En décrochant le Grand Prix à la loterie, les Pistons se sont emparés du joueur le plus attendu de la dernière Draft, Cade Cunningham. Il représente déjà la clé du succès de Motor City, ou du moins fait espérer de nombreux fans attrister depuis trop longtemps. L’usine à talents s’agrandie, affectant ainsi le projet d’une franchise bien décidée à renouer avec la gagne et l’identité qui ont collés aux légendes de Detroit. Mais pour le moment, la route est encore longue. Il suffirait déjà d’actionner la première vitesse !
2020 – 2021 : prémices d’un nouveau Cap à Detroit
Bons derniers de la conférence Est à l’issue de la saison dernière avec seulement 20 victoires en 72 matchs, les Pistons font partie de ces équipes en recherche d’identité et en pleine reconstruction depuis plusieurs années maintenant. Nouvellement arrivé à la tête de l’équipe en tant que GM, Troy Weaver se voulait patient au début de la saison 2020-2021. Il a ainsi misé sur la jeunesse du groupe. Drafté en 7e position de la draft, Killian Hayes rejoint Sekou Doumbouya dans le Michigan et se voit de suite propulsé dans le 5 de départ. Malheureusement, une blessure vient stopper son début de saison encourageant. Le jeu proposé par Dwane Casey est souvent décousu, la faute notamment à certaines erreurs de jeunesse et des tensions au sein du groupe avec l’affaire Griffin notamment. Ainsi, malgré ces jeunes, les Pistons affichent la 22e pace de la ligue avec 14,9 pertes de balles en moyenne par match. De quoi souligner la mauvaise gestion du ballon et les faiblesses sur le poste de meneur.
Le GM montre rapidement ses intentions de se débarrasser de gros contrats pour alléger le plafond salarial. Après avoir fait une saison phénoménale 2 ans plus tôt, les relations se détériorent entre le clan de Blake Griffin et le board de Détroit. Pourtant, l’ailier fort débutera bien la saison avec les Pistons mais après 20 matchs, Blake est placé sur la liste des joueurs inactifs et ne portera plus le maillot de l’équipe du Michigan avant de finalement se faire transférer à Brooklyn. Derrick Rose connaîtra le même sort que Griffin et sera transféré aux Knicks après 15 matchs. En laissant filer leurs deux vétérans, les Pistons perdent en moyenne 26 points de scoring, et c’est Jerami Grant qui va step-up et s’affirmer en véritable leader. Il représentera ainsi une des rares satisfactions de la saison 2020-2021. En effet, l’ancien joueur du Thunder va laisser parler son jeu et tenir les clés de l’attaque tout au long de la saison, passant de 12 points par match en moyenne à 22.3.
Parmi les autres satisfactions, on peut citer Saddiq Bey. Le rookie profite aussi du départ de Griffin et Rose pour monter en régime au fur et mesure des semaines et finit ainsi la saison avec une moyenne de 12,2 points. Il est même élu joueur de la semaine durant le mois de février, à la surprise générale. Lui et Isaiah Stewart sont sélectionnés dans la All-Rookie Team, de quoi donner des espoirs sur la suite de leur carrière notamment au sein des Pistons. Une saison à oublier sur le plan collectif, mais des éléments positifs et encourageants à retenir avec le nouveau statut de franchise player de Jerami Grant et la marge de progression des rookies Bey, Stewart et Hayes.
Intersaison : nettoyage pour une nouvelle page
Arrivées | Départs |
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Cade Cunningham | Sekou Doumbouya |
Kelly Olynyk | Wayne Ellington |
Trey Lyles | Dennis Smith Jr. |
Luka Garza | Jahlil Okafor |
Chris Smith | Mason Plumlee |
C’est peu dire que Detroit n’est pas la destination favorite des agents libres et encore moins un gros marché, alors le front office mise tout sur la jeunesse. Terminant bons derniers de la conférence Est, les Pistons possédaient 14% de chance de récupérer le 1st pick de la draft à venir. En ce qui concerne l’identité du numéro uno de la draft, il n’y a pas eu de mystère cette année tant il domine ses compères. Cade Cunningham, qui est apparu tout en haut de chaque mock draft, est un grand guard (2,03m) disposant d’un répertoire offensif déjà ultra complet pour son âge et d’une intelligence de jeu bien au-dessus de la moyenne. Ainsi, lorsque le 22 juin dernier les Pistons remportent la lottery et repartent avec le numéro de la draft, le destin de Cade est déjà scellé, il sera un Piston.
Le soir du 29 juillet, cela se confirme puisque c’est bien le prénom suivi du nom de la star de l’université d’Oklahoma State qui sort de la bouche d’Adam Silver. Un événement qui réjouit les fans de Detroit, d’autant qu’au même moment, le GM Troy Weaver annonce son souhait de rendre sa gloire à l’équipe des Pistons. Le retour du jeu dur et physique. En parallèle, Detroit drafte Isaiah Livers en sortie de l’université de Michigan, Jamorko Pickett, l’ailier de Goergetown, Chris Smith et en enfin Luka Garza, le pivot de Iowa qui était un des meilleurs scoreurs NCAA l’année dernière.
En dehors du recrutement de Cade et Luka (les deux drafté majeurs), Detroit prolonge Hamidou Diallo, l’ailier qui possède de la dynamite dans les mollets, confirme sa progression et se voit offrir un contrat de 10,4 millions de dollars sur 2 ans pour apporter son jeu athlétique et sa défense dans les rangs de l’effectif de Dwane Casey. Pour renforcer le secteur intérieur et apporter du spacing en attaque, c’est Trey Lyles, l’ancien Spur qui rejoint le Michigan. Trey est un bon joueur offensif, qui peut clairement grappiller des minutes dans la rotation pour apporter de la taille et du scoring. S’il réalise une saison à presque 10 points comme il a pu le faire à Denver sur la saison 2017/2018, alors les Pistons pourront se dire qu’il s’agit d’un move qui leur aura été bénéfique. Dans la foulée, Troy Weaver prolonge Frank Jackson, qui apporte de la percussion et du shoot en attaque et Rodney McGruder pour apporter de la défense extérieur et de l’expérience.
Enfin et c’est sans doute une des signatures les plus intéressantes de l’intersaison pour les Pistons, puisque c’est Kelly Olynyk qui après une deuxième partie de saison magnifique avec les Rockets (19 pts, 8.4 reb) rejoint l’effectif. Kelly est un formidable joueur offensif, un très bon atout pour l’attaque des Pistons qui manquait cruellement de talent offensif la saison dernière.
Pour clore ce paragraphe de l’intersaison des Pistons, le front office est à l’origine du dernier gros boom médiatique en NBA, puisqu’en transférant Sekou Doumbouya et Jahlil Okafor et des tours de draft aux Nets contre… DeAndre Jordan, les Pistons décident dans la foulée de couper l’ancien All-Star des Clippers qui rejoint de suite les Lakers. Sekou, drafté en 15e position de draft 2020 par Detroit, n’a pas convaincu cette saison et tentera de gagner des minutes dans l’équipe du big three composé de Harden, KD et Irving. Finalement, cette offseason semble tout à fait cohérente par rapport au projet de reconstruction annoncé par Troy Weaver. Detroit possède l’effectif le plus jeune de la conférence Est, ainsi que peu d’attente et du temps pour reconstruire et trouver une identité de jeu autour du talent brut que représente Cade Cunningham.
Facteur X : Cade dans le game
Pour la rédaction, le facteur X est sans aucune surprise Cade Cunningham. Pour deux raisons principales, le joueur est doté d’une vision de jeu et d’un QI basket bien au-dessus de la moyenne, une aubaine pour Detroit qui manquait cruellement de fond de jeu la saison dernière.
La seconde, car en très peu de temps, il peut s’imposer comme le leader de l’équipe. En effet, aucun joueur de l’effectif n’est présent depuis plus de deux saisons dans le Michigan, une situation quasi inédite qui permet à Cade de devenir le favori des fans et surtout le principal créateur en attaque, capable de créer le jeu pour ses coéquipiers comme pour lui. Avec des moyennes de 18,7 points, 5,7 rebonds et 50 % à trois points sur ses 3 matchs de Summer League, Cade a clairement passé avec brio le fameux eye test tant son talent saute aux yeux. Hormis Jerami Grant qui s’est révélé être l’option numéro 1 en attaque, aucun autre joueur n’a montré une vraie régularité dans le scoring la saison dernière, Cade comblera sans doute ce manque de talent en attaque par ses capacités offensives. Il peut former un duo intéressant avec Grant qui peut mettre en moyenne 40 points par match tous les soirs.
Détroit ne va sans doute pas être parmi le top 5 de la conférence Est la saison prochaine, mais l’équipe peut se révéler être une menace sur certains soirs et gagner en confiance tout en construisant leur identité au fur et à mesure des matchs. Cunningham à non seulement été drafté pour ses capacités d’attaque, son ball-handling et sa taille mais aussi pour son tempérament de leader et ses aptitudes à prendre des responsabilités. Il est conscient que les attentes qui sont émises autour de lui son grande :
« Je sais que les attentes d’être le premier choix sont énormes, je veux m’assurer que je suis à la hauteur pour l’organisation et la ville de Détroit et être le gars qu’ils recherchent ».
Cade Cunningham à NBA TV le soir de la Draft
Finalement, Cade est plus qu’un facteur X. À court et moyen terme il représente l’avenir des Pistons et ce n’est pas pour rien s’il est comparé à un Doncic ou un Tatum, c’est parce que son talent pour la balle orange peut changer le visage d’une franchise. C’est donc à lui de prouver qu’il en est capable et aux Pistons de construire un effectif talentueux avec une identité et un plan de jeu bien déterminé pour redonner sa gloire à la franchise pour paraphraser Troy Weaver.
Des Pistons abonnés à la mauvaise adresse
Nous avons pris le parti de ne pas mettre une statistique mais plusieurs pour Detroit. Des chiffres qui témoignent de la faiblesse et du manque de talent offensif de l’équipe sur la saison dernière. Il n’y a pas de secret au basketball, dans la plupart des cas, les équipes qui mettent le plus de paniers par match sont souvent celles qui font partie du haut du tableau et logiquement celles qui en mettent le moins sont parmi les plus faibles, c’est le cas des Pistons … Avec 106.6 points par match, Detroit pointe à la 27ème place du classement de points par équipe et surtout 24ème en pourcentage au tirs avec seulement 45.2%.
Pour rentrer plus dans le détail de la production au scoring, seulement un seul joueur score en moyenne 15 points ou plus, il s’agit de Jerami Grant avec une moyenne de 22,3 points par match. Derrière lui, cinq joueurs (terminant la saison sous le maillot des Pistons) marquent 10 points ou plus, mais aucun ne dépasse la barre des 15 points. Une situation qui s’explique en partie par le manque d’identité collective et des rôles en attaque qui ne sont pas tout à fait déterminés pour l’équipe du Michigan. En effet, hormis Grant qui était logiquement l’option offensive numéro 1 tout au long de la saison, pour le reste de ses coéquipiers, la hiérarchie n’est pas établie ce qui donne des séquences de jeux qui se terminent en iso ou un tir précipité.
Si l’on regarde de plus près, Detroit utilise 5,5 % d’isolation en moyenne sur la saison pour une fréquence moyenne de scoring de seulement 38 % (26e à ce classement), cela signifie que sur une action en iso, l’équipe à moins de 4 chances sur 10 de marquer. Une statistique qui représente le manque d’efficacité et de lucidité des joueurs sur l’ensemble de la saison. C’est à coach Casey, un entraîneur expérimenté et connu pour avoir de la poigne, d’établir une hiérarchie dans l’attaque.
Mettons désormais en lumière, les chiffres significatifs que Detroit devra rectifier pour au moins améliorer ses pourcentages au tir et voir l’avenir avec plus d’encouragement.
En s’appuyant sur les statistiques proposées par NBA Stats, ce que l’on constate tout de suite, c’est le manque d’efficacité à mi-distance et dans les corners. Les Pistons s’inscrivent tout à fait dans l’archétype de l’équipe de 2021, avec quasiment 3 fois plus de tirs à 3 points que de tirs à mi-distance sauf que le nombre de 3 points marqués ne vient pas combler le manque de réussite à mi-distance. Un secteur de jeu à cibler pour le coaching staff, car les deux zones doivent être complémentaires entre les shooteurs extérieurs et ceux qui attaquent le cercle, qui sont capables de poser un dribble pour tirer ou placer un floater.
Les Pistons ont un pourcentage de 34,1 % (dernier de la ligue) entre 3 et 4 mètres du panier, soit à l’entrée de la raquette, un pourcentage qui s’explique par un manque de créativité et surtout de tentative dans cette zone de tir. L’équipe de Dwane Casey est également dernière du classement du pourcentage au tir entre 6 et 7 mètres du panier (34,9 %) dont uniquement 99 tentatives sur l’ensemble de la saison en tête de raquette comme on peut le voir sur le graphique visuel.
Les hommes mentent mais pas les chiffres … Ce sont les secteurs de jeu sur lesquels l’ensemble de l’équipe doit se concentrer pour espérer s’améliorer et connaître une meilleure saison pour donner du sens à cette reconstruction engagée par Troy Weaver.
Cade Cunningham, pour répondre à ces besoins ?
Il est évident que Cade va apporter sur tous les compartiments du jeu de l’attaque et peut, dès le début de saison être le meilleur joueur de la franchise. Excellent shooteur et créateur, il va apporter du scoring, de l’efficacité derrière l’arc, lui qui shootait à 40% en NCAA et déjà 50% en Summer League. Le ballon sera souvent de ses mains, il sera donc fixé par la défense et pourra décaler un coéquipier à mi distance ou à trois points sur une attaque placée ou en contre attaque. Doté d’une intelligence de jeu déjà élevée, il sera aussi essentiel sur demi-terrain et propose plusieurs options en attaque au côté de Killian Hayes. Pour répondre à la question, Cunningham ne va pas hisser Détroit parmi les équipes qui shootent le mieux mais il sera sans aucun doute une des raisons principales de l’amélioration et de la progression de cette jeune escouade.
Le 5 de départ potentiel
- MJ : Killian Hayes
- A : Cade Cunningham
- AI : Saddiq Bey
- AF : Jerami Grant
- P : Isaiah Stewart
Notre pronostic : 22 victoires – 60 défaites (15ème)
Alors ne nous emballons pas, certes l’équipe semble meilleure sur le papier qu’à la fin de la saison suivante, pour la simple et bonne raison que les Pistons ont drafté le numéro 1 de la draft. Mais aussi parce que le recrutement a été intelligent et que tout est à faire dans l’équipe. Il y a des joueurs talentueux en attaque, tels que Josh Jackson, Saddiq Bey, Kelly Olynyk ou encore Hamidou Diallo qui peuvent rapporter des points et des solutions en attaque. Le backcourt est évidemment plus excitant, car l’ajout de Cunningham rajoute une vraie plus-value en termes de création et d’intelligence de jeu, à ses côtés Killian Hayes aura les cartes en main pour faire parler son sens du collectif et avoir un impact direct en attaque comme en défense. Sur le secteur intérieur, le désormais Sophomore, Isaiah Stewart, a montré de belles choses l’année dernière et s’inscrit bien dans la lignée des intérieurs énergiques et hustle de Detroit.
Enfin, il sera intéressant de voir comment va se passer la cohabitation entre Jerami Grant, option offensive numéro 1 et Cunningham, qui n’est pas venu à Détroit pour faire de la figuration. Dans cette analyse, les faiblesses et le manque d’efficacité offensive de l’équipe a été mis en exergue, c’est à Casey de favoriser un jeu plus diversifié, qui propose un meilleur équilibre entre le tir à 3 points et le tir à mi distance et surtout une meilleure construction à travers un jeu demi terrain et des contres attaque où ça court ! Cade se retrouve dans une des équipes les plus faibles de la ligue, il aura carte blanche pour éclabousser la ligue de son talent et confirmer la reconstruction de la franchise et donc s’imposer comme LE facteur X de cette saison.
Les heures de gloire de Détroit ne sont pas encore de retour… Un maître mot pour les Pistons : patience.
Photo de couverture : Melanie Fidler / NBAE via Getty Images