Votre Newsletter se consacre cette semaine à Victor Wembanyama. Un Courrier de L’Analyste spécial Wemby pour ses premiers pas en équipe France.
Performance (sur)naturelle
Vendredi soir en Lituanie, l’équipe de France a fait une avancée considérable vers la qualification à la Coupe du monde. Pour leur premier match depuis l’EuroBasket, les Bleus n’ont fait qu’une bouchée de l’adversaire lituanien (65-90), pourtant en tête dans leur groupe K des éliminatoires.
Dans les rangs français, un grand garçon était scruté de toute part. Pour sa première sous le maillot tricolore, Victor Wembanyama a frappé fort. 20 points et 9 rebonds en 23 minutes, une marque que seuls trois français avant lui avaient réalisé pour leur entrée chez les Bleus.
Le premier panier de Wemby a été tout à son image. Après une glissade en tête de raquette, la Licorne s’est relevée, imposée dans la peinture et a joué ses défenseurs. Balle en mains, il tire, loupe mais prend violemment son propre rebond. Deux points faciles pour le phénomène.
En totale confiance, Victor Wembanyama a continué son festival. Bien servi par ses meneurs, il a permis à la France de vite creuser l’écart en première période. Aux retours des vestiaires, il a fait parler son talent à trois-points, comme il a su le montrer à de nombreuses reprises avant les Metropolitans 92 cette saison.
En conférence de presse d’après-match, le sélectionneur et entraîneur en club a su reconnaître le sérieux et la domination de son protégé : “Il n’a pas forcé, a accepté le combat et impacté le match en défense. Quand il a eu plus d’options et d’espaces, il s’est imposé de l’autre côté.” pouvait-on lire dans les colonnes de L’Equipe.
Lundi, la Team France peut confirmer et valider son ticket pour l’Asie en 2023. Pour cela, elle retourne à Pau affronter la Bosnie-Herzégovine, un adversaire qui ne l’avait pas réussi en août dernier. Loin d’avoir montré l’étendue de ses qualités, le jeune homme de 18 ans peut briller pour sa première sur le sol français.
Retour à Nanterre, comme un symbole
Pour son arrivée en sélection, Victor Wembanyama était de retour à la maison. Du moins, là où sa carrière professionnelle a débuté lors de la saison 2020-21. Le Palais des Sports Maurice Thorez accueillait la courte préparation des Bleus avant leur envol vers Panevėžys.
“Ça fait du bien de rejouer ici, prendre quelques tirs, c’est spécial et objectivement c’est une des meilleures salles en France.” Victor Wembanyama plantait le décor au micro des journalistes présents à Nanterre. Ravi de revenir dans la ville voisine où il évolue désormais, Wemby s’était exprimé tout sourire devant une presse venue nombreuse pour l’occasion. Avant même de commencer de répondre aux questions, il lançait un “heureusement que je ne suis pas claustrophobe” devant la foule venue l’enregistrer. L’Analyste y était.
Qu’est-ce que tu peux apporter à cette équipe de France ?
“Je vais essayer de bien m’inclure dans le projet, de voir comment ça se passe, m’adapter au mieux à l’environnement. Sur le terrain, j’apporterai de la fraîcheur, de la présence. Et puis à tous les niveaux mais encore plus en équipe de France et en FIBA, de la défense.”
Une première sélection, c’est une étape dans ta carrière. Comment est-ce que tu vis tout ce qui arrive depuis ton séjour à Vegas ?
“Très bien, je n’ai jamais été aussi concentré dans mon projet. Sincèrement, ma vie n’a pas changé. L’engouement autour de moi, ce n’est pas nouveau. Je m’y prépare depuis que je suis né en fait. Donc ça ne me surprend pas. Plus le temps avance, plus mes objectifs sont palpables. Je reste focus.”
Vincent Collet, au-delà d’être votre coach en club puis en équipe de France, ressentez-vous son intention de vous faire progresser ?
“Oui très clairement. C’est la principale raison pour laquelle je suis venu à Boulogne-Levallois. J’ai beaucoup parlé avec lui avant et depuis que je suis arrivé, c’est mon meilleur atout. Je savais plus ou moins à quoi m’attendre, mais je suis agréablement surpris. Au-delà du niveau, de ses connaissances, c’est son implication, à quel point il est prêt à faire au mieux pour avoir un projet personnalisé et sain.”
Fraîcheur en équipe de France
Victor Wembanyama n’était pas le seul à honorer sa première sélection chez les Bleus. Il a été rejoint par quatre autres nouveaux. Simples partenaires d’entraînement par le passé, Yoan Makoundou et Ismaël Kamagate sont sortis du banc pour la première fois chez les A. Le parisien Juhann Begarin, arrivé en remplacement de Terry Tarpey, a aussi eu le droit à quelques minutes sur le parquet.
Le dernier des jeunes premiers a tardé pour enfin porter le maillot Bleu. Le joueur du Gran Canaria Damien Inglis était positionné aux côtés de Victor, proposant ainsi davantage de polyvalence dans le jeu intérieur. Le très physique poste 5-4 a été le complément parfait de Victor, selon les prises de position de ce dernier. Si bien que Damien Inglis a marqué 15 points et pris 8 rebonds en 19 minutes seulement.
Totalement renouvelée, la raquette française était le point d’interrogation de ce rassemblement. Si Vincent Collet n’avait aucun doute sur les qualités intrinsèques de ses joueurs, le sélectionneur admettait néanmoins quelques réticences sur le bon déroulé collectif : “On est conscient que cette équipe a un manque de repère. À l’entraînement, on reste sur des basiques pour pouvoir s’appuyer sur quelques systèmes dans notre jeu. Cette difficulté est partagée avec les joueurs. Il faut s’appuyer sur le talent, la générosité, et la vaillance de tous. En défense, il y a toujours beaucoup de choix à faire donc on va essayer de faire le mieux possible.” Malgré tout cela, la jeunesse a triomphé en Lituanie.
La nouvelle génération prend-elle alors déjà le pas sur l’équipe de France alignée lors des compétitions internationales ? Premier rassemblement depuis la défaite en finale de l’EuroBasket, jamais il n’a été question de remettre sur le tapis cet épisode éprouvant, qui s’est fini avec une médaille autour du cou – et cela n’était pas gagné d’avance.
Le phénomène Wembanyama a totalement fait éclipser les joueurs NBA et Euroleague des discussions et pensées. Pourtant, on parle là de joueurs majeurs qui ont ramené un métal sur les quatre dernières compétitions auxquelles la France a participé. L’arrivée du plus grand espoir du basket français et d’un humain hors norme a balayé d’un coup d’un seul la génération qui fait encore les beaux jours de la Team France. Cette fenêtre internationale lui été dédiée, royal pour une première fois.