Le week-end du 11 et 12 février, se tenait l’Euroleague Basketball Adidas Next Generation, en Grèce. Un événement incontournable qui rassemble les meilleures équipes U18 européennes. On a notamment pu y observer un joli duel entre deux pays pas si lointains, la France et le Portugal.
L’EuroLeague est reconnue à travers le monde comme la deuxième compétition la plus relevée. Mais contrairement à la NBA, la ligue européenne tente chaque année de mettre en avant son modèle de formation en poussant ses jeunes sur le devant de la scène.
C’est dans ce contexte que s’est tenu le tournoi Adidas Next Generation, un rassemblement des meilleures équipes/Joueurs U18 du vieux continent. Une compétition très suivie par le scouting mondial et qui annonce bien souvent les superstars européennes en devenir.
Parmi les grands noms passés par cet événement, on peut retrouver les anciens MVP Donatas Motiejunas, Dario Saric ou encore Luka Doncic. Les scouts se déplacent en masse pour espérer apercevoir la future pépite du basket mondial.
Deux joueurs se sont particulièrement illustrés sur cette édition 2023 : le Portugais Ruben Prey, MVP de la compétition, et le Français Tidjane Salaun, impressionnant qui commence à se faire un nom outre-Atlantique.
Ruben Prey : MVP de la compétition et domination totale
L’ailier portugais commence à voir son nom apparaitre de plus en plus haut sur les tablettes des scouts américains, en vue d’une possible Draft à partir de 2024. Parfois catégorisé comme pivot compte tenu de sa taille de 2,07m à seulement 17 ans, c’est bien en tant qu’ailier fort très énergique de Prey a su amener la formation U18 de la Joventut Badalone à une victoire plutôt facile face à l’Asvel en finale.
Ruben Prey a très logiquement fini MVP du tournoi, en affichant de jolies moyennes de 14 points et 14 rebonds, et presque 3 contres. Pour sa troisième participation au tournoi, le Portugais a montré une domination totale, dans une classe d’âge qui ne lui impose plus aucune résistance tellement il semble en avance physiquement sur ses adversaires, comme en témoigne sa prestation en finale :
- 19 points
- 15 rebonds
- 4 contres
- 7 fautes provoquées
Une domination physique qui s’explique d’abord par un athlétisme et un corps en avance. Mesuré à plus de 2,07m, Prey attire de plus en plus de regards, car il se décale peu à peu sur un poste d’ailier plutôt que sur un poste de big. Jugé soft et manquant d’épaules pour dominer au poste, c’est lorsque le terrain s’écarte devant lui et qu’il est servi en mouvement que Prey utilise son physique et son toucher pour agresser violemment le cercle et performer.
Explosant toute la concurrence face aux pivots du tournoi grâce à sa rapidité, son handle et son style très délié, l’Asvel a tenté de jouer plus petit en envoyant en défense de grands ailiers sur le jeune Portugais. Mission ratée, puisque c’est alors par sa puissance que Prey a martyrisé le club lyonnais avec des dunks tout au long du match.
Défensivement, Ruben Prey a un sens du contre et du placement qui permet, à terme, de l’imaginer en tant que protecteur de cercle secondaire à côté d’un pivot plus lourd, ou même de l’imaginer en tant que petit 5. C’est avec ce profil qui attire la NBA : un joueur ultra polyvalent, aussi puissant que délié et qui dispose d’un plafond offensif plutôt haut. Avec Prey, le Portugal vient de révéler sa pépite à la planète. Pépite qui rejoindra sans aucun doute la Grande Ligue très rapidement.
Tidjane Salaun : le Freak Made in France
Zacharie Risacher ou Tijdane Salaun ? Entre les deux, le débat du jeune disposant du plus haut potentiel sur le territoire français fait rage.
Loin de la médiatisation de Risache, qui joue déjà en Euroleague du côté de l’Asvel, Salaun se distingue par un parcours plus discret qui attire le regard des plus passionnés d’entre tous. Grâce à un potentiel qui apparaît sans limites, il a fait étalage de son talent au reste du monde tout au long de la compétition.
Salaun, c’est 2,06m, un corps déjà NBA Ready et un profil qui fait baver de nombreux observateurs. Jamais le basket français n’a vu un profil aussi NBA compatible : une association taille/tir qui demeure tout simplement hallucinante pour un joueur aussi jeune.
Dans sa deuxième saison avec les espoirs du Cholet Basket, Salaun s’affirme comme le leader d’une formation qui roule sur la concurrence dans l’antichambre de la Betclic Élite. Les statistiques sont éloquentes : 13,5 points accompagnés de 6 rebonds, avec un impressionnant 39% à trois points pour un joueur qui aurait encore l’âge de jouer en U18, soit une catégorie en dessous.
On l’a vu peu à peu prendre ses marques l’an dernier, avec une certaine timidité plutôt pour un joueur de son âge arrivant dans une formation choletaise faite pour dominer avec des cadres établis et performants (Mathéo Leray/Lucas Dufeal). Sa seconde saison est désormais en train d’éblouir les scouts et autres spécialistes qui commencent à regarder attentivement le Cholet Basket.
Ce week-end était en tout cas l’occasion pour le jeune Salaun de prouver que son talent pouvait dépasser la petite ville de Cholet. Et quelle démonstration de force dans le match pour la troisième place : 31 points à 75% au tir, 11 rebonds, 3 interceptions, 2 passes pour un plus minus de +27… en seulement 29 minutes.
Offensivement, Salaun commence à comprendre la domination physique qu’il peut imposer aux postes 3 adverses. Trop puissant et trop rapide, il est indéfendable lorsqu’il est en mouvement, des situations dont il a l’habitude avec un meneur comme Mathéo Leray à ses côtés.
Défensivement, son corps déjà prêt pour le haut niveau, sa vitesse de pieds et sa longueur de bras en font un enfer à passer. Capable de switcher sur absolument tout, on l’a vu tenir des duels contre les postes 2 à 5 tout le week-end.
Ce qui fait passer véritablement Salaun à l’étage supérieur, c’est son tir et son shotmaking saisissant. Parfois trop canalisé à Cholet, où le mot d’ordre est discipline — à raison vu leur domination —, Salaun a su prendre ses responsabilités durant le tournoi. Avec des tirs en première intention et des pulls up derrière les écrans à un mètre derrière la ligne, les espaces s’ouvrent naturellement et lui permettent de dominer sur des demi-terrains entiers. Une démonstration de force et de potentiel qui devrait continuer d’attirer les plus gros scouts internationaux du côté de la ville de Cholet, où le garçon devrait, peu à peu, faire son trou dans le groupe professionnel.
L’Adidas Next Generation a bien sûr mis en avant d’autres joueurs, mais ce sont bien les deux grands ailiers français et portugais qui en ont mis plein les yeux des scouts sur ce week-end. La France, dans son ensemble, a fait très forte impression. On aurait aussi pu parler du superbe match du Lyonnais Felix De Almeida, qui aurait mérité un titre de MVP si l’Asvel l’avait emporté en finale, ou encore de son coéquipier Yohann Sissoko, meneur d’à peine 16 ans dont on devrait commencer à entendre sérieusement parler.
Photo : FIBA