Cette fois-ci, c’est pour de bon. Maya Moore, déjà loin des parquets depuis cinq ans, a officiellement mis un point final à sa carrière sportive exceptionnelle. À seulement 33 ans, l’ancienne star de la WNBA a laissé une gigantesque empreinte sur le basketball féminin.
Huit saisons auront suffi à l’ailière pour entrer au panthéon des légendes. De son arrivée dans le circuit professionnel — en tant que premier choix de la Draft 2011 — à son départ anticipé en 2018 la réussite lui a toujours souri. En témoignent ses quatre titres de championne WNBA, son trophée de MVP des Finales ainsi que de MVP de la saison régulière.
Seulement, Maya Moore a fini par trouver plus important que le basket. Avant le début de l’exercice 2019, l’athlète a décidé de mettre sa carrière de côté pour se concentrer pleinement sur ses proches et ses luttes en dehors du terrain. Elle a fait de ses engagements sa priorité et ne reviendra pas en arrière.
« Je pense qu’il est temps de mettre un terme à ma vie de basketteuse professionnelle. Je suis partie il y a quatre saisons, mais je voulais prendre officiellement ma retraite », assure-t-elle sur le plateau de Good Morning America. « Je veux continuer à être présente à la maison, pour ma communauté, pour ma famille. Je veux continuer à travailler avec « Win with Justice », notre association à but non lucratif. »
C’est ainsi que se clôt définitivement un grand chapitre de basket, laissé en suspend depuis des années. Le palmarès, lui, restera dans les livres d’histoire :
- 4× Championne WNBA (2011, 2013, 2015, 2017)
- 1x MVP des Finales (2013)
- 1x MVP (2014)
- 6× All-Star (2011, 2013, 2014 2015, 2017, 2018)
- 1x Rookie of the Year (2011)
- 2× Championne d’EuroLeague (2012, 2018)
- 3x Championne du championnat chinois (2013, 2014, 2015)
- 1x Championne du championnat d’Espagne (2012)
- 2x Médaille d’or olympique (2012, 2016)
- 2x Championne du Monde (2010, 2014)
- 1x MVP de la Coupe du Monde (2014)
- 2x Championne NCAA (2019, 2010)
Un succès éclair
La native de Jefferson City, dans le Missouri, n’a jamais connu de temps faible dans sa carrière. Régulière dans l’extraordinaire, on se lasserait presque de lister ses exploits.
Elle était déjà l’une des meilleures joueuses au niveau high school, accumulant les récompenses avec une précocité et une régularité hors normes. Dans le circuit universitaire, c’est la même rengaine. Phénoménale dès son année freshman, Maya Moore a tout renversé avec les Huskies. Elle a laissé à UConn deux titres NCAA, un record de points marqués, de nombreux trophées et un bilan de 150-4 représentatif de sa domination sans partage.
C’est donc sans trop de surprise que l’ailière, recrutée par le Minnesota Lynx, a fait trembler la WNBA dès ses premiers pas dans le monde professionnel. Comment aurait-il pu en être autrement pour cette prodige, alignée avec les trois All-Stars qu’étaient déjà Lindsay Whalen, Rebekkah Brunson et Seimone Augustus ?
Dans sa saison inaugurale, Moore a coché toutes les cases : Rookie of the Year, All-Star, championne. Le premier mouvement d’une délicieuse symphonie, au sein de l’une des formations les plus régulières de l’histoire de la ligue. Ses six finales en huit ans sont le symbole ultime de son succès retentissant.
Élégante et clutch, soir après soir, le numéro 23 a également marqué les spectateurs qui ont eu la chance d’assister à son show. Ses 48 points face à Atlanta, en 2014, restent à ce jour la troisième plus grosse performance au scoring de l’histoire de la WNBA. Aux États-Unis, Maya Moore a tout vu, tout fait.
Au-delà des frontières de son pays, l’athlète a été tout aussi remarquable. Sous les couleurs de la sélection américaine, elle a ramené quatre médailles d’or, deux aux Jeux olympiques et autant en Coupe du Monde. En club, en EuroLeague et en Chine, elle a rencontré le même succès.
À tous les niveaux, à tout âge et dans toutes les compétitions la victoire a été le mot d’ordre de sa carrière. Aujourd’hui, le nom de Maya Moore est partout dans les livres d’histoire du basket féminin. La seule chose que l’on pourrait éventuellement regretter, c’est que cela n’ait pas duré plus longtemps.
« Maya Moore a laissé une marque éternelle sur l’État Minnesota, la franchise du Minnesota Lynx et le cœur de ses fans », assure Glen Taylor, propriétaire des Wolves et du Lynx, dans un communiqué. « Les accolades de Maya sont nombreuses. […] Bien qu’aujourd’hui marque la fin de la carrière de Maya dans le basket, il ne fait aucun doute qu’elle continuera à avoir un impact sur le sport que nous aimons tous. »
Maya Moore, plus qu’une athlète
« Je ne jouerai pas au basket au niveau professionnel cette année », commençait son témoignage dans The Player’s Tribune. « Le succès que j’ai connu dans le basket me laisse sans voix à chaque fois que j’y pense. Mais l’aspect principal par lequel je mesure mon succès dans la vie est quelque chose que je ne peux pas exprimer très souvent à travers le basket professionnel. Je mesure mon succès en me demandant si j’ai atteint pleinement mon but dans la vie. »
Après huit saisons au-dessus de tout avec Minnesota, la vie de Maya Moore a pris un virage à 90° en 2019. La joueuse annonçait alors que son année ne serait pas dédiée au sport, mais à d’autres objectifs : sa famille et sa cause. Une pause surprenante à l’époque, qui ne s’est finalement jamais terminée.
Préoccupée par les questions de justice sociale, elle a décidé de se focaliser sur le cas de Jonathan Irons, incarcéré à tort depuis 1997. Loin des parquets, convaincue que l’adolescent de 16 ans qui a été condamné au moment des faits était innocent, elle s’est battue pour que l’affaire soit réexaminée de manière équitable. C’est ainsi qu’elle a obtenu, après des mois de lutte, la libération de cet homme qui a assuré que Moore lui a « sauvé la vie ».
Aujourd’hui, Moore et Irons sont mariés et élèvent un ensemble. Une nouvelle priorité qui a écarté encore un peu plus l’ancienne star des paniers, jusqu’à annoncer sa retraite définitive près de cinq ans après son dernier match. Plus qu’une athlète, elle a changé de trajectoire pour devenir une activiste accomplie. Elle se bat toujours, à l’heure actuelle, pour une réforme du système judiciaire.
Modèle de détermination sur et en dehors du terrain, Maya Moore range les sneakers en gardant la tête haute. Étoile filante du basketball féminin, son passage n’aura laissé personne indifférent. Elle est maintenant partie pour de bon, selon ses propres conditions et encore au sommet, pour tendre vers un autre genre de succès.
Photo : Leon Bennett/Getty Images