Par Quentin Belletoise, ancien rédacteur pour L’Analyste.
Cette année, pour la dernière saison de Dwyane Wade, le Heat de Miami n’était pas projeté dans le haut du tableau, étant donné le plafond relativement bas de l’effectif. Elle n’était pas non plus pronostiquée très bas car le talent était quand même bien présent dans le vestiaire floridien. Retour sur une saison en demi teinte pour le Miami Heat.
En plus de Flash, il y avait quand même du talent à revendre du côté de South Beach : Des joueurs solides, tels que Goran Dragić et Hassan Whiteside, ainsi que des jeunes plutôt prometteurs comme Bam Adebayo, Josh Richardson ou encore Justise Winslow. La franchise s’était fixée l’objectif d’une qualification en Playoffs, objectif raté à peu de choses près, ce ticket pour la post-season aurait fait office de cerise sur le gâteau avant le clap de fin de la carrière du mythique numéro 3. Malgré cela, Miami termine la saison avec un bilan logique et tout de même acceptable de 39 victoires pour 43 défaites, ainsi qu’une dixième place à l’Est.
Les points positifs de la saison
La « dernière danse » de Dwyane Wade : Après l’annonce de sa retraite en début de saison, on vit un florilège d’hommages adressé à D-Wade tout au long de l’année. Cet engouement pour le dernier tour de piste du numéro 3 a clairement servi la franchise en terme de médiatisation tout au long de l’année et a permis au Heat de bénéficier d’un joli coup de pub, en plus de nombreuses émotions au fur et à mesure de la saison.
La saison de Justise Winslow : Grâce à un coup de poker d’Erik Spoelstra, Justise Winslow, ailier de formation, fut replacé au poste 1 durant la saison. Ce choix, d’abord controversé, s’avéra payant étant donné la hausse des statistiques et l’impact global du numéro 20 sur le jeu. Justise évolue désormais avec un total de 12,6 points par match contre 7,8 la saison passée. Winslow a également doublé son nombre de passes décisives par match en passant de 2,2 à 4,3. Par contre, son nombre de rebonds pris par match, tout comme ses pourcentages au tir sont restés constants : 5,4 rebonds, 43% au tir dont 37% de loin. Ce replacement au poste de meneur fut clairement bénéfique pour l’évolution du jeune joueur, ainsi que pour le Heat qui manquait cruellement d’un meneur fiable pour succéder à un Goran Dragić vieillissant.
On peut également évoquer les progrès, effectués dans l’ombre, de Derrick Jones Jr. et de Josh Richardson : le premier est passé de 3,7 points et 2,4 rebonds à 7 points et 4 rebonds. Quand à Richardson, le swingman est passé de 13 points et 3 assists à 16,5 points et 4 passes environ.
Les points négatifs de la saison
La gestion de la masse salariale : Le Salary Cap du Heat cette année est un réel problème. La franchise compte dans ses rangs de trop nombreux combats handicapants : Whiteside a encaissé 24,5 millions cette année, Goran Dragić est payé 18 millions cette saison pour seulement 36 matchs joués, Ryan Anderson touche 20 millions par an… Et ce ne sont que des exemples parmi d’autres. Il y a aussi Kelly Olynyk, Dion Waiters ou encore James Johnson qui touchent un salaire sans doute trop élevé par rapport à leur apport (entre 12 et 15 millions chacun), en plus du salaire de Chris Bosh (quasiment 27 millions de dollars), coupé à cause d’une maladie chronique. Cette année, Miami avait un Payroll s’élevant à 153 millions de dollars, bien au dessus de la luxury tax, ce qui ôte toute marge de manoeuvre. Pat Riley a tenté d’arranger les choses, sans grand succès, les salaires étant visiblement trop lourds pour être acceptés par d’autres franchises dans un deal. Cela tombe plutôt mal étant donné le nombre de free agents talentueux qui seront disponibles pendant cette intersaison 2019. Cependant, les choses pourraient s’arranger légèrement pour la franchise floridienne l’année prochaine. D’abord, le contrat de Bosh s’arrêtait cette saison. Miami est donc soulagé de 27 millions de dollars sur leur cap. Ensuite, les 20 millions de Ryan Anderson ne lui seront accordés que si la franchise lève la Team Option de son contrat, ce qui semble hautement improbable. Aussi Hassan Whiteside et Goran Dragić disposent d’une Player Option à 27 et 19 millions de dollars. Malheureusement pour les la franchise aux trois titres, il est plus que probable que ces deux joueurs lèvent leurs option. En effet, Dragić était blessé pendant les deux tiers de l’année, tandis que Whiteside proposait un niveau de jeu loin des standards d’un joueur payé aussi cher.
Le manque de potentiel de l’équipe : Il faut aussi noter une absence de potentielle star à développer. En effet, le Heat a des jeunes joueurs de qualités et intéressants à développer, mais aucune potentielle star ne se dégage de ce groupe de jeunes. C’est un réel problème pour l’évolution de la franchise étant donné le cap space plus que restreint de l’équipe, ce qui rend impossible toute arrivée d’un potentiel Franchise Player via le marché des agents libres.
Le projet du Heat :
Si le Miami Heat veut retrouver les hauteurs de la NBA dès la saison prochaine, il va falloir réaliser un coup de génie à la draft, ou bien transférer une partie de l’effectif pour obtenir un joueur calibre All-Star. Pour le plus long terme, Miami peut soit démanteler l’effectif, en gardant les jeunes afin de repartir sur un processus de reconstruction quasi-total par la draft. Sinon, la franchise peut essaye de dégager du cap aux intersaisons prochaines. L’été 2020, s’annonce déjà plus propice à faire venir des grands noms à la FA. Cependant, l’intersaison 2021 semble être bien plus attrayante. Lebron James, Blake Griffin, Bradley Beal, Damian Lillard et bien d’autres seront disponibles cet été là. A côté, l’été 2020 est bien pauvre en agents libres avec seulement Anthony Davis et Draymond Green en potentiels joueurs All-Star. Cela pourrait d’ailleurs expliquer les rumeurs de trade envoyant Mike Conley du côté de South Beach. Le très bon meneur vétéran profite d’un contrat se terminant en 2021, ce qui libérerait beaucoup d’espace pour l’été afin d’attirer de gros Free Agents. Les finances de l’équipe seront saines et cela permettra de frapper un grand coup.
Les attentes :
- Trouver de nouveaux jeunes talents à développer par la Draft (13e choix cette année) ou par des transferts.
- Aller de l’avant en se séparant des joueurs vieillissants pour récupérer des joueurs plus jeunes ou des tours de draft.
- Dégager de la masse salariale afin de se positionner sur les plus gros agents libres dans les années à suivre.
Pour le moment, l’équipe se trouve dans un impasse et peut difficilement espérer une place radicalement différente la saison prochaine. En revanche, l’avenir pourrait être plutôt ensoleillé en Floride si Pat Riley venait à prendre les bonnes décisions. Le Heat doit se détacher de son passé et sacrifier le présent au profit du futur.
Photo : Mitchell Leff/Getty Images