En déplacement sur le parquet du Paris Basketball ce samedi (victoire 101-97), l’ADA Blois réalise un magnifique début de saison, avec déjà une victoire acquise face au triple champion de France en titre, L’ASVEL. Promu en première division pour la première fois de son histoire à la suite des playoffs d’accession de Pro B, Blois démarre sa saison par trois victoires consécutives.
La victoire capitale
En visite à Paris, l’ADA Blois est plutôt du genre à cacher ses ambitions. Sur la lancée d’un début de saison magnifique, la Halle Carpentier allait devenir le théâtre d’un grand match de basket. Malmenés en première mi-temps, les Blésois survivent grâce à leur combativité.
En face, le « PB » fait preuve d’une grande insolence derrière la ligne à trois-points (9 sur 16, 56%), mais Blois a de la ressource. Portés par un collectif et une envie de se donner pour l’autre et pour l’équipe, la balle circule, quelques tirs rentrent. Malgré la bonne entame parisienne, Blois n’est qu’à 8 petits points à la pause, grâce à la défaillance du PB sur la ligne des lancers (9 sur 19 à la pause, 14 sur 27 au final). La deuxième mi-temps laisse entrevoir une opportunité de repartir avec la victoire.
Le troisième quart-temps est comme un rêve éveillé pour l’ADA : 33-19, une défense oppressante et plusieurs pertes de balle parisiennes, les tirs ne rentrent plus côté Paris et le momentum passe du côté du club du Loir-et-Cher. La réussite est insolente et le tempo imposé est impressionnant, malgré la bataille physique qui, sur le papier, semblait plutôt à l’avantage des coéquipiers d’Ismaël Kamagate.
Blois passe devant et fait même la course en tête, comptant jusqu’à 8 points d’avance. Peinant à enfoncer le clou avec un gros shoot en fin de match, l’ADA se fait très peur et Paris revient même à une possession, quelques secondes avant le buzzer final. Mais finalement, le promu compte bien trois victoires pour zéro défaite au compteur, et caracole en tête de la Betclic Elite. Une vraie prouesse.
Dans l’impact physique, Blois a du répondant
Les Blésois ne sont pas venus faire de la figuration. Face à une équipe européenne, le cinq majeur proposé par le coach Mickaël Hay semblait répondre à ce que le PB alignait sur son parquet. Les recrues Jaime Smith, à la baguette, et Keandre Cook, à l’arrière, accompagnés du frontcourt composé de Mbaye Ndiaye dans l’aile, Brice Dessert au pivot et l’incontournable Tyren Johnson sur le poste 4, meilleur marqueur de l’équipe lors de 4 des 5 dernières saisons du club.
Un cinq qui ne va pas passer beaucoup de temps ensemble sur le parquet dans le premier acte, la faute à un Tyren Johnson en dedans dans le premier acte (2 points en 9 minutes). Amadou Sow sort alors du banc et impacte fortement le jeu, en marquant 9 points en première mi-temps.
Physiquement, Blois fait jeu égal avec Paris, malgré les gabarits impressionnants proposés en face : Ismaël Kamagaté (2,11 m), Axel Toupane (2,01 m) et Aamir Simms (2,03 m), tous trois très physiques. C’est même ce qui les fait rester dans la rencontre. Tyren Johnson se reprend en deuxième mi-temps (11 points, 3 sur 4 derrière l’arc), la recrue en provenance de Rouen Brice Dessert tente de contenir l’apport d’Ismaël Kamagaté (5 points, 4 rebonds) et le Croate Djordje Gagic, sur un temps de jeu limité à 12 minutes, s’occupe de fatiguer et de donner 5 fautes au joueur drafté par les Nuggets (7 points, 3 sur 4 aux tirs).
Blois inflige un 68-55 au club de la capitale sur le second acte. Mickaël Hay, coach de l’ADA, explique que ses joueurs sont restés dans le match, malgré une entame difficile. “Je n’ai pas haussé le ton à la mi-temps, j’ai juste dit aux gars qu’ils ne croyaient pas à la victoire dans leurs attitudes. En seconde mi-temps, tout le monde a participé, nous avons varié notre jeu, et c’est ce qui nous a mené à décrocher la victoire.” Tyren Johnson ajoute que dans cet effectif, chacun peut sortir du banc et apporter un plus dans le jeu.
“J’ai fait une mauvaise première-mi temps, dans mes choix et dans ma réussite. Mais je connais mon jeu, je n’ai pas de pression et je prends mes tirs. Tout le monde met du sien pour l’équipe et apporte sa pierre à l’édifice.” L’impact était le mot-clé de la victoire blésoise dans la capitale.
Un collectif bien huilé
Même malmenés, les joueurs de Mickaël Hay ont continué de faire tourner la balle. Ils n’ont pas, ou très peu, cherché à jouer leurs 1vs1, et ont préféré le collectif au-dessus de l’individualité. La preuve étant, Blois termine la rencontre avec 24 passes décisives sur 36 paniers marqués, soit deux tiers des actions positives. Un bel exemple de cette envie de partager la balle.
Au niveau de la défense, l’ADA a opté pour quelques passages sur une zone, principalement 2-3 (ce qui a permis à Paris de prendre feu dans le premier acte), quelques passages en 3-2, puis une grosse défense individuelle. Mais sur certains passages, Blois a proposé une zone press, qui a posé de gros soucis au Paris Basketball. Plusieurs pertes de balle, avec des contre-attaques pour les Blésois. Des paniers faciles qui ont redonné de la confiance à cet effectif, et fatalement les tirs finissent par rentrer.
Malgré une première mi-temps réussie au niveau des pourcentages (17/36 aux tirs, 6/13 à trois-points), Blois prend de la confiance dans le troisième quart-temps, puis dans la période décisive : 14 sur 26 derrière l’arc au final, des gros shoots qui font mal au moral rentrés par Tyren Johnson et Thomas Cornely, et une gestion magnifique du jeu par Jaime Smith.
“Personne n’a passé la barre des 20 points. On partage très bien le ballon. On a moins de talent individuel que les autres équipes du championnat, mais on est capable de s’entraider”. Mickaël Hay. L’ADA fait jeu égal avec Paris dans la bataille au rebond (37 partout) et montre son envie de bien faire, pour la première fois au plus haut niveau du basket français.
Des individualités complémentaires
Vainqueur des playoffs de Pro B en 2021-22, l’ADA Blois a conservé une partie de son effectif de la saison passée, pour continuer sur sa belle lancée. Le capitaine Thomas Cornely, l’ailier-fort Tyren Johnson, le virvoltant Mbaye Ndiaye, le très complet Paul Rigot et le jeune Timothé Vergiat sont toujours dans les rangs de l’ADA.
À cela, le manager général Julien Monclar et ses équipes ont ajouté quelques joueurs de talents, capables de faire passer un cap à l’équipe : le meneur Jaime Smith, qui sort d’une saison blanche en Italie, à la suite d’une grosse blessure, Keandre Cook, un meneur/arrière passé par le championnat Hongrois, ou encore Amadou Sow, sorti de NCAA. Sur les postes intérieurs, Djordje Gagic, qui a participé à l’EuroBasket avec la Croatie, et Brice Dessert, qui sort d’une grande saison avec Rouen en Pro B, vont venir se frotter aux raquettes de Betclic Elite.
Et cet alliage entre continuité et nouveauté se traduit parfaitement, pour le moment, sur le terrain. “Nous n’avons pas fait une belle présaison, mais comme nous sommes un promu, personne ne se méfie de nous. C’est une de nos forces, car nous n’avons pas d’attente de résultat”, ajoute le coach de l’ADA.
Jaime Smith s’occupe de donner le tempo : samedi soir, l’ancien joueur de Liège a marqué 16 points, distribué 7 passes décisives et provoqué 6 fautes. Un récital pour celui qui, à 33 ans, est en pleine force de l’âge. À ses côtés, la recrue Keandre Cook a montré de l’envie, mais a été maladroit par moments (3 sur 9 à deux points, 2 pertes de balle). Cela ne l’a pas empêché d’attaquer le cercle, avec trois fautes provoquées.
Le troisième larron du backcourt, Thomas Cornely, qui a débuté au club en 2014 et qui a connu la Nationale 1, la Pro B et la Pro A, a donné le ton en sortie de banc : 12 points, 3 sur 4 à trois points. Un vrai métronome.
Sur les ailes, Amadou Sow et Mbaye Ndiaye ont montré les coudes et ont fait mal à la défense parisienne : 15 points, 7 rebonds, 18 d’évaluation pour le premier, 14 points pour son compère. Une démonstration d’envie et de force. Dans la raquette, Tyren Johnson a profité d’une belle adresse en seconde mi-temps pour se rattraper, et Brice Dessert, puis Djordje Gagic, ont donné le ton. L’effectif est défini, les rotations sont claires, et l’ADA Blois continue sa chevauchée fantastique.
Malgré les succès, Ne pas s’enflammer
“C’est innatendu. Une belle victoire d’équipe, ce qui est pris n’est plus à prendre, mais on ne s’enflamme pas. Je me souviens de l’exemple de Châlons-Reims, qui comptait 4 victoires après 5 journées et a quand même fini par descendre en Pro B”. Mickaël Hay relativise ce troisième succès en autant de matchs, tout en tenant à féliciter ses garçons, comme il aime appeler ses joueurs. “On aura des moments plus difficiles, mais tout le monde est concerné”, ajoute le coach de l’ADA.
L’objectif reste le même, le maintien avant tout. Blois reste l’équipe avec le moins d’expérience du championnat, seul Paul Rigot a évolué en première division (5 ans, 108 matchs joués). Mais, malgré cette inexpérience certaine, l’ADA caracole bien en tête de la Betclic Elite après trois journées disputées. Le tout, avec la deuxième meilleure attaque (94,7 points par match).
Blois séduit, Blois gagne, mais l’ADA sait garder la tête sur ses épaules. Le promu, petit poucet et vu par certains comme un relégable assuré au début de la saison, réalise un départ canon. Alors, peut-on rêver plus grand pour le club du Loir-et-Cher ? La réponse, durant toute la saison, avec certainement quelques surprises, un jeu séduisant, une bataille à chaque rencontre, des joueurs complémentaires, un des coachs les plus intelligents du championnat et un Jeu de Paume qui sera, à coup, sûr, plein à craquer à chaque match de Betclic Elite.
Photo de couverture : Timothé Vergiat (ADA Blois)