Scoot Henderson
MJ – G League IgniteScouting Report par Florian Tixier | 4 février 2023
Depuis quelques années, Scoot Henderson est le rival annoncé de Victor Wembanyama pour la première position de la Draft 2023. Meneur de jeu de l’Ignite arrivé, en 2021, avec un an d’avance, le natif de l’État de Géorgie est l’archétype du joueur survitaminé. Il s’apprête désormais à débarquer en NBA après avoir secoué son antichambre.
- Équipe : G League Ignite
- Âge : 18 ans (03/02/2004)
- Taille : 1,93 m
- Poids : 90 kg
- Envergure : 2,08 m
Points forts :
- Athlétisme +++
- Shotmaking, création et décalage
- Premier pas élite
- Finition au cercle et body control
- Open court, accélérateur de particules
- Porteur de balle fiable
- Potentiel de shooter ?
Points faibles / à travailler :
- Défenseur naïf, envie fluctuante
- Création sur demi-terrain
- Potentiel de pull up ?
Sterling Henderson, plus souvent appelé par son surnom « Scoot », est le second joueur qui fait tourner toutes les têtes pour la Draft 2023. À la fois tellement éloigné de la hype de Wemby et pourtant pas si loin du niveau et du potentiel du prospect français.
Plus jeune professionnel de l’histoire du basket américain, Scoot a fait le choix, à seulement 17 ans, de rejoindre les rangs de l’Ignite à la rentrée 2021. Il a ainsi rejoint l’équipe de prospects 5 étoiles de la G League, où l’attendaient salaire, hype et adversité pour se préparer au mieux avant sa Draft. Ce choix devrait être payant en juin prochain. Il sera très certainement le second joueur de la G League à être appelé en numéro 2 après Jalen Green en 2021. Porteur de balle ultra dynamique et doté d’un athlétisme rare, Henderson a un profil type de joueur populaire en NBA, qui devrait très vite alimenter les tops 10 de la ligue.
Le porteur de balle ultime
La majorité de son jeu repose essentiellement sur ses qualités athlétiques. Avec son premier pas supersonique, Henderson démarre très rapidement, court plus vite et saute plus haut que tout le monde. C’est une bombe de vitesse et d’énergie qu’il est très difficile d’arrêter, alors qu’il joue contre des joueurs qui ont parfois jusqu’à dix ans de plus que lui.
Tout le reste de sa panoplie découle (à l’origine) de cet avantage. Le premier rideau ne parvenant que rarement à l’arrêter, Henderson parvient sans cesse à créer des décalages dans la défense adverse — c’est un créateur de chaos continu à la façon d’un Ja Morant. Il progresse depuis deux ans sur sa lecture des rotations adverses, parvient à kick out de mieux en mieux et sa gestion du pick and roll devient ce que l’on attend d’un porteur de balle alpha en NBA.
La qualité principale du meneur reste malgré tout son scoring, notamment grâce à ses drives et sa capacité à perforer les défenses. Parce qu’il va plus vite, il drive dans tous les sens, des deux mains, et reste capable de changer de rythme à sa guise. Quand on rajoute à cela une finition au cercle proche de l’élite et un body control exceptionnel sur les contacts au cercle ou lorsqu’il les évite, on obtient un joueur qui amène une pression sur le cercle permanente et extrêmement dangereuse. À la manière d’un Morant, Derrick Rose ou Russell Westbrook, on ne peut le quitter des yeux sous peine de sanction supersonique, parfois en haute altitude.
Cette année est la saison de la confirmation pour Scoot Henderson, alors que ses drives représentaient son arme unique, il est désormais capable de ressortir la balle. On l’a vu faire des passes laser à une main, créer une gravité sous le cercle pour ressortir sur shooteurs ou encore servir son intérieur qui roule avec beaucoup de créativité. Il lit les défenses de mieux en mieux et se permet même de sanctionner à mi-distance si le drop est trop lâche.
Qu’en est-il alors de son tir ? Autrefois noté dans ses points faibles, le meneur a expliqué avoir travaillé tout l’été sur cet aspect. On en voit aujourd’hui les fruits, preuve de son mental et de son éthique de travail impressionnants.
Malgré certains doutes persistant sur sa capacité à pull up avec fiabilité, il arrive tout de même à sanctionner plus justement les largesses défensives de ses adversaires. Sa capacité à driver est tellement puissante que, naturellement, les défenseurs reculent lorsqu’il récupère la balle. S’il devient capable de pull derrière les écrans ou en mouvement, il pourrait bien passer dans la dimension supérieure.
Scoot Henderson peut-il être efficace au plus haut niveau ?
Côté création, Henderson est un meneur de jeu plutôt fiable. Il ne perd que peu de ballons et son ratio passe décisive/turnovers est très intéressant pour un joueur qui porte autant la balle. Naturellement plus à l’aise sur terrain ouvert en transition que sur demi-terrain, il doit encore progresser sur sa gestion des temps faibles et éviter de garder le pied sur l’accélérateur en permanence.
De même, il doit apprendre à être efficace lorsqu’il n’a pas la balle dans les mains. Il aura, en NBA, des coéquipiers qui auront besoin de la balle pour vivre et devra aussi s’adapter à cela. On voit déjà des choses intéressantes sur ses démarquages et coupes vers le cercle, mais on reste dans un schéma ou il finit l’action. Peut-il vraiment avoir un impact positif en attaque lorsque l’action n’est pas pour lui ?
Enfin, défensivement, Scoot dispose par nature d’un profil très intrigant. Boule de muscle, il a déjà le corps d’un joueur NBA. Plutôt grand et surtout très long, il dispose de tous les attributs physiques et athlétiques pour devenir un grand défenseur. Malgré tout, comme beaucoup de jeunes, il s’agit essentiellement d’un leader offensif qui traine parfois la patte pour revenir défendre ou pour faire les rotations. Souvent tête en l’air ou préférant se reposer, on entrevoit parfois un défenseur très prometteur, doté d’un mental de tueur, mais qui choisit encore un peu trop ses moments. Il est par ailleurs trop naïf, ce que l’on peut tout de même mettre sur le compte de sa jeunesse.
conclusion
Scoot Henderson est, par essence, un joueur unique. Porteur de balle ultra athlétique qui dispose d’une courbe de progression complètement folle, il a tous les outils pour qu’une équipe en fasse la pièce essentielle d’une reconstruction dès le premier jour. Véritable leader sur le terrain, doté d’un mental et d’une éthique de travail exemplaires, Scoot se battra jusqu’au bout pour obtenir ce sésame du premier choix de Draft.
Si Victor Wembanyama n’était pas là, Scoot Henderson serait l’inévitable numéro 1. Il l’aurait certainement été lors de la plupart des autres Drafts, comprenons bien qu’il s’agit d’un talent très spécial.
Comparaisons
- Derrick Rose
- Russell Westbrook
- Ja Morant
Photo : David Becker/NBAE via Getty Images
Florian Tixier
Rédacteur pour L'Analyste, spécialisé dans l'économie de la NBA et le scouting en NCAA.