À jamais le numéro 24.
Dans la tristesse qui agite la NBA depuis quelques jours, de nombreuses initiatives de fans émergent. Par exemple : transformer le mythique logo de la ligue, représentant Jerry West, avec la silhouette de Kobe Bryant. Que de bonnes idées qui montrent à quel point le Black Mamba était important dans nos cœurs et nos esprits.
S’il y en a une autre qui mérite d’être entendue, c’est de retirer le numéro 24 de toutes les équipes de la ligue. Ce fut l’une de mes premières remarques : « plus aucun joueur NBA ne doit porter le mythique 24, pour lui ». Mark Cuban a d’ailleurs été le premier propriétaire de franchise à aller dans ce sens. À partir de maintenant, plus aucun Mavericks n’endossera le numéro 24.
Serait-il ridicule que plus aucun joueur ne porte le numéro 24 dans l’histoire ? Non. D’autres sports l’ont fait. Le baseball, par exemple, a retiré le numéro 42 de toutes les franchises de MLB en mémoire de Jackie Robinson, le premier joueur de baseball noir dans la première ligue américaine. Tous les 15 avril, la ligue célèbre le Jackie Robinson Day et chaque joueur porte symboliquement le numéro 42.
Un numéro n’est certes qu’un numéro, mais dans la NBA et surtout dans le sport moderne, ils ont leur importance et rappellent les légendes de nos sports. N’en déplaise à certains fans de basket, mais le numéro 23 restera Michael Jordan. Dans l’esprit des fans français, le numéro 9 restera Tony Parker. De cette manière, le numéro 24 restera Kobe Bryant.
C’est à la fin de la saison 2006 qu’il prend la décision de changer de numéro. Il passe de son 8 — avec lequel il a marqué 16 777 points en 10 ans, remporté 3 titres NBA et été élu 8 fois All-Star — au 24. Ce maillot qu’il décrit lui-même comme un nouveau départ, le numéro de la maturité, celui qu’il voulait porter au plus haut dans les stades de la NBA. Avec celui-ci dans le dos, il marque 16 866 points en 10 saisons. Il remporte ses 2 derniers titres et est sélectionné 10 fois pour le match des étoiles. Plus encore, il entre dans la mémoire collective avec ce numéro et seuls les anciens se souviennent que le petit gars de Philly a porté le 8 un jour.
La légende de Kobe Bryant a traversé les années. Beaucoup voyaient en lui un joueur exceptionnel ou énervant. On aimait le détester, mais au fond on détestait l’aimer. On l’appelait individualiste, caractériel, mais au fond il nous impressionnait. Par ses dribbles, ses Steps Back clutchs, sa vision du jeu, son état d’esprit. Personne ne pouvait être indifférent devant son talent.
À sa manière, il a révolutionné la façon dont on perçoit notre sport. Kobe a inspiré. Des générations entières de joueurs se sont appropriés ses mouvements, sa façon de jouer et surtout sa Mamba Mentality. Si les icônes marquent les fans, les légendes marquent les générations. Ce n’est pas rien si la génération Kobe domine la NBA actuellement, on pourra penser à James Harden ou Devin Booker en comparant au poste. La génération LeBron arrive et la génération Stephen Curry arrivera elle aussi.
Il n’a pas marqué seulement les professionnels, il a marqué les jeunes qui rêvaient sur leur playground et qui jouaient aux stars. Nous avons tous entendu au moins une fois un copain crier : « Kobeeee » au moment de prendre un shoot impossible. Cet impact culturel est important et indéniable sur l’image que Kobe a donnée aux jeunes basketteurs. L’image d’un joueur unique, capable d’être clutch dans les moments importants, dans les angles impossibles avec 5 défenseurs sur la tête.
Alors pourquoi lui plus qu’un autre ? Les conditions tragiques de son départ ne doivent pas laisser place seulement à l’émotion pure, mais à la réflexion. Il fait partie des quelques joueurs qui ont fait évoluer la ligue, l’ont portée vers de nouvelles sphères. Il a remporté 5 titres NBA, fait partie des meilleurs marqueurs de la ligue, a marqué 81 points dans un match… que d’exploits qui font de Kobe une légende de la NBA. Ce sont dans ces moments-là que les organisations doivent entreprendre des actions fortes.
Le départ de Kobe ne touche pas seulement quelques spécialistes. Il touche les joueurs, les fans, les propriétaires, les athlètes et surtout ceux qui aiment le sport en général. Retirer le numéro 24 serait le moyen de faire durer sa légende, la porter plus loin. Là où il aurait voulu pouvoir le voir. Il n’a pas été seulement un joueur des Lakers, mais un joueur de toute la NBA.
Désormais, pour tous les fans de basket, le 26 janvier sera le Kobe Bryant Day. Tous les 26 janvier, nous célébrerons le joueur, l’homme, le père de famille qu’il était. Tous les 26 janvier, nous regarderons ses matchs, ses tirs et ses dribbles. Tous les 26 janvier, tous les joueurs de la NBA porteront le numéro 24. Le numéro de Kobe, pour que sa mémoire jamais ne s’éteigne.
Car le numéro 24 sera Kobe Bryant, à jamais.
Photo : Harry How/Getty Images