Victor Wembanyama
AF/P – Metropolitans 92Scouting Report par Florian Tixier | 4 février 2023
Victor Wembanyama est sûrement le prospect le plus attendu de l’histoire du basket international. Annoncé numéro 1 de la Draft depuis trois ans, le jeune Français rassure et assoit sa position de leader d’une classe de Draft exceptionnelle. Il semble aujourd’hui impossible de le déloger de sa pole position.
- Équipe : Boulogne Levallois Metropolitans 92
- Âge : 19 ans (04/01/2004)
- Taille : 2,21 m
- Poids : 95 kg
- Envergure : 2,44 m
Points forts :
- Corps et longueur
- Potentiel défensif
- Mobilité et vitesse de pieds
- Versatilité offensive, pull up et jeu au poste
- Playmaking au poste
- Excellent défenseur « libéral »
- Rim Pressure et provocation de lancers
Points faibles / à travailler :
- Poids et puissance
- Course sur le cercle à cercle
- % aux lancers francs
- Pose d’écrans
- Sélection de tirs
Victor Wembanyama, c’est l’histoire du jeune basketteur le plus attendu de l’histoire de la NBA. C’est celle d’un profil jamais vu qui arrive à créer une course au tanking dès l’année précédant la Draft. Attendu comme le leader d’une génération 2023 annoncée comme exceptionnelle, il semble assez évident, au vu de son début de saison, que le potentiel qu’il représente l’amènera vers le first pick assez largement.
Victor Wembanyama, un alien par le physique et le talent
« Wemby » est avant tout un joueur au corps totalement démesuré. Du haut de ses 2,21 m pour plus de 2,44 m d’envergure, il serait dès demain le joueur avec la plus grande envergure de la ligue. Mais au-delà de cela, Wembanyama est un joueur exceptionnel qui associe cette longueur inédite à la mobilité d’un joueur de 20 cm de moins. Jamais le monde du basket n’a vu un joueur de cette taille se déplacer aussi bien sur un terrain, balle en main ou non.
Côté défensif, ce combo taille/mobilité en fait un en enfer à attaquer. Sa taille et sa longueur lui permettent de protéger son cercle comme en témoigne son actuel rang de meilleur contreur du Championnat de France. Il défend si bien le panier par ses longs segments que les joueurs adverses ne tentent même plus leur chance si l’intérieur français est dans les parages, ce qui explique son +/— défensif impressionnant.
Le plus choquant reste sa capacité à défendre sur un quart de terrain entier, capable de switcher sur plus petit grâce à une vitesse de pieds et une rotation de hanche plus qu’honorables, Wembanyama n’est jamais battu. Même s’il accuse un retard face à un meneur très rapide, sa longueur lui permet de contrer ou de dissuader suffisamment pour changer les trajectoires. Si on ajoute à cela un timing de contre exceptionnel, des mains actives, une capacité à sauter une deuxième voire une troisième fois de suite et à comprendre parfaitement comment fonctionne une défense de haut niveau, on obtient un profil défensif au moins générationnel.
Côté offensif, il faut comprendre que la taille du pivot n’est finalement que le bonus qui sert à le faire passer d’un excellent joueur de basket doté d’un grand talent à un statut de joueur véritablement supérieur. Si on met sa morphologie de côté, Wembanyama reste un talent spécial, doté d’un shoot très propre, d’un handle et d’un toucher très intéressant tout en étant rapide sur ses appuis. C’est le mélange unique de ces qualités avec sa taille gargantuesque qui fait de lui un prospect que l’on ne voit qu’une fois sur plusieurs décennies.
La pépite de Boulogne-Levallois shoote bien, voire très bien, mais il se permet de shooter à une telle hauteur qu’il en devient indéfendable. La même logique s’applique à tout type de responsabilité offensive qu’il peut prendre. Doté d’un tir à trois points plus que respectable, on le voit prendre de plus en plus de positions dos au panier. Il peut sanctionner très efficacement sur short corner avec un petit shoot — qui part de très haut —, que ce soit de face ou en fadeway. Il parvient même à déployer une panoplie de mouvements au poste unique pour une telle taille.
En face up, Wemby démarre vite. Il n’a besoin que d’un dribble pour utiliser sa longueur de bras pour déposer le ballon dans le cercle. Il a une telle rapidité dans le combo départ, passer l’épaule et monter au cercle que personne ne peut véritablement l’arrêter.
Alors qu’on le considère trop souvent comme un intérieur, Victor Wembanyama est tellement moderne qu’on le voit prendre de plus en plus de responsabilités depuis la ligne à trois points. Avec son handle anormal pour sa taille, il va beaucoup trop vite pour les grands qui défendent sur lui et passe par-dessus les joueurs plus petits, un véritable casse-tête pour les défenses.
Parfois jugé trop soft, on voit chez lui une tendance à agresser le cercle en permanence. Il est aujourd’hui naturellement attiré vers le panier, ce qui amène des décalages permanents alors que les défenseurs ont toujours un œil sur lui. Il provoque énormément de lancers francs, ce qui lui permet de maintenir une pression sur la défense qui trouve difficilement des solutions face à ce profil. Si on choisit l’idée de le prendre à deux, on a vu chez lui une capacité à servir ses coéquipiers depuis le poste très efficace. Il voit le jeu et sert très bien le second intérieur qui joue sur le dunker spot.
En clair, au-delà de ses qualités défensives, Victor Wembanyama est un prospect offensif d’exception, dont la taille permet de faire exploser la polyvalence offensive. Alors qu’il est utilisé comme un libéro en défense, souvent loin du ballon pour aider en second rideau ou en aide, il n’a pas de poste en attaque où on lui demande simplement de finir les actions, de la ligne des trois points jusqu’au cercle.
Un corps trop fragile pour la superstar annoncée ?
Il y a évidemment chez lui des côtés négatifs et des aspects à travailler. Parmi eux, son poids et sa puissance. Le joueur de 19 ans pèse moins de 100 kg, ce qui se ressent parfois. Il est bousculé, n’arrive pas à aller jusqu’à la pose d’écrans, préfère shooter plutôt que poster jusqu’au bout.
Malgré tout, il est important de sortir du carcan habituel du pivot à l’ancienne. Wemby n’est pas un intérieur classique. On ne le verra jamais enfoncer son adversaire comme Joel Embiid ou poser des écrans comme Steven Adams, mais il dispose d’une capacité d’adaptation rare. Pour chaque écran annulé, par exemple, il fake et demande la balle en pop. Pour chaque échec au poste, il se retourne en shootant en fadeway. Il devra faire attention, malgré tout, à ne pas fake tous les écrans. On lui demandera parfois en NBA de jouer comme un 5 « classique » pour libérer les forces en porteur de balle de son équipe.
Doté d’une puissance sous-estimée, le Français montre qu’il peut tenir un duel au poste, notamment par une capacité à abaisser son centre de gravité — en plus de pouvoir dévier n’importe quel ballon. Victor risque toutefois d’être ciblé bien vite par tous les plus gros mastodontes de la ligue. Il devra se battre pour résister aux duels physiques qui l’attendent dès l’an prochain.
Toujours à la façon d’un intérieur moderne, il lui sera demandé de courir plus franchement en transition lorsqu’il n’a pas le ballon. Il devra certainement faire davantage de cercle à cercle quand les petits accéléreront le jeu. Dans une NBA où le jeu de transition est roi, il est parfois avare d’efforts et préfère jouer le trailer plutôt que de flasher fort sous le cercle. Étant donné qu’il court plus vite que les pivots adverses, il devra faire ces courses pour diversifier encore davantage son scoring.
Finalement, quand on regarde Victor Wembanyama sur le terrain, ce qui dérange le plus peut être sa sélection de tirs. Il est aujourd’hui dans son année « laboratoire » où il doit tester, tester et encore tester. Il doit comprendre par lui-même où est sa limite et ce qu’il est capable de faire ou non. Cela peut faire douter quand on le voit prendre des tirs d’une difficulté extrême, mais il les rentre tout de même et cela fait partie du processus de développement d’une superstar. Les prospects américains, en High School, jouent 90% des possessions de leur équipe.
Wembanyama en fait naturellement de même face à des adversaires très différents, signe d’un potentiel gargantuesque. Le fait de travailler avec un coach comme Vincent Collet et ses aller-retour avec l’équipe de France l’aideront de plus en plus l’aider à lisser ce jeu. Il a encore de longs mois pour apprendre à connaître ses limites — qui semblent, parfois, ne pas exister.
conclusion
Il n’y a rien d’injustifié à ce que Victor Wembanyama joue chaque match à guichet fermé. Le jeune Francilien n’a pas usurpé sa réputation : il s’agit bel et bien d’un prospect exceptionnel. C’est d’assez loin le jeune le plus intrigant que j’ai pu observer, la définition de « potentiel sans limites » ne s’est jamais mieux appliquée.
Il ne semble pas exister de solutions pour arrêter ce joueur à terme, même lui donner un poste semble inutile dans la mesure où il peut tout faire sur un terrain. Il peut un jour appartenir à ces joueurs qui ont changé à tout jamais la conception que l’on a d’un sport. Réalisons la chance que nous avons de voir cela sous le drapeau français.
Comparaisons
- Totalement incomparable, c’est un joueur unique
- Un mix de Kevin Durant dans le profil, Kristaps Porzingis dans le tir, Rudy Gobert en défense
Photo : Metropolitans 92
Florian Tixier
Rédacteur pour L'Analyste, spécialisé dans l'économie de la NBA et le scouting en NCAA.