Après une victoire historique contre les États-Unis, les bleus se devaient de garder la tête sur les épaules pour affronter l’Argentine. C’est bien connu : la France s’effondre lorsqu’elle est désignée favorite. Et c’est exactement ce qui s’est passé. Retour sur un match dominé de long en large par l’Argentine.
Dès le début du match, les deux équipes mettent énormément de pression sur le ballon. C’est Frank Ntilikina qui ouvre le score sur un tir à distance, lui qui avait pris ses responsabilités dans du dernier quart-temps face à la Team USA. Luis Scola répond très vite, il parcourt le terrain, finissant près du panier par un lay up primé d’une faute. Marcos Delia contre Rudy Gobert et Luis Scola finit une fois de plus près du cercle, il est le moteur de l’attaque argentine et termine avec 10 points à la fin du premier quart. Campazzo score à trois points, offrant une avance de 8 points à son équipe, 10-2. Evan Fournier et Ntilikina tirent beaucoup en première intention, le plan de jeu ne semble pas respecté. Vincent Collet prend un temps mort très tôt dans le match et l’arrière du Magic (0/3 au tir) regagne le banc au profit de Nando De Colo. Ntilikina (1/3) ne tardera pas à le suivre. Un trois points de Louis Labeyrie relance l’équipe de France. De Colo provoque une faute, rentre ses deux lancers, les français retrouvent leur rythme en attaque malgré un gros dunk de Deck. Fournier reprend ses esprits et marque rapidement ses quatre premiers points. Les deux lancers de Nando De Colo permettent à la France de revenir à 3 points d’écart à la fin du premier quart-temps, 21-18.
Mathias Lessort contre Deck pour commencer le deuxième quart. Une claquette de Labeyrie, une action sous le panier de Fournier et un dunk de Lessort sur une très magnifique passe de Nando De Colo permettent à la France de prendre l’avantage pour la première fois dans le match : 23-24. L’attaque des Français est beaucoup mieux coordonnée qu’au début du match. L’Argentine reprend une avance de 7 points. Les deux équipes défendent très fort et peinent à scorer, le match semble figé. Les bleus manquent cruellement d’adresse, elle termine la mi-temps à 39% au tir, notamment à 2/13 à trois points. L’équipe est sur la même dynamique que son leader, Evan Fournier, qui termine la première période à 9 points à 4/13 au tir dont 0/4 derrière la ligne. Un énorme trois points de Campazzo vient clôturer la première mi-temps sur le score de 39 à 32.
La seconde mi-temps ne part pas très bien. Trois lancers francs argentins viennent marquer un écart de 10 points, le plus grand de la rencontre. Malgré quelques difficultés en attaque, les Argentins multiplient les tirs à distance et font sombrer des Français incapables de scorer. Comme au premier quart-temps, Evan Fournier et ses coéquipiers dégainent trop vite et ratent énormément de tirs, prenant alors 15 points de retard. La défense des bleus s’intensifie, le score semble figé. Après un panier de Ntilikina, qui a aussi marqué un trois points très important un peu plus tôt, le troisième quart se termine 60-48.
Les Français entament le dernier quart-temps avec 12 points de retard, la tension est palpable. Ils accélèrent nettement en attaque, se montrent déterminés. Pour commencer, Amath M’Baye dégaine à trois points, Nicolas Laprovittola répond de la même manière. Les deux équipes font beaucoup de fautes. Gobert s’affirme dans la raquette avec un très gros dunk mais l’Argentine ne se laisse pas faire. Les Français ne rentrent pas leurs lancers et perdent des points faciles. Ils manquent clairement de concentration, les rebonds offensifs leur échappent trois fois de suite sur la même action. Luis Scola et ses hommes creusent l’écart, l’énergie et la détermination de Ntilikina ne suffisent pas pour recoller au score. Le dernier quart est à sens unique, les Argentins étalent leur domination jusqu’à la fin du match qui se termine sur le score de 80 à 66 pour l’Argentine.
Les Argentins ont mené un match exemplaire. Jusqu’à la fin, ils auront mis énormément de pression sur leurs adversaires en défense et ont réussi à sortir les Français de leur match. En attaque, ils se sont montrés très agressifs, ils ont trouvé les bons tirs et ont même réussi à réduire l’impact défensif de Rudy Gobert, pilier de la défense française. Emmenés par un Luis Scola de gala, 28 points et 13 rebonds à 8/17 au tir dont 3/4 à trois points, ils accèdent donc à la finale de cette Coupe du Monde, dans laquelle ils feront face aux Espagnols.
De leur côté, les Français sont clairement passés à côté de leur match. Peut-être est-ce à cause de la fatigue provoquée par leurs nombreux voyages. Leur manque de concentration a plombé leur adresse au tir : 39% au tir, dont 23% à trois points, et 52% aux lancers-francs. Ils n’ont pas su assurer la même défense que face à l’équipe des Etats-Unis, défendant parfois trop bas pour contester les tirs argentins. 6/17 au tir, dont 1/6 à trois points, pour Evan Fournier, 1/6 pour Andrew Albicy et Nicolas Batum, des performances individuelles bien en deçà de ce qu’on attendait des bleus. Rudy Gobert (3 points et 11 rebonds à 1/3 au tir et 0/4 aux lancers francs) n’a pas su peser sur la rencontre Seul Frank Ntlikina a pu sortir du lot, avec 16 points à 7/12 au tir dont 6/7 à deux points.
C’est une grande déception pour cette équipe de France qui pouvait clairement prétendre à la médaille d’or après avoir éliminé les Etats-Unis. Les bleus ont perdu leurs moyens face à une équipe d’Argentine survoltée et plus déterminée. C’est une défaite frustrante, qu’il faudra vite oublier pour assurer une médaille de bronze face à l’Australie.
Photo : Reuters