La longue trêve habituelle de la NBA offre des moments de grande tristesse pour les nombreux fans de la ligue — cela commence dès avril pour les supporters des Knicks. Le fan NBA se voit contraint de sortir de chez lui pour « profiter » des vacances, youpi… Cependant, lorsque le mois de juillet pointe le bout de son nez, la planète Basket s’agite. La période des transferts est enfin ouverte, pour le plus grand bonheur de tous — sauf des supporters des Knicks, encore une fois.
En cette année peu commune, nous voulions vous faire revivre, tout au long de l’été, quelques transferts importants de la décennie 2010’s. Dans chaque article, nous nous ferons le plaisir de nous concentrer sur une franchise en particulier et deux de ses transferts. L’un aux retombées positives accompagné d’un autre à… oublier ! Popcorn, assise de qualité, lunettes anti-lumière bleue, et vous êtes parés à vous replonger dans certains trades de ces dix dernières années.
Les prémices d’une reconstruction nécessaire
En début de décennie, les Trail Blazers connaissent une période délicate. Sur le papier, ils possèdent une équipe plutôt intéressante. Grâce aux Drafts NBA de la fin des 00’s, ils fondent l’avenir de leur franchise sur des joueurs talentueux prêts à concurrencer les meilleurs adversaires de la Ligue lorsqu’ils atteindront leur potentiel maximal.
Cependant, la malchance les frappe de plein fouet. Cette triste passade caractérisée par l’ère du duo Brandon Roy — LaMarcus Aldridge est — comme son nom l’indique — de courte durée. Le roi Brandon réalise de très bonnes saisons au scoring et participe à trois All-Star Game entre 2008 et 2010. Alors qu’il entre doucement dans ses années de prime, Roy se blesse avant d’entamer les Playoffs 2010.
Pour la deuxième fois consécutive, la jeune équipe de Portland termine la saison avec un bilan d’au moins 50 victoires. Néanmoins, l’équipe se voit diminuée par les blessures… Brandon Roy revient au quatrième match de Playoffs, mais, comme en 2009, la franchise de l’Oregon s’incline dès le premier tour. Le collectif des Blazers montre un beau potentiel, mais le sort s’acharne sur eux la saison suivante.
Leur intérieur Greg Oden — sélectionné en première position de la Draft 2007, avant un certain Kevin Durant — est contraint de s’asseoir sur le banc toute la saison, dans le prolongement d’une ridicule carrière faite de blessures et de déceptions. Et cerise sur le brancard, en novembre, on apprend que le franchise player des Blazers souffre d’arthrite au genou droit, un problème qui ne peut se résoudre par une opération.
Cette maladie dégénérative le tient éloigné des parquets pour une trentaine de rencontres, mais n’empêche pas Portland de se qualifier en Playoffs. Pendant son absence, LaMarcus Aldridge se transforme en véritable leader offensif de la franchise. L’ailier fort texan tourne à plus de 21 points de moyenne par saison, et ce jusqu’à son départ en 2015. Une régularité qui le caractérise. En postseason, les Blazers affrontent des Mavericks bien décidés à décrocher le Graal. Sans grande surprise, Portland tombe contre plus fort que lui sur un score plus qu’honorable de 4-2.
Ceci étant, cette série nous offre de belles séquences d’émotions : lors du Game 4, Dallas domine et s’apprête à décrocher un troisième succès sur le parquet des Blazers. C’était sans compter sur un Brandon Roy des grands soirs, le dernier qu’il a pu offrir à ses fans. Alors que les Mavs mènent de 23 points en cours de match, B-Roy renaît de ses cendres. À l’entame du quatrième quart-temps, Portland a un retard de 18 points et doit réaliser la remontada de la décennie pour l’emporter.
Roy à trois points, Roy pour « Batman », Roy en pénétration, Roy « with the left hand », Roy dans le corner… Enfin, Roy « for the lead » et une victoire pour Portland 84-82, avec 24 points au compteur du numéro 7. La Rose Garden Arena est en feu et le collectif de Portland apparaît plus soudé que jamais derrière sa star. Et pourtant…
Passé ce moment de bonheur intense, qui se conclue finalement par une sortie des Playoffs 2011, des décisions doivent être prises pour l’avenir de la franchise. Le management des Blazers ne peut plus garder un Brandon Roy sur une jambe. Le 10 décembre 2011, avant que la saison ne débute, The Natural prend alors sa première retraite sportive, tandis que la franchise fait un premier pas vers sa reconstruction.
Le jeune trio composé de Brandon Roy, LaMarcus Aldridge et Greg Oden n’aura joué que 62 matchs ensemble pour un bilan si prometteur de 50-12. Une brève aventure qui s’inscrit alors dans la longue liste des What If historiques de la ligue.
Blackout sur la saison Lock-out
L’exercice 2011-12 réserve quelques rebondissements à la franchise de l’Oregon. L’effectif est complètement remanié. Des choix sont faits pour prolonger ou non des joueurs majeurs et des signatures sont réalisées, comme celle de l’artiste Jamal Crawford. Comme attendu avec le départ de Brandon Roy, les résultats de l’équipe chutent par rapport aux régulières précédentes.
Face à cette baisse de régime, des tensions se font sentir au sein du groupe. Et, alors que la période des transferts de mi-saison arrive à son terme, les dirigeants décident d’échanger leur intérieur vétéran Marcus Camby, principal perturbateur du collectif rouge et noir. Il est envoyé aux Rockets contre un incroyable second choix de Draft, j’ai nommé Hasheem Thabeet, ainsi qu’un certain Johnny Flynn, meneur principalement connu pour avoir été sélectionné par les Wolves avant Stephen Curry. Après une belle saison au scoring, le chevelu Gerald Wallace est lui aussi transféré contre le turc Mehmet Okur et Shawne Williams. Ces deux derniers restent quelques mois en ville sans participer au moindre match sous le maillot des Trail Blazers.
La renaissance de Portland devra apparemment attendre. Inutiles sur le plan sportif, ces transferts ont au moins permis de remettre de l’ordre dans le vestiaire. Pour clôturer cette ère, il ne reste plus qu’à licencier l’actuel coach des Pacers, Nate McMillan.
Si ces quelques échanges méritent d’être oubliés, c’est bien parce que la suite de la saison n’est pas mieux pour Portland. Le Head Coach par intérim Kaleb Canales et ses nouvelles pièces réalisent un douloureux bilan de 8 victoires pour 15 défaites. Sans grande surprise, les Blazers ne parviennent pas à se qualifier pour les Playoffs 2012.
Dans leur malheur, ils obtiennent à la Lottery le 6e choix de la Draft. Et existe-t-il une meilleure manière pour rebâtir son équipe que de sélectionner un jeune à fort potentiel ? Je crois que la question elle est vite répondue.
Portland opte donc pour un meneur-rappeur : c’est enfin le (Dame) Time du renouveau dans l’Oregon. C’est alors sous Terry Stotts au coaching et grâce à des picks de Draft que Portland entame sa reconstruction. En moins de deux saisons, ils reviennent même dans les hauteurs de la Ligue.
D’ailleurs, lors du premier tour des Playoffs 2014, ils accomplissent l’exploit de sortir les Rockets 4-2. Avec un Aldridge atteignant par deux fois les plus de 40 points et un Damian Lillard des plus clutchs, ils prennent le dessus sur la franchise du barbu texan. Ils échouent en demi-finales de Conférence face, à des Spurs légendaires, que personne ne peut stopper lors de leur campagne 2014… sans rancune.
Un nouveau souffle nommé Jusuf
En 2015, les Trail Blazers font face à un lourd remaniement de leur effectif. LaMarcus Aldridge, Wesley Matthews et Nicolas Batum — entre autres — quittent Rip City. À la place, plusieurs joueurs rejoignent les rangs de l’équipe de Terry Stotts. Mason Plumlee, Al-Farouq Aminu et Ed Davis débarquent dans la raquette de Portland, comblant ainsi le vide laissé par l’actuel numéro 12 de San Antonio.
Après tous ces changements, un duo d’arrière peut enfin s’émanciper. En 2015-16, Damian Lillard et CJ McCollum jouent leur troisième saison ensemble. Le premier atteint les 25 points de moyenne et mène enfin son équipe au scoring. Le second montre une belle progression, justement récompensée par un MIP, en inscrivant 20 points par match.
Cette nouvelle ère commence plutôt de la meilleure des manières. Les Blazers se qualifient en Playoffs et passent le premier tour en renversant les Clippers 4-2, après avoir été menés 2-0 en début de série. Ils affrontent l’ogre Golden State en demi-finales de Conférence, ces mêmes Warriors qui viennent de réaliser un bilan de régulière à 73 victoires pour 9 défaites. Pour l’honneur, Rip City décroche une victoire, mais se fait éliminer de la course au titre.
La saison suivante est plus difficile que prévu pour Portland. Depuis le départ de LaMarcus Aldridge, aucun Big Man n’a vraiment su s’imposer dans la raquette des Blazers. Et alors que l’équipe peine avec ses 23 victoires pour 32 défaites, le 13 février 2017, ils réalisent un échange assez anodin avec les Nuggets. Le sophomore bosnien Jusuf Nurkic est envoyé à Portland avec un premier tour de Draft qui permettra la sélection d’un autre grand, à la mèche rebelle, Zach Collins. Le jumeau Plumlee, lui, part s’installer dans les montagnes de Denver. Le déficit technique du front court de Portland appartient désormais au passé.
Trois ans plus tard, ce transfert ne peut être considéré que comme une réussite.
En deux saisons complètes avant qu’il connaisse une vilaine fracture du tibia-péroné, Jusuf impressionne par sa polyvalence. Dès son arrivée, son temps de jeu augmente nettement, passant de joueur de banc à titulaire avec plus de 26 minutes sur le parquet. Bien sûr, la production statistique de Nurkic gonfle en conséquence pour atteindre le double-double de moyenne, avec plus de 15 points par match. Les années passent et l’intérieur développe son jeu de passe. Et à mesure que les saisons défilent, davantage de trois points il enfile.
Sur le plan collectif, on remarque une nette amélioration : 49 victoires en 2017-2018, puis 53 en 2018-2019. À chaque fois, les Blazers se qualifient en Playoffs. Seule ombre au tableau, avec sa blessure avant la postseason 2019, nous n’avons toujours pas connu la Beast en mode Playoffs.
Avec un bilan négatif cette saison, Portland a beaucoup souffert de l’absence de Nurkic. Le retour du soldat Nurkic dans la bulle de Floride vient confirmer son importance au sein de l’équipe. Et ce n’est en aucun cas excessif de dire qu’il forme, aux côtés de Dame Dolla et CJ, l’un des trios les plus solides de la NBA.
Le souvenir de la rédaction : les meilleures actions d’un Frenchie à Rip City
Le français est chauvin, mais le français est aussi très critique. On blâme souvent le niveau de jeu de Nicolas Batum depuis qu’il s’est installé en Caroline du Nord. C’est à en oublier l’importance qu’il avait dans le collectif des Blazers au début de la décennie. Alors, comme nous n’avons pas assez parlé de notre numéro 88 préféré, nous vous proposons ce Top 10 des actions de sa carrière à Portland. Histoire de se rappeler à quel basketteur on a eu affaire ! Spoiler Alert : Batman assure le spectacle, il est clutch et il venge même l’honneur de la France avec un poster sur Pau Gasol.
Le quatrième épisode est maintenant terminé. Oui, nous le savons, c’est extrêmement triste, mais réjouissez-vous, la série se poursuit ! La prochaine fois nous nous déplacerons vers l’Est redécouvrir l’histoire « stratransférique » d’une de nos franchises NBA. Allez, on remet l’horloge à l’heure du Dame Time, on réussit ses lancers-francs et on fait coucou à Paul George en partant !
Épisode précédent : Indiana Pacers
Photo : Christian Petersen/Getty Images