L’aventure ensoleillée du Phoenix
Deuxièmes à l’Ouest, les Suns se sont offert mercredi le leader de la ligue, à domicile et après prolongation, grâce à un CP3 à 29 points. Cette nouvelle victoire a porté leur série à sept consécutives — série qui s’est arrêtée le jour suivant après une courte défaite face aux Clippers — et leur a permis de dépasser la barre des 70 % de wins.
Si les Suns ont démarré la saison timidement, le temps pour l’équipe de trouver ses marques avec son meneur futur hall of famer, la franchise aux deux All-Stars a désormais trouvé son rythme. Son leader, Devin Booker, cartonne au scoring avec un pic récent à 45 points contre les Bulls. Book lit si bien le jeu cette saison qu’il atteint à de nombreuses reprises le seuil des trente points en dormant.
Une autre des satisfactions de 2021 se trouve dans leur raquette. Elle se prénomme DeAndre Ayton et n’a jamais autant pesé dans le collectif de Phoenix. Le big man tourne en double-double cette saison, un basique, mais est aussi capable de planter — avec son meilleur pourcentage en carrière — davantage de paniers que lors de ses deux premières années. Présent à chaque match, le Bahaméen se révèle enfin. Il participe très largement à la belle série de 12 victoires pour 4 défaites en sortie de All-Star break, à sa mesure, au sein d’un collectif soudé.
Car si les Suns réalisent une saison aussi glorieuse, c’est évidemment grâce à l’appui d’un effectif très solide et talentueux à tous les postes. Les role players expérimentés et les athlètes au sang frais ne manquent pas dans une équipe plus compétitive que l’on aurait imaginée. Alors que Jae Crowder et Dario Saric font le travail dans les corners, Cameron Johnson et Mikal Bridges assurent les ailes du Phoenix.
Les Suns s’apprêtent donc à retrouver les Playoffs NBA, un chemin qu’ils n’avaient plus pris depuis 2010 et leur finale de conférence contre les Lakers de Pau et Kobe. Puisse le sort leur être aussi favorable qu’à l’époque où Steve Nash faisait son petit bout de chemin du côté de l’Arizona. Cela pourrait se montrer complexe lorsqu’on observe les probables adversaires de ces messieurs, mais c’est tout ce que l’on souhaite à l’équipe du meilleur coach du mois de mars, Monty Williams.
Une première victoire pour deux équipes universitaires
Dimanche et lundi dernier avaient lieu les finales féminines, puis masculines du championnat universitaire américain. À San Antonio d’abord, l’ultime match voyait s’affronter les Wildcats d’Arizona de la meneuse Aari McDonald contre le Stanford Cardinal de la grande Cameron Brink.
Pour rappel, Arizona avait fait tomber UConn de 10 points lors du premier match du Final Four, tandis que Stanford s’était imposé d’un tout petit point contre South Carolina. La finale s’annonçait pleine de suspens et les actrices ne nous ont pas fait mentir !
Sans véritablement afficher un scoring abondant, le match était rude et c’est finalement Stanford qui a de nouveau remporté la victoire à un point près, 54 à 53. La guard Kiana Williams et ses coéquipières se sont fait peur, mais c’est bien elles qui décrochent le titre NCAA. Le premier de l’histoire de Stanford.
Chez les jeunes hommes, la finale se déroulait à Indianapolis. Elle opposait deux têtes de série de leur conférence : les Bears de Baylor contre les Bulldogs de Gonzaga, toujours invaincus depuis le début de la saison. Et alors que l’on pensait à un match aussi serré que la veille chez les femmes, ce fut tout le contraire — et dès l’entame de la rencontre.
Baylor a surpassé Gonzaga en lui infligeant un run de 9-0 d’entrée de jeu. Avant la pause, Gonzaga avait réussi à remonter le score pour revenir à seulement 10 points de retard. Pour autant, Jaylen Suggs — héroïque en demi-finale avec son buzzer beater face à UCLA — et sa bande ont finalement goûté à la défaite, au dernier moment, face à mieux armés qu’eux.
Dominants au rebond, les joueurs des Bears ont alors gagné la finale du championnat 86 à 70, emmenés par un Jared Butler à 22 points. C’est également le premier titre NCAA de l’histoire de l’université texane, largement mérité après une saison collectivement admirable.
La banque des Bucks ne prend pas de vacances !
Le loyer n’a même pas été payé en ce début du mois d’avril que Milwaukee a déjà prolongé Jrue Holiday au montant maximum — moyennant quelques bonus. En lui garantissant 135 millions de dollars sur les quatre prochaines années, la franchise du Wisconsin sacrifie alors son cap salarial.
Cette signature fait suite à deux précédentes gigaextensions. Celle de Khris Middleton, à 140 millions sur quatre saisons s’il prend sa player option, mais surtout celle de Giannis Antetokounmpo — juste avant le début de la régulière — qui touchera quasiment un quart de de milliard d’ici 2026. Les Bucks ont donc sécurisé leur big three pour viser, plus que jamais, le titre NBA.
Milwaukee a légèrement modifié son effectif avec des ajouts notables, notamment celui de PJ Tucker à la deadline, tout en gardant les fondations sur lesquelles se sont bâtis les bons résultats de la franchise depuis trois saisons. Lors des prochaines phases de recrutement, les cervidés n’iront pas à la chasse aux gros bestiaux, c’est certain. Pour autant, les Bucks ne pourront pas non plus attirer autant de role players qu’ils le souhaiteraient au vu des limitations salariales fixées par la ligue. Ceci étant, signer des joueurs au contrat minimal après un buyout a l’air d’être si tendance chez les contenders que les Bucks pourraient miser là-dessus.
Assurés d’être sur le podium de la conférence Est, les Bucks seront une nouvelle fois menaçants dans la bataille des phases finales. Coach Budenholzer tire déjà les leçons des Playoffs derniers en faisant jouer de manière plus lente son effectif (merci Jrue !) et en expérimentant de nouvelles méthodes défensives. Giannis sait aussi qu’il sera de nouveau ciblé, à lui alors de prouver qu’il mérite le pactole investit pour s’attacher les services de son corps d’Apollon doué avec un ballon.
Teddy vous assist
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Q : Pourquoi personne ne parle des Clippers ? — Antoine H.
R : Parce que ce ne sont pas les Lakers ! Plus sérieusement, je suis plutôt d’accord avec toi, Antoine. Les Clippers mènent une bonne régulière sans trop se faire remarquer après un cuisant échec lors des Playoffs passés. Ils sont pour le moment troisième à l’Ouest et produisent, malgré quelques faux pas comme par exemple contre Orlando tout récemment, un jeu plus réjouissant qu’en 2020. Une année où l’on ne cessait de se concentrer sur leur développement, surtout lors des hypants derbys californiens où le public était présent.
En 2021, les voiliers ne donnent pas l’impression d’avoir le moindre problème au sein de leur équipage, que cela soit avec le coach promu Tyronn Lue ou simplement entre les joueurs. Les ajouts de l’intersaison se sont avérés aussi malins qu’essentiels pour amener de la fraîcheur aux côtés de Kawhi et PG13. Serge Ibaka apporte toute son expérience, enfile sa dizaine de points par match et s’essaie même au rap. Quant à notre frenchie Nico Batum, il renaît dans un rôle d’homme à tout faire et s’illustre au second plan d’un roster de talents.
Les Clippers voguent aussi calmement que les bateaux au large du Pacifique, et cela paraît assez surprenant au premier abord. Mais finalement, est-ce que les Californiens ont bien plus à dire que d’autres franchises ? Ils n’occupent pas les toutes premières places de la NBA et donc n’éclaboussent pas par une domination qui justifierait de leur accorder toute notre attention.
De plus, leur place dans le haut du classement n’a rien d’étonnant. Des franchises telles que les Suns, mais surtout le Jazz ont mérité un peu plus de lumière cette année par rapport à de précédentes campagnes moins flamboyantes. À l’inverse, si les Clippers décevaient durant cette régulière, on parlerait sans doute d’eux. Puis, sans même parler des résultats, les Clippers ont été discrets pendant des semaines agitées par les transferts. Les gros poissons Bucks, Heat ou Lakers ont su être plus actifs autour de la deadline, et encore, c’était sans compter les Nets qui ont occupé la première page des médias NBA pendant un long moment.
Les Clippers s’organisent petit à petit, dans l’ombre, avec des stars performantes, mais parfois absentes. Au rendez-vous lors de matchs importants contre plusieurs contenders ce dernier mois, les joueurs se préparent à disputer dans six semaines une postseason au cours de laquelle ils ont tant à prouver. Et ne t’en fais pas Antoine, cette fois-ci, les Clippers seront dans toutes les discussions.
Q : J’ai récemment écouté votre podcast sur le thème des joueurs laissés de côté en attendant leur transfert. Je me demandais : à l’heure actuelle, qui a le plus le contrôle ? Les équipes ou les joueurs ? — Ernest R.
Mon cher Ernest, cette question que tu me poses là est la grande problématique qui touche la ligue depuis maintenant plusieurs années. Et si cela te titille tant, c’est bien parce que le marché NBA en arrive aujourd’hui à des actes disproportionnés, aussi légaux qu’inégalitaires. Bien qu’une franchise a théoriquement la main mise sur son effectif, on voit cependant que les meilleurs joueurs de notre industrie sont davantage maîtres de leur destin qu’auparavant.
J’ai pour habitude de répondre de manière nuancée, mais cette fois-ci je vais me mouiller et pencher légèrement en faveur des acteurs de nos parquets. Et ces dernières semaines agitées par des buyouts bien salés vont justement dans ce sens.
En effet, les joueurs semblent souvent catalogués comme des pièces à valeur plus ou moins marchande dans notre circuit NBA ultra-concurrentiel — les fans d’économie adoreront. D’ailleurs, depuis le 13 janvier dernier, plus de soixante joueurs ont changé de franchise. La soirée de la deadline 2021 avait également vu tomber le record de transferts au cours d’une journée avec une trentaine de trades. Le pouvoir se situerait plus entre les filets des dirigeants que des basketteurs.
Pour autant, les joueurs disposent d’un atout que les fronts offices peuvent difficilement contrer et, surtout, dont ils ne bénéficieront jamais. Ce sont les joueurs eux-mêmes qui participent aux rencontres, à la vie du collectif. Et peu importe le salaire qu’ils touchent, s’ils ne sont plus motivés à évoluer pour une franchise, ils le font généralement savoir.
C’est alors que de front office se voient obliger de secouer leur effectif pour libérer ces joueurs devenus boulets. C’est encore plus drôle quand celui-ci a pris le pactole un an auparavant. Les gérants d’une équipe parient alors — au sens propre — sur des joueurs, leur offrant des sommes que l’on voit de l’extérieur comme astronomique, pour finalement du très court terme. Même les contrats les plus longs sont à l’échelle de l’histoire d’une franchise très courts. C’est en cela que les joueurs, qui savent très bien faire marcher la concurrence, prennent le contrôle financier de leur carrière.
Parfois, cela ne fonctionne pas. Des carrières NBA peuvent se finir plus tôt que prévu… mais les quelques-uns à qui cela arrive se referont sans doute dans des ligues professionnelles moins cotées.
Pour mon second point, je traite désormais des inégalités qui subsistent entre les franchises. Rares sont les équipes qui ont le contrôle sur les joueurs. Qui, rien qu’à leur lieu, histoire, résultats, pedigree, influencent royalement le recrutement des millionnaires en short.
Mon principal argument est le suivant : les stars étant prêtes à faire des sacrifices financiers pour tenter le titre et remettre un coup d’accélérateur dans leur carrière choisissent généralement les gros marchés plutôt que d’autres contenders moins sous le feu des projecteurs. Dernièrement, Blake Griffin n’a pas renforcé le Jazz ou les Nuggets et André Drummond n’a pas pris le minimum dans la raquette des Bucks. Les plus petits marchés justement, se construisent mieux grâce à la Draft et au développement interne de leurs pépites qu’en attirant des All-Stars de renoms dans leur écurie.
Oui, des contre-arguments existent et nous en avons évoqué plus haut. Puisque, dans le cas contraire, des joueurs sur le déclin — ou qui n’auraient même pas encore décollé — ne possèdent pas le contrôle sur leur avenir. Si une franchise souhaite se séparer de sa compagnie, elle n’hésitera pas à le marchander dès que possible.
Plus tôt dans la saison, nous avions vu Draymond Green ou encore LeBron James monter au créneau concernant la gestion d’un joueur dans un effectif. Leurs propos portés sur la mise au repos de garçons sans réelle raison sportive pour préparer le terrain d’une transaction. Les « grandes gueules » qui ont de nouveau parlé ne sont pas les plus mal loties, ce qui noircit un peu le trait de leurs prises de parole. Je ne suis pas là pour critiquer l’engagement de nos leaders, mais il est toutefois bon de le noter.
C’est donc une véritable problématique actuelle dans notre ligue que d’arriver à un consensus entre les joueurs et les organisations qui font notre sport ! Une entente, un équilibre, encore difficile à trouver, mais qui ne pourra être résolu par aucun de ces deux camps. Adam Silver, si tu nous entends, c’est bien à toi que je parle.