Bilan de la saison 2018-19 : Phoenix Suns

par L'Analyste
Kelly Oubre Jr et Devin Booker, des Suns de Phoenix

Article écrit par Clément Swaertvaeger, ancien rédacteur de L’Analyste.

Les Suns de Phoenix ont terminé la saison avec le pire bialn de la ligue. Malgré un effectif jeune et prometteur, la franchise n’a pas réussi à décoller de sa 15ème place de la conférence ouest, ce qui pourrait commencer à lasser Devin Booker, en progrès constant. Une nouvelle fois, le bilan de la saison des Suns tend vers le négatif plus que le positif.

La saison des Suns

Cette saison 2018-2019 s’annonçait plutôt bien, sur le papier, pour la franchise de l’Arizona. Après avoir drafté DeAndre Ayton en premier choix, accompagné de Mikal Bridges, Elie Okobo et De’Anthony Melton, arrivé en provenance de Houston avec Ryan Anderson, l’effectif semblait se compléter et s’équilibrer. Avec la venue de Trevor Ariza, l’équipe semblait bien partie pour s’améliorer sur le plan défensif, ne pouvant pas faire pire que la saison précédente (30ème défense en 2017-2018). Le point faible de l’effectif se trouvait au poste 1, auquel Isaiah Canaan a été titularisé au début de la saison, pour essayer de former dans premier un temps les jeunes meneurs fraîchement draftés. Ce mauvais choix n’aura pas fait long feu, comme les espoirs placés dans la franchise.

Très vite coupé, Canaan n’aura apporté que très peu de choses à l’équipe. Avec une attaque qui n’atteignait toujours pas le potentiel qu’elle présente avec Devin Booker et DeAndre Ayton, souvent mal utilisé et fourni en ballon, les Suns ont très vite coulé. 7 défaites consécutives après une victoire pour ouvrir leur saison, ajoutés à une défense aussi bancale que l’attaque, nous avions l’impression de voir la même version de ce que nous proposait cette équipe la saison dernière.

Malgré le changement de coach et l’ajout de joueurs un peu plus expérimentés avec Ariza et Anderson, rien n’y a fait, les Suns n’ont toujours pas réussi à sortir de la 15ème place de l’Ouest. Le poste de meneur leur a clairement fait défaut tout au long de la saison, malgré des rumeurs de transferts et quelques tentatives de bricolage avec Devin Booker par moment à la mène, qui alternait à ce poste avec Okobo ou Melton, cette faiblesse s’est faite sentir à chaque match.

Au final, Phoenix s’est donc retrouvé une nouvelle fois à la 15ème place, très vite distancé dans la course aux Playoffs par les 14 autres franchises. Les exploits de Devin Booker n’auront pas suffi cette fois encore.

Les points positifs de la saison

Difficile de trouver de bonnes choses, des aspects du jeu qui pourrait être prometteur pour le futur des Suns, mais il y en a tout de même.

La saison de Devin Booker : Prolongé cet été, Devin Booker est la base du projet de reconstruction de la franchise. Après une excellente saison 2017-2018 à 25 points de moyenne, le joueur a continué sur ce rythme de scoring infernal tout au long de la saison. 26.6 points de moyenne par match cette saison, à 22 ans. Il a su prouver qu’il valait le contrat qui lui a été offert durant la dernière intersaison. Son leadership offensif a fait énormément de bien à l’attaque des Suns, pourtant déplorable cette saison. En l’absence de meneur, il a également pu progresser à la passe, lui qui a tourné à 6.8 assists de moyenne cette saison. La direction de l’Arizona peut donc être confiante à son propos et peut même être sûre d’avoir trouvé son leader offensif pour les quatre prochaines saisons.

La saison de DeAndre Ayton : Drafté en première position, l’ancien pivot d’Arizona a montré de très bonnes choses cette saison. En attaque tout d’abord, Ayton a su marquer près de 16 points par rencontre. Ces points sont souvent venus de ses exploits individuels, notamment grâce aux rebonds offensifs qu’il prenait dans les raquettes adverses (3,1 par match). Son shoot autour de la raquette a également été une arme de choix, il n’en a jamais abusé et a été très efficace (58.5% de réussite). Cela est très satisfaisant, d’abord car son intégration entre l’université et la NBA s’est parfaitement déroulée, mais aussi parce que son utilisation a été très en dessous de ce que l’on aurait pu espérer vu son niveau. Peu de ballon donnés au poste, peu de pick and roll joués avec Devin Booker, Igor Kokoskov aurait du s’appuyer de manière plus importante sur son pivot. Malgré quelques lacunes défensives, DEA s’est tout de même montré dominant au rebond, avec 10 unités par match, et son potentiel semble intéressant dans ce secteur aux vues de ses capacités athlétiques. C’est une très bonne première saison pour lui et la prochaine pourrait être encore meilleur avec Monty Williams, habitué à travailler avec Joël Embiid notamment, ce qui pourrait lui donner des idées…

Photo : Christian Petersen/Getty Images

Les points négatifs de la saison

Rien n’a semblé fonctionner pour Phoenix cette saison, qui n’a apparemment toujours pas trouvé de projet stable sur lequel se baser. Sur les nombreux points négatifs remarquables sur la saison des Suns, voici les 3 plus importants à retenir :

La saison de Josh Jackson : Après une saison rookie très intéressante, justifiant sa 4ème place à la Draft de 2017, l’ailier n’a pas su confirmer ce qu’il promettait pour cette nouvelle année. Sélectionné pour son potentiel défensif très intéressant, mais également des qualités indéniables pour le jeu offensif, Jackson s’est montré moins bon dans ces deux secteurs, ou, du moins, loin du maximum de ses capacités. Tout d’abord, sa moyenne de points par rencontre a baissé d’une unité et demie, alors que, en toute logique, celle-ci aurait du augmenter après l’intersaison. Malgré une amélioration à trois points, sa réussite au shoot est restée autour des 41%, en prenant 2 tirs de moins par match en moyenne. Il nous donnait l’impression de voir un joueur peu investi dans le jeu, et surtout en attaque. En défense, ses statistiques ont également diminué. Malgré des moyennes de contres et d’interceptions quasiment similaires, son defensive rating est passé de 109.6 à 111.8 (plus celui-ci est élevé, plus l’efficacité du joueur est faible en défense). Il a également pris part à moins de matchs en tant que titulaire cette saison, 29, contre 35 l’année dernière. Cette baisse de régime pourrait être la conséquence du changement de coaching, qui lui a été défavorable, ce qui ne serait pas surprenant, mais espérons que cela ne soit pas dû au plafonnement de ses capacités. JJ a tout de même été capable de produire 16 matchs à plus de 20 points, dont un à 35, ce qui reste respectable. Ce sera à Monty Williams désormais de nous montrer que son joueur possède un potentiel bien plus élevé que ce qu’il nous a montré jusqu’à maintenant. Ses statistiques sur la saison : 11.5 points, 4.4 rebonds, 2.3 passes, 42.3% au shoot, 32% à trois points et 67% aux lancers.

Le coaching : S’il y a bien un secteur dans lequel les Suns n’arrivent pas à trouver la bonne personne, c’est bien le coaching. Après avoir évincé Jay Triano, la direction de l’Arizona avait décidé de recruter Igor Kokoskov, ancien assistant du Jazz et vainqueur de l’EuroBasket avec la Slovénie en 2017. L’espoir était donc placé en lui pour lancer le projet des Suns. L’effectif semblait prêt pour intégrer la course aux Playoffs, même si un véritable meneur aurait fait du bien à l’équipe. Mais ce dernier n’est jamais arrivé et rien ne s’est passé comme prévu chez les Suns, encore une fois. En attaque comme en défense, les Suns sont dans les 5 pires équipes de la ligue avec un jeu très brouillon. Les choix pour tenter de combler ce manque n’ont pas été très clairs, essayant de faire jouer Devin Booker et Jamal Crawford, joueurs qui brillent par leur jeu balle en main. Accorder plus de temps aux jeunes aurait pu être un choix intéressant, mais l’utilisation des deux rookies a été très étrange, sans aucune régularité. En dehors de cela, DeAndre Ayton a également été très mal utilisé tout au long de la saison. Avec des qualités athlétiques et offensives telles, un plus grand nombre de ballons aurait dû lui être accordé et un plus grand nombre de systèmes aurait dû être mis en place afin qu’il puisse être représenter une plus grande menace à l’intérieur. En général, il n’y a eu aucune continuité dans les choix pris par le coach, qui a quasiment essayé toutes les combinaisons possibles avec son cinq majeur. Une chose est sûre, Monty Williams part bel et bien de zéro, ou presque, avec cette équipe des Suns.

La gestion des meneurs : En manque de meneurs, les Suns comptaient malgré tout, dans leurs rangs deux meneurs rookies : Elie Okobo et De’Anthony Melton. Les deux ont eu quasiment le même parcours cette saison, que l’on pourrait qualifier de chaotique. D’abord favorisé, notre français a été utilisé comme remplaçant la plus grande partie du temps, avec quelques titularisations exceptionnelles. Ses statistiques sont timides (5.7 points, 1.7 rebonds, 2.4 passes) mais Okobo est toujours resté à sa place sur le terrain, délivrant alors quelques passes décisives pour ses coéquipiers lorsqu’il n’était pas en réussite. Dans le brouillard offensif des Suns, le français a tenté de faire ce qu’il pouvait, mais sans consignes claires, cela est devenu plus compliqué. Avec une défense correcte, il aurait pu avoir une place constante dans la rotation, même en tant que remplaçant, mais les décisions ont été toutes autres. De’Anthony Melton n’était pas arrivé pour jouer en G League toute la saison et Kokoskov, dans sa recherche du meilleur cinq de départ possible, a tenté de lui faire jouer le même rôle qu’Elike Okobo. Au final, aucun choix n’a été fait pendant la saison, les deux joueurs ayant quasiment le même rôle et le même impact dans le jeu. Aux vues des résultats plus que mauvais de la franchise, essayer de faire jouer l’un des deux joueurs aurait pu leur permettre de progresser et de s’habituer au jeu de la NBA. Alors, certes, Melton et Okobo n’ont pas eu le meilleur départ possible, mais rien encore n’est fini. Lors de ses passages en G League, l’ancien de Pau tournait à 18 points, 5 rebonds et 7 passes, pendant que l’américain était à 18.5 points, 6.8 rebonds et 6.5 passes. La concurrence sera donc rude pour rentrer dans les plans de Monty Williams la saison prochaine.

Le projet des Suns : un diamant à polir

Les Suns comptent beaucoup de jeunes joueurs prometteurs, ou qui ont déjà prouvé leur valeur sur le terrain, dans leur effectif. Avec Devin Booker et DeAndre Ayton en tête du groupe, entourés de coéquipiers intéressants, Monty Williams aura de quoi réfléchir durant l’intersaison pour faire en sorte de créer une cohésion dans cette équipe, mais aussi créer un fond de jeu, ce qui manque cruellement à la franchise depuis plusieurs saisons. Phoenix pourra aussi compter sur l’arrivée d’un nouveau prospect très prometteur, grâce à leur 6ème place à la loterie de la Draft. Ce dernier devrait donc venir compléter un roster déjà bien fourni en talent, prêt à exploser aux yeux de tous. En plus de ce jeune joueur, qui pourrait être un meneur, les Suns pourraient faire venir un agent libre d’un assez gros calibre, grâce à leur marge salariale élevée pour cet été. Avec plus de 25 millions de dollars disponibles, la direction de Phoenix devra s’activer pour combler le vide au poste 1 ou tenter de conserver Kelly Oubre Jr.

Les attentes :

  • Un bon choix à la Draft, afin de renforcer le banc, le poste 4 ou la mène.
  • Une free agency bien gérée pour essayer de recruter un meneur d’expérience, afin de former les plus jeunes et organiser correctement le jeu.
  • Une cohésion du groupe autour du nouveau coach.
  • Des bonnes décisions de la part de la direction, conserver le plus de joueurs possibles déjà présents dans l’effectif pour garder un semblant de continuité après toutes ces années.

Cela a donc été une nouvelle saison blanche pour les Suns et leurs fans, à notre plus grand désarroi. En revanche, et comme souvent avec les Suns, nous pouvons encore avoir de l’espoir avec l’arrivée d’un nouvel entraîneur. L’effectif devrait être le même à la reprise et devrait certainement se renforcer encore, mais ce sera à la direction de faire les bons choix pour le bien de son groupe. Il faudra désormais voir comment les Suns s’activeront sur le marché avant de faire un second bilan.

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