Quatre matchs qui prouvent que Kobe est l’un des meilleurs attaquants de l’histoire

par Nicolas Deroualle
Kobe Bryant, en défense face aux Portland Trail Blazers. Los Angeles, 16 mars 2007.

Cela fait déjà 4 jours que le monde du sport a été bouleversé à tout jamais, que le rythme effréné de la NBA s’est soudain ralenti pour rendre hommage à l’une de ses légendes, à l’un des plus grands joueurs qui aient foulé les parquets. Endeuillés et dans l’incompréhension, nous avons décidé d’aller de l’avant et de célébrer la vie du Black Mamba, et quoi de plus pertinent que de mettre en avant le principal attribut intrinsèque de Kobe, le scoring ? Oui, Kobe était un scoreur hors du commun. Tout fan le sait. Mais avons-nous réellement conscience de ce dont il était capable ? Kobe répond à cette question à partir de 2005, jusqu’à atteindre son pic en 2007. Explications.

Le contexte

Après avoir traversé le tumulte de l’affaire du Colorado et son divorce avec Shaquille O’Neal, les fans montrent clairement un désamour pour Kobe après la saison 2003-2004. Kobe fait alors face à la pire période de sa carrière, sa cote de popularité fléchit. Son désir d’être le seul patron de l’équipe l’a conduit à s’entourer de l’effectif le plus faible de sa carrière et d’un nouveau coach en la personne de Rudy Tomjanovich. Après une saison à se montrer plus polyvalent que jamais — affichant 6 passes décisives par match sur l’exercice 2004-2005 — et malgré plus de 27 points de moyenne, le bilan de 34-48 des Lakers ne leur permettra pas d’accéder aux playoffs. Kobe Bryant n’a donc d’autre choix que de step up et révéler ses réels talents d’attaquant.

2005-2006, une saison historique

Frustré, énervé, mais jamais abattu, Kobe profite de l’été 2005 pour faire ce qu’il sait faire de mieux : bosser. Lorsque l’on parle d’éthique de travail, Bryant est évidemment l’un des premiers athlètes, tous sports confondus qui nous vient à l’esprit. Debout à 4 h du matin pour un premier practice, Kobe s’entraînait 4 à 5 fois par jour durant cet été, c’est colossal. Le Mamba était prêt à prendre sa revanche sur l’année passée et sur les médias. La NBA, les fans et ses adversaires étaient loin d’imaginer la saison que Bryant allait leur offrir.

Kobe joue 80 matchs et affiche une moyenne prodigieuse de 35,4 points. Il atteindra 6 fois la barre des 50 points, avec un match à 81 points devant sa grand-mère qui viendra le voir jouer pour la première fois de sa carrière. Une saison avec un bilan positif et un retour en playoffs pour les Angelinos, à nouveau coachés par Phil Jackson. Ils tomberont — logiquement — au premier tour face à la talentueuse équipe des Suns. Kobe aura véritablement marqué les esprits cette saison en étalant un arsenal offensif hors du commun. Atteignant l’âge de la maturité, Kobe s’est aussi illustré en tant que leader, en poussant ses coéquipiers à devenir meilleurs. Nul doute que Bryant reviendra la saison prochaine avec la même soif de scorer. Et on ne croit pas si bien dire…

2007, à jamais dans les mémoires

Début de l’exercice 2006-2007, après avoir manqué les deux premières rencontres, Bryant repart sur les mêmes bases que la saison passée. Il affiche une moyenne de 26,2 points points par match en novembre, puis 30,8 en décembre, 28,9 en janvier et enfin 29,7 en février. En mars, le Black Mamba nous offrira l’un des mois les plus prolifiques de tous les temps en termes de scoring. Et c’est dans ce mois que Bryant prendra feu comme rarement un joueur l’a fait dans l’histoire de la NBA.

Après une grosse défaite de 27 points contre les Nuggets, les Lakers enchainent alors un 7e revers consécutif. Sur le terrain, on peut ressentir l’agacement et l’exaspération de Kobe face à cette situation. De plus, lors de cette série d’échecs, on sent que Bryant est vraiment dans le collimateur de la ligue puisqu’il écopera d’un match de suspension après un contact supposé un peu trop musclé avec Marko Jaric dans la défaite contre les Timberwolves le 7 mars. Deux jours plus tard, suite à sa suspension, la NBA prendra la décision assez rare d’attribuer rétroactivement une faute flagrante à Kobe pour un coup de coude à Kyle Korver dans une défaite de 16 points face à Philly. Pour un compétiteur doté d’une soif presque obsessionnelle de victoire, s’en est trop. Le numéro 24 répondra comme il a toujours su le faire : sur le parquet.

Kobe Bryant face aux Grizzlies de Memphis. (Photo : Joe Murphy/NBAE via Getty Images)

Le lendemain de cette 7e défaite face à Denver, les Lakers accueillent les Trail Blazers. Bryant débute le match avec seulement 4 points dans le premier quart-temps, mais entrera en transe dans le deuxième, au cours duquel il score 19 points. De retour des vestiaires, Kobe est maladroit et ne réussit que 4 tirs sur 11 tentatives. Mais dans le dernier quart, le Black Mamba est inarrêtable et marque 24 points, puis 9 points de plus en prolongation. Il cumule en tout 65 points, et offre surtout la victoire aux siens. 2 jours plus tard, les Lakers reçoivent les Wolves de KG. Toujours dans la twilight zone, Kobe Bryant marquera 50 points en ramenant un 2e triomphe d’affilée à Los Angeles. 2 matchs à 50 points ou plus, mais l’arrière est froid comme une lame et, lors des interviews d’après match, on sent que le Mamba est ailleurs, concentré et ne parle que du succès de son équipe. 4 jours suivent la victoire face à Minnesota, les Lakers se déplacent à Memphis. Cette fois-ci, c’est 60 points que Bryant affichera au tableau des scores, dont un presque parfait 17 sur 18 sur la ligne des lancers pour faire gagner les Lakers de seulement 2 points. Le lendemain, en déplacement chez les Hornets, Bryant réussi l’impensable et score une fois de plus au moins 50 points pour accrocher un 4e succès collectif.

Kobe rejoint Wilt

Phénoménal, extraordinaire, renversant… les superlatifs ne manquent pas pour décrire la série de la star des Lakers, qui vient tout juste de réaliser une performance au scoring historique. Kobe Bryant rejoint ainsi Wilt Chamberlain et devient le 2e joueur de l’histoire à marquer au moins 50 points sur une succession de 4 rencontres. Le plus incroyable dans cette série, c’est le pourcentage au shoot affiché par Kobe, 54 % en prenant majoritairement des tirs mi-distance et à 3 points.

« J’essaie de chercher dans le dictionnaire un mot pour décrire ce qu’il est en train d’accomplir. Je suis sans voix. Il est incroyable. Il est pour moi le meilleur joueur de notre ligue ».

LeBron James, alors leader des Cavaliers.

Petite anecdote : Bryant a failli tenir cette série sur 5 matchs. Il marquera en effet 43 points lors du match suivant, face à Golden State, puis — deux matchs plus tard — 53 points dans une défaite face à Houston.

Bryant atteindra 3 autres fois la marque de 50 points suite à sa fantastique série. Sur 77 matchs, Bryant affichera une moyenne de 31,6 points par rencontre et finira, pour la deuxième saison consécutive, meilleur scoreur de la ligue. Avec ces deux saisons en guise d’étendard, accompagnées de nombreux autres exploits, Bryant s’est classé parmi les attaquants les plus prolifiques et complets de sa génération et même de l’histoire de la ligue.

Les stats de la série

  • Vs. Trail Blazers : 65 PTS à 23/39 aux tirs (8/12 à 3 points), 7 REB et 3 PAD
  • Vs. Timberwolves : 50 PTS à 17/35 aux tirs, 6 REB et 3 INT
  • Vs. Grizzlies : 60 PTS à 20/37 aux tirs et 17/18 aux lancers francs
  • Vs. Hornets : 50 PTS à 16/29 aux tirs et 16/16 aux lancers francs

C’est aussi et surtout ça Kobe, un attaquant formidable, doté d’un répertoire offensif illimité et d’un flair dont très peu de joueurs NBA bénéficient encore aujourd’hui. C’est surtout une source d’inspiration et une influence pour les générations d’athlètes actuels, Booker ou DeRozan par exemple, pour ne citer qu’eux. Fatalement dans un brin de nostalgie et de tristesse, cette série nous rappelle quel génie Kobe était.

Photo : Noah Graham/NBAE/Getty Images

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