Le week-end du 26 et 27 juin, la Super League 3×3 s’invitait dans quatre villes de France, dont une première à Pau. L’Analyste y était ! Après avoir interviewé Sacha Duthu, le chargé de développement de la section 3×3 de l’Élan béarnais Pau Nord-Est et investigateur de ce tournoi, nous sommes allés sur ses terres pour voir l’envers du décor de la folie 3×3 qui saisit la planète basket depuis plusieurs étés.
Une semaine au rythme du basket
Les festivités ont commencé dès le mercredi. Pendant cinq jours plusieurs tournois se sont succédé. Pour les juniors et universitaires le jeudi, pour les partenaires le vendredi et un qualificatif pour le Challenger de Poitiers – une étape pour atteindre un Master du World Tour FIBA 3×3 – le samedi. Un programme royal qui s’est terminé en beauté avec l’Open Plus le dimanche.
Ce dernier événement était organisé en collaboration avec la FFBB. Divisé en deux tournois, un masculin et un féminin, il récompensait les vainqueurs d’un prize money de 2000 €. Cet Open Plus permettait aux équipes sur place de marquer un maximum de points pour décrocher une invitation à l’Open de France de Lille les 16 et 17 juillet, un objectif très complexe tant les places sont chères. Seulement les neuf premières teams au classement général auront leur ticket pour le Nord, alors que le nombre de tournois est restreint et condensé.
Il y avait donc de quoi accueillir un casting cinq étoiles dans le Béarn. Quinze collectifs étaient présents avec un bon nombre de joueurs élites, dont certains multirécidivistes en équipe de France 3×3.
Récit d’une journée mouvementée
10h, début des phases de poules. Bercé par la douce et reconnaissable voix de Lukas Nicot, l’événement démarre simultanément sur les deux terrains installés. Toutefois, la matinée de basketball qui est vite interrompue. La fine et constante pluie rend le jeu impraticable, les quelque soixante joueurs doivent se réfugier sous les tonnelles pour se protéger contre le plus coriace adversaire du jour.
Midi, alors que les estomacs se rassasient à coup de sandwich chipolata – frites, une solution pour maintenir le tournoi est rapidement toute trouvée. L’Open Plus se délocalise en banlieue de Pau, à Iron, où un terrain semi-couvert longe la salle polyvalente du village. En quelques minutes, tous les acteurs prennent leur quartier dans ce nouveau lieu très « Playground », un retour aux sources parfait pour enfin démarrer les hostilités !
14h30, les organisateurs ont terminé la mise en place de toutes les infrastructures et les matchs peuvent recommencer. Sans musique, l’ambiance est tout de même présente avec de plus en plus de curieux qui s’amassent autour des terrains. La compétition reprend ses droits et les équipes se mettent enfin en jambes. Le jeu y est – comme à son habitude – très physique et sur un haut tempo.
Le tournoi nous fait vivre de superbes actions ! On assiste à une belle « Moustache connexion » entre Charly Pontens et Frank Seguela. Ce dernier a arboré la même pilosité que son coéquipier en équipe de France 3×3. Est-ce un pari perdu ou une envie de l’accueillir comme il se doit dans la Team Nantes ? Peu importe, mais les deux se trouvent parfaitement sur le terrain !
En quart de finale féminin, c’est la remontée de Ballzone qui a fait sensation. Menées durant toute la rencontre, elles sont restées concentrées jusqu’à la fin et ont pu s’appuyer sur la main bouillante de Lou Bobst longue distance pour renverser « The bus team ».
17h30, c’est le temps du concours ! C’est aussi l’une des caractéristiques d’un Open Plus, le tournoi prend une pause afin de laisser place au concours à « deux points ». Derrière l’arc, les meilleurs artilleurs longue distance de chaque équipe s’opposent et dans cette bataille. Finalement, c’est Charlotte Gaillacq qui remporte le « Shoot Out Contest ».
Pas de temps à perdre, le 3×3 n’attend pas ! Fidèle à ses principes, la compétition reprend directement avec les demi-finales. Les femmes de la Ballistik sont décidément trop fortes. Elles ne font qu’une bouchée de Ballzone (F), le score est de 20 à 2. Elles sont rejointes en finale par la Team QReen, victorieuse 20 à 14 de Teammix.
La première demi-finale chez les messieurs s’annonce coriace. La Team Tempête de Sable a perdu le matin même d’un petit point seulement contre la Team Nantes. L’équipe de Thomas Duboquet compte bien prendre sa revanche. Victoire 21-18 pour Tempête de Sable, qui se voit propulsée en finale ! La seconde demi-finale (H) opposait la Team Ballisitk, amoindrie avec un Eddy Steiner encore blessé, face aux hommes de Pau 3×3. Le duel entre les ex-coéquipiers aux JSA BMB et internationaux Alex Vialaret – Sébastien Cape a tourné à l’avantage du Palois. Une nette domination de l’équipe locale qui s’envole vers ses premières finales !
19h, épilogue d’un dimanche en Super League. Galanterie oblige, les femmes ouvrent le bal des finales. Ballistik Bordeaux, dans la continuité de sa journée, domine son adversaire (17-11). Claire Parisi en mode MVP illustre tout son talent balle en main. Une victoire aux côtés de Marion Hériaud, Juliette Duflo et Sarah Ousfar qui permet à Ballistik (F) de se classer deuxième au classement général.
Place aux messieurs pour terminer. Bien décidée à s’imposer à la maison, la Superteam de Pau ne laisse aucune chance à Tempête de Sable (21-12). Cela ne fait pas longtemps que l’équipe a été créée, et pourtant, l’effectif complémentaire de la section 3×3 impressionne. Le meneur de NM1 (Lorient) Sébastien « Speedy » Cape finit MVP. Le costaud Thomas Seguela, artisan du dernier point de son équipe, partage avec lui, Dorian Okemba (Espoirs Élan) et le jeune Thomas Descorps le joli Cash Prize des vainqueurs. Grâce à cette performance, ils gagnent 1500 points dans la ligue et font leur entrée dans le top 10 du classement de la saison.
Frank au micro
Entre deux matchs et juste avant que les phases finales ne commencent, nous nous sommes entretenus avec un joueur majeur du circuit 3vs3 français, Frank Seguela. Une interview, au plus proche de l’action, pour mieux capter l’esprit 3×3 !
Pour débuter, est-ce que tu peux nous décrire ton parcours au niveau 3×3 ainsi que la création de la Team Nantes ?
J’ai fait mes classes en U23 avec Charly Pontens lors de ma première de 3 contre 3. Et avec la seconde génération de U23, qui comprend Timothé Vergiat et Jules Rambault, on a voulu monter une équipe ensemble puisqu’on sentait une belle alchimie sur le terrain. D’ailleurs, cela a été prouvé lorsque l’on a remporté la Nations League à Budapest. On s’est alors lancé dans cette aventure en souhaitant créer notre propre équipe cet été. Un projet qui fait écho à celui que l’on avait réalisé l’an passé avec l’équipe « Paris Next Gen ». On cherchait à étoffer notre équipe, être plus nombreux. C’est là où l’on a demandé à Charly s’il voulait faire partie de l’équipe, ce qu’il a accepté. De son côté, le projet qu’il avait monté à Nantes était tombé à l’eau donc on a « réuni » les deux projets pour redonner vie à la Team Nantes.
L’organisation s’est créée il y a quelque temps, mais nous avons commencé réellement sur les terrains il y a deux semaines. On a fait notre premier Open Plus le 19 et 20 juin au Poulinguen et nous voici ce week-end à Pau. Et aujourd’hui, l’équipe se compose de Stéphane Gautier (NM1), Charly Pontens et Kevin Harley qui vient également nous aider pour l’occasion.
Frank, avant d’être un joueur de 3×3, tu es professionnel de 5×5. Cette saison tu évoluais en NM1 sous le maillot du Stade rochelais. Qu’est-ce qui diffère entre ces deux disciplines ?
La différence est énorme surtout dans l’intensité et dans la notion de duel. Il faut être fort sur l’homme et réussir à prendre l’avantage dans du un contre un. Pour autant, le jeu collectif et le tir extérieur restent les pièces maîtresses du 3 contre 3. Leurs utilisations sont des facteurs très importants et différents du 5×5. Les quelques règles – dont j’invite les lecteurs à venir les découvrir directement lors des tournois – font qu’un panier classique vaut un point et un panier derrière l’arc vaut deux points. L’adresse est donc très importante.
Il ne faut pas oublier que le 3×3 c’est surtout une grande famille, on s’entend tous très bien ! C’est complètement différent du 5×5. Tout le monde se connaît, entre les organisateurs et les joueurs il y a forcément un lien qui se fait rapidement pour avoir les informations pour monter les équipes. C’est un cercle assez « fermé », on retrouve souvent les mêmes têtes et forcément on créait des amitiés, des liens.
Cela s’explique effectivement, car c’est ta troisième année consécutive où tu prends part aux tournois ?
Trois étés où je suis à fond dans le 3×3. J’ai plus beaucoup de vacances l’été, mais j’adore ça !
Justement, après tous ces étés où tu pratiques énormément de 3×3, qu’est-ce que cela peut apporter à ton jeu ?
Dès mes premiers pas dans le 3×3, j’ai tout de suite senti une évolution. J’ai amélioré ma qualité au shoot près du cercle et mon maniement du ballon. On a davantage de rôles qu’au 5×5, on doit jouer avec intention et être investi à chaque fois. Cela m’a énormément libéré des dogmes que l’on peut trouver dans le 5×5.
Passons aux choses sérieuses maintenant. Si vous remportez le « Prize Money », tu comptes le partager ou le garder pour toi ?
Alors j’ai essayé, j’ai tenté de le garder pour moi, mais malheureusement ce sera 25 % pour chacun.
Puisque l’on est qu’entre nous, tu peux m’avouer le nom du maillon faible de la Team Nantes ?
Je me suis longtemps dit qu’il y en avait un jusqu’au jour où j’ai réalisé que c’était sûrement moi donc on fait avec !
On sait qu’il y a ton frère, Thomas Seguela, qui évolue avec l’équipe Pau 3×3. Est-ce la Finale rêvée un affrontement Nantes contre Pau ?
C’est la finale rêvée pour nous et pour nos parents qui sont venus. La finale rêvée c’est surtout la finale gagnée !
Parlons classement. Votre objectif c’est évidemment de vous qualifier pour l’Open de France à Lille les 16 & 17 juillet prochain ?
L’année passée, on était en U23 donc on n’avait pas pu faire d’Open Plus et donc on n’avait pas marqué de point pour s’y qualifier directement. On était passé par un tournoi qualificatif la veille de l’Open de France pour faire parti du top 10 équipes. C’était très compliqué rien que pour se qualifier, mais au final on est allé jusqu’en demi-finale. Malheureusement on s’est incliné face à Amiral Camp avec un parcours semé d’embûches. Bien que l’on reste humble, on espère se qualifier cette année et le remporter. Focus sur la victoire.
Un dernier mot pour nous décrire cette journée pluvieuse à Pau ?
Eh bien c’est franchement super ! L’organisation a fait tous les efforts pour que cela se passe bien. La mobilisation de tous les bénévoles a été top, surtout lorsqu’il a fallu s’adapter avec les intempéries. La réaction s’est très vite faite pour finalement jouer sous ce hangar.