CBC vs. U18 français : que retenir de la rencontre ?

par Raphaël Delaveaux

Le California Basket Club (CBC), mené par Bronny James, faisait étape en France pour sa tournée européenne — Londres, Paris, Rome. Les Californiens se sont mesurés à une sélection de jeunes Français, dont certains gros noms du basket tricolore : Bilal Coulibaly, Tidjane Salaun et Melvin Ajinça notamment.

Les fans qui remplissaient le Palais des Sports Maurice-Thorez de Nanterre n’ont pas manqué de signaler leur présence à chaque action. Mais outre les gros dunks et autres highlights, que faut-il retenir de ce match aux airs de All-Star Game entre futurs grands joueurs ?

Bilal Coulibaly (Compsort, France) en défense sur Bronny James (California Basket Club), à Nanterre, le 15 août. Photo : Anthony Dibon/Icon Sport via Getty Images

L’impact physique, force mal utilisée par les bleus

Sur le papier, la différence physique entre la sélection américaine et française semblait abyssale. Il n’y a qu’à regarder les cinq de départ pour s’en rendre compte.

Côté français :

  • Bilal Coulibaly (1,99 m)
  • Tidjane Salaun (2,03 m)
  • Maxime Logué (2,02 m)
  • Melvin Ajinça (2,03 m)
  • Ilane Fibleuil (1,95 m)

Côté California Basket Club :

  • Bronny James (1,88 m)
  • Dylan Metoyer (1,85 m)
  • Ashton Hardaway (2,01 m)
  • Jimmy Oladokun (2,03 m)
  • Majok Choul (2,08 m)

Malgré cet avantage, l’intensité et la pression défensive américaine ont fait déjouer les U18 jusqu’au milieu du troisième quart-temps. Le CBC a compté jusqu’à 16 points d’avance (59-43) avant le réveil de leurs adversaires.

Même avec les entrées de Justin Pippen (1,85 m) et de Bryce Cofield (1,98 m), la stratégie basée sur les prises à deux et sur des shots ouverts laissés au français — avec une raquette bien gardée par la force dissuasive de Majok Choul — a porté ses fruits pendant 25 minutes.

Mais cet écart physique impressionnant a fini par se ressentir. La sélection Comsport a inscrit 34 points dans le troisième quart-temps pour prendre la tête à l’orée de l’acte final (75-71). Et ce grâce à la défense et la longueur de bras de Melvin Ajinça, Roman Domon, Bilal Coulibaly et des autres.

Ce dernier, futur joueur des Métropolitains de Levallois à la rentrée, a montré l’étendue de sa puissance défensive en démarrant le match sur Bronny James. Résultat : le Young King n’a pas réussi ses drives et a dû tenter plusieurs shoots derrière la ligne à trois points, sans succès. Ce n’est que lorsque Coulibaly est sorti du parquet que le fils de LeBron James s’est mis à pénétrer la raquette française, pour finalement arriver à ses 25 points. 

La faible présence intérieure américaine a permis à plusieurs Français de réussir des paniers proches du cercle. Maxime Logué a terminé avec 15 points, dont la plupart en seconde période avec une belle énergie au rebond. Évidemment, le MVP du match Bilal Coulibaly a trouvé des lignes de drive tout au long de la rencontre (25 points). Malgré un début poussif, le physique des Français a pesé lourdement dans la balance à la fin de la confrontation.

L’apport quasi fantomatique de Majok Choul à l’intérieur (2 points) n’a pas aidé l’équipe américaine à rester dans le match. Finalement, avant l’entrée des plus jeunes joueurs américains et la sortie pour 5 fautes de Bronny, seuls 6 d’entre eux avaient marqué. Preuve, encore une fois, que la différence physique aurait dû plus se faire ressentir tout au long de la rencontre.

Des highlights, mais un manque de playmaking évident

Ce que le public va retenir de ce match, c’est évidemment le poster de Bronny James sur Melvin Ajinça en fin de deuxième quart-temps. Un dunk main droite, tout en puissance face à un contreur trop lent pour parer la vitesse d’exécution de Bronny.

Mais au-delà de ce highlight, les deux équipes n’ont pas brillé dans le domaine de la création de jeu. Souvent, ce sont les défenses qui ont pris le dessus, avant de céder sur des backdoors ou sur des pénétrations en fin de possession.

Des deux côtés, de nombreux ballons perdus sur des passes interceptées qui ont mené à des dunks en contre-attaque. Le jeu placé était un peu plus brouillon, avec peu de systèmes et beaucoup d’un contre un.

La team California avait une meilleure maîtrise du jeu en pick and roll que la sélection Comsport. Elle disposait de plusieurs playmakers capables de créer balle en main. Bronny James, par exemple, a su se frayer à maintes reprises des chemins vers le cercle, avec des finitions toujours plus spectaculaires. Dylan Metoyer, plus rapide que ses défenseurs, et Bryce Cofield (16 points) ont permis à l’équipe californienne de lancer sa rencontre, quand Bronny tentait de trouver son rythme aux tirs.

Côté français, s’est posé le même problème que lors du mondial U18 : un manque flagrant de création. Dans le cinq de départ, pas de meneur de jeu. Bilal Coulibaly était chargé de monter la balle pour annoncer les systèmes. Bien souvent, les Français ont préféré jouer en un contre un.

La solution était de faire entrer de Roman Domon, un grand playmaker de Gravelines-Dunkerque (2,03 m). Avec une belle vision du jeu, il a plusieurs fois vu les lignes de passe à l’opposée pour trouver ses coéquipiers à trois points, ou pour des drives. C’est notamment grâce à son apport (12 points) que la sélection U18 a pu repasser devant dans la troisième période.

Roman Domon s’est parfaitement illustré face aux lycéens américains. Photo : Anthony Dibon/Icon Sport via Getty Images

Des prospects intéressants pour la suite

L’occasion de se montrer devant les caméras d’ESPN ne se présente pas souvent. Les jeunes sur le parquet en avaient parfaitement conscience.

Celui qui en a le plus profité de l’opportunité, c’est le néo-Levalloisien Bilal Coulibaly. L’international U18 tricolore a terminé MVP de la rencontre, en compilant 25 points, 8 rebonds, 5 passes décisives et 5 interceptions à 8-10 au tir et 9-9 aux lancers. Du drive, une belle utilisation du pick and roll, deux fautes sur des tirs derrière l’arc provoquées et trois gros dunks qui resteront dans la mémoire du public de Nanterre.

Il s’agit d’une superbe démonstration pour celui qui évoluera cette saison sous les ordres de Vincent Collet à Boulogne-Levallois. Une entrée en matière avant une année aux côtés de Victor Wembanyama, d’Hugo Besson et d’Armel Traoré, d’autres très gros prospects du basket français.

En face, en toute logique c’est Bronny James qui s’est illustré grâce à ses drives avec des finitions implacables, ainsi que deux tirs à trois points. Mais au-delà du fils du King, Bryce Cofield a démontré ses qualités de scoreur, Ashton Hardaway s’est révélé comme un stretch 4 parfait pour le basket moderne et Jimmy Oladokun a présenté un certain niveau de maîtrise. Malgré l’absence du très attendu Isaiah Elohim, classé très haut dans les Mock Drafts de 2024, le California Basket Club a montré des choses intéressantes.

Côté français, c’est Roman Domon qui a surpris le public par son tir à trois points (trois shots convertis) et son aisance technique. Le BCM tient une vraie pépite pour les prochaines années. Maxime Logué, par sa présence sous le cercle, a prouvé l’étendue de son talent, et les Français se sont illustrés par leur envie collective en fin de match.

Cette rencontre du Axe Tour nous a donné un aperçu le basketball de demain : des profils athlétiques, certes avec des failles, mais qui montrent un immense potentiel. Les prospects français joueront l’année prochaine, pour la majorité, dans les championnats de Betclic Elite et de Pro B. Le California Basket Club termine quant à lui son tour européen par une étape à Rome, en Italie, ce jeudi.

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