle est bien aidée par le renfort de Ricky Davis en cours de saison et malgré le changement de coach au bout de 46 matchs. Ils affrontent les Pacers au premier tour, qui ne feront qu’une bouchée d’eux, 4 – 0 et de gros doutes à l’issue de la saison.
La saison 2004-2005 débute avec un nouveau coach en la personne de Doc Rivers, le recrutement de Gary Payton et du rookie Tony Allen pour apporter de la rigueur défensive et du talentueux pivot, Al Jefferson. Mené par Pierce, plus en plus leader au sein de l’équipe, les C’s termine premier de leur division et troisième de la conférence avec un bilan de 45 victoires pour 37 défaites. En favori, ils retrouvent à nouveau les Pacers au premier tour, la série sera discutée en 7 matchs, mais c’est finalement Indiana qui en ressort vainqueur, un nouvel échec au premier tour pour les Celtics.
Boston : du doute au coup de génie
Entre 2005 et 2007, les Celtics ne vont remporter que 57 matchs et Pierce va connaître une blessure qui lui fera manquer 35 matchs sur la saison 2006-2007 laissant Boston orphelin de sa star. Le doute s’installe alors dans la tête de Pierce, qui ne cache pas sa frustration.
« Je suis le parfait exemple d’un grand joueur qui évolue dans une mauvaise équipe et ça craint ».
Paul Pierce, dans le New York Post
À l’issue de cette saison catastrophique Danny Ainge, entend la frustration de sa star et va réaliser les transferts qui vont à jamais changer l’histoire récente de la légendaire franchise. Le 28 juin 2007, les Celtics annoncent l’arrivée de Ray Allen, la star de l’équipe des SuperSonics. Le 31 juin 2007, c’est The Big Ticket, Kevin Garnett, qui arrive dans le Massachusetts. En un peu plus d’un moins, les Celtics viennent de former un big three monumental et le coup de génie de Ainge est réussi.
Boston aborde la saison régulière en favori pour le titre à l’Est. Mené par leur trio, les C’s forment un groupe solide entre expérience et fougue de la jeunesse avec des joueurs comme Tony Allen ou Rajon Rondo. Pierce âgé de 30 ans, voit sa moyenne au scoring chuté, mais reste lucide et sait que c’est pour le bien du collectif. À mi-saison, alors que Pierce connaît sa 7e sélection pour le match des étoiles, Boston affiche un bilan de 41 victoires pour 9 défaites et roule sur l’Est. L’équipe de Doc Rivers termine la saison régulière avec un bilan de 66 victoires pour seulement 16 défaites et Paul Pierce sera sélectionné dans la All-NBA 3rd Team.
Voilà 9 saisons que Pierce porte les couleurs de Boston et il n’a jamais été aussi favori pour remporter le titre. Pourtant les playoffs ne seront pas une croisière de plaisance pour les C’s. Le premier et le deuxième tour se jouent en 7 matchs avec notamment un duel d’anthologie entre Pierce (41 points) et LeBron James (45 points) lors du Game 7. Boston accède aux finales de conférence pour la première fois depuis 2002, cette fois ils font face aux Pistons, équipe dominante de l’Est depuis 6 ans.
Pierce et Garnett contrôlent l’attaque et le Game 6 sera celui de Pierce, qui score 27 des 89 points de l’équipe. Paul Pierce, drafté en 10e position par les Boston Celtics, fidèle depuis maintenant 10 ans, qui a laissé son statut de superstar et son égo pour former un trio gagnant, atteint les finales NBA pour la première fois de sa carrière. Et comme si l’histoire était déjà écrite, il affronte l’équipe qui l’a rendu amoureux du basket : les Los Angeles Lakers.
The bigger the game, the bigger he plays
Voici enfin la scène qu’il attendait depuis le début de sa carrière. Les finales NBA ont été marquées par la rivalité entre les Lakers et les Celtics, et Paul Pierce souhaite laisser son empreinte sur cette rivalité qui lie les deux franchises. Boston détient l’avantage du terrain sur cette série, un gros plus, puisque le TD Garden est une des salles les plus bruyantes et fidèles de la NBA. Le Game 1 est serré comme attendu et les deux équipes sont aux coude à coude. Dans le 3e quart-temps, alors que Kobe attaque le cercle, Pierce défend sur lui, mais retombe sur sa jambe et s’écroule près de la ligne des fonds en se tenant le genou et se tordant de douleur. Le public et tout le Massachusetts retient son souffle. Il doit être évacué en chasse roulante et dans les travées de la NBA, on se dit qu’il ne reviendra pas dans la série. Finalement, comme un miracle, Pierce revient sur le parquet 10 minutes après sa blessure. C’est la confusion, mais le soulagement aussi coté Boston. Plus tard, en 2019, Pierce révélera ce qu’il s’est réellement passé – on vous laisse la surprise. Il joue les 5 dernières minutes et marque 7 points, permettant aux C’s d’être devant à la fin du 3e quart-temps (77-73). Les Celtics assurent le 4e quart-temps et l’emporter 98-88, Pierce aura largement contribué à cette première victoire avec 22 points.
Le Game 2 est presque une formalité pour les C’s qui mènent de 23 points dans le 4e quart-temps, avec toutefois une petite frayeur en fin de match lorsque les Lakers reviendront à 2 points. Mais Boston ne tremble pas et c’est Paul Pierce qui met 2 lancers francs décisifs pour sceller le sort du match. Auteur de 28 points et clutch, Pierce permet aux Celtics de mener la série 2-0. Le match 3 sera remporté par les Lakers dans le sillage d’un Bryant intouchable avec 36 points alors que Pierce passe à côté de son match (2 – 14 au shoot avec 6 points). Alors que le match 4 semble déjà décidé au bout du 2e quart-temps et que les Lakers mènent de 24 points, Boston va réaliser une fois de plus, un des plus grands comeback de l’histoire des playoffs. La deuxième mi-temps sera sur le score sans appel de 57 à 33 en faveur des hommes de Rivers. Le big three marque 55 des 97 points de l’équipe, permettant à Boston de s’approcher à un petit match du sacre. En conférence de presse, Paul Pierce dira qu’il ne pense déjà plus à cette victoire et qu’il est concentré sur le match suivant. De quoi donner une idée de mentalité du groupe.
Los Angeles arrachera le match 5 tout en n’ayant pu stopper Pierce, auteur de 38 points dans ce match. Mais la confiance semble bien être dans le camp des Celtics. Et ce soir de 17 juin 2008, le scénario sera celui rêvé pour Pierce et ses coéquipiers. L’écart se creuse rapidement en faveur de Boston, et les Lakers semblent groggy. Pierce se rend peu à peu compte que ça y est, il a porté sa franchise de coeur, celle avec laquelle il a tout connu, sur le sommet de la NBA. Le buzzer retentit dans le TD Garden et c’est officiel, les Boston Celtics sont champions NBA 2008. Consécration ultime pour Ray Allen, Kevin Garnett et surtout Paul Pierce qui sera nommé MVP des finales avec des statistiques solides de 21.8 points, 4.5 rebonds et 6.3 passes. Il rentre à jamais dans l’histoire de la franchise comme l’un des meilleurs joueurs ayant porté le maillot blanc et vert.
2009-2012, il ne manquait pas grand chose
Auréolés de leur nouveau sacre, les Celtics se présentent pour le début de la saison suivante en grand favori pour le repeat. Ils obtiennent la deuxième place à l’Est derrière les Cavs d’un LeBron James MVP pour la première fois. All-Star pour la 7e fois, Pierce commence véritablement à être vu comme l’un des meilleurs ailiers de l’histoire de la ligue et l’un des plus clutch. Il est également nommé dans la All-NBA 2nd Team pour la première fois de sa carrière. Boston arrive en playoffs avec la pression de réaliser le doublée, mais doit réaliser cet exploit sans Kevin Garnett qui ne peut être avec ses coéquipiers pour cause de blessure.
Le premier tour, opposera Boston face à Chicago, d’un virevoltant rookie du nom de Rose et d’une jeune escouade pleine de fougue face à l’expérience de Boston. Les deux équipes vont livrer un combat d’anthologie avec des shoots clutch dans tous les sens, un match à 51 points de Ray Allen et la révélation de Rajon Rondo. Finalement Boston sortira victorieux après un Game 7 très disputé. Fatigués de cette première série, les hommes de Rivers n’ont pas le temps de souffler puisqu’ils doivent affronter le Magic de Howard, meilleur pivot de la ligue à ce moment. Là encore, cette série se jouera en 7 matchs, mais c’est finalement Orlando qui en sort vainqueur cette fois. Boston se voit éliminer après en demi-finales, eux qui rêvaient d’un repeat.
La saison 2009-2010 débute et Boston aligne à nouveau son Big Three qui semble être à 100% à nouveau, de bon augure pour la saison et les playoffs. Cependant, Pierce manquera une dizaine de matchs et Garnett près d’une quinzaine, des absences qui auront évidemment un impact sur le résultat de l’équipe. En effet, malgré un record solide de 50 victoires pour 32, les C’s ne finissent qu’à la 4e place de l’Est.
Pierce dépasse, cette saison-là, la barre symbolique de 20 000 points en carrière. Il est également nommé All-Star pour la 8e fois de sa carrière, et rejoint des noms tels que Larry Bird et John Havlicek pour le record de sélections All-Star au poste d’ailier.
Boston affronte Miami au premier tour. Alors que les siens mènent la série 2 – 0, au Game 3, Pierce se montrera très clutch. Le score est à 98 partout, il reçoit la balle, laisse tourner le chrono, se décale, déclenche et shoot le Game Winner qui permet aux Celtics de mener 3 – 0 dans la série. Boston remportera la série 4 – 1 et accède aux demi-finales de la conférence Est pour affronter les Cavaliers. Pierce aura du mal dans cette série et shootant à seulement 34%, mais Rondo et Garnett tiennent la baraque à LeBron James. Après avoir été mené 2 – 1 dans la série, Boston va remporter les 3 prochains matchs et faire parler son collectif.
En finales de conférence, face au Magic, Pierce sera particulièrement bon. Avec une moyenne de 24.3 points et 8.3 rebonds et surtout un Game 6 en patron avec 31 points et 13 rebonds, il permet à Boston de se débarrasser d’Orlando et de filer en finales pour la seconde fois en trois ans. Il y retrouve à nouveau les Lakers de Bryant.
Ces Finales seront une véritable guerre de tranchées. D’un côté les Celtics toujours menés par leur trio, un groupe expérimenté, et de l’autre Bryant et Gasol, deux énormes compétiteurs qui visent le back-to-back et qui espèrent surtout prendre leur revanche sur les Celtes. La barre des 100 points ne sera dépassée que 2 fois tant le jeu est physique, Pierce se montre solide avec 18 points de moyenne, mais trop peu malheureusement pour répondre à cette équipe des Lakers. Cette série ira jusqu’au Game 7, qui sera une vraie boucherie basketballistiquement parlant. L’intensité est à son summum. Mais malheureusement pour Boston, c’est Metta World Peace alias Ron Artest qui va crucifier les joueurs de Rivers sur un shoot clutch. Cette fois, ce sera les Lakers qui ressortent champions de cette rivalité légendaire.
Entre 2010 et 2012, les Celtics continueront d’être parmi les meilleures équipes de l’Est et iront régulièrement en playoffs. Pierce connaîtra sa 9e et 10e sélection pour le All-Star Game et enchaine les tirs décisifs en saison et en postseason. Le 7 février 2012, il dépasse Larry Bird, devenant le meilleur scoreur de l’histoire de la franchise. Malgré son aspect vieillissant, l’équipe des Celtics réalise toujours de beaux parcours en playoffs avec une demi-finale de conférence en 2011 et une finale de conférence en 2012 face aux Heatles d’un LeBron James qui devra réaliser le match de sa carrière pour maintenir Miami en vie sur le match 6. Cette série se décidera à l’issue d’un match 7 remporté par Miami, ce sera l’événement qui mettra un terme à l’épopée du Big Three des Celtics qui aura durée 5 ans et apporter un titre.
Vers la fin du Big Three, quid sur l’avenir de Pierce ?
À l’intersaison 2012, Allen signe avec le Heat et fait imploser le trio formé par Danny Ainge. Pierce, Garnett et Rondo permettront aux C’s d’arracher une place en playoffs mais se feront éliminer par New York dès le premier tour. Dans les coulisses du TD Garden, des rumeurs circulent sur l’avenir de KG et The Truth, des rumeurs que les fans redoutent. Finalement le 12 juillet 2013, la nouvelle tombe. Pierce et Garnett sont envoyés à Brooklyn, nouvelle franchise qui remplace les New Jersey Nets et qui se présente avec un projet ambitieux.
Coup de tonnerre à Boston. L’enfant chéri fait ses valises pour une autre franchise, lui qui se sera montré fidèle jusqu’au bout envers sa franchise et qui aura à jamais laissé son empreinte dans l’histoire de la franchise. Mais, pour Pierce, la page devait se tourner rapidement pour se concentrer sur ce nouveau chapitre :
« Je suis un Brooklyn Net maintenant, au bout d’un moment il faut passer à autre chose, et je suis ici pour essayer de créer une sorte de legacy ici à Brooklyn. »
Paul Pierce
À 36 ans, c’est la première fois de sa carrière que Pierce va aborder les couleurs d’une autre franchise pour débuter une saison. Sous l’égide de Jason Kidd en head coach, les Nets terminent avec un bilan de 44 victoires pour 38 défaites. Des résultats en deçà de ce que les fans espéraient de l’escouade composée de Joe Johnson, Deron Williams, Paul Pierce et Kevin Garnett. Le premier tour les oppose aux Raptors de DeRozan et Lowry. La série sera serrée et Pierce se montrera clutch dès le Game 1 avec 9 points dans le 4e quart-temps et un tir décisif pour crucifier les Raptors. La série se jouera en 7 matchs et les Nets en sortiront victorieux, mais se feront éliminer pour le Heat en 5 matchs.
L’aventure Nets prend finalement fin au bout d’une saison pour Pierce qui fait ses valises pour la capitale. Le front office espère que Pierce puisse faire passer un cap à cette jeune équipe menée par Beal et Wall. La production de Pierce baisse et à 37 ans, son temps de jeu a nettement diminué, mais les Wizards réalisent une saison solide et terminent avec 5e bilan à l’Est.
Dans le second tour, face aux Hawks, Pierce nous offre une fois de plus un moment extraordinaire dont seul lui a le secret. Alors que le score est 101 partout, Pierce reçoit la balle en tête de raquette, place ses appuis et enclenche un shoot sur 3 défenseurs… La balle touche le plexi et fini dans le panier, les Wiz remportent la rencontre et mènent la série 2 – 1 grâce à Paul Pierce. Les Hawks, premiers de l’Est remporteront les 3 prochains matchs, éliminant les Wizards de la compétition.
À 37 ans et 16 saisons dans les pattes, Paul décide de plier bagage et s’offre un ultime baroud d’honneur, à la maison chez lui, à Los Angeles. Il rejoint les Clippers le 10 juillet 2015. Il jouera tout de même 68 matchs sur la saison 2015-216 et seulement 25 la suivante. Le 5 février 2017, face à Boston, Doc Rivers le fait entrer en jeu, pour lui offrir une ultime standing ovation par le TD Garden. Un moment émouvant pour Pierce qui constitue une très grande partie de l’histoire de la franchise au trèfle. Les Clippers iront en playoffs et le 30 avril 2017, Pierce jouera son dernier match durant ses 19 ans de carrière NBA.
Celtics pour la vie
Le 17 juillet 2017, Pierce signe un contrat anecdotique avec les Celtics afin de prendre sa retraite en tant que Celtic. Un mois plus tard, un communiqué des Celtics annonce que son maillot sera retiré, la cérémonie aura lieu le 11 février 2018, ultime consécration pour Paul Pierce qui devient le 23 joueurs de l’histoire de la franchise à avoir son maillot retiré.
Paul Anthony Pierce, c’est l’histoire d’un gamin de Inglewood, qui aurait pu sombrer dans la violence des gangs de Los Angeles, mais qui au lieu de ça, a décidé de concentrer son énergie pour le basket. Tombé amoureux de ce sport en regardant Magic, Worthy et Abdul-Jabbar face aux Celtics dans les légendaires finales des 80’s. C’est avec beaucoup de travail et de persévérance qu’il aura sa place en NBA et qu’il bouleversera l’histoire de la franchise qu’il a tant aimé détester plus jeune.
Plus de 25 000 points en carrière et plus de 45 000 minutes sur les parquets, Pierce a beaucoup donné pour ce sport et a connu la consécration ultime en 2008 avec SA franchise. Joueur athlétique et scoreur à ses débuts, il a su s’adapter et jouer de son physique pour rester parmi les joueurs les plus efficaces de la ligue. Avoir son maillot retiré chez les Celtics, ça demande d’avoir eu un certain impact et le moins que l’on puisse dire c’est que Pierce a changé l’image de la franchise après son passé glorieux. Voilà maintenant vous connaissez The Truth.
Photo de couverture : Gabriel Bouys / AFP via Getty Images