Au sein d’une équipe de Boston affirmant son emprise en haut de la conférence Est, Jayson Tatum peut être fier de son début de saison. Après des finales décevantes de sa part face aux Warriors, l’ailier a su faire taire toutes les critiques à son égard pour devenir un candidat plus que crédible à la course du MVP.
Jayson Tatum, un scoreur d’exception
Le constat le plus marquant, c’est que l’ancien joueur de Duke a soigné sa sélection de shots. Il ne s’entête plus à prendre des tirs contestés à mi-distance et préfère se montrer agressif vers le cercle (32% de ses tirs). Conséquence directe : il n’est jamais allé autant de fois sur la ligne (8,5 lancers francs tentés par rencontre à 85,8% de réussite). Bien évidemment, il a profité de l’arrivée de playmakers et de l’absence de Robert Williams dans la raquette à la reprise pour profiter de l’espace autour du panier.
Il a également progressé dans ses finitions proches du cercle, où il combine élégance et efficacité avec le meilleur taux de réussite de sa carrière (71%). Jayson Tatum possède aujourd’hui l’un des meilleurs footworks de la ligue. Que ce soit via des uper-under ou des euro steps en tous genres, l’ailier de Boston martyrise sans cesse les défenses adverses. Il est tout simplement imprévisible — dans le bon sens du terme — pour quiconque souhaiterait l’empêcher de scorer.
Bien plus svelte lors de sa Draft en 2017, Tatum a pris en masse musculaire au point de pouvoir désormais absorber les contacts et finir en dépit de la défense. Par ailleurs, il reste toujours un très bon joueur à longue distance qui malgré un volume de tirs importants et compliqués (9,4 par rencontre), parvient tout de même à conserver son efficacité (35,4% de réussite). Les défenses ne peuvent pas se permettre de lui laisser le moindre espace, dans quel cas il sanctionne immédiatement, comme contre Miami en novembre (49 points à 8 sur 12 de loin).
Plus que jamais, l’ailier est une menace aux trois niveaux (proche du cercle, à mi-distance et à trois points). Il inscrit ainsi 1,25 point par tir tenté en moyenne, ce qui le classe parmi les tout meilleurs joueurs de la ligue en termes d’efficacité.
Globalement, on comprend que Jayson Tatum est sur les bases d’une formidable saison. Grâce à une sélection de tirs épurée et une efficacité en hausse, il est un casse-tête pour toutes les défenses. Cela fait de lui l’un des meilleurs scoreurs de la ligue (5e avec 31 points par match).
Un playmaker réfléchi
Tatum le sait : il est le franchise player de Boston. Par conséquent, toutes les équipes adverses cherchent à limiter son impact au scoring. Conscient de cela, l’ailier a donc compris que par sa simple présence, il représentait une menace que l’on ne quitte jamais des yeux.
Depuis le début de la saison, on l’a vu à de nombreuses reprises se mettre dans le corner et attendre que le jeu vienne à lui. Cela crée ainsi des espaces pour ses coéquipiers, Jaylen Brown en premier lieu, qui ne se font pas prier pour exploiter des situations de 4 contre 4 sur demi-terrain. Pour autant, il ne reste pas inactif puisqu’il n’hésite pas à couper dans la raquette quand l’occasion se présente.
Jayson Tatum a énormément progressé dans sa compréhension du jeu. Il est conscient de sa gravité et de la manière dont il attire les défenseurs adverses. Il n’hésite pas à lâcher son ballon lorsqu’il est pris à deux par la défense adverse et se permet même de s’amuser avec cette dernière. Au fil des années, il est devenu beaucoup plus patient. On l’a en effet vu à de nombreuses reprises prendre son temps sur des situations de pick-and-roll de façon à trouver un coéquipier démarqué.
Cette progression au playmaking se traduit donc dans les chiffres, où il affiche le plus petit pourcentage pertes de balle de sa carrière (9,9%). Ces chiffres s’expliquent également par une amélioration de son handle, alors que c’était une partie de son jeu qui lui faisait parfois défaut depuis le début de sa carrière.
Grâce à son excellente combinaison au scoring et à la passe, Jayson Tatum est aujourd’hui l’un des meilleurs joueurs offensifs de la ligue. Pourtant ce n’est pas le seul côté du terrain duquel il excelle.
Un défenseur d’élite
Depuis sa Draft, Tatum a montré qu’il avait le potentiel pour être un jour un membre d’une All-NBA Defensive Team. L’année dernière, avec l’ensemble de son équipe, il a fait vivre un calvaire à Kevin Durant. Ce dernier n’a jamais réussi à se sortir réellement de son étreinte dans la série (26,3 points, mais à seulement 38,6% au tir).
Grâce à sa taille (2,03m) et son envergure (2,11m), il est capable de défendre sur tous les postes. Il parvient à rester en face de ses vis-à-vis pour les empêcher de driver vers le panier grâce à son excellent footwork. Lorsqu’il est sur le parquet, les opposants de Boston observent ainsi une baisse de 3,7% de leur pourcentage de réussite proche du cercle. Cela classe Tatum dans le haut du tableau chez les ailiers dans cet exercice.
L’ailier s’est aussi nettement amélioré dans ses lectures défensives, où ses progrès physiques lui permettent de contourner plus facilement les écrans. Surtout, il s’agit d’un défenseur très intelligent qui ne mord pas dans les feintes adverses et qui ne se jette pas systématiquement sur le ballon. Il préfère plutôt gêner son opposant en l’empêchant d’accéder à ses spots préférentiels. Pour autant, il est tout de même capable de réaliser des actions spectaculaires, comme avec ce splendide contre sur Donovan Mitchell pour arracher la prolongation contre Cleveland.
Même si les Celtics ont eu quelques difficultés défensives sur le début de la saison, l’équipe semble avoir corrigé ce qui lui faisait défaut pour être aujourd’hui la septième meilleure défense au rating défensif. Même si Tatum n’en reste pas moins un élément moteur pour eux, le retour de Robert Williams devrait, à terme, leur permettre de retrouver le niveau défensif qui faisait leur force en fin de saison dernière.
Aujourd’hui, Jayson Tatum est peut-être l’un des meilleurs two-way players de la ligue aux côtés de Giannis Antetokounmpo, Kawhi Leonard ou encore Paul George.
Le leader d’un collectif redoutable
Avant que ne débute la saison, les Celtics se retrouvaient dans la tourmente médiatique. Entre la blessure de Danilo Gallinari — signé à l’été, mais blessé par la suite avec l’Italie pour toute la saison — et surtout la mise à l’écart d’Ime Udoka, les Celtics paraissaient beaucoup moins sereins que ce qu’ils avaient laissé transparaître à la fin du dernier exercice. Sauf que cela n’a pas affecté Tatum. L’ailier semblait se soucier davantage de la saison à venir, sans pour autant minimiser la situation. « Ce que j’attends le plus, c’est de jouer au basket », déclarait-il lors du training camp. « Il y a eu beaucoup de discussions à notre égard. Demain, nous devrons simplement jouer au basket, nous entraîner, donc j’ai hâte que [la saison] commence ».
Outre l’arrivée de Gallinari, Boston a de même obtenu cet été un arrière créateur de luxe en sortie de banc avec Malcolm Brogdon. L’ancien joueur d’Indiana, borderline All-Star en 2021, contribue activement à l’excellent début de saison (13,3 points, 3,9 passes à 43,3% de loin). Il est en effet le métronome de la second unit et parvient brillamment à mettre en avant les qualités de ses coéquipiers. Jayson Tatum en est le premier bénéficiaire, car cette année, 56% des paniers de l’ailier des Celtics proviennent d’une passe décisive. À titre de comparaison, ce chiffre était de « seulement » 47% l’année dernière, ce qui tend à prouver que Boston s’est renforcé dans son playmaking global.
Ainsi, au sein d’un système clairement établi, Jayson Tatum est comme un poisson dans l’eau. Boston possède depuis le début de la saison le septième meilleur pourcentage à trois points en NBA (37,6%) avec quatre joueurs à plus de 40% de réussite (tout en en prenant au moins 3,5 par rencontre). L’équipe est pour le moment sur des bases All-Time. Elle dispose en effet du meilleur rating offensif de l’Histoire sur une saison avec 117,3 points inscrits pour 100 possessions.
Bien évidemment, la franchise du Massachusetts est portée par son duo d’exception. Lieutenant de Tatum, Jaylen Brown semble avoir accepté plus que jamais ce rôle de deuxième option. Capable de sanctionner les défenses quand il le faut (27 points à 49,2% au tir), il est généralement envoyé en mission sur le meilleur extérieur adverse.
Complémentaires des deux côtés du terrain, les deux joueurs n’ont jamais été aussi forts. Offensivement, ils constituent le deuxième duo le plus prolifique au scoring sur les 50 dernières années — derrière Russell Westbrook et James Harden en 2020. Défensivement, leur polyvalence leur permet de switcher sur tous les adversaires et donc de se relayer au cours d’un même match. Ils constituent peut-être aujourd’hui le meilleur duo de la ligue des deux côtés du terrain.
Jayson Tatum est sur les bases d’une incroyable saison individuelle collective. À l’heure actuelle, l’ailier de Boston à en ligne de mire cette récompense qui le verrait devenir le premier Celtics MVP de la saison régulière depuis Larry Bird en 1986. Cependant, la concurrence est rude en NBA. La vérité d’un jour peut être contredite dès le lendemain. À Jayson Tatum de montrer qu’il peut maintenir son équipe en haut de la ligue et ainsi prouver qu’élégance et efficacité peuvent rimer avec succès.
Photo : Harry How/Getty Images