Les Hornets ont-ils réalisé la pire intersaison imaginable ?

par Florian Tixier
LaMelo Ball Charlotte Hornets

Avec un LaMelo Ball au centre d’un projet excitant, les Hornets avaient toutes les cartes en main pour grimper sur le toit de la NBA. On assiste pourtant, sur cette intersaison 2022, à une véritable catastrophe pour l’équipe de Michael Jordan, que certains considèrent déjà comme le pire été de l’histoire.

Un futur censé être doré

Des maillots magnifiques et un marketing finement mené, une franchise dirigée par une icône mondiale avec une jeune superstar en la personne de LaMelo Ball, le futur s’annonçait plus que brillant en Caroline du Nord. Les Hornets avaient toutes les cartes en main pour progresser et devenir dans les années à venir un bastion de la Conférence Est.

Après deux saisons à se qualifier au Play-In, les Hornets avançaient vers 2022-23 avec des ambitions à la hausse pour dépasser les 43 victoires de l’an passé. Un objectif plus que réaliste avec un leader d’à peine 21 ans qui tourne déjà à plus de 20 points, 8 passes et 6 rebonds de moyenne, auréolé de sa première sélection au All-Star Game.

Avec Ball qui flirte avec le statut de superstar, un candidat au MIP avec Miles Bridges, des role players efficaces et une jeunesse encore en couveuse, Charlotte ne pouvait pas se manquer. Et pourtant, la franchise a sans doute déroulé le pire scénario imaginable.

Une intersaison charnière pour les Hornets

Avec un leader encore dans son contrat rookie et un seul contrat max dans l’effectif, celui de Gordon Hayward, beaucoup de Front Offices s’attendaient à des Hornets très actifs sur cette intersaison 2022.

C’est souvent en profitant du faible salaire des jeunes stars, encore en contrat rookie, que les franchises parviennent à les entourer avec des joueurs aux contrats beaucoup plus massifs. Un modèle de construction classique dans la ligue, au risque de se retrouver bloquer quelques années plus tard, lorsque ces joueurs auront signé un contrat proportionnel à leur apport. Charlotte se devait de recruter pour accompagner LaMelo Ball, avant que celui-ci prenne un pourcentage très important du salary cap.

Avec PJ Washington, JT Thor, Kai Jones, James Bouknight et Jalen McDaniels, les jeunes des Hornets ne sont peut-être pas les plus prometteurs de la ligue, mais ils restent talentueux. En effet, avec la Draft de James Bouknight l’an passé et le développement des forwards Washington et Jones, la jeunesse bleue est plutôt intéressante. L’arrivée d’un 12e choix de Draft devait mettre le couvercle sur un avenir encourageant.

Entourer LaMelo Ball de 3 and D et récupérer un pivot capable de jouer le pick and roll à haut niveau. Le créneau semblait clair chez les frelons. Avec des jeunes à potentiel, des contrats intéressants comme ceux de Rozier, Kelly Oubre Jr, ainsi que Mason Plumlee et des picks, tout était en place pour constituer un effectif porteur à côté de Ball… sur le papier en tout cas.

De nombreux problèmes hors terrain

Si nous tirons un bilan aussi pessimiste sur l’été des Hornets en 2022, il faut néanmoins préciser que tout n’est pas entièrement de leur faute. L’effectif a passé un été mouvementé, rythmé par des problèmes extrasportifs préoccupants.

Récupéré pour tenter de stabiliser le poste de pivot plus tôt dans l’année, Montrezl Harrell n’aura pas fait forte impression en Caroline du Nord. Il reste cependant un contributeur important dans une franchise qui manque de solidité dans la raquette. D’autant plus dans un style de jeu axé sur l’attaque et le jeu rapide, porté par LaMelo Ball depuis son arrivée. Arrêté en possession de marijuana en juin dernier et inculpé pour trafic de drogue, Charlotte ne s’est pas précipitée pour prolonger Harrell. La solution au poste 5 des Hornets s’est ainsi réduite très rapidement.

Pour ne rien arranger à ces situations légales, le cas Miles Bridges est sans doute ce qui a précipité les Hornets près du précipice. Un temps candidat sérieux pour le All-Star Game, le 12e choix de la Draft 2018 a terminé meilleur scoreur de son effectif sous James Borrego. 20 points, 7 rebonds et 4 passes de moyenne pour le bondissant ailier des Hornets qui aurait dû se voir récompenser d’un joli contrat et d’un solide statut de lieutenant à Ball pour les années à venir.

Cependant, l’ailier ne portera peut-être plus jamais un maillot NBA en raison des accusations de violences conjugales dont il fait l’objet. Alors que le procès a été reporté et que les charges semblent plutôt solides contre lui, Bridges semble être sorti des projets de Charlotte pour le moment. C’est véritablement cet épisode qui a poussé les Hornets à faire un pas en arrière plutôt qu’en avant, alors que l’effectif paraît très limité.

AirBnB, un duo qui a peut-être déjà vécu ses dernières heures. Photo : Michael Reaves/Getty Images


Pour ne rien arranger, c’est d’ailleurs dans les bureaux qu’a été porté le coup de grâce au projet de Michael Jordan. Alors que le travail du coach James Borrego était pourtant salué par sa direction, le coach a été remercié en début d’été. De nombreux spécialistes ont applaudi la venue de Kenny Atkinson. Pour un temps seulement, puisque l’ancien entraîneur des Nets a finalement décidé de faire machine arrière et de rester aux Warriors.

Un retournement de veste presque inédit dans l’histoire, qui serait notamment lié au fonctionnement du Front Office. La place très importante de Jordan dans les décisions de l’équipe et une marge de manœuvre trop limitée auraient poussé Atkinson à rester dans la baie d’Oakland. C’est donc avec un ancien de la maison, Steve Clifford, que Charlotte tentera de faire oublier un été pendant lequel tout a semblé leur échapper.

Des problèmes terrain toujours présents

Évidemment, les Hornets ne pouvaient pas contrôler les problèmes hors terrain de tous leurs joueurs, qui ont grandement affecté leur intersaison. Toutefois, il faut souligner la morosité et le manque de paris réussis fait par cette franchise depuis maintenant de trop nombreuses années.

Depuis 2012, Charlotte est sans doute l’équipe qui drafte le moins bien, alors qu’elle est souvent bien classée dans les différentes lottery :

  • 2012 : Michael Kidd-Gilchrist (2e choix)
  • 2013 : Cody Zeller (4e choix)
  • 2014 : Noah Vonley (9e choix)
  • 2015 : Frank Kaminsky (9e choix)
  • 2017 : Malik Monk (11e choix)

Alors que de nombreux spécialistes critiquent l’ingérence de Jordan dans ces choix, limitant ainsi la liberté du General Manager, on peut légitimement se questionner sur la qualité ce ces choix. Les Hornets ont en effet tendance à sélectionner des joueurs qui tardent toujours à exploser et à montrer qu’ils peuvent être efficaces sur un terrain en Washington, Bouknight et Mark Williams.

Les critiques de l’été ont encore davantage fusé lorsque Charlotte est passée à côté de Jalen Duren, pivot à grand potentiel et très complémentaire de Ball. Un prospect sur lequel ils semblaient avoir jeté leur dévolu, avant de le lâcher sans réelle contrepartie dans un transfert avec New York pour finalement récupérer Williams. L’avenir nous dira si ce choix est le bon. Pour le moment, tous les spécialistes s’accordent à dire que le potentiel de Duren est bien supérieur au produit de Duke.

Des besoins ignorés

Lorsque l’on regarde le cinq majeur des Hornets sur la saison 2021-22, deux choses sautent aux yeux :

  • LaMelo Ball
  • Terry Rozier
  • Gordon Hayward
  • Miles Bridges
  • Mason Plumlee

La faiblesse au poste 5. Mason Plumlee est un joueur solide depuis plusieurs années, mais il semble trop limité pour occuper un rôle de starter dans une équipe compétitive. Charlotte était la 8e pire défense de la NBA l’an dernier et la 3e pire équipe en termes de rebond défensif, avec moins de 71% des rebonds captés.

La faiblesse de ses forwards. Entre les deux saisons à moins de 50 matchs joués par Gordon Hayward et la possible fin de carrière de Miles Bridges, Charlotte devait se mobiliser pour sécuriser ses ailes en allant chercher des 3 and Ds.

Aucun des deux objectifs n’a été rempli par Charlotte, qui s’est contentée de re-signer Cody Martin tout en confortant la place de Plumlee à l’intérieur. Un temps sur la piste de Myles Turner ou annoncé plus haut dans la Draft 2022 pour récupérer un ailier à fort potentiel, le GM Mitch Kupchak s’est résigné à miser sur la progression en interne.

L’inactivité des Hornets pourrait sérieusement les brider la saison prochaine. Le plafond de nombreux joueurs de l’effectif semble déjà atteint et celui de la franchise paraît drastiquement indexé sur le talent individuel du cadet Ball.

Quel futur pour les Hornets ?

Des jeunes au potentiel questionnable.Cette gestion de la Draft assez moyenne bloque nécessairement Charlotte à un certain stade. La franchise a passé la majorité de la décennie dans le ventre mou de l’Est, continuant à récupérer des jeunes autour du pick 10, mais dont le potentiel reste irrémédiablement limité.

Dans cette nouvelle génération, Bouknight, Jones, McDaniels et Thor n’ont pas montré un potentiel transcendant. En dehors de LaMelo Ball, aucun talent ne semble capable de faire exploser le plafond des Hornets.

Charlotte Hornets James Bouknight JT Thor Kai Jones
La progression de JT Thor, Kai Jones et James Bouknight pourrait être déterminante pour le futur des Hornets. Photo : Miranda Alam/NBAE via Getty Images

Des prises de risques nécessaires.La franchise est actuellement dans une situation stable, avec des contrats intéressants, des jeunes à potentiel et des choix de Draft sécurisés sur les prochaines années. Mitch Kupchak a certainement conscience des limites de l’effectif et il lui revient de prendre des risques pour aller chercher de l’aide à Ball avec les ressources de la franchise. Peut-être une étape nécessaire pour éviter une crise.

Kawhi Leonard en 2018, Anthony Davis en 2019 ou James Harden en 2021. LaMelo Ball sera-t-il la prochaine star à demander son bon de sortie ? La question se pose aujourd’hui de plus en plus tôt dans la carrière d’un joueur.

Dans l’histoire de la ligue américaine, peu sont les joueurs si jeunes à avoir déployé une telle polyvalence offensive et une telle maitrise sur son équipe. Le meneur sort d’une seconde saison sur des moyennes de 20 points, 8 passes et 7 rebonds. Ball est un maestro offensif, capable de perforer une défense par son shotmaking et son jeu sur pick and roll.

À 36% de pourcentage de passes décisives pour un excellent 55% de true shooting, alors que son supporting cast est limité, Ball est peut-être la star NBA la moins bien entourée à l’heure actuelle. Le plafond de cet effectif est perceptible depuis deux ans et le premier play-in de l’équipe. Verrouiller Ball, quitte à laisser ses coéquipiers déployer leur jeu, a été une stratégie payante pour les équipes adverses. Les Hornets affichent un déficit moyen de 28 points sur leurs deux apparitions en play-in.

Si Charlotte ne relève pas la tête rapidement et ne fait pas le nécessaire, le départ de Ball pourrait bien être le prochain drame des petits marchés NBA. Le Front Office devra certainement évoluer et faire en sorte d’entourer convenablement sa jeune star pour la conserver.

Certes, tous les soucis de l’intersaison des Hornets ne leur incombent pas entièrement, mais il est temps de tirer la sonnette d’alarme. La franchise stagne depuis de trop nombreuses années en raison de la gestion des dirigeants et de choix douteux. LaMelo Ball est un talent qui pourrait lui permettre de sortir de cette situation, à condition de trouver un moyen de rompre la boucle.

Photo : Kent Smith/NBAE via Getty Image

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