Ben Wallace : contrer le destin

L'histoire de Ben Wallace, membre de la classe 2021 du Hall of Fame

par Nicolas Deroualle

Comment briller en NBA sans jamais atteindre les dix points de moyenne en saison ? Le secret, c’est Ben Wallace alias Big Ben qui le détient. L’histoire que nous allons vous raconter dans cet article est extraordinaire. Celle d’un gamin de l’Alabama qui grandit dans une extrême pauvreté, qui va éclabousser la grande ligue par son style et par son mental d’acier. 16 ans de carrière à protéger son cercle, attraper du rebond à la pelle et scotcher des tentatives de tirs sur le plexi. 9 ans après sa retraite, Wallace est récompensé pour le travail extraordinaire qu’il a fourni puisque son nom sera à jamais inscrit parmi les grands de ce sport.

Pourtant tout n’a pas été facile pour The Fro… Alors, tentez de faire votre plus belle imitation d’une coupe afro, enfilez un bandeau sur la tête et au biceps — bonne chance pour celle-là — et embarquez avec nous pour (re) découvrir l’histoire de l’homme, de l’athlète, Ben Cameron Wallace.

Une enfance difficile

L’égalité des chances n’est pas la même pour tous, ce n’est pas une surprise et aux Etats-Unis, cette affirmation est d’autant plus marquante. Issu d’une famille afro-américaine d’un des États du sud des Etats-Unis dans un environnement pauvre et prolétaire, Ben Wallace déjouera pourtant toutes les statistiques et, à force de travail acharné, fera de sa vie, une épopée extraordinaire et sera l’idole de toute une ville.

Né le 10 septembre 1974 à White Hall dans l’Alabama, Ben Cameron Wallace a connu une enfance difficile. Il a grandi dans la pauvreté et a dû partager le peu de ressources dont sa famille dispose avec ses 10 autres frères et sœurs. Ben et ses sept autres grands frères prennent à cœur d’aider aux besoins de la famille, malgré leur très jeune âge. Tous travaillent dans une ferme locale de noix de pécan afin de se faire quelques dollars pour s’offrir notamment un panier de basketball à fixer sur le mur de la petite maison familiale.

En fait, depuis sa naissance, Ben s’est battu et a lutté pour son succès phénoménal dans la grande ligue. Lorsqu’il s’est mis au basket, il a rapidement développé son penchant pour jouer dur au contact de ses frères aînés.

« Si je voulais avoir la balle, il fallait que je la vole, prendre un rebond ou empêcher le ballon de sortir des limites du terrain. »

Ben Wallace, à Jon L. Wertheim de Sports Illustrated.

L’image qui nous vient lorsqu’on pense à Wallace, c’est celle d’un joueur qui s’est toujours battu pour un rebond comme si c’était le dernier de sa carrière, une personne altruiste qui a donné son cœur et son âme pour les fans, et l’apparence du gars le plus cool du monde. avec son style afro. Pour ceux qui aiment le Tough Game, Ben Wallace est votre homme.

Désormais adolescent, Wallace a commencé à donner une vraie importance au basketball. Jouant pour l’équipe de la Hayneville Central High School, il établira des records (All-State honors) et fera fortes impressions sur les parquets, mais aussi sur un terrain de baseball et football en tant que linebacker.

Finalement, Ben choisit de concentrer toute son attention sur le basketball notamment après avoir appris que son idole, Charles Oakley tient un camp de basket à York dans l’Alabama, a près d’une centaine de kilomètres de chez lui. Afin de regrouper les 50$ nécessaires pour s’inscrire au camp, Ben coupe les cheveux d’étudiants et habitants de sa ville pour seulement 3$ afin d’avoir la somme suffisante pour participer au camp de Oakley. Il y parviendra et fera forte impression au joueur des Bulls à ce moment-là. Charles se dit impressionné par l’énergie et le hustle de Wallace. Il lui propose alors de garder le contact avec lui et l’encourager dans sa jeune carrière. Nul doute que le joueur des Bulls a apprécié le style de jeu du jeune Ben, qui a dû se voir en lui plus jeune. Qui d’autre était mieux connu pour le basket-ball et la réputation de joueur rude pendant les années 90 que lui ?

Se battre pour être reconnu

L’histoire de la carrière de Wallace est assez différente de celle d’un autre joueur. Évidemment chaque joueur est unique, avec son lot de péripéties pour arriver à intégrer la NBA, mais Ben fait véritablement partie de ses joueurs qui n’ont jamais cessé de se battre pour être vu pour leur talent. Après le lycée, il intègre le Cuyahoga Community College dans l’Ohio et s’est très rapidement révélé être un homme parmi les ados, avec une moyenne de 24 points par match, 17 rebonds par match et surtout 7 contres par match au cours de sa deuxième année, il démontre un peu plus son attrait pour la défense.

Toujours en contact avec Charles Oakley, son énergie et son hustle seront récompensés puisque le joueur NBA le recommande vivement auprès de son ancienne université, Virginia Union, classée dans la deuxième division de la NCAA. Alors transféré à Virginia Union, il s’agit d’une opportunité pour Ben, qui passe d’un community college à une université qui lui ouvre les portes de la NCAA et qui met un peu plus la lumière sur son jeu. Wallace poursuit sur sa lancée et impressionne sur le parquet et sur les feuilles de stats, pendant ses deux ans, entre 1994 et 1996, il réalise un double double de moyenne dès sa première année (13.4 points, 10 rebonds), il permet aux Panthers d’atteindre le Final Four de la NCAA avec un bilan de 28-3. A division II.

Dans sa dernière année universitaire, Ben sera sélectionné dans la First-Team All CIAA et surtout la First Team All-American. Alors inscrit à la Draft a l’issue de son cursus universitaire, il subira un autre coup dur, n’ayant pas été drafté en NBA, il tente alors des tryouts en Italie avec l’équipe de Viola Reggio Calabria. Heureusement la chance va lui sourire.

Rentré en NBA par la petite porte

À la sortie de son cursus universitaire, peu de scouts NBA s’intéressent au profil de Ben Wallace. Il est important de poser le contexte et se rappeler que les raquettes NBA sont remplies de seven footer puissant et scoreur, a l’image d’un Shaquille O’Neal ou d’un Larry Johnson par exemple. De ce fait, les observateurs jugeront Wallace « trop petit » et trop limité en attaque pour réaliser le cut. Pourtant après les essais réalisés avec l’équipe de Viola Reggio, en 1996, la logique sera respectée et les Bullets, intéressés par le profil de Big ben, acceptent Wallace pour leur training camp et cette fois le joueur originaire de l’Alabama fera le cut.

Wallace intègre la NBA à l’âge de 22 ans et montre immédiatement son attrait pour l’effort défensif et son instinct pour attraper les rebonds dès son premier match officiel. En effet, en à peine 19 min, Wallace capte 10 rebonds et vole 3 ballons. Pourtant, ‘Fro n’a pas la confiance du coaching staff et doit se contenter de quelques minutes par matchs en seulement 34 rencontres jouées sur 82. Wallace prend son mal en patience et continue de travailler dur en attendant son heure.

Sur sa saison sophomore, il se voit attribuer 10 minutes de plus par match, comparé à sa saison rookie. En 16 minutes par match, Ben rentabilise chaque minute sur le terrain et son énergie est de plus en plus appréciée par les Wizards. Il sera dans le starting five à 16 reprises cette saison, lui-même surpris par son niveau de jeu.

« Je savis que je pouvais jouer à ce niveau, mais je ne pensais pas que cela arriverait aussi rapidement. »

Ben Wallace, pour Sports Illustrated

Le mois de février 1998 sera le meilleur de sa jeune carrière, en effet, Wallace capte quasiment 8 rebonds de moyenne en plus d’être imparable en défense en ajoutant à ses feuilles de statistiques, des contres et des interceptions. Pour sa troisième saison dans la capitale, Wallace continue d’impressionner et commence à sérieusement grimper dans le classement des meilleurs rebondeurs de la saison avec 8.3 rebonds attrapés par match et notamment un mois d’avril à 10.8 rebonds de moyenne. Les résultats des Wizards ne sont pas flamboyants et le front office décide de se séparer de Wallace pour s’orienter vers une autre direction. ‘Fro est transférée à Orlando le 11 août 1999 avec à son actif une présence dans le classement des meilleurs rebondeurs et une forte impression en fin de régulière.

Ben Wallace était déjà un féroce contreur dès sa saison Rookie à Washington.
Photo : Stan Honda / NBA Getty Images

Orlando Magic, one and done

Le rôle de Wallace est clair pour le Magic, il sera titulaire mais il aura un temps de jeu encore limité. Pourtant au fur et mesure que la saison avance, Wallace prouve qu’il mérite sa place dans le 5 en jouant 24 minutes par match. En 81 matchs, Wallace réalise une moyenne de 8.2 rebonds et 1.6 contres. Il tient un rôle important dans la défense du Magic, mais trop peu utilisé, il ne peut montrer son réel potentiel. Wallace mesure la chance d’être en NBA et se contente de ce que le coach lui donne pour le moment. Néanmoins, c’est dans un autre état, plus au nord, que le nom de Ben Wallace circule de plus en plus fréquemment dans un bureau.

Ce bureau, il s’agit de celui de Joe Dumars, ancien joueur marquant des Bad boys de Detroit et surtout GM des Pistons depuis 2000. Visionnaire, Dumars entame les fondations de son projet et un des éléments majeurs de ce projet se nommera Ben Wallace. Dumars voit en lui ce que d’autres GM n’ont pas vu, un patron de défense et un spécialiste du hustle play. Le GM des Pistons sait que ce type de joueur est primordial dans une équipe et constitue un élément crucial d’une équipe qui joue pour le titre.

Pistons, comme une évidence pour ‘Fro

Le GM réfléchit donc à une façon de faire venir Ben Wallace à  Mo’ town. Superstar de l’équipe des Pistons, Grant Hill subit plusieurs blessures qui l’écarteront du terrain et des projets de Detroit, lui qui était le fer de lance des Pistons vers la fin des années 90. Joe Dumars propose alors un sign and trade et transfère Grant Hill à Orlando. En échange, le GM demande une compensation au Magic et cette compensation comptera Ben Wallace ainsi que Chucky Atkins.

Ça y est, Dumars possède la pièce maîtresse de sa défense. Arrivé en 2000, Wallace évolue entre autres aux côtés de joueurs tels que Ceballos, Barros ou encore Stackhouse et le moins que l’un puisse dire, c’est que la production de Wallace va connaître un véritable bond. Il termine sa première saison sous la tunique bleue et rouge avec le deuxième meilleur pourcentage de rebond par match de la ligue (13.2), juste derrière Dikembe Mutombo. L’impact de Wallace se fait également sentir sur le defensive rating de l’équipe. En effet, même si les Pistons affichent un bilan négatif cette saison, ils terminent avec le 8ème defensive rating de la ligue, eux qui affichaient le 21ème defensive rating la saison précédente.

La saison suivante, Dumars place Rick Carlisle à la tête de l’équipe, l’impact de Carlisle sera immédiat puisque les Pistons réalisent une saison solide en affichant un bilan de 50 victoires pour 32 défaites. Wallace, quant à lui, poursuit sa progression et termine pour la première fois meilleur rebondeur de la ligue avec 13 prises et un record en carrière le 24 mars avec 28 prises face aux Celtics. Il finit également meilleur contreur avec une moyenne de 3.5 par match en 80 matchs et les Pistons terminent avec le 8ème defensive rating de la ligue. Il sera seulement le 4ème joueur de l’histoire en dessous de 2m10 à finir meilleur rebondeur de la ligue.

Naturellement, Wallace est sélectionné dans la All-Defensive First Team et la All-NBA Third Team et sera élu Defensive Player of The Year 2002. Ce titre individuel est la consécration du style de jeu de Big Ben, qui place toute son énergie dans l’effort défensif, qui ne soucie pas de ses statistiques offensives alors qu’il est pourtant un joueur capable à l’intérieur. C’est d’ailleurs toute l’identité des Pistons qui va se construire autour du mindset de Wallace sur les cinq prochaines années.

Big Ben remporte son premier titre de « DPOY ». À la fin de sa carrière, quatre seront posés sur son étagère.
Photo : Tom Pidgeon / NBAE Getty Images

Cette saison 2001-2002, Detroit retrouve les playoffs et fait face aux Raptors orphelins de Vince Carter, blessé au cours de la saison. Dès le premier match, les Pistons imposent leur rythme de jeu et mettent tout simplement le verrou sur leur panier. À l’issue du premier quart temps, ils limitent les Raptors à neuf points. Wallace sera particulièrement prolifique en attaque avec 19 points en plus de faire la loi à l’intérieur avec 20 rebonds et 3 contres. Detroit s’impose assez largement à l’issue de ce Game 1 en n’ayant encaissé seulement 63 points. Le reste de la série sera disputé mais la défense des Pistons limite drastiquement l’impact offensif des joueurs de Toronto. Detroit s’impose 4-2, six rencontres au cours desquelles les 100 points n’ont jamais été atteints. Wallace sera l’homme de ce premier tour pour les Pistons avec 8.2 points, 15 rebonds, 2.2 interceptions et 2.2 contres en moyenne.

En demi-finale de conférence, les Pistons se retrouvent face aux Celtics de Paul Pierce. Malheureusement, cette série ne suivra pas le même scénario que le tour précédent et ce malgré la victoire des Pistons sur le Game 1 sur le score de 96 – 84 (Nous vous invitons à consulter les scores de cette série et de ces playoffs, c’est lockdown defense). Boston remportera les 4 autres rencontres, mettant fin au run et à la bonne saison des Pistons. Le volume de jeu de Wallace sur cette série est encore une fois impressionnant, terminant meilleur rebondeur sur chaque rencontre de la série avec une moyenne de 17 prises par match.

Monstre défensif

À l’été 2002, Dumars poursuit le projet qu’il a débuté et les Pistons seront une des équipes les plus actives sur le marché. Le GM réalisera des mouvements audacieux qui constitueront les poumons et le cœur d’une dynastie naissante. Detroit se débarrasse de Jerry Stackhouse en échange de Richard Hamilton, arrière scoreur et bon défenseur du côté de Washington. Le front office opte également pour Chauncey Billups afin de mener l’attaque et drafte Tayshaun Prince, tout juste sorti de Connecticut. Rick Carlisle, toujours à la tête de l’équipe, monte un collectif ultra défensif avec les bonnes pièces en attaque qui permettra aux Pistons d’afficher un bilan de 50 victoires pour 32 défaites.

Wallace réalise la meilleure saison de sa carrière, il obtient son deuxième titre de Defensive Player of The Year avec des moyennes de 15.4 rebonds par match, dont 11.4 rebonds défensifs, et 3.2 contres. Logiquement, il sera sélectionné pour le All-Star Game. Si on regarde de plus près les statistiques défensives de Wallace sur cette saison, on prend conscience de l’impact individuel du joueur sur son équipe. Avec ses 15.4 prises, il capte 23.2% des rebonds de l’équipe (1er du classement de la ligue), il enregistre le meilleur defensive win shares de la ligue avec 7.9 et le premier defensive box plus/minus avec 3.5 points défensifs. Wallace est tout simplement sur l’intégralité des compartiments de la défense de la NBA et de son équipe qui affiche le 4eme defensive rating de la ligue avec une moyenne de 99.9. Enfin, les Pistons sont l’équipe qui encaisse le moins de points par match avec seulement 87.7 points.

En 2006, quatre Pistons sont sélectionnés au match des étoiles. Peu partisans du concept habituel, Wallace et ses potes défendront sur chaque possession de l’Ouest.
Photo : Nathaniel S. Butler / NBAE via Getty Images

La popularité de Ben Wallace explose dans le Michigan et tout autour de la ligue. Il constitue le visage de la franchise et les Pistons profitent de la nouvelle dimension que prend ‘Fro puisque c’est toute la ville qui se rue au Palace of Auburn Hills pour voir jouer leur team. La salle des Pistons, cette saison, sera la plus fréquentée de la ligue et les fans arborent avec fierté des t-shirts  »Fear the fro » et le maillot de Wallace devient un des plus vendus.

Après une saison solide, les Pistons retrouvent les playoffs et se retrouvent face au Magic d’Orlando de T-mac. La série se jouera en 7 matchs et les stars sont au rendez-vous. McGrady score plus de 30 points par match sur la série et le Magic mène 3-1 sur la série. Mais les Pistons ne plient pas et vont shutdown l’équipe de Doc Rivers en maintenant notamment McGrady a 7/24 aux shoots. Wallace pèsera de tout son poids sur la série avec 17.9 rebonds, 3.2 interceptions et 3.3 contres. Les Pistons remporteront le Game 7 assez largement sur un score de 108-93.

En demi-finale, Detroit fait face à Philadelphie. Encore une fois, la défense des Pistons imposera le rythme lent des rencontres de la série et ils empêcheront les Sixers d’atteindre la barre des 100 points. Wallace réalise une moyenne de 13.8 rebonds et 2.5 contres par match. De l’autre côté, Rip Hamilton et Chauncey Billups marquent les points pour Mo’town. Les Pistons gagnent la série 4-2 et filent en finale de conférence, une première depuis 1991. Les fans et le front office ne peuvent que se réjouir et applaudir leur équipe. Certes, elle ne joue pas le basket le plus flamboyant mais son jeu est à l’image de la ville : dure et passionné, rappelant ainsi l’ère des Bad Boys des 80’s.

Malheureusement, les New Jersey Nets viendront gâcher cet esprit de fête qui règne à Détroit et infligeront un sweep cuisant pour accéder aux finales et faire face aux Spurs. Billups sera lourdement critiqué après être passé totalement à côté de la série en affichant seulement 9.8 points à 27% de moyenne au tir. Malgré un travail défensif très solide de Wallace avec 17.3 rebonds et 3.5 contres sur cette série et 16.3 rebonds de moyenne sur l’ensemble des playoffs, les Pistons seront trop court cette saison mais Joe Dumars réfléchit déjà à l’élément à ajouter pour emmener les Pistons jusqu’au trophée…

Une raquette, deux Wallace, la recette qui fonctionne

La saison 2003-2004 débute avec un changement majeur pour l’équipe puisque Carlisle est remplacé par Larry Brown, ancien coach des Sixers et spécialiste de la défense. Avec Brown, les Pistons améliorent encore leur défense et affichent le deuxième defensive rating de la ligue ainsi que le deuxième plus petit nombre de points encaissés par match avec seulement 84.3 points tout en limitant les équipes adverses à 41% au tir. Alors que les playoffs approchent doucement, Dumars va réaliser un transfert déterminant en faisant venir Rasheed Wallace en provenance de Portland et Atlanta.

L’impact du Sheed est quasi immédiat. Sur les 22 matchs joués par celui-ci, 17 se terminent par une victoire. Rasheed Wallace apporte à la fois une présence importante en défense et constitue une arme en attaque. Ben Wallace, quant à lui, sera sélectionné pour son deuxième All-Star Game et termine à nouveau dans la 1st All-Defensive Team et 2nd All-NBA Team à l’issu de cette saison mais verra son titre de DPOY lui échapper au détriment de Ron Artest des Pacers qui affichent le meilleur bilan de l’Est. Cette saison sera aussi la plus prolifique au scoring pour Wallace avec 9.5 points de moyenne, il frôle le double double de moyenne avec 12.4 rebonds par match.

La victoire de la défense

Les Pistons se présentent aux playoffs avec une armada défensive et des joueurs très talentueux en attaque. L’équipe du Michigan est craint de toutes les franchises de l’Est tant leur défense asphyxie et leur exécution en attaque est impeccable. Au premier tour, les Pistons se débarrassent des Bucks en cinq rencontres sur un score de 4-1 en maintenant l’attaque des daims à 85.6 points par match. Le tour suivant, ils refont face aux Nets, qui les ont sweepé l’année précédente.

Revanchards, les Pistons sont déterminés à l’emporter et se défaire de New Jersey. Le style de jeu est relativement similaire, une pace lente et une défense dure sur l’homme. Le Game 1 de cette série le confirme. La rencontre se termine sur le score de 78-56 pour les Pistons. Ils gagnent le Game 2 mais vont subir trois défaites consécutives après un Game 5 thriller qui s’est terminé après trois prolongations.

Dos au mur, les Pistons ne tremblent pas et restent fidèles à leur plan d’attaque et leur philosophie défensive. Ils gagnent un Game 6 intense et disputé grâce notamment à un match de Wallace déterminant auteur de 20 rebonds. La formation de Larry Brown remporte largement le Game 7 sur le score de 69-90 et file en Finale de conférence pour la deuxième saison de suite.

Lors de celle-ci, ils affrontent les Pacers, meilleure équipe de l’Est et troisième defensive rating de la ligue. Cela va sans dire que cette série est particulièrement défensive, les deux équipes scorent une moyenne de 73.9 points par match. À l’image de son Game 1 (22 rebonds et 5 contres), Ben Wallace est impérial et réalise une moyenne de 15.5 rebonds et 3.2 contres de moyenne en limitant Jermaine O’Neal à 17 points de moyenne à 40% au tir. Les Pistons s’imposeront 4-2 et accèdent aux Finales pour la première fois depuis 1990.

Plus qu’un nom, ce duo emblématique partageait la même folie et rage de vaincre sur les parquets. Surtout lorsqu’il s’agissait d’affronter les malicieux Pacers.
Photo : Julian H. Gonzalez / Detroit Free Press

Après s’être défait de l’Est, Detroit fait face aux superstars des Lakers qui comptent O’Neal, Bryant, Malone et Payton. Une opposition de style entre les deux équipes : le jeu flashy et offensif des Angelinos et le rythme lent et la défense des Pistons. Dès le Game 1, Détroit impose leur style de jeu et casse le tempo de jeu de Los Angeles. Ils remportent ce premier match 87-75 en limitant les Lakers à 39% au shoot malgré un O’Neal à 34 points et Bryant à 25 points. Le collectif et la défense extérieure des Pistons feront la différence. Le Game 2 sera maîtrisé par les Lakers avec notamment un Kobe de gala (33 points). La suite de la série sera à sens unique.

En patron de défense, Ben Wallace montre l’exemple et fait un travail incroyable sur Shaq qu’il limite à 26 points et 10.6 rebonds de moyenne, ses plus petites moyennes en Finales NBA depuis son début de carrière. Alors qu’ils mènent 3-1, le Game 5 sera celui de Ben Wallace qui inscrit 18 points et prend surtout 22 rebonds. Les Pistons s’imposent 100-87. Une gifle difficile à encaisser pour les Lakers, qui ont été limités à 81.8 points sur la série alors qu’ils possèdent la 3eme attaque de la ligue avec 98.6 points de moyenne en saison régulière.

Un savoureux titre pour les Pistons, la victoire d’une rigueur défensive imposée par coach Brown et parfaitement récitée par Wallace et ses coéquipiers. Le titre de MVP des finales sera décerné à Billups mais cette victoire est particulièrement gratifiante pour Wallace, arrivé dans le Michigan il y a 4 ans, première pièce de ce projet lancé par Dumars. Lui qui est rentré en NBA par la petite porte, qui a dû se battre pour faire accepter son jeu et gagner le respect et les minutes qu’il méritait. Ce kid de l’Alabama qui a dû couper des cheveux pour participer à un camp de basket et qui, des dizaines d’années plus tard, se retrouve sur le toit du monde dans une équipe qui lui ressemble et dans une ville qui le chérit.

Largement victorieux des Lakers lors Finales 2004, la joie est immense pour Ben et ses partenaires quand vient le temps de soulever le trophée Larry O’Brien.
Photo : David P. Gilkey / Detroit Free Press

Suite à ce succès, les Pistons se présentent en favori pour faire le repeat et l’équipe ne déçoit pas en saison régulière. Elle domine l’Est aux côtés du Heat de Wade et du gros Shaq. Ne changeant aucunement leur identité, les Pistons possèdent le troisième defensive rating de la ligue avec 89.5 points encaissés.

Malgré les matchs de suspension suite à l’altercation qu’on peut qualifier de musclée avec les Pacers, autrement connue sous le nom de « Malice at the Palace » les Pistons ne faibliront pas et Wallace remporte son 3ème titre de DPOY. Il sera même nommé à nouveau dans le All-Defensive First Team et la All-NBA Third Team. Les Pistons remportent 54 victoires pour 28 défaites cette saison là. Ils dominent leurs adversaires en playoffs jusqu’à une finale de conférence épique face au Heat. Wallace retrouve O’Neal après la finale gagnée face à lui la saison passée.

Menés 3-2, les Pistons sont impériaux sur le Game 6 en limitant le Heat a 66 points. Ils remportent un Game 7 intense et très défensif. Les Pistons atteignent les Finales pour la deuxième année d’affilée et font cette fois face aux Spurs de Popovich, meilleur defensive rating de la ligue et plus petit nombre de points encaissés par match. Vous vous en doutez, cette série ne sera pas ce qu’on pourrait nommer une série offensive…

Chaque équipe pratique son basket et met le verrou en défense. Wallace doit faire face à une opposition complexe en la présence de Tim Duncan, le limitant à (seulement) 10.3 rebonds par match mais tout de même 3 contres et 10 points de moyenne. À égalité à trois partout, l’intensité est à son summum pendant les 48 minutes du Game 7. Mais c’est la défense des Spurs et l’efficacité offensive de Duncan et Ginobili qui auront le dernier mot sur les Pistons. Les Éperons l’emportent 4-3 après une victoire 81-74. Detroit n’a pas à rougir de cette campagne de playoffs qui tombent face à son alter ego de l’Ouest. Les deux équipes ont offert des Finales d’une intensité rare dans lesquelles chaque point fut décisif. Wallace termine cette campagne de playoffs en double double avec 10 points et 11.3 rebonds.

La dernière avec les Pistons

À l’aube de la saison 2005-2006, Dumars décide de remplacer Brown par le regretté Flip Saunders. Les Pistons réalisent une saison parfaite avec un bilan de 64 victoires pour seulement 18 défaites, battant ainsi le record de la franchise datant de 1988-89. Avec des moyennes de 11.3 rebonds, 2.2 contres, 1,8 interceptions par match, et possédant le deuxième defensive win shares de la ligue avec 6.9 et le troisième defensive box plus/minus avec 3.1 points défensif, Wallace glane son 4ème titre de Defensive Player of The Year, sa 4àme sélection au All-Star Game ainsi que sa 4ème apparition dans la 1st All-Defensive Team et 2nd All-NBA Team. Saison pleine pour ‘Fro qui porte encore une fois la défense des Pistons parmi les meilleurs defensive rating de la ligue.

Néanmoins, un point d’ombre apparaît, l’entente avec Saunders n’est pas au beau fixe durant la régulière mais pas au point de perturber la domination des Pistons. Detroit file en playoffs pour les 6èmes fois d’affilée avec le statut de favori à l’Est. Les Pistons s’imposent largement contre Milwaukee au premier tour sur un score de 4-1.

En demi-finale de conférence, ils affrontent les Cavs d’un tout jeune LeBron James qui commence doucement à se faire un nom dans la conférence Est. Les Pistons disputent à nouveau une série en 7 matchs, série dans laquelle ils s’imposeront et ressortiront fatigués après le challenge physique proposé par James.

En finale de conférence, ils retrouvent le Heat et cette fois le scénario sera différent… Dwyane Wade est tout simplement intenable et Shaq impose sa puissance à l’intérieur. Miami ressortira vainqueur de cette série 4-2. Au cours du Game 6, Wallace aura une altercation avec Saunders, un évènement qui va sans doute le pousser vers la sortie. Le numéro 3 sera bien muselé au cours de la série puisqu’il réalise ses plus faibles moyennes en playoffs avec 6 points et 9.5 rebonds.

Benny the Bull au contact du Diesel. Peu importe le déficit de taille, cela ne lui a jamais empêché de mener la vie dure au joueur le plus dominant de la ligue.
Photo : Jesse D. Garrabrant / NBAE Getty Images

La fin d’une ère

Suite à cette sortie brutale des playoffs, Wallace aborde la off-season en voulant tester le marché et se déclare donc free agent. Il signera un contrat de 4 ans pour 60 millions de dollars aux Chicago Bulls et rejoint l’escouade de Scott Skiles composé de Hinrich, Deng ou encore Gooden. L’impact de Wallace sur l’équipe sera immédiat puisque les Bulls passent d’un bilan de 41-41 à 49-33.

C’est évidemment sur le plan défensif que Wallace est le plus impactant. Avec lui dans ses rangs, les Bulls passent du 7ème au 1er defensive rating en encaissant le plus petit nombre de points par match. Avec 10.6 rebonds et 2.3 contres, Wallace est à nouveau sélectionné dans la All-defensive team. Il sera encore une fois dans la discussion pour remporter le titre de défenseur de l’année mais cette année-là, il reviendra à Marcus Camby.

Avec cette jeune équipe et avec l’expérience de Wallace, les Bulls se présentent en playoffs parmi une des meilleures équipes de l’Est. Au premier tour, ils remportent la série face au Heat, pourtant tenant du titre mais inconsistant en saison régulière suite à la blessure de Wade. Les Bulls infligent un sweep au tenant du titre en les limitant à 88.4 points. En demi-finale, Wallace retrouve son ancienne escouade mais en tant qu’adversaire cette fois. Les Pistons ne laisseront aucune chance aux Bulls en s’imposant 4-1. Wallace affichera des moyennes de 8.7 points et 9.5 rebonds sur cette campagne de playoffs.

La saison suivante, les Bulls déçoivent et ne réalisent pas les résultats attendus, le front office décide alors de se séparer de Skiles et au bout de 50 matchs de Ben Wallace qui sera envoyé dans l’Ohio au côté de LeBron James, qui avait atteint les finales NBA la saison précédente. Wallace jouera 22 matchs avec les Cavaliers cette saison pour une moyenne de 7.4 rebonds et 1.4 contres.

Pour la saison 2008-09, Wallace a 34 ans et sa production commence à baisser ainsi que ses minutes par match. Ayant joué 56 matchs sur la saison régulière, son impact sera pourtant significatif sur le défense des Cavs, qui possèdent le 3ème defensive rating de la ligue en limitant les points adverses à 91.4 points. Cleveland affichera un bilan de 66-16. Ils réaliseront une solide campagne de playoffs mais Wallace jouera très peu lors des séries après s’être blessé lors de la saison régulière.

Ultime baroud d’honneur

À 35 ans, Wallace se donne un ultime challenge et re-signe avec les Pistons en tant que free agent pour un contrat d’un an. Dans un geste altruiste, Wallace décide de laisser le numéro 3 à Rodney Stuckey et portera ainsi le numéro 6. Pour cette saison retour à Motor City, Wallace affiche sa meilleur moyenne de rebond depuis 2 saisons avec 8.7 rebonds par match. À l’été 2010, Wallace signe un contrat de 2 ans avec les Pistons.

Le 30 novembre 2010, comme tout un symbole, Big Ben devient le 34àme joueur de l’histoire à atteindre les 10 000 rebonds en carrière, milestone qu’il réalise sous les couleurs des Pistons. À l’issue de la saison 2011-2012, après 17 saisons passées sur les parquets NBA, Big Ben tire sa révérence avec une empreinte indélébile laissée dans l’histoire – et les raquettes – de la ligue.

Entouré par les siens, Ben Wallace verra en cette cérémonie à son honneur, son maillot accroché au plafond du Palace.
Photo : Allen Einstein / NBAE via Getty Images

Le 16 janvier 2016, les Detroit Pistons retirent logiquement le maillot No. 3 de Wallace. Hommage à une légende de la franchise qui a été la pierre angulaire d’une des équipes les plus dominantes des années 2000, dotée d’un style de jeu défensif les plus marquants de ces 40 dernières années.

Avec ses 4 titres de Defensive Player of The Year, 4 sélections au All-Star Game, 6 apparitions dans la All-Defensive Team, 5 sélections dans All-NBA Team et sans oublier son titre de champion NBA, Big Ben, le Kid de l’Alabama possède un palmarès rêvé dont même lui n’aurait pu imaginer. Une entrée dans le panthéon de ce sport largement mérité pour un homme au grand cœur et un formidable joueur de collectif qui a donné tout pour empêcher l’équipe adverse de marquer. Congrats ‘Fro

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