La sagesse pour une nouvelle ivresse à Los Angeles

par Enzo Brule

Les Lakers ont réalisé une intersaison digne d’une franchise revancharde. Une star clivante qui revient chez elle pour gagner, c’est une des feel good story comme Los Angeles aime.

Mais ce n’est pas la seule chose que les Lakers souhaitent faire revenir dans la maison dorée. La sensation de victoire, de champion, leur a manqué cruellement l’année passée. Entre talent, show et lumières, les californiens sont de sérieux clients pour décrocher une 18e fois le titre NBA.

2020-21 : les gens du lac se sont noyés

Frais champions en 2020, les Lakers ont commencé la saison 20/21 dans un contexte difficile : départs de joueurs importants dans la rotation, LeBron James et Anthony Davis fatigués et une reprise après seulement deux mois de pause. La franchise a terminé la saison à la 7e place, synonyme de Play-In, avec un bilan de 42 victoires pour 32 défaites.

Avec des blessures qui auront entaché la saison des Purple & Gold, c’est le système de jeu qui a fait fausse route en étant bien moins efficace qu’en 2020. Les profils des joueurs signés ne correspondent plus à l’équipe que voulait voir Frank Vogel, notamment avec un gros manque défensif et une adresse à 3 points en berne. Montrezl Harrell, meilleur 6e homme de l’année en 2019-20, n’a jamais su trouver sa place dans la raquette, tout comme Marc Gasol, utile mais pas assez constant pour le niveau NBA. Pour Andre Drummond aussi, le dernier arrivé en cours d’année, le fiasco fut complet.

En l’absence des deux stars, Frank Vogel et ses joueurs ont du s’employer pour trouver le succès, en vain.
Photo : Christian Petersen / Getty Images

En l’absence des leaders, Kuzma et Caldwell-Pope, normalement davantage responsabilisés de par leur petite ancienneté à LA, sont incapables de redresser le niveau. Frank peut compter sur les soldats Horton-Tucker et Caruso, mais cela ne suffit en rien à faire gagner autant de matchs que la saison passée. Cet effectif manquait visiblement de liant et peu d’énergies positives s’en dégageaient alors. Comme souvent chez les Lakers, il n’y a pas eu de juste milieu entre la grande victoire et le vilain échec.

Avec une qualification en Playoffs après une victoire contre Golden State au Play-In, Los Angeles retrouve Phoenix au premier tour. Et malgré cette fin de régulière catastrophique, les espoirs de réussite du LakeShow sont permis. Mais dans le sport, il n’y a pas de secret, et la remontée surprise d’un collectif très peu rodé ne vient pas. La série démarre mal pour les Lakers avec une défaite en Arizona. Pire encore, AD se blesse et manque le reste de la série qui voit les Suns l’emporter 4-2.

Les champions en titre sont éliminés dès l’entame des Playoffs avec un lot d’incertitudes sur le nombre de changements qu’il fallait opérer pendant l’intersaison pour réaliser, à nouveau, l’objectif de gagner le 18e titre de l’histoire de la franchise. Car, comme chaque saison dans une équipe composée du King, il n’y a que le trophée qui est visé.

Intersaison : les Lakers sous le feu des projecteurs

ArrivéesDéparts
Russell WestbrookKyle Kuzma
Kent BazemoreKentavious Caldwell-Pope
Malik MonkMontrezl Harrell
Rajon RondoAlex Caruso
Dwight HowardDennis Schröder
Carmelo AnthonyMarkieff Morris
Kendrick NunnMarc Gasol
DeAndre JordanAndre Drummond
Trevor ArizaKostas Antetokounmpo
Wayne EllingtonJared Dudley

Dire qu’il y a eu quelques changements chez les angelinos serait un doux euphémisme. Pour entourer ses deux monstres AD et Bronny, les dirigeants n’ont pas fait les choses à moitié et ont réalisé une sympathique refonte de l’effectif. Ils ont mêmes pris le pari d’ajouter un All-Star supplémentaire.

La cité des anges et les stars vont de pair, encore plus si ça touche aux Lakers, et Russell Westbrook ne déroge à cette règle. Le besoin d’accueillir un meneur capable de réellement prendre le jeu à son compte, de créer ses propres tirs et d’être un créateur pour les autres était le dossier le plus important pour les Lakers cet été. La rumeur Westbrook est devenue une réalité dans un transfert incluant Kuzma, Harrell, Caldwell-Pope et le 22e choix de la Draft. Pour la première fois depuis UCLA, Russell Westbrook va jouer dans une équipe de Los Angeles. Le MVP 2017 vient créer un “Big 3” et semble convenir parfaitement pour pallier les problèmes des Lakers au poste 1.

Russell Westbrook, tout sourire de revenir chez lui lors de la présentation à la presse le 10 août dernier.
Photo : Katelyn Mulcahy / Getty Images

Le dossier Dennis Schröder fut l’un des plus discutés de l’intersaison. L’allemand a refusé une offre de 84 millions de dollars sur 4 ans de la part des Lakers durant la saison, en estimant valoir plus. Cependant, Schröder n’a pas fait une grande saison et ce type de contrat ne lui a jamais été proposé ailleurs. Néanmoins, il n’a pas été re-signé par les Lakers durant l’été et s’est installé chez l’ennemi du Massachusetts pour le minimum salarial.

L’une des arrivées marquantes de l’intersaison des Lakers est celle de Carmelo Anthony. Le légendaire ailier des Knicks et l’ex amateur de Nuggets a signé pour une saison, à 37 ans, et espère gagner enfin le titre qu’il manque à sa carrière.

La bonne opération de cet été pour Los Angeles, c’est la prolongation de Talen Horton-Tucker. L’ailier a signé un contrat d’environ 30 millions sur 3 ans (avec la dernière année en player option). Une belle confiance envers la révélation de la saison dernière pour les Lakers. Blessé durant la pré-saison au pouce, il devrait manquer au moins un mois de compétition.

Ils font partie des grands retours de cette intersaison, Dwight Howard et Rajon Rondo, déjà champions avec les Lakers en 2020, viennent renforcer les rangs avec leurs expériences. L’un des points forts de ces ajouts, c’est le fait que, vu leur récent passé avec les Lakers, ces deux joueurs sont déjà familiers avec les systèmes de Frank Vogel.

Les arrivées de Malik Monk et de Kendrick Nunn vont permettre d’apporter un peu de fraîcheur et de spacing aux Lakers. Tout comme Trevor Ariza, Wayne Ellington et Kent Bazemore, ces signatures viennent tenter d’améliorer la réussite à trois points qui manquait à LA l’année dernière.

Entre contrats courts et nouvelles stars, les Lakers ont qu’un seul objectif en tête : devenir la franchise la plus titrée de l’histoire, avec 18 Larry O’Brien. Mais pour atteindre cet objectif, beaucoup de paramètres sont à prendre en compte.

LeBron James, Anthony Davis, Russell Westbrook et les autres

L’un des principaux facteurs de la saison des Los Angeles Lakers est de devoir faire fonctionner les trois étoiles et les autres joueurs, considérés comme des roles players, dans un collectif brillant. Un problème de riches en somme.

Dans un scénario utopique et donc sans blessure, la saison des Lakers se passerait donc que la fatigue ou l’absence des stars ne force des changements de rotations. Cependant, la crédibilité de ce scénario hollywoodien est douteuse. Entre LeBron James qui aura 37 ans et Anthony Davis qui a connu des blessures importantes rien que la saison dernière, Frank Vogel va devoir faire ménager ses deux superstars afin de les préserver pour les Playoffs. C’est là où l’arrivée de Westbrook prend encore plus de sens. Le meneur lui, aura le premier rôle pendant certains matchs et sera, au-delà du meneur principal des Lakers, la solution numéro 1 offensive pour les Lakers.

LeBron James et Russell Westbrook au Media Day. Photo : Adam Pantozzi / NBAE via Getty Images

Le problème du rôle du meneur est aussi à régler pour Frank Vogel. Si, sur le papier, Westbrook est le meneur de Los Angeles, la présence de LeBron James remet en cause son rôle sur le terrain. Habituellement créateur balle en main, le désormais numéro 6 des Lakers va devoir céder le ballon à Westbrook, et inversement pour l’ancien Wizards. Ce problème est bien plus important qu’il n’y paraît, car la notion d’équilibre dans le 5 est impossible à outrepasser, surtout pour les Playoffs.

L’un des autres éléments importants de la saison des Lakers, c’est l’adaptation de James et Davis avec les nouvelles pièces de l’effectif. C’est l’un des risques au modèle de construction de Los Angeles. Assurer une réelle continuité en changeant un haut nombre de joueurs chaque saison n’est pas chose aisée. Avec Howard et Rondo, il y a une certaine assurance de compatibilité directe au vu de leur saison 2020, mais pour toutes les autres additions de l’été, rien n’est sûr.

On peut facilement penser que Carmelo Anthony, Trevor Ariza, Wayne Ellington et Kent Bazemore vont rapidement se fondre dans les systèmes de Frank Vogel au vu de leurs rôles et de leurs qualités offensives. Toutefois, on peut se poser la question pour Kendrick Nunn, Malik Monk et DeAndre Jordan. Nunn devrait bénéficier de plusieurs minutes, Monk et Jordan, eux potentiellement moins. Malik Monk a passé des saisons moyennes par rapport aux attentes placées en lui à Charlotte. DeAndre Jordan, lui, est victime du changement de jeu de la NBA et son profil est moins adapté pour une franchise jouant le titre.

Si l’alchimie est trouvée entre tous ces joueurs, les Lakers ne feront plus face aux difficultés de la saison dernière et seraient une véritable menace offensive.

Trop vieux pour participer à la fête ?

En regardant l’effectif des Lakers, la plus grande interrogation reste sur l’âge de l’effectif. Sur tous les joueurs présents dans le roster, l’âge moyen est de 32,3 ans, ce qui fait de Los Angeles l’équipe la plus âgée de toute la NBA. Si le vin se bonife avec le temps, c’est souvent le contraire chez un sportif, même quand on s’appelle LeBron James. Si le talent de cette équipe n’est plus à démontrer, les facteurs de la fatigue, des blessures et de l’implication défensive eux peuvent poser question.

À son arrivée, Franck Vogel a fait des Lakers une meilleure équipe défensive. La saison passée, Los Angeles a affiché un defensive rating de 107,1 points pour un offensive rating de 109,9 points. Si l’offensive rating va probablement augmenter, celui de la défense, lui, va probablement diminuer. Les profils recrutés à l’intersaison ne sont pas des spécialistes défensifs et la vieillesse de certains appuiera encore plus sur cette problématique.

Draftés tous deux en 2003, LeBron James et Carmelo Anthony sont réunis pour la première dans le même navire depuis l’aventure du Banana boat. Photo: Andrew D. Bernstein / NBAE via Getty Images

Le rôle de la gestion de la fatigue sera clé, car la régulière est longue et les corps fatiguent rapidement. Une surcharge physique pourrait amener à un risque de blessure qui augmente pour chacun des joueurs de l’effectif, surtout les plus âgés. L’intensité des Playoffs devient de plus en plus forte chaque année et la garantie d’avoir un effectif au maximum de sa capacité est peu probable pour les Lakers. Pour autant, avec un roster travaillé en profondeur, la franchise a de quoi faire pour viser les sommets de l’Ouest. Il suffit, à la différence de l’an passé, de bien savoir toutes les pièces mises à la disposition de coach James Vogel.

Le 5 de départ idéal

  • MJ : Russell Westbrook
  • A : Talen Horton-Tucker
  • AI : Kent Bazemore
  • AF : LeBron James
  • P : Anthony Davis

Notre pronostic : 57-25 (2e)

Après avoir terminé 7e de la Conférence Ouest la saison dernière, les Lakers devraient se rattraper pour prendre la 2e place cette saison et réaliser un bilan de 57 victoires pour 25 matchs. Certes, il faudra un temps d’adaptation plus ou moins long pour trouver une alchimie à Los Angeles, mais l’heure est à la rédemption suite à la saison ratée.

Bien que la Conférence Ouest est en constante amélioration dans laquelle il est de plus en plus difficile de s’imposer en saison régulière, les Lakers sont surtout attendus en Playoffs, là où se trouve le Graal. La mission est claire : ils ont un trône à reconquérir.

Photo : Adam Pantozzi / NBAE via Getty Images

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