Rien ne marche plus pour Kemba Walker

par Benjamin Moubeche

La NBA va vite et n’attend personne. Encore All-Star en 2020, Kemba Walker a été coupé par les Mavericks ce vendredi 6 janvier, après seulement neuf matches. Le meneur de 32 ans, joueur de premier plan un battement de cil plus tôt, s’approche désormais dangereusement de la retraite.

La nuit précédente, dans une défaite de 29 points face aux Celtics, l’ancienne star des Hornets est entrée en jeu au milieu du deuxième quart-temps pour deux courtes minutes et un unique tir. Pour obtenir celui-ci, elle n’a pas eu beaucoup de difficulté à déposer Grant Williams sur un crossover avant de finir près du cercle malgré l’aide de Sam Hauser. Peut-être était-ce le dernier panier de Kemba Walker en NBA.

Le dernier tir de Kemba Walker avec les Mavericks, le 6 janvier.

À ce moment, le vétéran se doutait certainement que la fin de son aventure à Dallas était proche. Son contrat aurait été garanti pour le reste de la saison deux jours plus tard, le front office devait donc faire un choix rapide.

Il y a moins d’un mois, les choses semblaient bien engagées. Alors qu’il gagnait progressivement la confiance du coach Jason Kidd, ses 32 points, 7 passes et 5 rebonds face aux Cavaliers à la mi-décembre ne sont pas passés inaperçus. Mais au jeu des statistiques, le meneur a fini perdant.

Derrière ses moyennes de 8 points et 2,1 passes en 16 minutes par match, les pourcentages font tache. Ses 42,1% au tir et 25% à trois points sont symptomatiques de son inefficacité au scoring. Alors que l’on doutait essentiellement de sa défense, c’est surtout cette maladresse critique qui ternit son bilan aux Mavericks.

Son rôle, dans lequel il était censé «donner de la flexibilité à l’attaque» et trouver les shooteurs à trois points en l’absence de Luka Doncic, est déjà celui de Spencer Dinwiddie. L’émergence de McKinley Wright IV et du rookie Jaden Hardy, qui prétendent également aux minutes pendant lesquelles le Slovène quitte le terrain, l’a poussé vers la sortie. C’est aussi simple que cela : les Texas Rangers n’ont pas besoin de Walker.

C’est ainsi que s’achève le chapitre le plus bref d’une carrière de onze ans. Cet échec s’annonce aujourd’hui comme le signe précurseur d’une fin de carrière instable, voire d’une fin de carrière tout court.

La chute d’une étoile

Lors de ses dernières saisons aux Hornets, Kemba Walker était un All-Star incontestable. Il a conservé le même statut à son arrivée à Boston, avec une quatrième sélection consécutive en 2020, avant qu’une blessure au genou ne vienne brutalement le lui retirer.

«Ça n’a jamais été une question de basket, c’est juste mon genou», a tenté d’expliquer l’ancien coéquipier de Jayson Tatum, dans une interview pour le Boston Globe, avant le début de la saison. «Je n’ai rien à prouver. Tout le monde sait ce que j’ai fait dans cette ligue.»

Alors qu’il n’avait manqué que six matches dans les quatre années précédant sa signature aux Celtics, ses problèmes physiques répétés ont eu raison de lui. « Cardiac Kemba » a ainsi disparu. Depuis la saison 2020-21, rien ne marche plus pour Walker, sa carrière piétine.

Transféré au Thunder dans un premier temps, puis buyout dans la foulée, le meneur est devenu « indésirable » pour la première fois depuis sa Draft en 2011. Natif de New York, son départ aux Knicks pour un salaire bien inférieur à ce qu’il avait l’habitude de gagner devait le raviver. C’était au contraire le début de la fin.

Kemba Walker New York Knicks
Kemba Walker aux Knicks, une véritable désillusion. Photo : Brad Penner/USA TODAY Sports

Écarté de la rotation par Tom Thibodeau, supposément pour des raisons défensives, son retour aux sources s’est transformé en descente aux enfers. Malgré ses 44 points la veille de Noël et son professionnalisme, Kemba Walker n’a pu jouer qu’une demi-saison dans la Grosse Pomme. Il est ainsi à nouveau transféré pour un buyout, une deuxième fois en deux ans, cette fois-ci aux Pistons.

Une fois de retour sur le marché, aucune équipe ne s’est vraiment précipitée. La star déchue a dû regarder la saison NBA commencer sans lui pour la première fois de sa carrière.

«Je veux juste pouvoir jouer au basket à nouveau. Je me fiche de savoir si c’est sur le banc ou pas», assurait-il alors au Boston Globe, impatient de trouver un nouveau point de chute. « J’ai commencé ma carrière en sortie de banc, qui s’en soucie? Je veux juste être capable de jouer comme j’aime le faire, être entouré d’excellents coéquipiers et m’amuser.»

C’est dans ce contexte qu’il est arrivé à Dallas, dans une franchise pleine de bonnes intentions. Le Front Office a même consenti à couper Facundo Campazzo — reparti en Europe depuis — pour faire de la place au joueur qu’il rêvait de recruter quelques années plus tôt. Mais Walker n’était plus ce joueur. Les Mavericks et lui se sont heurtés à la réalité.

La fin de Kemba Walker en NBA ?

Au fil du temps, les paniers et les contrats sont devenus de plus en plus difficiles à trouver pour le trentenaire. Tout le monde se souvient bien sûr du meneur exceptionnel qu’était Kemba Walker avant sa blessure au genou, mais cela ne suffit plus. Son avenir dans la ligue est aujourd’hui fortement compromis.

Si Jayson Tatum semble partisan d’un retour de son ancien coéquipier aux Celtics, cette piste reste assez peu crédible. Ses limites défensives et son impact faiblissant de l’autre côté du terrain le pénalisent trop pour rejoindre un contender.

Walker pourrait bien être condamné à rester devant la porte, sans que personne ne le laisse plus entrer. Alors que la période des 10-day contracts approche, une fenêtre s’ouvrira éventuellement. La condition des joueurs qui enchaînent ces piges à courte échéance n’a toutefois rien d’enviable.

Il est bien entendu possible que l’une des 30 franchises de la ligue tente le pari et décide de le signer. Il faut néanmoins envisager que cela puisse ne plus jamais arriver. La NBA en a peut-être bien fini avec Kemba Walker.

«Pas de regrets, j’ai eu une grande carrière. J’ai pris du plaisir à jouer au basket», relativise-t-il. « Quand j’ai été drafté, personne n’a dit qu’il serait le meilleur marqueur de l’histoire [des Hornets]. Je ne peux pas me plaindre. J’ai parcouru un long chemin.»

Photo : David Berding/Getty Images

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