Si la défaite du Paris Basketball face à Cholet (66-75) assombrit encore un peu plus le bilan du club parisien, dernier du classement de Betclic Élite, une lueur d’espoir apporte du contraste au résultat de la rencontre : Jeremy Evans. Depuis son arrivée à Paris en tant que pigiste médical d’Aamir Simms, blessé au genou, Evans est lumineux.
Cela n’a rien d’un hasard si sa première en France, samedi dernier face à Pau, coïncide avec la première victoire du club dans le championnat national — jusqu’ici, la seule également. Sa redoutable efficacité des deux côtés du terrain (11 points et 9 rebonds) a joué un rôle majeur sur cette rencontre, alors que l’Américain de 34 ans descendait à peine de l’avion ce soir-là.
« Il y a 10 jours, il s’occupait de son bébé de huit semaines », raconte Will Weaver, le coach de l’équipe. « Il a pris un vol pour Paris et nous a rejoint dans le feu de l’action pour jouer 35 minutes. C’est un vrai compétiteur. »
L’entraîneur, lui aussi Américain, est l’une des raisons pour lesquelles Evans a réussi à s’adapter si rapidement à ce nouveau collectif. La concordance entre le jeu de l’équipe et celui de l’ailier en est une autre. « Quand je l’ai eu au téléphone, il connaissait ma manière de jouer. J’adore courir et c’est ce que ces gars font », explique-t-il.
Finalement, le club était fait pour lui autant qu’il était fait pour le club. En manque de taille depuis le début de la saison, le Paris Basketball cherchait un joueur athlétique, capable d’attaquer le cercle et de protéger le panier. Avec Evans, 2m06, il l’a trouvé. Long, rapide et explosif, Evans impose un défi physique important à ses adversaires et vient colmater la plus grande faille de l’équipe.
« C’est un énorme plus à l’intérieur et il est très bon au rebond. Maintenant, les défenseurs ont deux problèmes : moi et Jeremy », apprécie le pivot Ismaël Kamagate, jusqu’ici très seul dans la raquette. De l’autre côté, Evans profite de la présence du défenseur de l’année en titre pour déployer son jeu, au poste 4, sans compromis. « Je l’adore. Ismaël est l’un des joueurs les plus grands avec lesquels j’ai joué en Europe, c’est spécial. D’habitude, je joue au poste de pivot », complète-t-il.
Malgré la défaite, sa performance face aux Choletais est une nouvelle illustration de son aisance au sein du collectif. Avec 16 points en 28 minutes de jeu, à 7-8 au tir, il est certainement le meilleur joueur du match. Cerise sur le gâteau : son magnifique alley-oop au-dessus de la défense, sur une passe d’Amar Gegic au début du deuxième quart-temps. De l’entre-deux au buzzer final, Jeremy Evans respirait la maitrise.
« La seule chose que peux lui reprocher, c’est de ne pas assez tirer. Je vais continuer de lui dire de prendre plus de shots, parce que c’est un excellent tireur », assure Will Weaver, qui peine à reconnaître du négatif dans la prestation de son joueur. « Ça en dit long sur son altruisme et qui il est en tant que personne. Il vient ici pour faire le sale boulot et tout ce qu’il faut nous aider à gagner. »
Dans son élément à Paris, tout porte à croire que l’ailier fort, la trentaine passée, pourrait finalement trouver un semblant d’équilibre dans une carrière marquée par l’instabilité. « J’adore la ville. Mes coéquipiers et l’organisation sont très sympas. Je ne peux rien demander de plus », tient-il à souligner après la rencontre. Au-delà de ses cinq ans au Utah Jazz, en NBA, le natif de Crossett dans l’Arkansas n’est en effet jamais resté pendant plus d’une saison dans la même équipe.
Après les États-Unis, Evans est parti en Turquie, en Russie, en Italie, puis en Grèce, sans jamais prendre racine. « Ici, les choses sont différentes », esquisse-t-il. « En arrivant dans la ligue française, je ne savais pas à quoi m’attendre. Mais ils m’ont dit que, chaque soir, toutes les équipes pouvaient gagner. Je le constate. Je viens de la ligue grecque, où j’ai joué pour le Panathinaïkos. Là-bas, au-delà des deux meilleures équipes, ce n’est pas du tout le même niveau. »
Toutefois, bien que tous les voyants soient au vert, l’éclaircie Jeremy Evans pourrait se dissiper aussi vite qu’elle est apparue. Sa place dans l’effectif n’est assurée que tant qu’Aamir Simms n’est pas revenu de sa blessure. Prolonger son contrat au-delà de cette échéance s’annonce comme un véritable casse-tête logistique pour le club.
Limité à trois athlètes étrangers, le Paris Basketball devra se résoudre à mettre à la porte un autre joueur s’il souhaite conserver celui-ci. Le départ de Simms, Tyrone Wallace ou Dustin Sleva sera inévitable si Evans doit rester. Une opération difficile et couteuse, mais peut-être nécessaire. Alors qu’il avance chaque semaine un peu plus vers la relégation, le club ne peut se permettre de refuser aucune aide.
Photo : Jérémy Debeuré (@jeremydbr) / Paris Basketball