Houston, 21 avril 1996 — dernière rencontre de saison régulière pour les Rockets. C’est l’occasion pour Hakeem de marquer l’histoire et d’inscrire un peu plus son nom sur les tablettes NBA, qu’il a déjà bien noirci depuis son arrivée dans la ligue en 1984. The Dream est devenu le meilleur contreur de l’histoire de la ligue depuis que la stat est comptabilisée. En termes de rêve américain, on est pas mal pour un gamin issu de l’Afrique qui ne s’est mis au basket qu’à 17 ans.
Sélectionné en première position de la Draft 1984 devant un certain Michael Jordan, Hakeem n’a pas fait regretter le choix des dirigeants des Rockets de l’époque, qui n’ont pas hésité une seconde à lui donner les clés de l’attaque et de la défense. Et bien qu’il fut un incroyable attaquant — il suffit de demander aux pivots de l’époque qui cherchent encore la balle après un Dream Shake —, au cours de sa carrière il s’est particulièrement illustré par sa défense. Incroyablement mobile pour sa taille, Olajuwon faisait vivre un véritable cauchemar à ses adversaires. Rapide, doté d’appuis à faire jalouser certains extérieurs, Hakeem avait la capacité de défendre non seulement les pivots, mais aussi les ailiers et les guards si on le lui demandait gentiment. Naturellement, sa défense s’est ressentie dans ses lignes de stats. Et dans une ligue où on voue un véritable culte aux chiffres, le pivot a su se hisser très haut dans certaines catégories qu’il partage avec d’autres très grands noms de l’histoire.
Alors que la saison régulière 1995-96 touche à sa fin, les Rockets accueillent les Suns chez eux pour la 82e rencontre. Hakeem ne jouera que 25 minutes, l’occasion pour lui de participer à la 48e victoire des siens et de marquer à jamais l’histoire de la NBA. Le soir du 21 avril 1996, Hakeem devient le meilleur contreur de l’histoire de la ligue, dépassant ainsi le grand Kareem Abdul-Jabbar avec 3190 contres à l’époque. Un monstre des parquets.
Le numéro 34 des Rockets a bien souvent envoyé la balle au troisième rang après une tentative de shoot ou de lay-up de son adversaire direct. Nombreux sont les highlights où on le voit contrer 3 ou 4 fois d’affilés le ballon empêchant toutes tentatives de paniers et décourageant l’équipe adverse. Ce n’est évidemment pas anodin si les Rockets, entre les années 80 et 90, étaient bien souvent parmi les meilleurs Defensive Rating de la ligue. C’est sa régularité et sa concentration chaque soir qui ont permis à son équipe de figurer dans ce classement. Mais c’est aussi grâce à son charisme et son sens du placement, qu’il a d’ailleurs partagé avec ses coéquipiers tout au long de sa glorieuse carrière.
S’il s’est hissé tout en haut de ce classement en comptabilisant au total 3830 contres, ce n’est pas le fruit du hasard. C’est le résultat de 17 saisons passées sur les parquets NBA à au moins 1.5 contre de moyenne. Dans son prime, on parlait plutôt de 4.6 contres (saison 89-90) ou encore 4.3 (saison 91-92). Son record en carrière, c’est 12 contres contre le Jazz le 11 novembre 1989, faisant vivre un enfer à Karl Malone et son acolyte John Stockton. Et logiquement, lorsqu’on empêche les adversaires de mettre le ballon dans le panier et que, derrière, on marque des paniers — la plupart au poste — ça fait gagner des matchs. Et c’est surtout cela que l’on doit retenir de Hakeem Olajuwon, c’est un compétiteur !
Alors que la décennie 90 semblait appartenir aux Bulls de Jordan, profitant de la retraite de MJ, Hakeem n’a pas raté l’opportunité d’atteindre les finales. Lorsqu’il les a enfin atteintes, le pivot et son équipe n’ont pas laissé échapper le titre en s’en emparant en 1994 face aux Knicks et face au Magic en 1995. Il parait donc normal de rentrer The Dream dans le classement All-Time des joueurs tant il aura marqué la NBA de son empreinte, de par son histoire personnelle, son impact sur le jeu et ses lignes de stats fantastiques. En carrière les lignes de stats de Olajuwon donnent le tournis : 21.8 points, 11.1 rebonds, 1.7 interception, 3.1 contres. Pas mal pour un mec qui s’est mis au basket à 17 ans.
Grand par la taille, mais pas que, Hakeem fait parti des très grands de la ligue. Il inspire encore des générations de joueurs à travers ses qualités offensives et ses moves absolument magnifiques. Ce n’est pas pour rien si, pendant l’été, certains joueurs décident d’aller voir l’oncle Olajuwon plutôt que de siroter un Mojito au bord de la plage. En effet, Hakeem propose des camps d’entraînement pour apprendre les moves dos au panier et le légendaire Dream Shake. Pas mal le rêve américain.
Photo : Nathaniel S. Butler/NBAE via Getty Images