LA Clippers, l’équipe qui n’a pas besoin d’étoile pour briller

par Benjamin Moubeche
Tobias Harris, des Clippers de Los Angeles

Attention ! Les mots qui suivent heurter la sensibilité des plus jeunes ainsi que des personnes non averties. Les Clippers ont l’un des meilleurs bilans de toute la ligue.

Personne n’est vraiment choqué parle début de saison fracassant des Raptors de Toronto, actuels détenteurs du meilleur bilan de la ligue. Nous sommes tous impressionnés, certes, mais pas choqués. Mais qui aurait pu prévoir un tel départ pour les Clippers ?

Hier encore, la perte de Chris Paul, Blake Griffin et plus récemment DeAndre Jordan marquait pour beaucoup l’entrée de la franchise dans une nouvelle ère sombre de son histoire. Il faut croire que les joueurs de ce qui est actuellement la meilleure équipe de Los Angeles au classement n’étaient pas de cet avis.

Le trio Blake Griffin – Chris Paul – DeAndre Jordan, nostalgie…

Après un été marqué par le départ de DeAndre Jordan aux Mavericks et finalement assez peu d’activité, personne ne pouvait s’attendre à ce que les choses prennent cette tournure. Nous ne sommes que trop nombreux à avoir sous-estimé cette équipe. Alors, d’où vient la force des Clippers ?

Un effectif profond et diversifié

Quand une équipe peut se permettre de faire sortir Montrezl Harrell, Patrick Beverley et Lou Williams du banc, c’est généralement qu’elle dispose d’un roster très complet. En effet, les Clippers n’ont pas besoin d’une superstar comme LeBron James ou Anthony Davis pour gagner des matchs. Ils peuvent compter sur un collectif à toute épreuve composé de nombreux joueurs talentueux.

Les titulaires

 Shai Gilgeous-Alexander / Avery Bradley / Tobias Harris / Danilo Gallinari / Marcin Gortat. Ce sont les titulaires que Doc Rivers choisit généralement pour commencer le match. C’est un 5 majeur qui ne fait pas vraiment rêver mais qui est pourtant très performant.

Tobias Harris (ailier) : 21 points, 8.5 rebonds, 2.3 passes par match, en 35 minutes, à 50.8% au tir en moyenne. Soyez patients, nous parlerons du joueur avec plus de précision un peu plus bas dans l’article.

Danilo Gallinari (ailier) : 19.1 points, 6 rebonds, 2.2 passes, en 31.6 minutes, à 43.7% au tir en moyenne. Danilo Gallinari semble être le parfait lieutenant pour Tobias Harris. Il s’agit d’un joueur rapide et d’un scoreur efficace dont les Clippers ont réellement besoin.

Avery Bardley (arrière) : 7.7 points, 2.2 rebonds, 1.7 passes et 0.8 interception, en 29.1 minutes, à 37.6% au tir en moyenne. Ce que l’on apprécie généralement chez Avery Bradley, c’est ce qu’il est capable de faire dans sa propre moitié de terrain. Membre de la NBA All-Defensive First Team en 2015, c’est un défenseur intraitable tout à fait capable de contribuer sur le plan offensif.

Marcin Gortat (pivot) : 5.5 points, 5.7 rebonds, 1.5 passes, en 17.4 minutes, à 56.3% au tir en moyenne. Un effectif ne peut pas être composé que de joueurs d’élite ou de spécialistes de la défense, Marcin Gortat est plutôt là pour combler le vite à l’intérieur que pour son apport. On apprécie néanmoins que le fait que le pivot soit mobile, une qualité essentielle pour jouer avec ces Clippers.

Shai Gilgeous-Alexander (meneur) : 10.7 points, 3.3 rebonds, 3 passes, 1 interception et 0.8 contres, en 27.6 minutes, à 46.7% au tir en moyenne. Oui, c’est bien un rookie qui mène la balle de cette victorieuse équipe. Il ne semble cependant pas avoir volé sa place. Sa production statistique est plus que satisfaisante, il contribue au scoring de l’équipe, participe au rebond, fait circuler le ballon et fait preuve d’une certaine adresse. De plus, le petit Shai est déjà un très bon (si ce n’est excellent) défenseur, ce dont on ne peut que le féliciter.

Il y a déjà une versatilité ainsi qu’une efficacité impressionnante au sein d’un cinq majeur très mobile, capable de scorer comme d’anéantir l’équipe lorsque celle-ci essaie de s’attaquer à leur panier.

Le banc

Le 5 majeur très satisfaisant des Clippers n’est pas leur plus grande force. Elle réside avant tout dans la profondeur de leur banc.

Les rotations de Doc Rivers sont très complètes. Aux Clippers, tous les joueurs sont importants et le temps de jeu est très bien réparti. En effet, Marcin Gortat (pivot titulaire) joue environ 8 minutes que Montrezl Harrell et Lou Williams ou encore 6min30 de moins que Patrick Beverley, pourtant tous les trois remplaçants. Le temps de jeu moyen des trois bench players ressemble plus à celui d’un titulaire que d’un remplaçant (25 minutes). 3 autres joueurs sortant du banc ont plus de 10 minutes de temps de jeu et aucun des 15 joueurs du roster ne joue moins de 5 minutes.

Maintenant, parlons de stats. Pour ne donner que trois noms,  nous observerons les statistiques qualités des probables meilleurs remplaçants de l’équipe.

Montrezl Harrell (ailier fort) : 16.1 points, 7 rebonds, 1.5 passes, 1.8 contres et 1 interception par match, en 25.8 minutes, à 64.6% au tir. Souvent cité comme potentiel MIP (voire 6ème homme) de l’année, l’apport de Montrezl Harrell est extrêmement important pour les Clippers. Véritable energizer, il les le leader de la second unit, sa production statistique et l’athlétisme qu’il apporte à l’équipe sont essentiels. De plus, il évolue dans la continuité du 5 majeur puisqu’il est, lui aussi, un très bon défenseur.

Lou Williams (arrière) : 17.6 points, 2.5 rebonds, 4.5 passes et 0.6 interceptions par match, en 25.6 minutes, à 39.5% en moyenne. Le 6ème homme des saisons 2014-15 et 2017-18 apporte une forte intensité offensive à l’équipe, principalement en tant que scoreur.

Patrick Beverley (meneur) : 6.5 points, 3.6 rebonds et 3.7 passes par match, en 24 minutes, à 36.1% en moyenne. Malgré une production statistique assez mince, le meneur est une pièce maîtresse de l’effectif de par sa défense exceptionnelle. Ce n’est pas pour rien qu’il a été nommé dans la NBA All-Defensive First Team en 2017.

En somme, il s’agit là de trois joueurs tout à fait capables d’être titulaires dans une poignée d’équipes en NBA. Evidemment, ils ne sont pas seuls sur ce banc au talent inépuisable. La diversité au sein de cet effectif est clairement palpable, ils sont capables de faire face à toutes les situations avec des joueurs capables de faire mal à l’intérieur (comme Boban Marjanovic) comme à l’extérieur (Mike Scott par exemple), de défendre, d’attaquer, de faire circuler le ballon, de créer… Bref, pour le banc des Clippers, sky is the limit.

En NBA, la tendance est aux grandes stars. On comprend facilement qu’un James Harden ou un Kawhi Leonard puisse faire rêver toutes les franchises. Mais on constate souvent que la présence de ce seul joueur, aussi fort soit-il, suffit rarement à accéder au succès. Donner beaucoup de temps de jeu aux meilleurs joueurs de la ligue est évidemment une preuve de bon sens, mais il ne faut pas que les minutes restantes soient données à des joueurs qui ne les méritent pas vraiment. Les Clippers n’ont pas ce problème, chaque minute est donnée à un joueur qui saura les rentabiliser. C’est ce qui fait toute leur force. 

L’émergence d’un nouveau leader en Tobias Harris

21 points, 8.5 rebonds, 2.3 passes par match, en 35 minutes, à 50.8% au tir dont 41.6% à 3 points en moyenne. Comme mentionné plus haut, voilà la ligne statistique de Tobias Harris à ce jour. 
Récupéré dans le Trade de Blake Griffin, il continue doucement de progresser pour devenir un excellent ailier. Cette saison, il a élevé son jeu à un niveau All-Star.

Harris est un créateur et un scoreur redoutable. C’est un joueur avec beaucoup de toucher et dont la composition physique est plutôt solide.

À Los Angeles, il a su s’imposer de par sa détermination ainsi que par l’énergie qu’il apporte au jeu. Toujours à 200% des deux côtés du terrain, il s’est positionné comme un modèle au sein de son équipe. Il est le leader de ces nouveaux clippers et le moteur de leur réussite.

Une attaque inarrêtable et une défense convaincante

Les Clippers sont toujours efficaces, que ce soit dans leur propre moitié de terrain ou dans l’autre.

En marquant en moyenne 112.1 points pour 100 possessions, les Clippers ont la 5eme meilleure attaque de la ligue. Une attaque d’élite en somme. La cohésion du groupe ainsi que la bonne circulation du ballon n’y sont pas pour rien. Et, bien évidemment, le talent offensif de joueurs comme Harris, Gallinari, Harrell ou Williams leur permet de mener à bien leurs offensives plus facilement. Mais leur attaque ne tient, fort heureusement, pas qu’à cela.

En effet, c’est encore une fois la variété de leur effectif qui leur permet de se positionner comme une telle force offensive. Tout d’abord, Doc Rivers peut modeler l’équipe à sa guise afin de prendre l’avantage sur n’importe quelle équipe. Une équipe manque de taille ? On fait rentrer le géant Boban Marjanovic. Une équipe est trop lente ? On fait rentrer tous les joueurs les plus athlétiques et on profite de leur faiblesse.

De plus, pas un seul moment ne passe sans que l’équipe ait cinq joueurs capables de tenir la route. Contre les équipes qui se reposent principalement sur leurs titulaires, le banc des Clippers sera tout à fait capables de compenser la différence de niveau.

Enfin, la menace est omniprésente dans les rangs des Clippers, tous les joueurs sont capables de contribuer en attaque. Face à une équipe si polyvalente il faut être constamment sur ses gardes, ce qui n’est pas à la portée de toutes les défenses de la ligue.

Avec une moyenne de 107.8 points encaissés pour 100 possessions, les Clippers sont dans la moitié supérieure de la ligue dans leur moitié du terrain puisqu’ils ont la 14eme meilleure défense de toute la ligue. Ce classement n’est pas spécialement impressionnant mais il témoigne néanmoins de la qualité de la défense des Clippers.

La bonne défense des Clippers repose à peu près sur les mêmes éléments que pour leur attaque. En effet, leur effectif compte nombre de défenseurs d’élite tels que Avery Bradley ou Patrick Beverley qui sont probablement le pire cauchemar de nombreux extérieurs dans la ligue. Boban Marjanovic, grâce à sa taille, contribue à stopper les intérieurs les plus agressifs. L’athlétisme de leurs ailiers est un véritable moyen de dissuasion. Et, encore une fois, le banc des Clippers leur permet de ne pas encaisser trop de points lorsque la second unit remplace les titulaires.

Cette ambivalence incroyable permet aux Clippers de venir à bout de n’importe quelle équipe. Finalement, il ne faudra pas oublier de saluer l’organisation exemplaire de Doc Rivers, tant en attaque qu’en défense, sur ce début de saison. Le coach joue un rôle très important au sein de la franchise. Alors qu’il était fortement critiqué lors des saisons précédentes, il est en lice pour le trophée de coach de l’année 2019.

Comme un poisson dans l’eau

La NBA est une ligue dans laquelle le jeu est de plus en plus rapide, il est donc primordial de trouver un maximum de joueurs capables de tenir le rythme. Bien sûr, ce n’est pas ce qui manque aux Clippers. En effet, la plupart de leurs joueurs sont athlétiques ou au moins mobiles, ce qui leur permet d’attaquer vite et d’être présents en défense.

Aujourd’hui le facteur pace (estimation du nombre de possession d’une équipe dans un match) est de 100.0, soit une augmentation de 2.7 par rapport à la saison précédente. C’est la première fois que le jeu est aussi rapide en NBA depuis la saison 1988-89. Les Clippers peuvent s’offrir le luxe de mener 102.6 possessions par match en moyenne. Ils sont la 9ème équipe la plus rapide de toute la ligue. Cette équipe est donc particulièrement adaptée au courant moderne, un avantage parfaitement exploité par le coach Doc Rivers et ses hommes.

Une capacité d’adaptation sans égale

En NBA, les équipes jouent à domicile ou à l’extérieur et généralement, jouer à domicile constitue un avantage important. Les meilleures équipes sont aussi celles qui sont capables de remporter leurs à la maison comme sur la route. Bien sûr, les Clippers font partie de celles-là.

Le Staples Center est un véritable temple dont les Clippers sont les gardiens. Actuellement, leur bilan est de 9 victoires pour 1 défaite à domicile et, pour l’instant, seuls les 76ers ont un meilleur ratio avec 13 victoires pour 1 défaite.

Ils n’ont pourtant « que » la 12eme attaque de la ligue à domicile avec 0.9 points marqués de moins pour 100 possessions par rapport à leur moyenne globale. Ils n’en restent pas moins la 7eme meilleure équipe en défense (-5.0 points encaissés pour 100 possessions par rapport à leur moyenne). Que ce soit à domicile ou à l’extérieur, les Clippers jouent toujours à peu près au même rythme.

Cette équipe balaiera toute les équipes qui oseront venir la défier chez elle alors même qu’elle ne fait pas réellement partie des équipes d’élite en défense ou en attaque. C’est son équilibre qui lui permet de dominer chez elle. Finalement rien de surprenant puisque la plupart des équipes sont évidemment bien meilleures à domicile.

Sur la route, les Clippers perdent leurs moyens en défense. Ils ont la 22eme défense de la ligue à l’extérieur avec 3.8 points encaissés de plus qu’en moyenne pour 100 possessions. Ils peuvent tout de même compter sur leur attaque à toute épreuve. Elle est la 4ème meilleure de la NBA à l’extérieur pour avec 0.6 points marqués de plus qu’en moyenne.

Les Clippers misent donc tout sur l’attaque à l’extérieur pour garder les mêmes statistiques qu’à domicile de ce côté du terrain, et cette stratégie paie. En effet, leur bilan est actuellement neutre (7-7) et seule une poignée d’équipes en NBA réussissent à avoir un bilan positif. 

De plus , comme dit précédemment, l’effectif de l’équipe est extrêmement polyvalent, ce qui permet de s’adapter à toutes sortes de confrontations. Il s’agit d’une équipe caméléon.

Les Clippers sont donc capables de rester aussi régulier à domicile qu’à l’extérieur, en attaque du moins. Ils peuvent se montrer redoutables sous tous les aspects.

Même si personne ne s’attend à les voir rester dans le top 5 de la conférence, et à fortiori revenir à sa tête, les Clippers nous proposent un jeu magnifique en ce début de saison. La transition post lob-city semble assurée par cet effectif soudé et talentueux, de quoi ravir les fans de la franchise. Seul l’avenir pourra nous dire ce qu’il en est réellement. En attendant, profitons au maximum de cette leçon de basket tant qu’elle dure.

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